Basile II (ou Basilius II) fut empereur de l'Empire byzantin de 976 à 1025. On le connaît comme le tueur des Bulgares (Bulgaroktonos) pour ses exploits dans la conquête de l'ancienne Bulgarie, sa vengeance pour sa défaite aux Portes de Trajan. Avec un contrôle strict sur la bourse byzantine et une armée privée de Vikings gigantesques, Basile vainquit au moins deux usurpateurs fameux, reconquit la Grèce et tous les Balkans, et il remporta des victoires en Syrie, doublant les territoires de l'empire. Ce colosse de l'histoire byzantine est le sujet d'une biographie dans la Chronographie de l'historien byzantin du XIe siècle, Michel Psellos.
Premières années
Basile, né en 958, était le fils de l'empereur Romain II de la dynastie macédonienne. À la mort de son père, Basile, âgé de cinq ans seulement, hérita du trône avec son frère cadet Constantin. L'impératrice Théophano, femme de Romain, agit en tant que régente et épousa le général Nicéphore Phokas, qui devint l'empereur Nicéphore II Phokas. Le mariage n'était pas heureux et Théophano conspira pour assassiner son mari en décembre 969. Le général Jean Tzimiskès devint empereur et il bannit Théophano dans un monastère la même année. Jean Ie Tzimiskès, maintenant gardien des deux jeunes empereurs, se lança dans une série de campagnes victorieuses au Moyen-Orient. Lorsque Tzimiskès mourut d'une maladie en 976, Basile prit sa place légitime sur le trône de l'Empire byzantin. Basile partagea son rôle avec son frère Constantin, au moins théoriquement, mais, dans les faits, c'est Basile qui régnait principalement.
Le jeune Basile n'était pas particulièrement beau ni fort physiquement, même s'il était bon cavalier. Il évitait la vie luxurieuse et ne s'intéressait pas beaucoup à la littérature ; à bien des égards, il vécut la vie austère d'un moine. Basile était clairement un homme pieux et il portait une statue de la Vierge au combat. Ces caractéristiques, ainsi que sa nature dure, sa brusquerie et son tempérament vif, avec un manque total de confiance en qui que ce soit, ne lui valurent évidemment pas beaucoup d'amour et d'admiration de la part de ses sujets. Il y avait un manque de faste que l'on attendait d'un empereur - pas de fêtes somptueuses, de vêtements raffinés ni d'anneaux étincelants; même lorsqu'il portait les robes pourpres de son office, elles étaient d'une teinte plus terne. Aussi dans la guerre, les campagnes de Basile, malgré leur succès, étaient plus énergiques qu'audacieuses, mais ses talents d'administrateur d'empire lui valurent le respect de son peuple et la peur de ses ennemis.
Politiques intérieures
En accédant au trône, le problème immédiat de Basile fut d'écraser une rébellion de l'aristocrate Bardas Sklèros, un général qui voulait rester dans la position privilégiée qu'il avait occupée sous les empereurs précédents. Basile y parvint, malgré quelques défaites initiales contre Sklèros en Asie Mineure, et il fut beaucoup aidé par son administrateur chef homonyme, Basile Lécapène, un eunuque talentueux et parakoimomenos (chambellan de l'empereur). Ensuite Basile II dut réprimer un autre coup d'État, cette fois-ci impliquant son chambellan déloyal et corrompu, qui essaya d'installer Bardas Phokas, un chef de clan aristocratique, comme empereur. L'eunuque Basile fut exilé en 985, et l'empereur était maintenant prêt à concentrer tous ses efforts sur son règne, même le mariage ou la famille ne pourraient le distraire.
Basile tenta de consolider davantage son règne en réduisant le pouvoir toujours augmentant de l'aristocratie terrienne et les monastères. Ces deux élargissaient leurs intérêts terriens aux dépens de la paysannerie pauvre, soit par l'achat, soit par la conquête. Plus important pour l'état, les propriétaires puissants évitaient souvent l'impôt ou bénéficiaient simplement d'exonérations. Basile eut l'idée simple que ces propriétaires puissants, ou dynatoi comme on les appelle, devraient payer les arriérés d'impôts des pauvres. Ce nouveau plan fiscal, connu comme l'allelengyon, connut une forte opposition, il n'eut pas beaucoup de succès et fut abandonné par Romain III en 1028.
