Empire de l'Égypte Antique

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 25 septembre 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Map of the New Kingdom of Egypt, 1450 BCE (by Andrei Nacu, CC BY-SA)
Carte du Nouvel Empire d'Égypte, 1450 avant notre ère
Andrei Nacu (CC BY-SA)

L'Empire égyptien se développa pendant la période du Nouvel Empire (c. 1570- c. 1069 av. J.-C.), lorsque le pays atteignit son apogée en termes de richesse, de prestige international et de puissance militaire. L'empire s'étendait de l'actuelle Syrie au nord à l'actuel Soudan au sud et de la région de la Jordanie à l'est à la Libye à l'ouest.

Étant donné que l'empire connut son essor et son déclin au cours du Nouvel Empire, les historiens parlent indifféremment du Nouvel Empire ou de l'Empire égyptien.

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L'histoire de l'Égypte est divisée par les spécialistes ultérieurs en périodes de "royaumes" et de "périodes intermédiaires"; les royaumes étaient des périodes où le gouvernement central était fort et la nation unifiée, tandis que les périodes intermédiaires étaient des périodes où le gouvernement central était faible et la nation désunie. Le Nouvel Empire naquit de la deuxième période intermédiaire (c. 1782- c. 1570 av. J.-C.), au cours de laquelle le pays était divisé entre un peuple sémite étranger, les Hyksôs, qui détenaient le pouvoir dans le nord de la Basse-Égypte, les Nubiens qui régnaient au sud, en Haute-Égypte, et la ville de Thèbes, au centre, qui représentait le gouvernement traditionnel de l'Égypte.

Le roi thébain Ahmôsis Ier (c. 1570- c. 1544 av. J.-C.) chassa les Hyksôs d'Égypte et vainquit les Nubiens, unifiant l'Égypte sous son autorité à partir de Thèbes. Au cours de ses premières campagnes, Ahmôsis Ier créa des États tampons autour des frontières de l'Égypte afin d'empêcher toute autre puissance étrangère de prendre pied dans le pays, comme l'avaient fait les Hyksôs. Ce faisant, il lança la politique de conquête qui serait suivie par ses successeurs et qui donnerait naissance à l'empire d'Égypte.

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À son époque, l'Égypte comptait parmi les empires les plus puissants et les plus prestigieux du monde antique.

Cette période est la plus célèbre de l'histoire égyptienne. Les monarques les plus connus de l'Égypte, tels que Hatchepsout, Thoutmôsis III, Amenhotep III, Akhenaton, Toutânkhamon, Ramsès II (le Grand) et Ramsès III, régnèrent tous à cette époque et certains des monuments et temples les plus célèbres - tels que les Colosses de Memnon et le temple d'Amon à Karnak - furent construits.

L'empire prospéra jusqu'au règne de Ramsès III (1186-1155 av. J.-C.), lorsque des invasions (principalement par les Peuples de la mer), des dépenses excessives qui épuisèrent le trésor, la corruption des fonctionnaires, la perte de confiance dans le rôle traditionnel du roi, le pouvoir accru de la prêtrise et le déclin de son prestige international contribuèrent à sa chute. En son temps, cependant, il comptait parmi les empires les plus puissants et les plus prestigieux du monde antique.

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Les Hyksôs en Égypte

Le Moyen Empire (2040-1782 av. J.-C.), au cours de la 12e dynastie, est considéré comme l'"âge d'or" de l'Égypte, où les réalisations culturelles et artistiques atteigniret leur apogée. Au cours de la 13e dynastie, cependant, les rois étaient plus faibles et plus préoccupés par leurs propres intérêts et les intrigues de cour que par le bien du pays. À cette époque, les Hyksôs parvinrent à s'établir à Avaris, en Basse-Égypte, et consolidèrent progressivement leur présence jusqu'à ce qu'ils ne soient en mesure d'exercer un pouvoir politique et militaire important. Le Moyen Empire s'effondra alors que le gouvernement central égyptien s'affaiblit et que les Hyksôs, au nord, et les Nubiens, au sud, se renforcèrent, ce qui marqua le début de la Deuxième Période Intermédiaire.

Plus tard, les scribes du Nouvel Empire qualifieraient l'époque des Hyksôs d'"invasion" et d'autres auteurs, reprenant ce mythe, le perpétueraient. Les Hyksôs n'ont jamais envahi l'Égypte; il s'agissait au départ de commerçants qui avaient vu une opportunité de s'établir dans une région négligée de l'Égypte et l'avaient saisie. Contrairement à ce que l'on a pu lire par la suite, les Hyksôs n'étaient pas des ennemis de l'Égypte qui se déchaînaient à travers le pays en brûlant et en pillant les temples.

