Le mont Kōya (alias Koyasan), situé dans la préfecture de Wakayama, au sud d'Osaka, au Japon, est le site d'un complexe de temples fondé en 819 par le moine érudit Kūkai pour servir de siège au bouddhisme Shingon. Il y a des temples et des bâtiments sacrés autour de la base de la montagne, sur ses pentes et sur le plateau sommital qui se trouve à 820 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le mont Kōya est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Bouddhisme Shingon
Kūkai (774-835), érudit, poète, sculpteur, moine et faiseur de miracles, fonda le bouddhisme Shingon au Japon. Kūkai avait étudié en Chine auprès du maître Hui-kuo, abbé du temple Ching Lung (Dragon vert) et, choisi comme successeur du maître, il avait été initié comme il se devait. Il devint ainsi un défenseur du bouddhisme ésotérique ou mikkyo, selon lequel seuls les initiés, ceux qui abandonnaient leur vie mondaine et résidaient dans un monastère, pouvaient connaître le Bouddha et ainsi atteindre l'illumination.
La secte Shingon (ou "Vraie Parole") que Kūkai étudia en Chine (connue à l'époque sous le nom de Quen-yen) était venue du sud de l'Inde. Elle soutenait que les enseignements bouddhistes provenaient du Bouddha cosmique Mahavairocana (Dainichi pour les Japonais). Le bouddhisme Shingon proposait qu'un individu puisse atteindre l'illumination au cours de sa propre vie, sans avoir à attendre la mort. Les rituels comprenaient la méditation dans diverses postures du corps, des gestes sacrés des mains (mudras) et la répétition de formules secrètes ou mantras. Une grande importance était accordée au pouvoir de la prière.
Monastère du mont Kōya
En 819, Kūkai créa un centre pour sa doctrine ésotérique sur le mont Kōya, dans l'actuelle préfecture de Wakayama, à 80 km de la capitale de l'époque, Heian-kyō (Kyoto). Selon la légende, le moine choisit ce site après avoir rencontré un chasseur accompagné d'un chien blanc et d'un chien noir sur les pentes de la montagne. Ce personnage était le fils du kami shintoïste, ou esprit du mont Kōya, et il autorisa gentiment Kūkai à y construire son temple bouddhiste, dans une histoire qui souligne la coexistence traditionnelle entre les deux religions dans l'ancien Japon. La déesse shintoïste est toujours représentée sur la montagne par le Niutsushime Jinja au sommet et le sanctuaire Niukanshōfu-jinja à la base.
Le complexe du temple est encore aujourd'hui le siège de la secte bouddhiste Shingon. C'est là que les dévots éduqués pouvaient atteindre l'illumination, promettait-on, non pas en étudiant des sutras toute leur vie, mais en regardant des mandalas, la représentation visuelle stylisée des enseignements du Bouddha. Le mont Kōya n'était pas seulement une base pour les érudits et les moines, il devint rapidement un lieu de pèlerinage populaire, bien qu'il n'ait été accessible aux femmes qu'à partir de 1872.
Kūkai établit également une route de pèlerinage - la plus longue et la plus célèbre du Japon - un circuit de 1 600 km qui s'arrête dans 88 temples, dont beaucoup furent construits là où le moine aurait accompli un miracle. Kūkai mourut en 835 - il avait prédit le jour même - et fut enterré dans un tombeau sur le mont Koya. En 921, l'empereur lui attribua le titre posthume de Kōbō-Daishi, qui signifie "Grand maître de la diffusion de la loi".
Caractéristiques architecturales
La pagode Jison-in fait partie du complexe de temples situé au pied de la montagne et marque le début du sentier de pèlerinage Choishimichi qui serpente le long des pentes en s'arrêtant sur divers sites sacrés en cours de route. La marche dure 8 heures et suit 180 bornes en pierre où les fidèles doivent s'arrêter pour prier. À mi-chemin de la montagne se trouve le sanctuaire shinto Niutsushime, qui comprend un bâtiment d'offrande à deux étages, un pont en bois, un étang à carpes et un torii, ou porte sacrée.
Au sommet de la montagne, sur un plateau, se trouve le site du temple original construit par Kūkai. L'enceinte du Danjo Garan compte 20 structures, dont une salle commémorative, trois pagodes et la grande porte Daimon avec ses statues de gardiens Nio destinées à éloigner les mauvais esprits. La pagode principale est la pagode Daitō, avec son impressionnant double toit et ses mandalas intérieurs illustrant le bouddhisme Shingon. Construite pour la première fois en 819, la structure fut détruite par un incendie, mais reconstruite en 1937.
Le temple principal de la montagne, le Kongōbu-ji, se trouve à côté de l'enceinte du Danjo Garan, et c'est là que se trouve le Kondo ou Hall principal, une reconstruction datant de 1932. Contrairement à ses prédécesseurs, le bâtiment est équipé de deux grands seaux d'eau sur le toit et d'une échelle placée en permanence afin de mieux lutter contre tout début d'incendie. C'est là aussi que se trouve le plus grand jardin de rocaille du Japon. Le mausolée de Kūkai et la salle commémorative de Torodo font également partie du complexe du temple et sont accessibles par le pont Gobyobashi. De l'autre côté du pont, dans la zone sacrée du tombeau, les visiteurs sont tenus de ne pas manger, de ne pas fumer et de ne pas utiliser d'appareil photo. Parmi les autres sites remarquables des environs, citons deux mausolées Tokugawa, le cimetière Okuno-in avec ses centaines de statues du bodhisattva Jizō, dont beaucoup portent un bavoir rouge en signe de chance, et le petit monastère Kongō Sammai-in.
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