Le roi Arthur

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Joshua J. Mark
de , traduit par Yves Palisse
publié le 12 mai 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol, Turc
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King Arthur by C.E.Butler (by Charles Ernest Butler, Public Domain)
Le Roi Arthur, par C.E. Butler
Charles Ernest Butler (Public Domain)

Le roi Arthur est indéniablement l'un des personnages littéraires les plus célèbres de tous les temps. Depuis des siècles, la légende arthurienne des chevaliers de la Table ronde, de Camelot, de la quête du Graal, de l'histoire d'amour entre Lancelot et Guenièvre et de Merlin l’Enchanteur n’ont cessé d’influencer la littérature, la musique ainsi que d'autres grands domaines artistiques. On ne compte plus les livres, les films, les opéras, les séries télévisées, les jeux, les jouets, les pièces de théâtre et les romans graphiques qui relatent ou s’inspirent de la légende arthurienne développée en Europe entre 1136 et 1485, reprise au XIXe siècle et qui reste populaire de nos jours.

Le grand roi de la légende est très probablement basé sur un personnage historique réel ayant vécu entre le Ve et le VIe siècle. La difficulté d'identifier Arthur en tant que personnage historique est liée aux sources principales qui nous racontent son histoire.

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Certaines des histoires les plus anciennes relatent la victoire des Britanniques sur les Saxons à la bataille du mont Badon (un événement étroitement associé à Arthur) mais n'identifient pas le chef des Britanniques comme étant Arthur. Le personnage d'Ambrosius Aurelianus est mentionné dans les sources les plus anciennes, ce qui ferait d'Ambrosius le meilleur candidat pour l'Arthur historique, si ce n'était que d'autres sources citent un certain Arthur comme étant le supérieur hiérarchique d'Ambrosius. On s'accorde généralement à penser que l'Arthur de la légende était basé sur un personnage réel dont l'identité reste à établir. L'hypothèse la plus vraisemblable est que cet Arthur là est basé sur un grand guerrier historique nommé Arthur.

On s'accorde généralement à penser que l'Arthur de la légende était basé sur un personnage réel dont l'identité reste à établir.

Le contexte historique

L'hypothèse selon laquelle l'Arthur de légende est basé sur un personnage réel est étayée par le fait que "Arthur" est un nom gallois dérivé du nom de famille romain Artorius. Selon certaines sources, le personnage d'Ambrosius Aurelianus aurait pu porter le prénom d'Artorius, tant les patronymes romains étaient devenus courants en Grande-Bretagne depuis sa conquête sous le règne de l'empereur Claude en 43 de notre ère.

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Rome commença à retirer des troupes au IIIe siècle de notre ère pour protéger l'empire des envahisseurs barbares. Au Ve siècle, cela faisait près de 200 ans que ces difficultés s'aggravaient et Rome avait progressivement retiré ses garnisons de Grande-Bretagne à mesure que le besoin en troupes fraîches se faisait ressentir sur le continent. En 410 après J.C, l'année même du sac de Rome par les Goths, toutes les garnisons romaines avaient déjà été retirées de Grande-Bretagne.

Dans le même temps, la décision de Rome de retirer ses troupes avait laissé les peuples de Grande-Bretagne sans défense contre les envahisseurs. En effet, il ne faut pas oublier qu'à cette époque, cela faisait plus de trois cents ans que l'armée romaine stationnée le long du mur d'Hadrien, ainsi que dans d'autres régions, protégeait les Britanniques. Or, une fois éliminé l’obstacle de la puissance de Rome, les Pictes et les Écossais du nord se précipitèrent sur l'opportunité de piller les fermes et les villages britanniques. Pendant ce temps, environ à la même époque, sur le continent, la confédération saxonne s'était disloquée et immigrants et pillards saxons avaient commencé à faire leur apparition sur la côte sud-est de la Grande-Bretagne. Les Chroniques Anglo-Saxonnes en font état :

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443 après J.C. Cette année-là, les Britanniques prirent la mer pour Rome afin d'implorer son aide contre les Pictes, mais n'en reçurent aucune, car les Romains étaient en guerre contre Attila, le roi des Huns. Ils se rendirent ensuite chez les Angles et demandèrent la même chose aux nobles de cette nation.