De nombreux éléments prouvent au contraire que les Hyksôs admiraient la culture égyptienne et imitaient les Égyptiens à bien des égards. Les relations commerciales entre les Hyksôs au nord, les Nubiens au sud et Thèbes étaient bien établies et les seules preuves de destruction de temples ou de mise à sac de villes par les Hyksôs remontent à longtemps après leur arrivée dans le pays et auraient été provoquées par des villes individuelles de Basse-Égypte ou par Thèbes. Le fait que les Hyksôs aient régné sur l'ensemble de la Basse-Égypte est également un mythe; leur pouvoir était limité à la région du Delta.

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Stela of Kamose
Stèle de Kamosé
Rüdiger Stehn (CC BY-SA)

Les échanges commerciaux entre les Hyksôs, les Égyptiens et les Nubiens se poursuivirent de manière égale jusqu'à ce que le gouvernement de Thèbes ne se lasse de se sentir comme un invité dans son propre pays. Le roi thébain Seqenenrê Tâa (c. 1580 av. J.-C.) interpréta un message du roi hyksôs Apepi - qui était probablement une demande de réduction de la pratique thébaine de la chasse à l'hippopotame - comme un défi à son autorité et lança une campagne contre la ville d'Avaris. Seqenenrê Tâa fut tué au combat mais sa cause fut reprise par son fils Kamose puis par Ahmôsis Ier qui vainquit les Hyksôs et unifia l'Égypte.

Essor de l'empire

Ahmôsis Ier conquit Avaris, chasse les survivants Hyksôs dans le Levant et les poursuivit jusqu'en Syrie. Ce faisant, il conquit naturellement ces régions pour l'Égypte et installa ses propres fonctionnaires pour les gouverner; ce fut le début de l'Empire égyptien. Ahmôsis Ier mit en place une politique de création d'États tampons autour des frontières de l'Égypte afin qu'une "invasion" telle que celle des Hyksôs ne soit plus jamais possible. Après avoir vaincu les Hyksôs, Ahmosis Ier marcha vers le sud et repoussa les Nubiens au-delà des frontières traditionnelles, élargissant ainsi le territoire de l'Égypte dans trois directions - sud, est et nord - qui incluaient la région rentable du Levant.

Bien que les Hyksôs aient été vilipendés par la suite, ils améliorèrent la culture égyptienne à bien des égards et, de manière significative, leur armement. Avant l'arrivée des Hyksôs, les Égyptiens ne connaissaient ni le cheval ni le char tiré par des chevaux; ils utilisaient encore l'arc simple et étaient équipés d'épées qui n'étaient pas toujours fiables. L'égyptologue Barbara Watterson commente les apports des Hyksôs:

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Les Hyksôs, originaires d'Asie occidentale, ont mis les Égyptiens en contact avec les peuples et la culture de cette région comme jamais auparavant et leur ont fait découvrir le char de guerre tiré par des chevaux, un arc composite fait de bois renforcé par des bandes de tendon et de corne, une arme plus élastique et d'une plus grande portée que leur propre arc simple, une épée en forme de cimeterre, appelée khépesh, et un poignard en bronze à la lame étroite coulée en une seule pièce avec la soie. Les Égyptiens ont transformé cette arme en épée courte. (60).

Le khépesh était entièrement coulé en bronze et la poignée était ensuite entourée de peau et de tissu et, pour les lames plus coûteuses, richement décorée Cette épée incurvée était beaucoup plus efficace que toutes celles que les Égyptiens avaient utilisées par le passé. Le char de guerre, monté par des archers munis du nouvel arc composite et d'un grand carquois fixé sur le côté, s'avérerait l'un des atouts militaires les plus importants de l'Égypte, et la hache de guerre, faite de bronze et fixée à un manche, était bien plus efficace que les haches en silex ou en cuivre fixées à des hampes en bois utilisées par le passé. Ces armes seraient celles de l'empire du Nouvel Empire et seraient utilisées par des militaires d'un genre nouveau.

