Canaan était le nom d'un ancien pays vaste et prospère (parfois indépendant, parfois tributaire de l'Égypte) situé dans la région du Levant, actuellement du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et d’Israël. Il était également connu sous le nom de Phénicie. L'origine du nom ‘Canaan’ vient de divers textes anciens (dont la Bible), il n'y a pas de consensus scientifique sur l'origine précise du nom, ni sur ce qu'il signifiait. Selon la Bible, le pays a été nommé d'après un homme appelé Canaan, petit-fils de Noé (Genèse 10).
D'autres théories citent ‘Canaan’ comme dérivé de la langue hourrite (peuple au nord de la Mésopotamie) pour ‘violet’. Les Grecs connaissaient les Cananéens comme ‘Phéniciens’ (en grec, ‘violets’), lesquels travaillaient dans la teinture violette, c’est pourquoi les Grecs les appelaient «peuple violet»; c’est l’explication la plus probable. Il a été également avancé la théorie selon laquelle le nom vient du verbe-racine hébreu kana qui désigne l'ordre issu du chaos, un mélange ou une existence simultanée. Les chercheurs J. Maxwell Miller et John H. Hayes ne donnent pas de signification certaine pour le nom, citant des sources anciennes qui l'utilisaient simplement comme nom de lieu:
Le nom «Canaan» apparaît dans divers textes anciens, de l'Égypte à la Mésopotamie. Dans les textes égyptiens, Canaan semble avoir été utilisé pour désigner la province asiatique d'Egypte. Dans la Bible, Canaan pourrait désigner l'ensemble de la Palestine à l'ouest de la Jordanie, l'héritage des Hébreux; mais il pourrait également désigner des zones plus restreintes, en particulier le littoral de la Palestine. En conséquence, les écrivains bibliques appellent parfois l'ensemble de la population indigène de Palestine «Cananéens» (donc interchangeable avec «Amorrites»). En d'autres occasions, ils semblent distinguer les Cananéens et les Amorrites des autres groupes parmi les occupants de la Palestine. (38)
La première habitation de la région se situait autour de la ville de Jéricho à l'époque paléolithique, et cette première communauté rurale se serait développée alors en une ville, devenue plus ancien centre urbain de la région (et, sans doute, du monde). D'autres villes se développèrent au début de l'Âge du Bronze, mais furent abandonnées, probablement à cause de la surpopulation. Les gens sont retournés alors à un mode de vie agraire pendant un certain nombre d'années. Les villes grandirent de nouveau pendant l'Âge du Bronze moyen qui vit le développement du commerce avec d'autres civilisations, et plus particulièrement, l'Égypte. Canaan (également appelée Phénicie à cette époque) continua à prospérer jusque vers 1250 - 1150 AEC, pendant ce que l’on appelle l’effondrement de l'Âge du Bronze. Les livres bibliques de Josué et Nombres attribuent la destruction de Canaan au général hébreu Josué et à sa conquête, mais cette affirmation a été contestée par les chercheurs modernes.
Cependant, suite au bouleversement d'environ 1250 - 1150 AEC, les Hébreux (Israélites), à qui Josué aurait donné le pays, peuplèrent la région et établirent les royaumes d'Israël et de Juda. Ces royaumes durèrent jusqu'à ce que la région soit conquise successivement par les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, Alexandre le Grand, les Séleucides et l'Empire Romain.
Culture & Religion
Les peuples indigènes du pays de Canaan n'ont jamais été un groupe ethnique unifié et n'ont jamais adoré les mêmes dieux de la même manière. Le terme «Cananéens» est utilisé pour désigner les gens qui vivaient au pays de Canaan, mais on ne sait pas si ces populations partageaient toutes la même langue ou une vision du monde commune. Les Phéniciens, par exemple, étaient des Cananéens, mais tous les Cananéens n'étaient pas des Phéniciens.
