Guerre de Genpei

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 11 avril 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Minamoto no Yoritomo Painted Wall-hanging (by Unknown Artist, Public Domain)
Portrait de Minamoto no Yoritomo
Unknown Artist (Public Domain)

La guerre de Genpei (1180-1185), également connue sous le nom de guerre Taira-Minamoto, fut un conflit au Japon opposant principalement deux clans rivaux, les Minamoto et les Taira, pour le contrôle du trône impérial. La guerre civile fut ponctuée par un typhon, un tremblement de terre, une famine et une peste, mais elle prit finalement fin lors de la bataille décisive de Dannoura, lorsque le chef vaincu des Taira, Tomomori, et le prétendant au trône, Antoku, se suicidèrent tous les deux. Au lendemain de la guerre, le shogunat de Kamakura fut établi par Minamoto no Yoritomo et les militaires allaient dominer le gouvernement japonais pour les siècles à venir.

Contexte

La guerre de Genpei (Genpei No Soran) fut une guerre civile pour le contrôle dynastique du Japon entre deux puissants clans qui revendiquaient chacun l'héritage légitime du trône impérial. À partir du IXe siècle, le processus connu sous le nom d'"élimination dynastique" permit de retirer des individus de la lignée dynastique parce que la famille royale était devenue trop nombreuse et trop coûteuse à entretenir. Les empereurs ayant jusqu'à 50 enfants, même les descendants directs étaient retirés de la lignée royale et se voyaient attribuer l'un des deux noms de famille suivants: Minamoto (alias Minamoto-Shi ou Genji) ou Taira (alias Hei-Shi ou Heike). Les deux groupes étaient militairement puissants et une rivalité amère se développa entre eux. L'aristocratie de la cour dépendait de l'une ou l'autre des familles en fonction de leur allégeance particulière.

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Presque inévitablement, des conflits armés éclatèrent entre ces rivaux, notamment lors des troubles de Hogen en 1156, lorsque les deux camps revendiquèrent le trône laissé vacant par la mort de l'empereur retraité Toba. L'empereur retraité Sutoku était soutenu par Tameyoshi, chef des Minamoto, et par certaines factions du puissant clan Fujiwara dirigé par Yorinaga. De son côté, l'empereur Go-Shirakawa était soutenu par le fils aîné de Tameyoshi, qui s'associa aux Taira et à d'autres membres du clan Fujiwara, dirigé par Tadamichi, le frère de Yorinaga. Les Go-Shirakawa, avec l'aide du commandant militaire Taira no Kiyomori, écrasèrent la rébellion et Tameyoshi fut exécuté.

Deux rébellions et deux fois le clan Taira l'avait emporté, mais pour les Minamoto, la troisième fois serait enfin la bonne.

En 1160, les hostilités entre clans éclatèrent à nouveau avec les troubles de Heiji. Minamoto no Yoshitomo, jaloux des récompenses et du prestige obtenus par Taira no Kiyomori à la suite des troubles de Hogen, s'empara du trône en 1159 alors que son rival était absent de la cour. Taira no Kiyomori revint rapidement pour rétablir l'ordre et Yoshimoto fut tué. Après deux rébellions, le clan Taira l'avait emporté à deux reprises et devint la famille la plus puissante du Japon. Pour les Minamoto, la troisième fois serait enfin la bonne.

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Taira no Kiyomori bénéficia de récompenses encore plus importantes après avoir mis fin à deux "perturbations" du statu quo et fut nommé Grand ministre d'État (daijo daijin) en 1167. Cependant, Kiyomori commença à perdre des alliés importants, notamment son vieux partisan, l'empereur Go-Shirakawa, désormais à la retraite, qui complotait pour assassiner Kiyomori en 1177 après sa tentative de promotion d'un prince Taira. Une fois de plus, des troubles se préparaient à la cour. Une tentative ratée de Kiyomori de déplacer la cour de Kyoto à Kobe fut suivie en 1180 par l'audacieux placement de son petit-fils Antoku, âgé d'à peine deux ans, sur le trône de Kyoto. Antoku était le fils de l'empereur Takakura et sa femme était la fille de Kiyomori. Les Minamoto en eurent assez et, avec le soutien de Mochito, le fils de l'ex-empereur Go-Shirakawa, une guerre civile éclata.

La guerre

La guerre commença avec des guerriers qui défièrent et, en plusieurs endroits du pays, renversèrent l'autorité des Taira. La cour Taira réagit en envoyant une armée de 70 000 hommes près du mont Fuji pour affronter l'armée rebelle dirigée par Minamoto no Yoritomo. Yoritomo disposait d'environ 200 000 hommes et réussit à rallier à sa cause de nombreux rebelles mécontents depuis longtemps de l'administration des Taira et en particulier de la redistribution des droits fonciers. Réalisant qu'ils étaient largement inférieurs en nombre, les Taira se replièrent vers la capitale, une capitulation qui renforça davantage encore les effectifs de Yoritomo. Les Minamoto ne poursuivirent pas l'ennemi et, pour l'instant, se concentrèrent sur la consolidation de leur contrôle presque total de la partie orientale du Japon.