Egyptian War Chariot
Chariot de guerre égyptien
Unknown (Public Domain)

Les armées de l'empire

La première armée permanente d'Égypte fut créée par Amenemhat Ier (c. 1991-1962 av. J.-C.) de la 12e dynastie, au Moyen Empire. Auparavant, l'armée était composée de conscrits envoyés au roi par les gouverneurs régionaux (appelés nomarques) depuis leurs districts (nomes), qui étaient souvent plus loyaux envers leur souverain et leur région qu'envers le roi du pays. Ces premières armées marchaient sous leurs propres bannières et élevaient les dieux de leurs cultes régionaux. Amenemhat Ier réduisit le pouvoir des nomarques en créant une armée professionnelle avec une chaîne de commandement qui plaçait le pouvoir entre les mains du roi et était supervisée par son vizir.

L'armée mobilisée par Ahmôsis Ier contre les Hyksôs était composée de professionnels, de conscrits et de mercenaires, comme les guerriers Medjay, mais sous le règne de son fils, Amenhotep Ier (c. 1541-1520 av. J.-C.), cette armée reçut un entraînement intensif et fut équipée des meilleures armes disponibles à l'époque. L'égyptologue Helen Strudwick note:

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Au Nouvel Empire, l'armée égyptienne avait commencé à adopter les armes et l'équipement supérieurs de ses ennemis, les Syriens et les Hittites. L'arc triangulaire, le casque, les tuniques en cotte de mailles et le Khépesh étaient devenus des équipements standard. De même, la qualité du bronze s'améliora au fur et à mesure que les Égyptiens expérimentaient différentes proportions d'étain et de cuivre (466).

Non seulement les armes de l'armée étaient nouvelles et améliorées, mais la structure de l'armée elle-même l'était également. Entre Amenemhat Ier et Ahmôsis Ier, l'armée était restée plus ou moins la même. L'armement et l'entraînement militaire s'étaient améliorés, mais pas de façon spectaculaire. Sous le règne d'Amenhotep Ier, cependant, les choses allaient changer, comme l'explique l'égyptologue Margaret Bunson:

L'armée n'était plus une confédération de levées de nome mais une force militaire de premier ordre ... organisée en divisions, à la fois des forces de chars et de l'infanterie. Chaque division comptait environ 5 000 hommes. Ces divisions portaient les noms des principales divinités de la nation. (170).

Contrairement à l'armée primitive qui partait au combat sous les bannières de leurs nomes et de leurs clans, l'armée du Nouvel Empire se battait pour le bien-être du pays tout entier, portant les étendards des dieux universels de l'Égypte. Le roi était le commandant en chef des forces armées, son vizir et ses subordonnés s'occupant de la logistique et des lignes de ravitaillement. Les divisions de chars, dans lesquelles montait le pharaon, étaient directement placées sous son commandement et divisées en escadrons avec leur propre capitaine. Il existait également des forces mercenaires, comme les Medjay, qui servaient de troupes de choc.

L'ère de l'Égypte impériale

Ce sont ces troupes qui forgèrent puis maintinrent l'Empire égyptien. Amenhotep Ier poursuivit la politique d'Ahmôsis Ier et chaque pharaon qui lui succéda en fit de même. Thoutmôsis Ier (1520-1492 av. J.-C.) réprima les rébellions en Nubie et étendit les territoires égyptiens au Levant et en Syrie. La Nubie était particulièrement prisée par les Égyptiens pour ses mines d'or et la région tire d'ailleurs son nom du mot égyptien signifiant "or": nub. On sait peu de choses sur son successeur, Thoutmôsis II (1492-1479 av. J.-C.), car son règne est éclipsé par l'ère impressionnante de la reine Hatchepsout (1479-1458 av. J.-C.).

Les rois étrangers écrivaient régulièrement à Amenhotep III pour lui demander de l'or et des faveurs, et les pays étaient désireux de commercer avec l'Égypte en raison de ses vastes ressources et de sa puissance considérable.

Hatchepsout n'est pas seulement la femme qui réussit le mieux dans l'histoire de l'Égypte, mais aussi l'une des dirigeantes les plus remarquables du monde antique. Elle rompit avec la tradition de la monarchie patriarcale sans qu'aucune rébellion n'ait été constatée de la part de ses sujets ou de la cour. Elle instaura un règne qui enrichit l'Égypte sur le plan financier et culturel sans s'engager dans de vastes campagnes militaires.

