Cao Cao

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 08 septembre 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, chinois, italien
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Cao Cao, Battle of Red Cliffs (by Shizhao, CC BY-SA)
Cao Cao, Bataille de la Falaise Rouge
Shizhao (CC BY-SA)

Cao Cao (c. 155-220 de notre ère) était un dictateur militaire de la Chine ancienne, à la fin de la dynastie Han. Plus qu'un simple chef de guerre, Cao Cao soutenait un empereur fantoche et gouvernait une grande partie du nord de la Chine. Ses tentatives d'unification de la Chine échouèrent mais il fonda le grand État de Wei et introduisit divers changements administratifs, notamment un nouveau système de classification sociale et des réformes agraires. L'objectif cruel de Cao Cao de retrouver la gloire perdue de l'empire Han, sa manipulation de la cour impériale et son association avec des intrigues politiques peu recommandables lui valurent une réputation ambiguë qui s'est assombrie depuis qu'il a été dépeint comme le méchant de l'épopée populaire du XIVe siècle, Les Trois Royaumes.

Enfance et famille

Les premiers détails de la vie de Cao Cao sont incomplets et contestés, les faits étant difficiles à séparer de la légende. Cao Cao naquit vers 155 de notre ère, fils de Dame Ding et de Cao Song, qui était lui-même le fils adoptif de Cao Teng, un eunuque influent et puissant à la cour des Han. L'association avec les eunuques, qui tiraient les ficelles de la politique impériale dans les coulisses, fut sans doute l'une des raisons de l'ascension fulgurante de Cao Cao. Il se peut également qu'il ait été adopté, peut-être par les Xiabou, un groupe familial aristocratique du district de Pei, l'actuel Boxian. Cao Cao eut de nombreux enfants, les plus célèbres étant ses fils Cao Pi et Cao Zhi.

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CAO CAO Se RENDit CÉLÈBRE EN RÉPRIMANT LA RÉBELLION DES TURBANS JAUNES DANS LA SECONDE MOITIÉ DU 2ÈME SIÈCLE DE NOTRE ÈRE.

La rébellion des Turbans jaunes

Le premier rôle important de Cao Cao fut celui de commandant et de chef de la police de Luoyang, la capitale, dans les années 170. Il se forgea très tôt une réputation de fervent défenseur de la loi et n'avait pas peur de défier les riches et les puissants. Il devint encore plus célèbre lorsqu'il réprima la rébellion des Turbans jaunes dans la seconde moitié du IIe siècle de notre ère. Cette rébellion fut appelée ainsi parce que les protagonistes portaient un turban dont la couleur représentait la terre, un élément sur lequel ils comptaient pour éteindre le feu qui était l'élément choisi par les Han. Mouvement religieux, le culte des Turbans jaunes provenait probablement du Tibet et était étroitement associé au taoïsme. Sa popularité fut favorisée par la promotion de l'aide aux pauvres et la critique de la discrimination à l'égard des femmes et des classes inférieures, qui sévissait dans la société chinoise. Le culte se transforma finalement en une rébellion militaire majeure, ce qui était plutôt ironique étant donné que son leader Zhang Jiao prêchait l'objectif d'une Grande Paix.

China Warlords, 2nd-3rd century CE.
Les Chefs de Guerre Chinois, 2ème-3ème siècles
SY (CC BY-SA)

En position de force dans l'est de la Chine, les rebelles coordonnèrent néanmoins une série de soulèvements à travers toute la Chine en 184 qui visaient les bureaux des gouvernements locaux. L'ensemble du pays fut divisé en poches tenues par des rebelles, des seigneurs de la guerre ou des gouverneurs régionaux encore fidèles à l'État. La confusion, les guerres constantes et les privations du peuple chinois sont résumées dans un poème attribué à Cao Cao, qui, comme de nombreux dirigeants de l'époque, avait un penchant littéraire sérieux.

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Mon armure a été portée si longtemps que les poux s'y reproduisent,

D'innombrables lignées ont péri.