Une autre stratégie pour centraliser le pouvoir fut de permettre les paiements au lieu du service militaire dans les provinces, ce qui réduisit considérablement les forces des chefs locaux. Basile put tolérer la réduction d'une force militaire plus large grâce aux troupes élites que les états alliés lui prêtèrent et, intelligemment, il utilisa les nouvelles recettes fiscales pour payer une nouvelle armée qui lui serait plus fidèle. Cette force serait utile dans la deuxième moitié de son règne.
Campagnes militaires
La première et la pire expédition militaire de Basile eut lieu en août 986 lorsqu'il subit une perte choquante aux forces de Samuel de Bulgarie (r. de 976 à 1014) dans un défilé bulgare étroit connu comme les Portes de Trajan. L'armée de l'empereur, consistant de 60,000 hommes, avait déjà subi un épisode ignominieux: leur siège raté de la capitale bulgare Serdica (Sofia), mais maintenant tout était perdu, les bannières perdues et Basile avait dû se retrancher vers Constantinople. L'empereur dut attendre 28 ans pour sa revanche, mais quand elle viendrait, elle serait totale.
Les conséquences de la défaite aux Portes de Trajan furent l'expansion continuée du royaume de Samuel dans les territoires byzantins et l'encouragement de deux rébellions domestiques dirigées respectivement par Bardas Sklèros et Bardas Phokas (lui encore). Bardas Phokas se déclara même empereur en 987. Basile, heureusement, put demander l'aide de Vladimir Ie de Kiev (r. de 980 à 1015), dont la force de 6 000 Vikings renforça sa force navale et fit en sorte que l'empereur rétablisse l'ordre en 989. L'armée rebelle fut mise en déroute et les trois commandants reçurent chacun une mort sur mesure: pendu, crucifié et empalé. Le prix à payer pour l'aide de Kiev fut la promesse de Basile de donner sœur Anna en mariage à Vladimir, à condition que ce dernier accepte d'être baptisé. Les deux honorèrent leur promesse, car ils étaient utiles les uns aux autres en tant qu’alliés. L'adoption du christianisme et sa promotion par Saint Vladimir, qu'il deviendrait par la suite, fut une action considérable avec des conséquences durables pour les peuples russes.
Il y avait cependant d'autres affaires à régler outre Samuel le Bulgare. En Syrie, Antioche et Alep devaient être protégées de la domination arabe, particulièrement les Fatimides de plus en plus ambitieux. Basile lui-même mena une victoire dans le nord de la Syrie en 995, quand son armée arriva rapidement de nulle part parce que Basile avait donné à chacun de ses hommes deux mules: une pour le soldat, une pour ses bagages. Ensuite l'empereur opta pour une politique de longue durée visant à cibler les bourses des Arabes en interdisant tout commerce avec le calife.
Néanmoins, l'objectif principal de Basile était l'Occident et sa vengeance contre les Bulgares. Sa méthode de guerre est décrite ici par l'historien J.J. Norwich:
Le succès de Basile dépendait d'une organisation sans failles. L'armée devait agir comme un corps unique et parfaitement coordonné. Lorsque la bataille commençait, il interdisait à tous les soldats de rompre les rangs. Les actes de bravoure étaient punis d'un renvoi immédiat. Ses hommes se plaignaient des inspections sans fin de leur chef; mais ils lui faisaient confiance car ils savaient qu'il n'entreprenait jamais une opération avant d'être certain de la victoire. (211)
L'empereur, était infatigable, et après des années de campagnes en été comme en hiver, il reconquit la Grèce pour Byzance (997), et puis Pliska (1000), Skopje (1004) et Dyrrachium (1005), parmi beaucoup d'autres villes. En 1014, Basile gagna finalement une grande et décisive victoire contre les Bulgares dans, comme il se devait, un autre défilé, cette fois à Kleidion dans les monts Bélès. Plus de 15,000 ennemis furent capturés. L'empereur, se souvenant de sa défaite contre Samuel, porta à l'extrême la tradition byzantine de mutiler l'ennemi et il aveugla ses captifs, les renvoyant à leur chef en groupes de 100, chacun dirigé par un guide qui lui n'était qu'éborgné. On dit que Samuel mourut d'un accident vasculaire cérébral provoqué par le choc peu de temps après avoir reçu ce signe de la colère impitoyable de Basile.