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Battles of the Genpei War
Batailles de la guerre de Genpei
Ash Crow (CC BY-SA)

Taira no Tomomori était le fils de Kiyomori, mort d'une fièvre en 1181. Il remporta des succès dans les premières années de la guerre de Genpei, notamment contre les forces menées par Minamoto no Yorimasa en 1180 et par Minamoto no Yukie en 1181 à la rivière Sunomata. Par ailleurs, les Taira brûlèrent les grands temples d'Onjoji, Todaiji et Kofukuji en 1181 en représailles de leur soutien aux Minamoto. Cet acte très impopulaire à la cour impériale suscita le ressentiment du clan Fujiwara, dont le Kofukuji était le temple. C'est ainsi que la guerre civile fit rage et se compliqua du fait que des membres de clans se battirent dans des camps opposés contre leurs proches et que des luttes acharnées et des rivalités pour les ressources éclatèrent au sein même de chaque groupe de clans.

La guerre de Genpei survint à un moment particulièrement difficile pour le peuple japonais qui, en l'espace de cinq ans, dut faire face à plusieurs catastrophes naturelles et à leurs conséquences. Un typhon frappa l'île en 1180, une peste et une famine survinrent les deux années suivantes, puis, en 1184, un tremblement de terre dévastateur eut lieu. Ces événements et les difficultés qui en résultèrent pour le peuple japonais sont décrits dans l'ouvrage de Kamo no Chomei publié en 1212, Hojokin ("Histoires de ma hutte de trois mètres de côté"), et, bien entendu, ils perturbèrent gravement la progression de la guerre et empêchèrent toute conclusion rapide pour l'un ou l'autre camp.

Yoritomo renforça sa position en restituant aux temples et à la noblesse les terres qui leur avaient été confisquées, et se montra indulgent à l'égard des prisonniers.

Alors que Yoritomo consolidait son emprise sur la région du Kanto, l'administration Taira devait faire face à un autre ennemi. Kiso Yoshinaka, un cousin de Yoritomo, semait le trouble dans les montagnes Kiso de Shinano et, en 1183, il battit une grande armée de Taira à Kurikara, à Etchu, ouvrant ainsi la voie à un assaut sur Kyoto.

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En 1183, Taira no Tomomori, le jeune Antoku et la plupart des membres du clan Taira fuirent Kyoto lorsque celle-ci finit par être occupée par les Minamoto. Cette force était dirigée par Yoshinaka, qui se déclara imprudemment seii taishogun ou shogun (généralissime). Yoshinaka poursuivit Tomomori mais, avec une armée réduite, il fut vaincu dans la baie de Mizushima et retourna à Kyoto. Yoritomo, désireux d'éviter toute concurrence en tant que chef du clan Minamoto, chercha à écarter son cousin indiscipliné en envoyant une petite force pour l'assassiner. Deux défaites à Uji et à Seta, à l'extérieur de Kyoto, scellèrent le destin de Yoshinaka, qui se suicida. Yoritomo renforça également sa position en restituant aux temples et à la noblesse des terres précédemment confisquées, se montra indulgent envers les prisonniers et obtint de Go-Shirakawa la reconnaissance de son autorité dans l'est.

La flotte des Taira s'était éloignée de la débâcle de Kyoto, mais elle s'était regroupée à Kyushu et, depuis sa base navale sur l'île de Yashima, elle contrôlait désormais la mer Intérieure. Cependant, c'est sur terre que Yoshitsune, frère cadet de Yoritomo, attaqua, infligeant une grave défaite à Ichinotani en 1184.

En 1185, Yoritomo envoya un autre de ses frères, Noriyori, avec une deuxième armée sur la côte, tandis que Yoshitsune attaquait la base de Yashima. Une fois de plus en fuite et poursuivis par Yoshitsune, les Taira furent rattrapés et Tomomori fut vaincu lors de la brève bataille navale de Dannoura (Dannoura no Tatakai) dans le détroit de Shimonoseki, à l'extrémité de l'île de Honshu. Dans la plus pure tradition des samouraïs, Tomomori se suicida en se jetant à la mer, et la veuve de Kiyomori en fit de même, avec Antoku, âgé de six ou sept ans, dans ses bras. Le clan Taira ne retrouverait jamais son ancienne position.

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Suites de la guerre

Après la victoire, Yoritomo forma un gouvernement militaire dans sa base personnelle de Kamakura et se déclara shogun, un titre ancien qui n'était auparavant donné que par les empereurs aux commandants pour des campagnes spécifiques. Ce fut le début du shogunat de Kamakura (1192-1333). Le Japon connaîtrait un gouvernement militaire pendant les sept siècles suivants. La bataille de Dannoura, avec sa fin tragique pour le jeune empereur en devenir Taira, devint un sujet populaire pour la littérature et le théâtre japonais ultérieurs.

This content was made possible with generous support from the Great Britain Sasakawa Foundation.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, avril 11). Guerre de Genpei [Genpei War]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15908/guerre-de-genpei/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Guerre de Genpei." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 11, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15908/guerre-de-genpei/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Guerre de Genpei." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 11 avril 2017. Web. 20 déc. 2024.

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