Bien qu'il existe des preuves qu'elle ait commandé des expéditions militaires au début de son règne, le reste fut pacifique et se concentra sur l'infrastructure de l'Égypte, les projets de construction et le commerce. Elle rétablit le contact avec le pays de Pount - une terre de richesses presque mythique - qui fournissait à l'Égypte de nombreux produits de luxe que les classes supérieures commençaient à convoiter, ainsi que des articles nécessaires au culte des dieux (comme l'encens) et à l'industrie cosmétique (huiles et fleurs parfumées).

À la mort d'Hatchepsout, Thoutmôsis III (1458-1425 av. J.-C.) lui succéda et, peut-être pour empêcher les futures femmes de l'imiter, fit effacer le nom d'Hatchepsout des monuments. Il aurait agi ainsi pour maintenir la tradition d'un souverain masculin, et non parce qu'il avait quoi que ce soit contre la reine, et il laissa son nom intact à l'intérieur de son temple mortuaire et ailleurs, loin des yeux du public. Malgré cela, les rois suivants ne surent rien de ses exploits et l'histoire ne la connaîtrait plus pendant plus de 2 000 ans.

Thoutmôsis III ne devraiit cependant pas rester dans les mémoires pour cette seule action, car il s'avéra être un souverain compétent et efficace, ainsi qu'un brillant chef militaire. Les historiens l'ont souvent qualifié de "Napoléon d'Égypte" en raison de ses succès au combat. Il mena en effet 17 campagnes en 20 ans et, contrairement à Napoléon, il fut victorieux dans chacune d'entre elles. Il encouragea également et développa le commerce et était un homme de culture qui contribua à préserver l'histoire de l'Égypte.

La politique étrangère et intérieure de Thoutmôsis III enrichit l'Égypte et élargit ses frontières, offrant au pays une économie stable et une réputation internationale croissante. À l'époque du règne d'Amenhotep III (1386-1353 av. J.-C.), l'Égypte comptait parmi les pays les plus riches et les plus puissants du monde. Amenhotep III était un brillant administrateur et diplomate dont le règne prospère établit fermement l'Égypte dans ce que les historiens appellent le "Club des grandes puissances" - qui comprenait la Babylonie, l'Assyrie, le Mittanni et le pays des Hatti (Hittites) - qui entretenaient tous des relations pacifiques par le biais du commerce et de la diplomatie.

Les rois étrangers écrivaient régulièrement à Amenhotep III pour lui demander de l'or et des faveurs, qu'il accordait volontiers, et les pays étaient désireux de commercer avec l'Égypte en raison de ses vastes ressources et de sa puissance considérable. À cette époque, l'armée égyptienne était redoutable et les alliances ne tardèrent pas à être conclues. Le trésor royal s'enrichit au-delà des frontières de l'Égypte et Amenhotep III put se permettre de payer de grandes équipes d'ouvriers pour ériger ses temples et ses monuments. En fait, il en construisit tellement que les historiens ultérieurs pensèrent qu'il avait dû régner pendant plus de 100 ans pour accomplir tout ce qu'il avait accompli; en réalité, il était simplement un homme d'État exceptionnellement doué.

Amenhotep III
Amenhotep III
Trustees of the British Museum (Copyright)

Le fils et successeur d'Amenhotep III, Amenhotep IV, changea son nom en Akhenaton (1353-1336 av. J.-C.) et abolit les pratiques religieuses traditionnelles de l'Égypte au cours de la quatrième ou cinquième année de son règne. Bien qu'Akhenaton soit souvent dépeint par les auteurs modernes comme un grand visionnaire religieux et un roi exceptionnel, il n'était en réalité ni l'un ni l'autre. Ses réformes religieuses étaient très probablement une manœuvre politique visant à réduire le pouvoir du culte d'Amon qui, à son époque, était presque aussi puissant que le roi, et son attention à gouverner était si minime que sa femme, Néfertiti, s'occupait des tâches administratives et de la correspondance avec d'autres nations.

Les frictions entre le culte d'Amon et la royauté avaient commencé à l'époque de l'Ancien Empire, lorsque les rois de la IVe dynastie avaient élevé la secte et lui avaient accordé un statut d'exonération fiscale en échange de l'exécution des rituels mortuaires nécessaires dans le complexe de Gizeh. Comme ils étaient exonérés d'impôts, tous les produits de leurs terres leur revenaient directement, et non au gouvernement, ce qui leur permit d'amasser des richesses considérables. À partir de l'Ancien Empire, le culte ne fit que croître en puissance et il est donc probable que les "réformes" d'Akhenaton aient été motivées bien plus par la politique et la cupidité que par une quelconque vision divine d'un seul vrai dieu.