Après des résistances limitées menées par les fils de Samuel, les territoires bulgares furent enfin incorporés dans l'Empire byzantin florissant, et Basile marcha victorieusement vers Serdica en 1018. Le souvenir désagréable des Portes de Trajan était finalement effacé. Basile se montra plus généreux avec ses nouveaux sujets qu'avec leur armée. Il maintint les impôts bas et il autorisa des paiements en nature au lieu de l'or habituel et accepta que certaines provinces restent sous leur chef local et princier. Il donna à certains nobles de hautes fonctions au sein de l'empire et il permit à l'Église bulgare de rester indépendante de Constantinople à la seule condition que ce soit lui qui choisisse l'archevêque.
Mort
Basile continua ses campagnes jusqu'à la fin, ayant des aventures victorieuses en Ibérie géorgienne et en Arménie de 1021 à 1022, où il captura Vaspourakan. Ses territoires s'étendirent jusqu'en Mésopotamie et se consolidèrent en divisant les régions conquises en nouvelles provinces de l'empire. L'Italie fut aussi réorganisée et une campagne se préparait pour affronter à nouveau les Arabes, cette fois dans leur dernier bastion occidental, la Sicile. Avant que ses plans ne puissent se réaliser, Basile mourut le 13 ou le 15 décembre 1025. Il avait presque doublé l'empire qui maintenant "s'étendait de la Crète à la Crimée, et du détroit de Messine et du Danube aux fleuves Araxe, Euphrate et Oronte" (Mango, 80) ou, autrement dit, Byzance était désormais "une superpuissance sur deux continents" (ibid, 176).
L'empereur aurait dû être enterré dans un sarcophage splendide qui l'attendait aux côtés ses prédécesseurs dans l'église des Saints-Apôtres à Constantinople, mais Basile préféra une tombe plus simple dans une église plus petite à l'extérieur de la ville. Sa dernière demeure porte l'inscription suivante:
Dès le jour où le Roi des Cieux m'a appelé à devenir empereur, le grand seigneur du monde, personne n'a vu ma lance oisive. J'ai été vigilant toute ma vie et j'ai protégé les enfants de la Nouvelle Rome, faisant vaillamment campagne à la fois en Occident et aux avant-postes de l'Orient… Ô, homme, voyant maintenant ma tombe ici, récompensez-moi pour mes campagnes avec vos prières. (Herrin, 219)
Héritage
Le règne de près de 50 ans de Basile assura que l'Empire byzantin était au zénith, comme l'historien E.R.A. Sewter explique ici dans son introduction de sa traduction de la biographie de l'empereur de Psellos:
Basile consacra toutes ses énergies aux affaires de son règne ; il ne se maria jamais, il passa la plupart de son temps sur ou près des frontières, il développa une machine de guerre d'une efficacité terrifiante, il convoita l'autocratie, mais en méprisait ses symboles extérieurs. Il écrasa les rébellions, soumit les féodaux propriétaires, conquit les ennemis de l'Empire, notamment dans les provinces danubiennes et en Orient. Partout la puissance des armes romaines était respectée et redoutée. Le trésor débordait du butin accumulé des campagnes de Basile. Même la lampe du savoir, malgré l'indifférence connue de l'empereur, brûla encore, mais un peu faiblement. Le sort des gens ordinaires à Constantinople devait être assez agréable. Pour la plupart d'entre eux, la vie était gaie et colorée, et si les fortifications défensives de la ville étaient à certains endroits en mauvais état, ils n'avaient aucune raison de craindre les attaques. (12)
Comme Basile n'eut pas d'enfants, le titre d'empereur revint à son frère Constantin, qui régna sous le nom de Constantin VIII de 1025 à 1028, et puis à ses filles Zoé et Théodora. Malheureusement, les successeurs de Basile gaspilleront leur héritage en une génération ou deux. La fortune de l'ancien grand empire s'effondrerait, sans aucun indicateur plus tangible et symbolique que le contenu en or des pièces de monnaie byzantines en diminution constante. Hélas, les beaux jours de 24 carats de Basile II ne se répèteraient jamais.