Sur le plan religieux, ils adoraient de nombreux dieux avec au-dessus, le dieu El, puis la déesse Ashera (associée à Astarté) et son époux Baal, et des divinités sumériennes telles que Utu-Shamash. Baal et Ashera sont tous deux considérés comme des divinités initialement de fertilité qui prirent ensuite des attributs plus impressionnants attribués aux dieux sumériens tels qu'Enlil et Ninlil ou Enki et Ninhursag. Parmi les autres divinités vénérées figuraient un dieu mineur nommé Yahweh qui, selon des études récentes, aurait pu être le dieu cananéen de la métallurgie. Les rites religieux incluaient les sacrifices humains (en particulier le sacrifice d'enfants) avec l’idée que les dieux ne donnaient que le meilleur au peuple et que celui-ci devait donc rendre la pareille en offrant le meilleur aux dieux.
Les femmes pouvaient servir, et servaient effectivement de prêtresses. Elles pouvaient posséder des terres, conclure des contrats et demander le divorce, ce qui reflétait les valeurs culturelles de la Mésopotamie. Les cultes de fertilité étaient nombreux et des offrandes de pain et de céréales étaient faites à Ashera et à ses divers avatars régionaux pour une meilleure fertilité et des enfants en bonne santé. Le sacrifice humain ne semble pas avoir joué de rôle dans les cultes de fertilité et, de plus, on ne sait pas sous quelles conditions une communauté sacrifiait l'un des siens.
Il n'y a aucune trace d'un roi dirigeant une nation unifiée, mais seulement celles d'hommes gouvernant leur propre cité-état et les terres qu'ils pouvaient détenir autour. Selon la force du dirigeant d'une ville et les ressources de cette ville, une communauté prospérait ou échouait. Au 2ème millénaire AEC, par exemple, Byblos était le grand exportateur de cèdre du Liban et de papyrus vers l’Égypte et d'autres pays, et elle prospérait grâce à une administration gouvernementale efficace et de vastes ressources.
Byblos, etait probablement dans la réalité la plus fameuse des villes cananéennes même si on n'en a jamais entendu parler. Le mot de Bible vient du grec byblos, «livre», en référence à la ville qui approvisionnait les nations environnantes en papyrus. Tyr était un autre grand centre industriel produisant des vêtements très recherchés, teintés par le violet du mollusque Murex. La ville de Sidon, engagée dans un commerce similaire, était un grand centre d'apprentissage. La rivalité entre Tyr et Sidon assurait des produits de haute qualité dans les deux villes jusqu'à ce que Tyr finisse par monopoliser le secteur du textile.
La région prospéra grâce au commerce en raison de sa situation. Gaza était le terminus des routes de l'encens qui partaient du royaume de Saba en Arabie pour se diviser ensuite en plusieurs branches, vers le nord, à travers la Mésopotamie, et vers le sud à travers l'Égypte. C'était aussi un lien commercial entre la Mésopotamie, l'Égypte et la Libye. Les Cananéens-Phéniciens étaient des constructeurs et des marins experts, ils participaient directement au commerce, partageant leurs valeurs culturelles avec d'autres nationalités, et eux-mêmes important les valeurs des autres dans leur propre pays.
Les Cananéens-Phéniciens développèrent le premier système d'écriture alphabétique, et approfondirent les principes mathématiques de Mésopotamie. Ils étaient réputés dans le monde antique pour leur compétence dans la construction navale et la navigation. Ils ont également été cités comme source précoce ou inspiration de la mythologie grecque. L'alphabet cependant, est considéré comme leur plus grande réussite, comme l'a noté le chercheur Marc van de Mieroop:
Le rôle des Phéniciens dans la diffusion de l'alphabet est leur réalisation la plus fameuse. Ayant conservé l'utilisation de l’écriture dans les Siècles Obscurs après 1200 AEC, les Phéniciens ont inspiré tous les systèmes d'écriture alphabétique de leurs voisins. Au Proche-Orient, les écritures hébraïque et araméenne dérivent du phénicien. L'adoption de l'alphabet phénicien par les Grecs, soit directement des Phéniciens, soit par des intermédiaires en Syrie ou en Anatolie, a été d'une importance majeure pour l'Europe. Les sources classiques étaient claires sur cette contribution: les Grecs appelaient leurs lettres ‘phéniciennes’. (222)
Les Cananéens-Phéniciens naviguèrent jusqu’en Espagne, et au nord jusqu'à la Cornouaille actuelle, en Angleterre. Grâce à leur commerce prospère, leurs villes se développèrent en sites de splendeurs et de richesses. Tout cela survint dans un second temps cependant, à la suite de leur implication dans le commerce avec les autres nations. Au début, les habitants du pays étaient des nomades qui ont probablement migré vers la région depuis la Mésopotamie.
