Ennin

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 juin 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Ennin (by Jnn, CC BY)
Ennin
Jnn (CC BY)

Ennin (793-864, titre posthume: Jikaku Daishi) était un moine bouddhiste japonais de la secte Tendai qui étudia longuement le bouddhisme en Chine et en rapporta des connaissances sur les rituels ésotériques, les sutras et les reliques. À son retour, il publia son célèbre journal Nitto Guho Junrei Gyoki et devint l'abbé de l'important monastère d'Enryaku-ji, sur le mont Hiei près de Kyoto, et donc le chef de la secte Tendai.

Le bouddhisme Tendai avait été introduit au Japon par le moine Saicho, également connu sous le nom de Dengyo Daishi (767-822). Basée sur les enseignements de la secte chinoise Tiantai, la version simplifiée et inclusive du bouddhisme de Saicho gagna en popularité, et son siège, le complexe Enryaku-ji sur le mont Hiei, à l'extérieur de la capitale Heiankyo (Kyoto), devint l'un des plus importants du Japon, ainsi qu'un célèbre siège d'enseignement. Ennin devint un disciple de Saicho à partir de 808, lorsqu'il commença à étudier au monastère, à l'âge de 14 ans seulement.

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Voyages en Chine

Ennin fut sélectionné dans le cadre d'une grande ambassade japonaise dirigée par l'envoyé à la cour des Tang, Fujiwara no Tsunetsugu, pour se rendre en Chine en 838 et y étudier. L'objectif principal d'Ennin était d'approfondir l'étude de la doctrine Tendai au T'ien-t'ai shan. Il y restera finalement neuf ans, étudiant auprès de différents maîtres et approfondissant les principes et les rituels du bouddhisme et surtout les mystères du mikkyo, c'est-à-dire les enseignements ésotériques connus seulement de quelques prêtres initiés.

En Chine, Ennin fut initié par trois maîtres ésotériques différents, dépassant ainsi le niveau de tout moine japonais précédent.

Arrivé à Yang-chou et attendant d'être conduit à T'ien-tai shan, le moine ne perdit pas de temps et trouva sur place des prêtres pour lui enseigner le shitan, l'écriture indienne utilisée dans les textes ésotériques. Il réalisa également ses propres copies de ces textes et s'initia auprès d'un prêtre appelé Ch'uan-yen. Ennin avait bien fait, car au moment où les autorités chinoises organisèrent son transport vers sa destination initiale, il fut informé qu'il n'aurait pas le temps de le faire s'il devait retourner au Japon avec l'ambassade comme prévu. Ennin décida de rester et passer l'hiver dans un monastère de Shantung dirigé par des moines coréens.

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Au printemps, Ennin se mit en route pour Wutai, un important lieu de pèlerinage où se trouvaient des moines plus érudits qui pourraient l'aider à étancher sa soif de connaissances bouddhistes. Le mont Wutai, où le bodhisattva Manjusri serait apparu, était également un centre de cultes ésotériques. Au cours des 50 jours suivants, Ennin acquit des techniques telles que le chant rythmique du nom du Bouddha Amida et la modification de l'intonation à chaque répétition.

De 840 à 845, Ennin étudia ensuite à Ch'ang-an, se familiarisa avec le Mikkyo, copie des textes et des mandalas, et fut initié par trois maîtres ésotériques différents, dépassant ainsi le niveau atteint par le maître japonais reconnu et le plus grand expert, Kukai. En 845, Ennin, comme de nombreux moines chinois, subit les persécutions de l'empereur anti-bouddhiste Wu-tsung, et il fut contraint de retourner au Japon. Plus facile à dire qu'à faire, il lui fallut deux ans, la mort de Wu-tsung et une amnistie générale pour trouver enfin un navire capable d'effectuer le voyage.

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Le journal de voyage d'Ennin

Ennin rédigea le récit désormais célèbre de son séjour en Chine, le Nitto Guho Junrei Gyoki ("Récit du pèlerinage en Chine à la recherche de la loi sacrée"). Le moine y décrit les difficultés et les dangers de la traversée du Japon à la Chine, à une époque où les marins ne disposaient pas de boussole. Lors de son propre voyage, il lui fallut trois tentatives pour arriver à bon port et l'ambassade fut alors contrainte d'attendre les lenteurs de la bureaucratie chinoise dans une région récemment frappée par une famine due à l'invasion de sauterelles.

The Spread of Buddhism
La propagation du bouddhisme
Be Zen (CC BY-NC-SA)

Le journal contient des descriptions des traditions locales, des auberges chinoises, de la vie dans les monastères, des festivals et des curiosités qu'il rencontra, comme cette statue de lion qui, selon lui, nécessita sept tentatives et plusieurs prières du sculpteur pour être achevée: "Il semble marcher et des vapeurs sortent de sa bouche. Nous l'avons regardé pendant un bon moment, et il semblait qu'il bougeait" (Keene, 360).