Sous le règne d'Akhenaton, la capitale fut déplacée de Thèbes vers une nouvelle ville, Akhetaton, conçue et construite par le roi et dédiée à son dieu personnel. Les temples de toutes les villes et villages furent fermés et les fêtes religieuses abolies, à l'exception de celles vénérant son dieu, l'Aton. L'économie égyptienne dépendait fortement des pratiques religieuses, car les temples étaient les centres de la communauté et employaient un personnel nombreux.

En outre, les artisans qui fabriquaient des statues, des amulettes et d'autres objets religieux se retrouvèrent au chômage. La valeur culturelle centrale de l'Égypte, la maât (harmonie et équilibre), qui était le fondement de la religion et de la société, fut ignorée par l'administration d'Akhenaton, de même que les liens diplomatiques et commerciaux avec d'autres puissances.

Le successeur d'Akhenaton, Toutânkhamon (1336-1327 av. J.-C.), était en train de restaurer l'Égypte à son ancien statut lorsqu'il mourut jeune. Son œuvre fut achevée par Horemheb (1320-1295 av. J.-C.) qui effaça le nom d'Akhenaton de l'histoire et détruisit sa ville. Horemheb réussit à restaurer l'Égypte, mais elle était loin d'être aussi puissante qu'avant le règne d'Akhenaton.

Au cours de la 19e dynastie qui suivit Horemheb, le pharaon le plus célèbre de l'histoire de l'Égypte déclara avoir enfin rétabli la puissance du pays: Ramsès II (le Grand, 1279-1213 av. J.-C.). Ramsès II est non seulement le pharaon le plus connu de nos jours, mais aussi de l'Antiquité, grâce à son talent pour l'autopromotion et aux compétences de son vizir, Khay, qui veilla à ce que le nom du roi perdure à travers les monuments, les temples et les statues imposantes qui l'honorent.

Ramesses II, Abu Simbel
Ramsès II, Abou Simbel
Steve F-E-Cameron (CC BY)

Ramsès II ne ramena peut-être pas complètement l'Égypte au niveau de puissance qu'elle avait connu sous Amenhotep III, mais il s'en approcha certainement. Il rétablit les liens avec les autres grandes puissances, signa le premier traité de paix au monde avec les Hittites après la bataille de Qadech (1274 av. J.-C.) et, bien qu'il ait été régulièrement dépeint comme un grand roi guerrier, il concentra la majeure partie de son règne sur la politique intérieure, le commerce et la diplomatie. Thoutmôsis III était en fait le chef militaire le plus compétent du Nouvel Empire, et non Ramsès II, mais l'image du pharaon en tant que puissant guerrier était une tradition établie de longue date en Égypte pour symboliser les pouvoirs du roi, même si un monarque particulier était en fait plus compétent dans d'autres domaines.

Déclin et chute

La 19e dynastie poursuivit les succès de la 18e, mais au cours de la 20e dynastie, l'empire commença à décliner. Ramsès II et son successeur, Mérenptah (1213-1203 av. J.-C.) vainquirent tous deux les invasions des Peuples de la mer - une coalition de différentes tribus responsables de l'affaiblissement et de la destruction d'un certain nombre de civilisations à cette époque - mais leur pouvoir ne fut pas paralysé. Au cours de la 20e dynastie, sous le règne de Ramsès III, les Peuples de la mer revinrent en force et le roi n'eut d'autre choix que de mobiliser son armée et d'organiser une défense.

Ramsès III vainquit les Peuples de la mer comme l'avaient fait ses prédécesseurs, mais le coût en vies humaines et en ressources fut énorme. Conformément à la pratique égyptienne consistant à augmenter le nombre d'ennemis tués au combat tout en minimisant leurs propres pertes, les documents officiels ne relatent que les glorieuses victoires de la défense de l'Égypte. Les problèmes survenus par la suite indiquent toutefois que la perte de main-d'œuvre entraîna une baisse de la production de céréales et une économie en difficulté. Le coût de la guerre avait également épuisé le trésor et les relations commerciales avec les autres puissances souffraient du fait que l'Égypte ne disposait plus des mêmes ressources qu'auparavant et que ces autres puissances étaient confrontées à leurs propres difficultés résultant des raids des Peuples de la mer et d'autres encore.