Comme aucune aide ne venait de Rome, un roi britannique du nom de Vortigern invita les Saxons à fournir une force militaire pour repousser les Pictes et les Écossais. Les Saxons acceptèrent mais, une fois qu'ils otriomphèrent des envahisseurs, ils décidèrent de rester. Selon les historiens Gildas (c. 500-570 de notre ère), Bède (672-735) et Nennius (IXe siècle) - ainsi que de nombreux autres - l'immigration saxonne fut une invasion (une affirmation contestée par les spécialistes modernes) au cours de laquelle la Grande-Bretagne fut continuellement mise à sac et pillée.

Britain, c. 600 CE
Bretagne, an 600
Hel-hama (CC BY-NC-SA)

C'est à cette époque qu'un grand chef de guerre britannique apparut, rallia le peuple autour de lui et défit les Saxons à la bataille du Mont Badon. Ce héros est appelé Ambrosius Aurelianus, par Gildas et Bède, et Arthur par Nennius, qui est le premier historien à mentionner son nom. Le nom d'Arthur semble déjà avoir été bien connu avant l'œuvre de Nennius. Le poème gallois Y Goddodin, une élégie pour les guerriers tombés à la bataille de Catraeth en l'an 600, le mentionne nommément comme un grand héros. Bien que les manuscrits existants ne datent que du XIIIe siècle, on estime généralement que l'œuvre fut composée peu après la bataille.

La préface de l'Histoire des rois de Grande-Bretagne de Geoffrey de Monmouth (environ entre 1100 et 1155) montre bien qu'Arthur était déjà considéré comme un grand roi à son époque, mais l'œuvre de Geoffrey l'éleva au rang de mythe.

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La légende arthurienne

Geoffrey de Monmouth est connu comme le père de la légende arthurienne pour avoir développé le personnage du roi Arthur, ajouté des éléments mythiques à son histoire et introduit de nombreux personnages et motifs centraux qui seront développés plus tard par d'autres auteurs.

L'expression légende arthurienne englobe un certain nombre de versions différentes du conte mais, de nos jours, elle fait principalement référence à l'œuvre anglaise de Sir Thomas Malory, Le Morte D'Arthur (La mort d'Arthur), publiée par William Caxton en 1485. La légende se développa à partir de l'Histoire des rois de Grande-Bretagne, en passant par la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Portugal, avant de revenir en Angleterre après une multitude d'ajouts et de versions différentes et ce, jusqu'à l'année 1469, où, depuis sa prison, Malory compila, édita, révisa et réécrivit une version en prose.

King Arthur & the Lady of the Lake
Le Roi Arthur et la Dame du Lac
Walter Crane (Public Domain)

Dans ses grandes lignes, l'histoire raconte qu'il était une fois un Enchanteur nommé Merlin qui aida un puissant roi nommé Uther Pendragon à partager la couche d'une reine nommée Igraine, épouse d'un autre roi. La condition imposée par Merlin pour son aide était que, lorsque l'enfant issu de leur union naîtrait, il lui serait donné. Tout se passa comme prévu, l'enfant nommé Arthur fut confié à un autre seigneur, messire Hector, qui l'éleva avec son propre fils Keu. Bien des années plus tard, une fois adulte, Arthur accompagna Keu et Hector à un tournoi auquel Keu devait participer. Il s'aperçut qu'il avait oublié d'emmener l'épée de Keu avec lui et en désespoir de cause, en prit une qu'il avait trouvée plantée dans une pierre, au beau milieu de la forêt. Il s'agissait de l'épée dans la pierre qui ne pouvait être retirée de la roche que par le véritable roi de Grande-Bretagne.

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Merlin revint à ce moment-là pour expliquer la situation à Arthur, qui ne savait pas qu'il avait été adopté, et l'aida à combattre les seigneurs qui contestaient son droit au trône. Bien que l'épée dans la pierre soit fréquemment associée à la célèbre Excalibur, il s'agit en fait de deux armes différentes. En effet, l'épée qu'Arthur avait tirée de la pierre fut brisée lors d'un combat contre Sire Pellinore et Merlin mena Arthur vers une étendue d'eau mystique où la Dame du Lac lui remit Excalibur.

Dans les terres enchantées du royaume d'Arthur, tout peut arriver, à tout moment, mais le bien finit toujours par triompher du mal et les ténèbres ne peuvent jamais engloutir la lumière.

Bien plus qu'une simple épée, Excalibur est le symbole de la grandeur d'Arthur. Dans certaines versions de la légende, Arthur donna l'épée à Sir Gauvain mais, dans la plupart des cas, elle appartenait exclusivement à Arthur. Ceci est conforme à de nombreux contes et légendes anciens dans lesquels tout grand héros se doit de posséder une arme magique. Une fois qu'Arthur réussit à pousser les autres seigneurs à reconnaître sa légitimité, il épousa la belle reine Guenièvre et installa sa cour à Camelot.