Histoire Ancienne
L'habitation humaine s'établit dans la région avant 10 000 AEC, mais les peuples menaient une existence nomade avec seulement des établissements saisonniers (comme plus tard sur le site de la ville de Jéricho). Au cours de l'Âge du Bronze ancien (vers 3500 - 2000 AEC) cependant, des établissements permanents furent fondés et la pratique de l'élevage, installée plus tôt, se développa davantage. Les gens étaient principalement des chasseurs-cueilleurs car la terre s'avéra être en grande partie inhospitalière pour l'agriculture. L'Encyclopédie Larousse note que Canaan n'a jamais été favorisé par la nature pour les cultures:
La zone des hautes collines entre le Jourdain et la plaine côtière était sèche et stérile. De nombreuses vagues de peuples se sont cependant succédées ici. Les aléas et la précarité des cultures expliquent pourquoi le nomadisme a toujours prévalu à Canaan [dans les premiers temps]. (81)
Ces premiers peuples ont été désignés proto-cananéens par les chercheurs parce qu'ils n'avaient pas encore établi une culture identifiable. Ils travaillaient la pierre mais ne bâtissaient aucune construction. Ils avaient un système de croyances religieuses, mais nous ne savons pas en quoi il consistait. Cependant, ils développèrent le commerce avec d'autres nations avant 2000 AEC, et la région fut considérée comme suffisamment importante pour être absorbée dans l'Empire Akkadien par Sargon le Grand (Sargon d’Akkad, règne 2334-2279 AEC) vers 2300 AEC.
Pendant cette période, des centres urbains apparurent et le commerce avec d'autres nations se développa ou bien fut lancé. La principale marchandise semble avoir été la céramique et une variété de poteries. Après la chute d'Akkad au profit des Gutis (ou Goutéens), des Élamites et des Amorrites vers 2083 avant AEC, ce commerce stagna et les villes furent abandonnées. Les populations semblent être revenues alors à un mode de vie nomade, agraire, pour des raisons qui ne sont pas claires, mais peut-être liées à la surexploitation des ressources autour des villes et à la surpopulation.
Âge du Bronze Moyen
Pendant l'Âge du Bronze moyen (vers 2000 - 1550 AEC), les gens retournèrent à la construction de cités. L'urbanisation et le commerce prospéraient et une première version de l'alphabet phénicien fut développée, ce qui aura un impact significatif sur d’autres pays à l'époque et plus tard. À cette époque cependant, le cunéiforme était encore la langue écrite du commerce au Proche-Orient et il a été établi que Canaan développa des contacts particulièrement forts avec les villes de Mésopotamie par le biais d'accords commerciaux. Miller et Hayes notent:
En termes de modèles culturels de base - langue, littérature, perspectives mythologiques et théologiques, etc... - il semble y avoir eu une parenté plus étroite avec la Mésopotamie qu'avec l'Égypte. La proximité géographique de l'Égypte en revanche, avait pour conséquence que l'influence égyptienne, à la fois politique et culturelle, était elle aussi une caractéristique assez constante. (33)
Le commerce avait été établi pour la première fois entre la ville portuaire cananéenne de Byblos et l'Égypte vers 4000 AEC, et vers 2000 AEC, l'Égypte était le partenaire commercial le plus important de la région. Les rituels d'inhumation à Canaan pendant l'Âge du Bronze moyen reflétaient à la fois le mode d'inhumation égyptien et la tradition mésopotamienne. L'élite des cités-états était inhumée avec des objets funéraires élaborés, dans des grottes ou des tombes, tandis que les nourrissons et les jeunes enfants étaient enterrés dans la maison, sous le sol (une pratique mésopotamienne). Des preuves archéologiques et littéraires montrent que la ville de Byblos devint particulièrement riche grâce au commerce avec l'Égypte, mais toutes les cités-états bénéficièrent de ce lien.