Des os blancs exposés dans les champs,

Pendant mille li, on n'entend même pas un coq.

Seul un sur cent survit,

Penser à cela me déchire les entrailles.

(Lewis, 28)

La rébellion fut brutalement réprimée par une armée envoyée par Cao Cao, et Zhang Jiao fut tué ou exécuté. Le mouvement continua sous une nouvelle direction dans l'est de la province du Sichuan, mais fut finalement écrasé en 215, toujours par une force envoyée par Cao Cao.

Une conséquence malheureuse de la rébellion fut que plusieurs seigneurs de guerre locaux avaient été encouragés à lever leurs propres armées et traiter avec les Turbans jaunes dans leur région. Une fois les rebelles vaincus, ces armées s'affrontèrent les unes aux autres et il s'ensuivit une longue période de guerre civile au cours de laquelle Luoyang fut saccagée en 189.

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Cao Cao, après plusieurs revers, finit par s'imposer en tant que puissant gouverneur de la province de Yan en 196. Il établit son quartier général à Xu, dans le Yingchuan (province du Henan). Cao Cao deviendra finalement le plus puissant des seigneurs de guerre chinois, notamment après sa victoire sur le seigneur de guerre rival Yuan Shao à la bataille de Guandu en 199-200. Cao Cao assuma une série de titres impressionnants en tant qu'homme le plus puissant de la cour: Marquis, Directeur des Vassaux et ensuite Excellence des Travaux. En 205, il fut en mesure de prendre les rênes du gouvernement, l'empereur n'étant laissé en place qu'à titre symbolique, histoire de respecter la tradition. Choisissant Ye comme capitale, Cao Cao s'empara de nombreux privilèges de l'empereur et adopta les titres de chengxiang (chancelier impérial) en 208 et de duc de Wei en 213. En 216, il franchit une étape supplémentaire en se déclarant roi de Wei, nom donné à son État. L'année précédente, l'ancien chef de guerre avait fait de l'une de ses filles l'impératrice, complétant ainsi sa mainmise sur le pouvoir.

Les réformes de Cao Cao

Cao Cao avait du mal à contrôler tous les anciens territoires Han même s'il avait conquis la vallée du fleuve Jaune, le Wuhuan au nord-est (en 207) et qu'il contrôlait désormais une grande partie du nord de la Chine. De vastes zones restaient encore sous la juridiction de seigneurs de guerre rivaux. Ses tentatives d'unifier une plus grande partie de la Chine se soldèrent par un échec spectaculaire, sous la forme d'une défaite retentissante à la bataille de la Falaise Rouge dans la vallée du Yangtze en 208. La maladie et la méconnaissance de la géographie locale et des techniques de combat méridionales firent peut-être échouer les ambitions de Cao Cao en matière de construction d'empire. Le vainqueur ce jour-là fut le jeune chef de guerre Sun Quan, qui devint plus tard l'empereur de l'État rival de Wu.

Cao Cao, Idealised Portrait
Portrait Idéalisé de Cao Cao
Wang Qi (Public Domain)

Afin de consolider les terres qu'il contrôlait, Cao Cao se lança dans une série de réformes administratives destinées à renforcer la centralisation du gouvernement chinois et à s'assurer que les tentacules de l'État étaient étendues et incontestées. L'une des caractéristiques de ces réformes était de limiter les dépenses excessives de l'État. C'est pourquoi des lois furent adoptées, interdisant par exemple l'utilisation de coûteux costumes funéraires en jade.

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Parmi les autres mesures, citons l'introduction d'un système de classement à neuf niveaux pour les fonctionnaires de la cour (jiupin zhongzheng), un système qui perdura pendant plusieurs dynasties ultérieures. Cela ne signifie pas pour autant qu'il y ait eu des changements significatifs dans le processus de recrutement, car Cao Cao poursuivit la tradition de sélectionner les ministres et les fonctionnaires en fonction de leurs connaissances, de leur statut dans la communauté locale et de leurs origines, plutôt qu'en fonction de leur pur talent. Conçu pour exploiter les contacts et les connaissances locales du fonctionnaire, le système finit par favoriser ceux qui avaient de bonnes relations et qui pouvaient sauter plusieurs échelons dans l'échelle de promotion à neuf échelons.