Un jour, il convia les plus grands chevaliers du royaume à un banquet, mais lorsqu'ils arrivèrent, ils commencèrent à se battre entre eux pour savoir à qui reviendrait la meilleure place. Arthur punit sévèrement le chevalier à l'origine de la rixe et, pour éviter que cela ne se reproduise à l'avenir, accepta une table ronde de son beau-père. À partir de ce moment, explique-t-il, toutes les personnes assises à la table seront égales, y compris lui-même, et les opinions de chacun seront prises en compte, quel que soit leur rang. En outre, quiconque aurait besoin de secours serait accueilli dans la salle pour en faire la demande et tout préjudice subit serait réparé par Arthur et ses chevaliers.

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C'est le concept de la Table ronde, ainsi que la possession d’une arme magique, qui place Arthur au-dessus des rois qui l'ont précédé et qui estimaient que leur position de pouvoir leur servait à déterminer ce qui était bien ou mal. Pour Arthur au contraire, l'opinion de chacun est pertinente et la force ne doit être utilisée que pour soutenir le bien, et non pour le définir. Arthur invita à nouveau les nobles chevaliers à se joindre à lui, mais cette fois-ci, ses messagers devraient se rendre encore plus loin, au-delà des frontières de la Grande-Bretagne.

Knights of the Round Table
Les Chevaliers de la Table Ronde
Evrard d'Espinques (Public Domain)

Parmi les chevaliers qui répondirent à son appel se trouvait Lancelot du Lac, un chevalier français sans égal au combat. Arthur et lui devinrent amis en même temps qu'il tomba amoureux de Guenièvre et que celle-ci s'éprit à son tour de lui. Pendant que cette liaison se déroulait dans le plus grand secret, les chevaliers de la Table ronde se lancèrent dans toutes sortes de quêtes fantastiques. Si aucune aventure ne se présentait à lui, Arthur se mettait en devoir d'en trouver une. Dans la célèbre histoire de Sire Gauvain et le Chevalier vert, un mystérieux chevalier vient à la cour pour lancer l'aventure. Dans le Roman de Jaufré (également connu sous le nom de Girflet), le héros arrive à la cour pour être adoubé et part ensuite en quête de ses propres aventures avant de revenir et d'impliquer les autres.

La plus extraordinaire de toutes les aventures des chevaliers est indiscutablement la quête du Graal. Le Graal est à l'origine un plateau dans la version française de la légende ou un chaudron dans la version galloise. Cependant en mettant au point sa version de l’histoire, Malory le transforma en une coupe utilisée par le Christ lors de la Cène et c'est en tant que tel qu'il est généralement décrit. La quête du Graal ne peut être accomplie que par un chevalier au cœur pur, ce sera finalement Galaad, fils de Lancelot qui la mènera à son terme.

Arthur reste un roi noble ET bienveillant jusqu'à révélation de la liaison de sa reine et de son meilleur ami par son fils Mordred.

Au cours de toutes ces aventures, il arrive fréquemment que Guenièvre soit enlevée par un seigneur félon et doive être délivrée, ou que d'autres dames en détresse aient également besoin du secours d'un noble chevalier. Les aventures des chevaliers sont jalonnées de dragons, de géants, d'esprits invisibles, de puits sacrés, de franchissements de cours d'eau sans fin, d'objets inanimés qui se déplacent et sont doués de parole, d'intrépides héros, de bandits machiavéliques, de femmes belles et nobles ainsi que d'autres dont la beauté dissimule la nature perfide. Face à tout cela, Arthur reste un roi noble et bienveillant jusqu'à révélation de la liaison de sa reine et de son meilleur ami par son fils Mordred, qui lui dispute le droit à la royauté.

Lors de la bataille finale entre Mordred et Arthur, Mordred fut tué et Arthur mortellement blessé. Guenièvre se retira dans un couvent et Lancelot dans un monastère. Tous les autres grands chevaliers de la cour périrent au combat. Sire Bédivère aida Arthur à quitter le champ de bataille et rendit Excalibur à la Dame du Lac. Une fois l'épée restituée, Arthur mourut et un bateau l'emporta sur l'île d'Avalon.

