Empereur Taizu

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 18 février 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais, chinois
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Emperor Taizu (by Unknown Artist, Public Domain)
Empereur Taizu
Unknown Artist (Public Domain)

L'empereur Taizu (960-976), connu auparavant sous le nom de Zhao Kuangyin, fut le fondateur de la dynastie Song qui régna sur la Chine de 960 à 1279. Taizu opta pour une Chine territorialement plus petite mais plus unifiée et prospère que les dynasties précédentes, et il s'efforça tout particulièrement de limiter les pouvoirs des militaires et de renforcer ceux des fonctionnaires érudits au sein de la bureaucratie de l'État. La gouvernance prudente de Taizu permit à ses successeurs de jeter les bases de l'une des dynasties les plus prospères de l'histoire de la Chine.

Accession au pouvoir

La dynastie Tang avait régné avec succès sur la Chine à partir de 618, mais son effondrement en 907 avait entraîné une longue période de bouleversements politiques. L'État chinois, autrefois unifié, fut divisé en de nombreuses entités politiques concurrentes, si bien que la période allant de 907 à 960 est souvent appelée la période des Cinq dynasties et des Dix royaumes (Wudai shiguo). Un homme s'éleva au-dessus de tous les autres chefs militaires pendant cette période turbulente, le général et seigneur de la dynastie des Zhou postérieurs, Zhao Kuangyin (également orthographié Guangyin).

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L'armée des Zhou approuva Zhao Kuangyin en tant que nouveau chef et le proclama avec assurance empereur de toute la Chine en 960.

Né en 927 à Luoyang, dans la province du Henan, Zhao Kuangyin était le second fils d'un important commandant militaire appelé Zhao Hongyin. Le jeune Zhao s'avéra être un excellent archer et cavalier. À l'âge de 20 ans, Zhao Kuangyin était déjà un commandant à part entière, combattant pour la dynastie des Zhou postérieurs (951-960). En étendant leur contrôle sur une grande partie de la Chine méridionale, Zhao devint le principal commandant de l'armée des Zhou. Au même moment, le souverain des Zhou mourut et son fils prit le titre, mais il n'était encore qu'un enfant. En conséquence, en 960, l'armée des Zhou reconnut Zhao comme leur nouveau chef, le vêtit de la robe impériale jaune et le proclama avec assurance empereur de toute la Chine.

Politique intérieure de l'empereur

Zhao Kuangyin prit le titre de Taizu, qui signifie "Grand Progéniteur". La première priorité de l'empereur était de s'assurer qu'il conserverait sa position d'homme le plus puissant de Chine. À cette fin, Taizu introduisit un système de rotation pour ses principaux généraux, ne donna à de nombreux anciens commandants que des postes mineurs dans le nouveau régime et réduisit les pouvoirs de ces commandants dans les 15 régions administratives ou circuits nouvellement créés dans le pays. Taizu veilla ainsi à ce qu'aucun chef militaire ne devienne assez puissant pour l'usurper. Pour mieux contrôler le pouvoir de l'armée, certains généraux furent encouragés à prendre leur retraite avec une belle pension, d'autres reçurent des cadeaux pour gagner leur loyauté, et d'autres encore furent tout simplement remplacés par des fonctionnaires civils lorsqu'ils prenaient leur retraite ou mouraient. Le gouvernement fut centralisé autour de la cour de Kaifeng et les pouvoirs de la fonction publique furent accrus, de même que son statut par rapport aux professions militaires. En outre, la fonction publique fut chargée de superviser l'armée, devenant ainsi un organe de contrôle. L'empereur mit en place un régime beaucoup moins militariste et se concentra plutôt sur une administration plus efficace que celle qui avait été mise en place en Chine tout au long du Xe siècle.

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Northern Song Dynasty Map
Carte de la Dynastie des Song du Nord
Yu Ninjie (CC BY-SA)

Taizu tenta de réduire la corruption et le pouvoir des eunuques à la cour impériale et était connu pour tenir fermement les cordons de la bourse de l'État. Pour s'assurer que les fonctionnaires érudits n'abusaient pas de leur nouveau pouvoir, Taizu relança le très réputé système d'examen de la fonction publique. Ces tests d'entrée dans la fonction publique garantissaient qu'au moins une bonne majorité des fonctionnaires étaient sélectionnés sur la base de leur mérite et non de leurs relations familiales ou de la corruption pure et simple. Enfin, en 962, l'empereur introduisit un nouveau code juridique prévoyant des peines et des sanctions sévères, en particulier pour les fautes commises par le gouvernement. Après 963, pour renforcer encore son système méritocratique, il fut interdit aux hauts fonctionnaires de procéder à des nominations sur la base de recommandations. Toutes ces mesures permirent aux Song de prendre un bon départ et de jeter les bases solides de la gestion de l'État, sur lesquelles les successeurs de Taizu s'appuyèrent avec succès.

