Magnus Maximus (alias Maxime 355 - 28 août 388 de notre ère) était un usurpateur romain et empereur romain d'Occident de 383 à 388 de notre ère. Il était un général important de l'armée romaine, en particulier dans la province de Grande-Bretagne. En 383, il usurpa le trône d'Occident en se rebellant contre l'empereur légitime Gratien. Après la mort de Gratien, des négociations avec l'empereur d'Orient Théodose aboutirent à la proclamation de Maxime en tant souverain de la Bretagne et de la Gaule, tandis que le frère de Gratien, Valentinien II, conserva l'Italie, l'Espagne, la Pannonie et l'Afrique. Maxime finit par envahir l'Italie, ce qui l'amena à entrer en conflit direct avec Théodose. Il fut vaincu par les forces de Théodose lors de la bataille de la Save en 388 de notre ère. Il réussit à s'enfuir mais fut capturé et exécuté dans la ville d'Aquilée en août 388 de notre ère.
Jeunesse et carrière militaire
Magnus Maximus vit le jour dans une famille noble de la province romaine de Gallaecia, l'actuelle Galice, au nord-ouest de l'Espagne. Il était le neveu du comte Théodose l'Ancien, le père de l'empereur Théodose Ier. Faisant partie d'une famille de militaires, Maxime se révéla être fin tacticien et excellent commandant et obtint le grade de général. Il participa à de nombreuses campagnes sous le commandement de Théodose Ier dans tout l'empire. On pense que Maxime occupait un poste de commandement subalterne quelque part en Grande-Bretagne en 368 de notre ère.
C'est en 368 que Maxime aida le comte Théodose à réprimer la Grande Conspiration (alias "coalition barbare" 367-368). La conspiration se produisit lorsque la garnison romaine du mur d'Hadrien, dans le nord de la Grande-Bretagne, se rebella et permit à une confédération de tribus de pénétrer sur le territoire impérial. Les envahisseurs comprenaient des Pictes et des Écossais, ainsi que des Saxons et des Francs venus du continent. Maxime joua probablement un rôle important en aidant le comte Théodose à repousser les envahisseurs et à regagner les territoires perdus.
Maxime se distingua ensuite en tant que général sous Théodose en Afrique vers 373 et sur le Danube vers 376. Il finit par être de nouveau stationné en Grande-Bretagne en 380, où il était le commandant militaire suprême des forces romaines et semble avoir réprimé une rébellion ou une invasion d'Écossais et de Pictes en 381 de notre ère.
Usurpation et règne en Occident
Maxime était extrêmement populaire auprès de ses troupes à une époque où l'empereur d'Occident, Gratien (r. de 367 à 383), devenait de plus en plus impopulaire. L'empereur Valens (r. de 364 à 378) avait été tué lors de la désastreuse bataille d'Andrinople (378) en combattant une coalition de tribus des Goths, des Huns et des Alains. À la suite de cet événement, Gratien commença apparemment à utiliser une bande de gardes du corps alains et à s'habiller de la même façon, s'aliénant ainsi ses troupes romaines. Maxime s'en rendit peut-être compte et attendit le bon moment pour en profiter. En 383, Maxime fut proclamé empereur par ses propres troupes. Peu après, il traversa la Gaule avec ses forces, y compris une partie importante de la garnison militaire britannique, pour prendre le pouvoir.
Les forces de Maxime affrontèrent une armée dirigée par Gratien quelque part près de Paris au cours de l'été 383, où Gratien fut vaincu et se dirigea vers Lyon. Là, Gratien fut trahi par un gouverneur local et fut remis à Andragathius, le magister militum ("maître des troupes") de Maxime. Il fut assassiné le 25 août 383. À sa mort, le demi-frère de Gratien, Valentinien II, monta sur le trône impérial d'Italie. Grâce à la médiation de saint Ambroise, l'influent évêque de Milan, Maxime prit le contrôle de la Gaule, de la Grande-Bretagne et de l'Hispanie, tandis que Valentinien conservait la majeure partie du reste de l'Empire occidental. Théodose Ier (r. de 379 à 395), fils du comte Théodose, resta empereur en Orient.
Maxime établit sa cour dans la ville d'Augusta Treverorum (aujourd'hui Trèves) en Gaule. De là, il gouverna la Grande-Bretagne, la Gaule, l'Hispanie et certaines parties de l'Afrique. Il devint un souverain populaire et se distingua par un certain nombre de réformes civiles et militaires. En tant que commandant militaire, il est connu pour son utilisation efficace des troupes des régions environnantes connues sous le nom de foedorati, y compris les Alamans et d'autres groupes de langue germanique.
Le règne de Maxime fut également marqué par la persécution stricte des hérétiques chrétiens. On notera en particulier qu'il s'attaqua au priscillianisme. Priscillien était un noble romain d'Hispanie qui avait un certain nombre de croyances en conflit avec la doctrine chrétienne orthodoxe. Par exemple, Priscillien avait une vision strictement dualiste de la création, affirmant que la Lumière et les Ténèbres existaient à parts égales dans chaque homme et chaque femme. Lui et ses disciples étaient même allés jusqu'à rejeter le récit de la création dans l'Ancien Testament.