À la même époque, le culte d'Amon redevint aussi puissant qu'il l'était avant la tentative d'Akhenaton de le détruire. Le grand prêtre de Thèbes était de plus en plus respecté, autant sinon plus que le roi, ce qui affaiblit la monarchie. Les problèmes de l'empire se manifestèrent clairement lors de la grève des ouvriers de Deir el-Médineh en 1159 avant notre ère - la première grève connue au monde - lorsque les salaires des constructeurs de tombes furent payés en retard et que les fonctionnaires locaux furent incapables de remédier au problème.

Bronze Age Mediterranean Invasions & Migrations
Invasions et Migrations Méditerranéenne à l'Âge du Bronze
Alexikoua (CC BY-SA)

Selon un rapport de l'époque, un fonctionnaire aurait dit aux ouvriers qu'il leur donnerait leur grain s'il en avait, mais qu'il ne pouvait rien faire. Les fonctionnaires ne savaient pas non plus comment gérer la grève elle-même - rien de tel ne s'était jamais produit auparavant - et ne firent donc pratiquement rien. Le problème sous-jacent était que le concept d'harmonie - incarné par la maât - avait été ignoré et que le roi n'était plus en mesure de maintenir l'équilibre nécessaire pour gouverner efficacement.

Ramsès III fut le dernier bon pharaon du Nouvel Empire. Les problèmes qui allaient conduire au déclin rapide de l'empire ne se manifestèrent que vers la fin de son règne. Après son règne, le pays entra dans ce que l'on appelle la période ramesside, où Ramsès IV jusqu'à Ramsès XI présidèrent au déclin constant de l'empire.

À l'époque de Ramsès XI (1107-1077 av. J.-C.), le respect pour le pharaon était au plus bas. L'économie était en perte de vitesse, le commerce avec les autres pays devenait plus difficile, l'armée stagnait et la réputation internationale de l'Égypte n'était plus qu'un souvenir. La faiblesse de l'économie encouragea le pillage des tombes et la corruption généralisée de la police, des magistrats et des fonctionnaires, qui ne respectaient plus la hiérarchie sociale ni les valeurs religieuses et culturelles qui avaient permis à l'Égypte de vivre pendant si longtemps.

Une lettre d'un général sous le règne de Ramsès XI illustre la fragmentation de la société égyptienne à cette époque lorsqu'il demande: "Quant au pharaon, de qui est-il le supérieur après tout?". (van de Mieroop, 257). Ce genre de question aurait été impensable à l'apogée de l'Empire égyptien mais, à mesure que les prêtres d'Amon devenaient plus puissants et que le roi s'affaiblissait, le monarque comptait de moins en moins pour le peuple.

La 20e dynastie - et l'Empire égyptien - s'achevèrent à la mort de Ramsès XI. À cette époque, le pays étaitt divisé entre le règne du pharaon en Basse-Égypte et celui du grand prêtre d'Amon à Thèbes en Haute-Égypte. Le successeur de Ramsès XI, Smendès (1077-1051 av. J.-C.), tenterait de régner comme les pharaons du passé mais, en réalité, il codirigerait avec le grand prêtre Hérihor de Thèbes (vers 1074 av. J.-C.) au début de l'ère connue sous le nom de Troisième période intermédiaire (c. 1069-525 av. J.-C.).

L'œuvre littéraire égyptienne Le rapport de Wenamun se situe à cette époque et décrit les difficultés d'un fonctionnaire envoyé en mission au Levant pour acheter du bois en vue de la restauration de la barque d'Amon. À l'apogée de l'empire, cette tâche n'aurait posé aucun problème, mais, comme l'explique l'auteur, une fois que l'Égypte avait perdu son équilibre et s'était alignée sur d'autres puissances, même la plus simple des entreprises pouvait devenir un calvaire. Wenamun est volé, insulté, ignoré et a même recours au vol lui-même.

Tout comme la lettre mettant en doute la valeur du roi, les événements décrits dans Le rapport de Wenamun auraient été inimaginables à l'époque de l'âge d'or de l'empire égyptien. L'époque de Thoutmôsis III, d'Amenhotep III et de Ramsès II était révolue et les périodes ultérieures de l'Égypte verraient peu de rois comme eux et ne connaîtraient rien de comparable à la grandeur de l'empire égyptien.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2017, septembre 25). Empire de l'Égypte Antique [Egyptian Empire]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16333/empire-de-legypte-antique/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Empire de l'Égypte Antique." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 25, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16333/empire-de-legypte-antique/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Empire de l'Égypte Antique." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 25 sept. 2017. Web. 21 oct. 2024.

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