Le commerce entre la nation égyptienne et les cités-États de Canaan fut interrompu vers 1725 AEC par l'arrivée des peuples sémites connus sous le nom de Hyksos, dont l'identité est toujours en débat. Ils établirent des colonies commerciales à partir de Canaan en Basse-Égypte et finalement, contrôlèrent toute cette région jusqu'à ce qu'ils soient chassés par le prince égyptien Ahmôsis Ier de Thèbes en 1570 AEC.
Ahmôsis Ier poussa les Hyksos hors d'Égypte et les poursuivit à travers Canaan et jusqu'en Syrie, laissant une bande de destruction sur son passage. Il semble, sur la base de preuves archéologiques et de références écrites de l'époque, que les Hyksos aient pu prendre position dans diverses cités-États cananéennes pendant leur fuite, et Ahmôsis Ier fut contraint de les réduire par la force. Avant la purge des Hyksos par Ahmôsis Ier, les cités-États cananéennes étaient murées et fortifiées, mais les évidences suggèrent une destruction généralisée à cette époque, et une reconstruction ultérieure.
Âge du Bronze Tardif
Ahmôsis Ier créa une zone tampon autour de son pays pour s'assurer qu'aucun autre peuple étranger ne prenne pied en Égypte comme les Hyksos l'avaient fait, et cela fut à l'origine de l'ère de l'Empire Égyptien (vers 1570 - 1069 AEC). Canaan fut absorbé dans l'empire au retour d'Ahmôsis Ier de la soumission des Hyksos en Syrie. Bien que l'Âge du Bronze Moyen soit habituellement reconnu par les chercheurs comme un «âge d'or» pour Canaan en raison de sa prospérité, la prospéra région également sous l'Empire Egyptien au début de l'Âge du Bronze tardif (vers 1550 - 1200 AEC).
Les grands monarques égyptiens tels que Hatchepsout (1479-1458 AEC), Thoutmôsis III (1458-1425 AEC), Amenhotep III (1386-1353 AEC) et Ramsès II (Ramsès le Grand, 1279-1213 AEC), pour n'en citer que quelques-uns, ont tous enrichi les cités-États de Canaan par le commerce ou l’engagement dans des projets de construction dans la région. Malgré tout, pendant le règne de Thoutmôsis III, la paix de la région fut menacée par un groupe varié de peuples appelés les Habirous (ou Apirous) qui semblent avoir été une coalition lâche de hors-la-loi nomades et sans terre. Bien que certains chercheurs aient tenté dans le passé de relier l'identité des Habirous aux Hébreux, cette affirmation a été rejetée et il est maintenant généralement admis que les Hébreux sont venus dans la région plus tard.
À partir de vers 1300 AEC, toute la région du Proche-Orient était dans la tourmente du fait que les Assyriens, Hittites et Égyptiens cherchaient à contrôler les routes commerciales et à conquérir des territoires. Vers 1250 AEC, un événement catastrophique frappa Canaan, démolissant des villes et dispersant la population, ce que la Bible attribue à une invasion dirigée par le général israélite Josué (Livre de Josué et Livre des Nombres). Bien qu'il existe des évidences de bouleversement dans le pays, les preuves archéologiques ne correspondent pas de façon univoque au récit biblique et les historiens sont généralement prudents sur l’acceptation de la conquête comme un fait historique. Cependant, des éléments des récits bibliques sont considérés comme plausibles pour admettre qu'un grand bouleversement s'est produit dans la région vers 1250 - 1150 AEC, dont certains aspects sont interprétés comme compatibles avec une invasion militaire.