La controverse autour du priscillianisme impliqua plusieurs des principaux évêques orthodoxes de l'époque, dont saint Ambroise de Milan et saint Martin de Tours. Maxime convoqua un synode dans la ville de Bordeaux en 384 pour décider du sort de Priscillien et de plusieurs de ses plus fervents partisans. Ils furent reconnus coupables de magie et condamnés à mort, la sentence étant exécutée en 385. Maxime ordonna même l'envoi de troupes en Hispanie pour réprimer violemment l'hérésie. Seule l'intervention de l'évêque Martin de Tours permit d'éviter une nouvelle effusion de sang. Priscillien et ses disciples sont largement considérés comme les premiers hérétiques de l'histoire à faire l'objet d'une exécution publique.
Chute
Au cours de l'année 387 ou plus tôt, Maxime reprit sa campagne de contrôle de l'Empire d'Occident et forçaq Valentinien II à abandonner Milan et à fuir l'Italie. Valentinien arriva à la cour de Théodose, qui décida de l'aider contre Maxime. Ils envahirent ensemble l'Occident au cours de l'été 388, et leurs forces réunies battirent Maxime à la bataille de la Save, dans l'actuelle Croatie. Maxime fut contraint de s'enfuir dans la ville d'Aquilée. C'est également à cette époque que les Francs envahirent le nord de la Gaule sous la direction de Marcomer (alias Marcomir), ce qui désavantagea encore plus Maxime. Pour ne rien arranger, son général Andragathius fut vaincu près de Siscia et son propre frère, Marcellinus, fut tué au combat à Poetovio.
Finalement, Maxime se rendit aux forces de Théodose à Aquilée en août 388. Il plaida pour la clémence mais fut néanmoins exécuté le 28 août 388. Le Sénat romain adopta alors une Damnatio memoriae formelle, ou condamnation formelle de sa mémoire, à son encontre. Cela signifiait que ses biens seraient saisis et que son nom serait activement effacé de l'histoire. Théodose fit étrangler le fils de Maxime, Flavius Victor, mais les autres membres de sa famille semblent avoir été épargnés.
Traditions littéraires et folkloriques
Maximus est un personnage important dans l'histoire et le folklore de la Grande-Bretagne romaine. Le chroniqueur romano-britannique Gildas reproche à Maxime d'avoir privé la Grande-Bretagne de sa force militaire, affirmant que Maxime avait laissé la Grande-Bretagne vulnérable aux invasions des Pictes et des Écossais lorsqu'il partit à la conquête du pouvoir impérial. Gildas déplore que la Grande-Bretagne romaine ne se soit jamais remise des campagnes de Maxime sur le continent et attribue les incursions des groupes anglo-saxons en Grande-Bretagne aux Ve et VIe siècles de notre ère à l'abandon de la province par Maxime:
La Grande-Bretagne est privée de tous ses soldats et bandes armées, de ses gouverneurs cruels et de la fleur de sa jeunesse, qui est partie avec Maxime, mais n'est jamais revenue. (Gildas, Sur la ruine et la conquête de la Grande-Bretagne)
Maximus occupe une place importante dans les premières traditions littéraires galloises et britanniques. Il est évoqué dans le rêve de Macsen Wledig (le rêve de l'empereur Maxime) dans les Mabinogion. Il apparaît également en bonne place, sous le nom de Maximianus, dans l'Historia Regum Britanniae (Histoire des rois de Grande-Bretagne) de Geoffrey de Monmouth. Les deux récits relatent une version fictive de Maxime passant de la Grande-Bretagne au continent et finissant par installer ses alliés britanniques en Armorique (la Bretagne d'aujourd'hui).
L'Historia Brittonum du IXe siècle attribue à Maxime l'installation initiale des peuples britanniques en Armorique. C'est là que Maxime aurait installé nombre de ses alliés romano-britanniques issus de ses campagnes sur le continent. Il existe des preuves archéologiques à l'appui de cette affirmation qui concorde avec certaines traditions bretonnes ultérieures. Maxime est associé au légendaire chef britannique Conan Mériadec, considéré comme le fondateur de la Bretagne. L'histoire de Conan est relatée dans un certain nombre de sources bretonnes telles que la Vie de Saint Gurthiern et la Vie de Saint Goeznovius. Les récits qui entourent la vie de ces saints bretons traitent de l'arrivée des peuples britanniques sur le continent. Conan Mériadec aurait reçu l'ordre de Maxime d'installer son peuple en Bretagne.
Un certain nombre de dirigeants locaux dans différentes régions de Grande-Bretagne, du Pays de Galles et d'Écosse firent remonter leurs origines à Maxime. Il est difficile de déterminer si beaucoup de ces affirmations sont historiquement exactes ou s'il s'agit simplement d'une tentative de légitimer l'autorité régionale. Dans plusieurs poèmes gallois et généalogies royales, Maxime est cité comme ancêtre fondateur, y compris dans les royaumes gallois de Powys et de Gwent. En tant qu'empereur, Maxime mena plusieurs expéditions militaires dans le nord de la Grande-Bretagne, notamment contre les Pictes et les Écossais. On sait qu'il apporta un soutien considérable aux groupes bretons alliés de Rome. Comme les familles royales de l'actuel Pays de Galles, les souverains de l'ancien royaume de Galloway revendiquèrent également Maxime en tant que fondateur de leur lignée.