La légende en tant qu'allégorie

Geoffrey publia son ouvrage en 1136 et l'histoire du roi Arthur et de ses chevaliers trouva immédiatement un public réceptif parmi les lettrés du Moyen Âge. Vers 1160, le poète normand Wace l'avait déjà traduite en vieux français vernaculaire et le grand poète provençal Chrétien de Troyes (entre 1130 et 1190) la développa ensuite dans son œuvre. La légende fut approfondie et étendue par d'autres poètes français, remaniée et complétée par des auteurs allemands, puis traduite en anglais par le clerc Layamon (XIIe/XIIIe siècle). Elle fut ensuite révisée en prose anglaise sous la forme du Cycle de la Vulgate (1215-1235), qui fut modifié pour devenir la version connue sous le nom de Cycle post-Vulgate (c. 1240-1250), la principale source à partir de laquelle Malory établit sa version de l'histoire en 1469.

The Death of King Arthur
La Mort du Roi Arthur
John Garrick (Public Domain)

L'un des thèmes les plus récurrents de la légende est celui de la demoiselle en détresse qui doit être secourue par un noble chevalier qu'elle finit souvent par épouser. Il a parfois été observé que la légende arthurienne, à partir de l'époque de Chrétien de Troyes, a permis de valoriser le statut et le pouvoir des femmes dans la société médiévale. Ainsi, même la demoiselle en détresse s'avère souvent être en réalité une reine qui possède de grandes richesses, des terres ou des objets magiques. Il s'agit là d'un écart important par rapport à la littérature habituelle du Moyen Âge, dans laquelle les femmes sont généralement représentées comme des objets qu'il faut soit se disputer soit protéger.

Il a même été suggéré que les légendes du cycle arthurien n'étaient pas autre chose que des allégories chrétiennes représentant de façon symbolique le cheminement de la foi du croyant.

Il a même été suggéré que les légendes du cycle arthurien n'étaient pas autre chose que des allégories chrétiennes représentant de façon symbolique le cheminement de la foi du croyant. La quête du Graal, par exemple, illustre bien la démarche chrétienne : il faut avoir le cœur pur pour la mener à bien, mais même s'il n'y parvient pas, la vie du participant à la quête s'en trouve tout de même améliorée. Il a également été dit que ces légendes étaient des allégories mystiques. L'expert David Livingstone défend ce point de vue en affirmant que les légendes arthuriennes sont 'des allégories kabbalistiques des épreuves et des périls qui assaillent le croyant dans son voyage vers une union mystique avec Dieu' (317). La plupart des interprétations s'accordent sur l'origine chrétienne des contes et sur l'utilisation de la symbolique chrétienne pour la promouvoir.

Une théorie moins connue est qu'ils seraient basés sur une hérésie chrétienne connue sous le nom de catharisme, qui prospéra aux XIIe et XIIIe siècles dans le sud de la France. Les cathares (du grec catharoi, les purs) vénéraient une divinité féminine, Sophia (sagesse en grec), dont le culte était comparable à la vénération médiévale de la Vierge Marie ; le sacrifice du Christ, en tant que dieu mourant et ressuscitant, correspondait également à leurs croyances. Les cathares mettaient l'accent sur la pureté d'esprit et la noblesse dans l'action. La sincérité de leur foi, comparée à la corruption de l'Église catholique, leur valut un certain nombre de conversions jusqu'à ce que l'Église ne lance la croisade des Albigeois pour les exterminer entre les années 1209 et 1244.

Cette théorie, fameusement exprimée par l'expert Denis de Rougemont dans son ouvrage L'amour et l’Occident, est que les poètes français - en particulier Chrétien - maquillèrent la foi cathare en contes romantiques. Chrétien était un poète à la cour de Marie de Champagne, fille d'Aliénor d'Aquitaine, toutes deux connues pour leur rejet de la doctrine de l'Église et étroitement liées au sud de la France et à l'hérésie cathare. Selon ce point de vue, les nombreux enlèvements de Guenièvre représenteraient l'église essayant de s'approprier Sophia, la sagesse ancestrale, et son sauvetage symboliserait les Cathares se la réappropriant. De même, la demoiselle en détresse serait cette même Sophia qui doit être sauvée par un perfecti Cathare (un "parfait") qui l'’épouse’ ensuite et jouit de ses bienfaits pour toujours.