Le Récit Biblique
Selon le récit du Livre de l'Exode, le patriarche Moïse conduisit son peuple, les Israélites, hors de l'esclavage en Égypte vers la ‘Terre Promise’ de Canaan où leur dieu leur avait promis qu'ils vivraient en paix sur une «terre de lait et de miel». Le livre de Josué, suivant le récit de l'Exode, raconte les campagnes du général israélite Josué dans le pays de Canaan, soumettant la population avec l'aide et sur ordre de son dieu, détruisant, comme il est bien connu, la ville de Jéricho. Après la conquête, le pays fut divisé entre le peuple de Josué et après quelque temps, les royaumes d'Israël et de Juda furent établis.
Moïse avait été chargé de conduire son peuple en Canaan parce que, toujours selon la Bible, c'était sa patrie avant son déplacement en Égypte. Le patriarche Abraham avait amené sa tribu là-bas, selon le livre de la Genèse, depuis la région d'Ur en Mésopotamie et, par l'intermédiaire de son fils Isaac et petit-fils Jacob (également connu sous le nom d'Israël), il avait établi son peuple et développé là une culture distincte de celle des Cananéens.
Le plus jeune fils de Jacob, Joseph, à la suite d’une série d'événements dramatiques, fut emprisonné en Égypte, puis libéré en raison de sa capacité à interpréter les rêves du pharaon, et il en vint finalement à occuper une position de pouvoir. Il sauva l'Égypte et les régions environnantes de la famine en cultivant soigneusement et en stockant le grain pendant les années d’abondance. Jacob et sa tribu vinrent alors en Égypte pour y trouver de la nourriture. Ils y restèrent jusqu'à ce que, selon le Livre de l'Exode, ils ne soient devenus «trop nombreux». Craignant leur force du fait de leur nombre, les Égyptiens les réduisirent alors en esclavage.
Lorsque le dieu des Israélites les libéra grâce aux Dix Plaies ordonnées par Moïse, ils durent retourner dans leur patrie. La Bible raconte ensuite la conquête et le dépeuplement de la région, alors que Josué, suivant scrupuleusement les préceptes de son dieu Yahvé, sort victorieux et établit à nouveau les Israélites au pays.
Israël & Juda
Comme nous l’avons vu, les chercheurs datent l'invasion des Israélites à environ 1250 AEC et les fouilles archéologiques dans la région ont confirmé des troubles dans la région vers 1250 - 1150 AEC ayant entraîné la destruction de villes et de cités cananéennes. Ces ruines, cependant, ne correspondent pas toujours aux descriptions données dans le livre de Josué. De plus, les Cananéens sont régulièrement présentés comme un peuple unifié dans le récit, alors qu'en réalité ils ne l'étaient pas.
Cependant, la destruction des villes et l'absence de développement ultérieur de la culture indiquent bien qu'un événement catastrophique, ou une série d'événements, eut un impact significatif sur les habitants de Canaan. La période pendant laquelle le général Josué aurait conquis le pays de Canaan correspond à une période de bouleversement général dans le monde antique, allant de la destruction de Troie par les Achéens à la chute de l'Empire Hittite, à la ruine de la grande ville d'Ougarit et au harcèlement des villes côtières par les mystérieux Peuples de la Mer. Quelle qu'ait été la cause de ces évènements, le Royaume d'Israël s'est établi vers 1080 AEC avec le Roi Saül (vers 1080-1010 AEC).
