Métaponte, située sur la côte sud de la Basilicate, en Italie, était une colonie achéenne fondée à la fin du VIIIe siècle avant notre ère. Prospère grâce à l'agriculture et au commerce, la ville devint l'une des colonies les plus riches de Magna Graecia. Aujourd'hui, la meilleure preuve de l'importance de Métaponte dans l'Antiquité est le temple d'Héra du VIe siècle AEC, avec 15 de ses colonnes doriques encore intactes.
Aperçu historique
Fondation
Métaponte (grec : Metapontion, nom moderne : Metaponto) est située sur une plaine fertile qui s'étend le long de la côte sud de la région Basilicate du sud de l'Italie. La ville, située à l'embouchure des rivières Bradano et Basento, fut fondée par les Achaéens du Péloponnèse grec aux environs de 720 AEC, dans le cadre de la vague de colonisation grecque à partir du VIIIe siècle AEC, dans toute la région du sud de l'Italie. Des preuves archéologiques indiquent la présence sur le site d'une ville italienne antérieure qui met en évidence des preuves de culture grecque. Une colonie entièrement grecque semble dater d'environ 630 AEC.
Une ville florissante
Métaponte, avec des rivaux locaux tels que Tarentum (Tarente moderne) et Siris (Nova Siri moderne), devint l'une des villes les plus prospères de la région qui serait plus tard connue comme Magna Graecia. Contrôlant une vaste superficie de terres autour de la ville - environ 200 km2 - le succès de la colonie était largement basé sur l'agriculture, la pêche et l'élevage et est attesté par les divisions étendues et régulières de terres dans la région avec plus de 850 petites exploitations qui furent utilisées sur plusieurs générations. On ne sait pas si ces fermes étaient habitées toute l'année ou habitées seulement pendant la saison de cultivation, puis utilisées comme entrepôts. La parcelle moyenne de terrain à Métaponte mesure 9 hectares, ce qui est plus grand que les 5 hectares nécessaires pour subvenir aux besoins d'une seule famille dans l'ancienne Méditerranée, ce qui témoigne peut-être de l'espace disponible dans les colonies grecques et donc de leur attrait pour les émigrants.
La richesse et les ressources commerciales de Métaponte sont en outre mises en évidence par la frappe de pièces de monnaie qui était estampillées d'une épine de blé en reconnaissance de la dette de la ville envers l'agriculture, par la présence de zones dédiées à des ateliers, et par les nombreuses dédicaces faites sur des sites panhelléniques comme à Olympe, où la ville avait un bâtiment du trésor, et Delphes. La ville proprement dite couvrait environ 150 hectares (370 acres) et disposait de plusieurs routes principales dont la plus grande mesure 22 mètres de largeur. La ville était protégée par un mur de fortification. Un résident notable était le philosophe et mathématicien Pythagore (vers 571- c. 497 AEC) qui passa la dernière partie de sa vie à Métaponte.
Métaponte finira par détruire Siris et jouer un rôle important dans les événements politiques et militaires du Ve siècle avant notre ère, en soutenant notamment les expéditions athéniennes contre la Sicile et sur le continent italien. Selon Thucydide dans sa Guerre du Péloponnèse (7.33.5), ils fournirent 300 lanceurs de javelot et deux trières. Parallèlement, une menace inquiétante fit irruption avec la fondation d'Hérakléia à l'ouest en 433 AEC, nouvelle rivale pour les ressources.
Déclin
Les richesses de Métaponte déclinèrent au IVe siècle AEC et la ville fut vaincue par Denys de Syracuse en 390 AEC. La montée des tribus italiennes centrales menaça également la position de la ville en tant que centre commercial sur le golfe de Tarentum, les Lucaniens attaquant et contrôlant brièvement la ville au milieu du même siècle. Affaiblie, Métaponte fut contrainte de chercher un peu de sécurité dans une alliance avec Tarentum rivale de longue date et devint ainsi membre de la ligue italiote des villes grecques. Métaponte soutint le roi molossien Alexandre Ier d'Épire quand il attaqua l'Italie et s'opposa à Rome pendant les guerres pyrrhiques (280-275 AEC). Devenue alliée de Rome peu de temps après avec un castrum romain ou un camp militaire établi près de l'agora, la ville changea néanmoins d'allégeances une fois de plus en 212 AEC, quand Hannibal envahit le sud de l'Italie. La ville abrita une garnison carthaginoise et fournit du maïs et des quartiers d'hiver à l'armée d'Hannibal, demeurant loyale jusqu'au retour du général à Carthage.
Au IIIe siècle AEC, la taille de la ville fut considérablement réduite et de grandes parties furent abandonnées alors que Métaponte revint à une économie plus agricole avec la ville menant une existence tranquille en tant que municipalité romaine pendant un autre siècle. La ville souffrit de la rébellion des esclaves menée par Spartacus au Ier siècle AEC, et la disparition de son système d'irrigation fit que la région retourna à des terres marécageuses sujettes à des flambées de paludisme. Les anciens beaux bâtiments de Métaponte furent abandonnés ou transformés en habitations agricoles plus modestes, une basilique chrétienne fut construite au IIIe siècle AEC et, malgré son occupation jusqu'au VIIe siècle, la ville disparut des archives historiques pendant deux millénaires.
Villes archéologiques
Comme dans une grande partie du sud de l'Italie, il n'y a que peu de traces du grand passé grec de Métaponte encore visibles aujourd'hui. Mis à part l'héritage durable de la culture de l'olivier et de la vigne, un seul temple témoigne encore de la prospérité perdue de la ville. Le sanctuaire d'Héra, également connu sous le nom de Tables Palatines (Tavole Palatine), se trouve à quelques kilomètres au nord-est de Métaponte sur la route de Tarente (qui suit l'ancienne chaussée) et possède l'exemple le plus impressionnant d'architecture grecque de la région, le Temple d'Héra. Ce temple dorique du VIe siècle AEC comportait 6 x 12 colonnes, dont 15 sont encore intactes.
Dans Métaponte même, il y a les restes des temples et des bâtiments qui se trouvaient dans le complexe du sanctuaire central. Les plus anciens datent de 580-570 AEC et incluent cinq temples (dédié à Héra, Athéna, Artémis et Apollon) et un ekklesiasterion ou lieu de rassemblement juste sur le côté. Au Ve siècle AEC, un théâtre qui avait des demi-colonnes et une frise dorique fut construit au-dessus du lieu de rassemblement. Le théâtre fut rénové au milieu du IVe siècle AEC, et une fois fini mesurait 62 mètres à sa partie la plus large et pouvait accueillir près de 8 000 personnes.
La deuxième phase majeure de construction fut réalisée entre 570 et 530 AEC et comprenait l'érection du Temple d'Héra. Ce grand temple dorique avait jadis 8 x 17 colonnes, dont plusieurs tambours et chapiteaux ont été réérigés sur le site archéologique aujourd'hui. Un troisième temple important, cette fois d'ordre ionique, fut construit entre 480 et 470 AEC. Dédié à une divinité inconnue, il se trouvait sur le site d'un ancien temple dédié à Artémis et avait jadis 8x20 colonnes. Des chapiteaux impressionnants restent in situ, richement décorés de tourbillons et de croix gammétiques. Le bâtiment était onique dans toute la Grèce continentale et est une preuve supplémentaire que les colonies de Grèce antique s'étaient embarquées sur leur propre voie de développement politique et artistique afin de devenir des villes entièrement indépendantes et influentes à part entière.