Kaifeng

Kaifeng, située sur la rivière Wei, dans le centre-nord de la Chine, à un point de rencontre stratégiquement utile de plusieurs voies navigables, avait déjà été une capitale sous les dynasties précédentes et Taizu la choisit également comme capitale. L'ancienne capitale des Tang, Changan, avait de toute façon été complètement détruite lors de la chute de la dynastie. Le cœur impérial de Kaifeng fut aménagé selon un quadrillage précis, une conception intentionnelle censée refléter l'harmonie et la bonne gouvernance, comme le nota l'empereur lui-même lorsqu'il s'adressa à ses fonctionnaires:

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Mon cœur est aussi droit que tout cela, et aussi peu tordu. Soyez de même. (cité dans Dawson, 62)

Kaifeng prospéra et devint l'une des grandes métropoles du monde sous les Song. Avec une population d'environ un million d'habitants, la ville allait bénéficier de l'industrialisation et était bien approvisionnée par les mines voisines produisant du charbon et du fer. Centre commercial majeur, Kaifeng était particulièrement célèbre pour ses industries de l'imprimerie, du papier, du textile et de la porcelaine, et ses produits étaient exportés loin à la ronde le long des routes de la soie.

Women Checking Silk, Song China.
Femme Vérifiant de la Soie, Chine des Song
Unknown Artist (Public Domain)

Politique étrangère

En termes de politique étrangère, Taizu eut fort à faire pour défendre ses frontières septentrionales contre la dynastie khitan Liao (907-1125) qui avait conservé le contrôle de la Grande Muraille de Chine. Les Khitan étaient de grands cavaliers et ils lancèrent tant de raids dans la Chine des Song que Taizu et ses successeurs furent contraints de payer à leurs voisins un tribut annuel sous forme d'argent et de soie. Le tribut était cependant moins cher que la guerre, et une grande partie de l'argent revenait, car les deux cultures restaient des partenaires commerciaux engagés. Quoi qu'il en soit, Taizu se contenta de consolider son emprise sur la Chine centrale et méridionale, ce qui n'était pas une mince affaire compte tenu de l'histoire récente et fragmentée du pays. En outre, les fonctionnaires considéraient que la chute des Tang était principalement due à leur politique étrangère trop ambitieuse. Les Song se contenteraient d'un État plus petit, mais plus unifié et plus prospère.

Une bibliothèque impériale fut créée à Kaifeng qui rassemblait en un seul lieu des milliers de volumes de littérature et d'histoire.

Le néoconfucianisme

Taizu et ses successeurs durent faire face à des problèmes moins tangibles que les rivalités de cour et les menaces étrangères. Cette période vit naître un nouveau climat politique et intellectuel qui remettait en question l'autorité impériale et cherchait à expliquer les erreurs commises au cours des dernières années de la dynastie Tang. Un symptôme de cette nouvelle pensée fut la renaissance des idéaux du confucianisme, le néo-confucianisme, qui mettait l'accent sur l'amélioration du soi dans un cadre métaphysique plus rationnel. Cette nouvelle approche du confucianisme, avec son ajout métaphysique, permettait désormais de renverser l'importance que les Tang avaient accordée au bouddhisme, considéré par de nombreux intellectuels comme une religion non chinoise. Taizu lui-même tenait toujours à se présenter comme le souverain confucéen chinois classique, c'est-à-dire un souverain sage, bienveillant et incontestable qui présidait une hiérarchie de pouvoir fixe et efficace.

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Les arts

Taizu, de façon peut-être surprenante compte tenu de son passé militaire, fut un fervent mécène des arts une fois devenu empereur. Il s'agissait peut-être d'une stratégie visant à aider la Chine à se réunifier, non seulement sur le plan militaire, politique et économique, mais aussi sur le plan culturel. L'empereur promut l'idée de "cette culture qui est la nôtre" (si wen). L'impression de livres sur les trois grandes religions fut encouragée: le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. Une bibliothèque impériale fut créée à Kaifeng, rassemblant en un seul lieu des milliers de volumes de littérature et d'histoire; Taizu ordonna même la collecte d'importants rouleaux de soie et de spécimens de calligraphie, une forme d'art toujours très appréciée dans la culture chinoise. Ces efforts furent parmi les premiers à ne pas seulement produire du grand art mais aussi à préserver ce qui avait été fait par les générations précédentes.

Successeurs et héritage

Taizu mourut en 976 et son successeur fut son frère cadet Taizong (r. de 976 à 997). La stabilité de leur règne de quatre décennies permit aux Song de prendre le meilleur départ possible. La dynastie Song régna en effet sur la Chine jusqu'en 1279 et connut de grands développements dans les domaines de l'agriculture, du commerce, des arts et des sciences, bien que son règne ait été divisé en deux périodes: les Song du Nord (960-1125) et les Song du Sud (1125-1279) à la suite de l'invasion de l'État Jin dans le premier quart du XIIe siècle.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2019, février 18). Empereur Taizu [Emperor Taizu of Song]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16336/empereur-taizu/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Empereur Taizu." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 18, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16336/empereur-taizu/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Empereur Taizu." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 18 févr. 2019. Web. 20 janv. 2025.

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