Saül fut suivi du Roi David (vers 1035 - 970 AEC) et de son fils Salomon (vers 965 - 931 AEC). Après la mort de Salomon, le royaume se scinda en deux avec l'état d'Israël au nord, et celui de Juda au sud. Afin de consolider le pouvoir dans la région et unifier leurs peuples, ces rois (selon la Bible) mirent l'accent sur la croyance en une seule divinité, Yahweh, créateur du ciel et de la terre, et initièrent ainsi le monothéisme en Canaan. Les chercheurs continuent de débattre de la question de savoir si le monothéisme était un concept des Juifs de la monarchie unie d'Israël, ou s'il avait été initié par le «roi hérétique» Akhenaton d'Égypte (1353-1336 AEC). Sigmund Freud avança la théorie selon laquelle Moïse était un prêtre d'Akhénaton qui amena le monothéisme égyptien à Canaan après l'Exode.
Israël fut détruit lors de l'invasion assyrienne de 722 AEC, après quoi, conformément à la politique assyrienne, la population fut déportée dans des villes de Mésopotamie et d'autres populations furent amenées pour les remplacer dans la région. L'Empire Assyrien tomba sous une coalition dirigée par les Babyloniens et les Mèdes en 612 AEC, et par la suite, Juda fut attaqué par les Babyloniens qui pillèrent sa capitale, Jérusalem, et détruisirent le Temple. D'autres incursions militaires des Babyloniens entre 589 et 582 AEC détruisirent le reste du royaume du sud.
Conclusion
Les Babyloniens, à leur tour, furent conquis par les Perses sous Cyrus le Grand (mort en 530 AEC), lesquels permirent aux Juifs de retourner dans leur patrie en 538 AEC. Là, pendant l'ère connue sous le nom de période du Second Temple (vers 515 AEC - 70 CE), le clergé révisa ses croyances religieuses et canonisa ses Écritures pour établir le Judaïsme tel que nous le connaissons de nos jours.
L'empire créé par Cyrus fut renversé par les armées d'Alexandre le Grand (356-323 AEC) qui introduisirent la culture et les croyances hellénistiques à Canaan. Après Alexandre, les Séleucides tinrent la région jusqu'à ce que la révolte des Maccabées, dirigée par Judas Maccabée, vers 168 AEC, ait libéré la région de l'occupation et établi la Dynastie Hasmonéenne des Juifs. Bien que la révolte des Maccabées soit traditionnellement caractérisée comme une lutte pour la liberté religieuse et l'autonomie, il est possible qu'elle ait été en fait une guerre civile entre les factions juives qui avaient embrassé l'hellénisme de l'Empire Séleucide et celles qui le rejetaient, le roi séleucide Antiochus IV Epiphanes n'y ayant été impliqué que comme allié des Juifs hellénistiques.
La Dynastie Hasmonéenne s'engagea dans le commerce et des conflits occasionnels avec le riche Royaume de Nabatea (en Jordanie actuelle), ce qui attira l'attention de Rome. En 63 AEC, la région fut revendiquée par Pompée à la fin de la République Romaine et, après l'arrivée au pouvoir d'Auguste en 31 AEC, elle fut intégrée à l'Empire Romain et connue sous le nom de Judée romaine. Les guerres judéo-romaines de 66-136 dépeuplèrent la région, et l'empereur Hadrien, lassé de traiter avec les Judéens, bannit tous les Juifs de la région après 136 et la rebaptisa Syria-Palaestina. La diaspora qui suivit les guerres et l'édit d'Hadrien, après des siècles de conflits similaires dans la région, finit par occulter l'identité des habitants originels du pays.
Qui que les anciens Cananéens aient été, leur identité fut perdue dans les invasions successives par des étrangers cherchant à contrôler un important pôle commercial. Quoi que Canaan ait pu être, une patrie pour certains et une «Terre Promise» pour d'autres, elle était stratégiquement située pour le commerce. Le contrôle de la région et des richesses qu'elle pouvait générer était donc recherché par de nombreuses puissances étrangères. Au moment où la région faisait partie de l'Empire Romain oriental ou byzantin au 4ème siècle, la terre connue sous le nom de Canaan n'était plus qu'un territoire étroit au bord de la mer Méditerranée, assez similaire au Liban d’aujourd’hui.