CAO CAO RÉINSTALLa LES PAYSANS SANS ABRI SUR DES TERRES ABANDONNÉES, RÉCUPÉRÉES PAR L'ÉTAT.

Une autre politique de Cao Cao visait à briser les loyautés régionales traditionnelles et à remplir les caisses de l'État. Elle consistait à autoriser la réinstallation des paysans sans abri sur des terres abandonnées récupérées par l'État après que la guerre eut ravagé la région. Les paysans et les rebelles vaincus ainsi réinstallés devenaient des locataires payants et donc une source de revenus utile pour l'État sans l'intermédiaire d'un collecteur d'impôts local.

Mort et héritage

Cao Cao mourut en 220, mais son deuxième fils, Cao Pi, surpassa son père. Forçant le dernier empereur Han à abdiquer, il fonda ensuite la dynastie Wei (221-265). Se faisant appeler empereur Wen, il devint également un pionnier de la poésie et un critique littéraire accompli. Cao Cao, quant à lui, reçut le titre posthume d'empereur Wu de Wei, mais son objectif d'une Chine unifiée ne sera pas réalisé avant trois siècles. La vie de Cao Cao fut relatée dans son propre livre, Apologie, écrit en 210-211, et l'une des plus anciennes autobiographies de la Chine ancienne.

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La vie de Cao Cao est également le sujet d'un célèbre roman de la dynastie Ming (1368-1644), Les Trois Royaumes (Sanguo yanyi), où il est le méchant délicieusement machiavélique de la pièce. Les opéras, eux aussi, le présentent comme un méchant, les acteurs qui interprètent le dictateur portant généralement un masque blanc hargneux et des sourcils sinistres. Plus récemment, le chef militaire est devenu le sujet de plusieurs séries télévisées et jeux vidéo populaires. Autre signe de la réputation douteuse du dictateur, son nom perdure dans l'expression chinoise "Parlez de Cao Cao et il apparaît", qui équivaut en gros à notre "en parlant du diable" .

Tomb of Cao Cao
Tombeau de Cao Cao
Rolf Mueller (CC BY-SA)

La tombe de Cao Cao

L'intérêt pour Cao Cao s'est encore accru en 2008 lorsque des archéologues chinois ont affirmé avoir découvert sa tombe. Découverte près de Xigaoxue, dans la province du Henan, la tombe se compose de deux chambres principales reliées par une porte en arc et couvre 750 mètres carrés (8 000 pieds carrés). Malheureusement, la tombe avait déjà été pillée et son lien avec Cao Cao est difficile à établir avec certitude. Le lien provisoire est basé sur trois pierres portant l'inscription "Wu de Wei", l'une découverte à une certaine distance de la tombe elle-même, une autre qui pourrait avoir été retirée de la tombe, et une troisième trouvée par les archéologues dans la tombe elle-même et décrivant plusieurs armes en bronze comme appartenant à Wu de Wei. Cependant, l'absence de preuves, associée à des cas passés où l'État chinois a fait des déclarations prématurées similaires pour des personnages historiques importants, a conduit les archéologues et les historiens hors de Chine (et certains universitaires en Chine) à contester l'affirmation selon laquelle il s'agit bel et bien de la tombe du dictateur. La tombe semble appartenir à la zone géographique correcte et à la bonne période, et une personne importante y fut certainement enterrée. Le temps et des études plus poussées pourraient bien nous dire si la tombe de Xigaoxue est bien la dernière demeure de Cao Cao, l'un des personnages les plus énigmatiques de la Chine ancienne.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, septembre 08). Cao Cao [Cao Cao]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16217/cao-cao/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Cao Cao." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 08, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16217/cao-cao/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Cao Cao." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 sept. 2017. Web. 24 déc. 2024.

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