L'imagerie et le symbolisme chrétiens qui sous-tendent de façon évidente la trame de la légende semblent contredire cette thèse - et c'est peut-être le cas - mais en tout état de cause, il existe un certain nombre d'aspects intéressants qui pourraient la conforter. Parmi ceux-ci, le fait que les femmes n'étaient auparavant pas présentées de la même manière dans la littérature chrétienne européenne. De même, la notion d'un amour pour lequel on se sacrifierait, dont on ne pourrait se passer et pour lequel on serait même prêt à mourir, est un des thèmes centraux des romans arthuriens, comme elle l'était dans la relation spirituelle entre un cathare et Sophia. Le développement du concept d'amour courtois, de chevalerie et de valorisation des femmes dans le sud de la France, la région la plus étroitement associée aux cathares, en constitue un autre aspect des plus évocateurs. Dans la mesure où les cathares étaient dans l'impossibilité d'exprimer ouvertement leurs opinions en raison de leur persécution de la part de l'église, ils ont incorporé leur message dans des poèmes qui ont été pris au pied de la lettre par des non-initiés qui les ont ensuite introduits dans le reste de l'Europe médiévale en tant que prototype de la chanson d'amour moderne. Les non-initiés, pour reprendre l'expression chère à de Rougemont, réagissaient au message superficiel de la légende sans même reconnaître la puissance spirituelle des symboles invoqués.

Postérité

Il n’est pas exagéré de dire que l'influence des légendes arthuriennes est si forte qu'elle touche tous les aspects de la culture mondiale. La quête de réponses spirituelles, le noble défenseur du faible et de l'opprimé, la pureté de l'amour romantique, l'importance de la fidélité conjugale, de la liberté, de la justice et de l'égalité, d'un gouvernement équitable et réactif et d'un dirigeant noble et bienveillant. Tous ces aspects de la légende ont influencé l'interprétation que les hommes font du monde qui les entoure depuis des siècles. En outre, la compréhension moderne de la relation amoureuse est directement ou indirectement influencée par les thèmes arthuriens.

Camelot, Idylls of the King
Camelot, Les Idylles du Roi
Gustave Doré (Public Domain)

D’une façon générale, la littérature et l'art ont été particulièrement influencés par les légendes arthuriennes à travers les nombreuses traductions de l'œuvre et par les autres auteurs qui s'en sont inspirés. La légende est tombée en désuétude à la Renaissance mais a été remise au goût du jour par Alfred Tennyson (1809-1892) dans ses Idylles du roi, publiées en 1859. À son tour, l'œuvre de Tennyson a inspiré d'autres écrivains et ravivé l'intérêt pour l'histoire du roi Arthur et de ses nobles chevaliers de la Table ronde, ainsi que pour un monde de magie et sa portée spirituelle.

Même si l'imprévu peut survenir à tout moment dans les terres enchantées du royaume d'Arthur, le bien finit toujours par triompher du mal et les ténèbres ne peuvent jamais engloutir la lumière. Les secours arrivent toujours à temps pour sauver le héros ou la demoiselle en détresse, les méchants sont punis, les bons sont récompensés, les blessés sont guéris et la juste cause est toujours reconnue et récompensée. Même dans la défaite, le bon droit l'emporte toujours et, après moult combats, le chevalier et la demoiselle s'en vont au pas majestueux de leurs montures vers une longue vie de bonheur conjugal.

Bien qu'il y ait indéniablement une grande part de symbolisme religieux et spirituel dans ces contes, la légende n'a jamais eu besoin d'une interprétation allégorique pour justifier sa popularité. C'est probablement parce qu'elle offre une vision de l'existence dans laquelle, la plupart du temps, la vie des protagonistes se déroule pour le mieux. Du reste, même dans la chute tragique d'Arthur et de ses chevaliers, on peut trouver un sens et un but. Voici la véritable explication de l'impérissable popularité de la légende au travers de toutes les époques de son succès : l'évasion d'un monde trop souvent dépourvu de magie ou de sens apparent et où bien peu nombreux sont ceux qui parviennent à atteindre le bonheur éternel.

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Bibliographie

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Traducteur

Yves Palisse
Linguiste passionné d'Histoire, Yves P Palisse est un traducteur indépendant possédant des années d’expérience dans les domaines de la traduction, de l’analyse des médias et du service à la clientèle. Après avoir beaucoup voyagé dans toute l'Europe, Il a fini par poser ses bagages à londres en 1999. Il a une passion pour les sciences humaines, le droit et la justice sociale.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

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Style APA

Mark, J. J. (2017, mai 12). Le roi Arthur [King Arthur]. (Y. Palisse, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15992/le-roi-arthur/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Le roi Arthur." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. modifié le mai 12, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15992/le-roi-arthur/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Le roi Arthur." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 mai 2017. Web. 21 déc. 2024.

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