Retour au Japon et approbation royale

Avant son retour de Chine au Japon en 847, Ennin fit appel à un devin shintoïste et pria les dieux shintoïstes Sumiyoshi (protecteur des voyageurs en mer) et le roi dragon de la mer. Il s'agit là d'un exemple symbolique de la complémentarité croissante des religions bouddhiste et shintoïste dans le Japon ancien. L'effort en valut la peine, car Ennin rentra au Japon après un nouveau voyage périlleux en mer. Il emporta avec lui 584 textes bouddhistes, 21 instruments rituels, ainsi que plusieurs peintures et mandalas destinés à l'enseignement. Auparavant, le bouddhisme Shingon était à l'avant-garde des enseignements ésotériques au Japon, mais maintenant Ennin était armé de matériel et de connaissances pour défendre la cause de la secte Tendai.

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De retour à Enryaku-ji, la cour impériale reconnut les connaissances supérieures d'Ennin en matière de mikkyo et parraina officiellement un rite annuel d'initiation ésotérique (Hiei kanjo), à partir de 849. Du point de vue de l'empereur, ces rites, auxquels participaient plus de 1 000 moines, devaient assurer la sécurité et le bien-être de l'État japonais. Ennin devint un hôte régulier du palais royal de Heiankyo et enseigna personnellement aux membres de la famille impériale les bases du bouddhisme et les rites d'initiation inférieurs, y compris à l'empereur Montoku en personne en 856.

Abbé d'Enryaku-ji

En 854, Ennin devint l'abbé principal (Tendei Zasu) du monastère d'Enryaku-ji, poste qu'il occupa pendant plus de 20 ans. Le monastère était l'un des plus importants du Japon et Ennin bénéficia du soutien politique et financier de la cour impériale et du puissant clan Fujiwara. La fondation du monastère d'Onjoji (alias Miidera) sur les pentes inférieures de la montagne est l'une des réalisations notables de son mandat. Parmi les autres temples attribués à Ennin, citons le Sanbutsudo Hall à Nikko Toshogu sur ordre de l'empereur Ninmyo (r. de 833 à 850) et sur l'île de Chikubushima où Ennin érigea une statue de Benzaiten (Saraswati) en 834 à la suite d'un rêve dans lequel la déesse demandait à être vénérée à cet endroit.

Bell Tower, Enryakuji
Clocher, Enryaku-ji
663highland (CC BY-SA)

Comme beaucoup d'autres moines érudits de l'époque, Ennin était considéré comme un sculpteur doué. Un exemple de son travail est la copie en bois de la statue de Kannon Bosatsu à l'Asakusa Jinja à Tokyo. La statue originale en bronze aurait été capturée par des pêcheurs et est un hihutsu ou "image cachée" qui ne peut être révélée à l'œil humain. Même la copie en bois d'Ennin n'est exposée qu'un jour par an (le 13 décembre).

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Au cours de la politique de la période Heian (794-1185), le pouvoir des monastères, fondé sur leurs propriétés foncières, leur exemption d'impôts et leur capacité à entretenir d'importantes armées de serviteurs armés, signifiait inévitablement que des rivalités éclataient entre eux. Enryaku-ji connut une rivalité particulièrement âpre avec le monastère de Kofukuji à Nara. Enryaku-ji se divisa également en son sein lorsque les disciples d'Ennin et ceux d'Enchin, abbé d'Onjoji, décidèrent de suivre leur propre voie et de former respectivement l'Ordre de la Montagne et l'Ordre de Jimon. Il ne semble pas y avoir eu de différences doctrinales significatives entre les deux groupes, si ce n'est une réticence à mettre l'accent sur les éléments mystiques du bouddhisme prêchés par Ennin. La scission, devenue officielle après la mort d'Enchin en 891, peut également avoir eu des raisons plus terrestres et être due à une compétition pour les ressources et l'influence.

Deux ans après sa mort, en 864, Ennin reçut de l'empereur le titre posthume de Jikaku Daishi, qui signifie "Grand maître de la conscience compatissante", en reconnaissance de sa contribution au bouddhisme et en établissant la secte Tendai Mikkyo comme la plus importante secte officiellement sanctionnée au Japon. Le bouddhisme Tendai continua à prospérer au cours du siècle suivant, les empereurs successifs favorisant la secte. De nombreux moines ordonnés à Enryaku-ji allaient ensuite administrer des sites de temples secondaires à travers tout le Japon.

This content was made possible with generous support from the Great Britain Sasakawa Foundation.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, juin 23). Ennin [Ennin]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16145/ennin/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Ennin." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 23, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16145/ennin/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Ennin." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 juin 2017. Web. 25 déc. 2024.

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