Romain Ier

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 16 janvier 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Gold Coin of Romanos I (by Classical Numismatic Group, Inc., CC BY-SA)
Pièce d'or de Romain Ier
Classical Numismatic Group, Inc. (CC BY-SA)

Romain Ier Lécapène fut empereur de l'Empire byzantin de 920 à 944. D'origine arménienne, il était un commandant militaire qui usurpa le trône pour régner en tant que co-empereur avec l'héritier légitime, mais encore mineur, Constantin VII (r. de 945 à 959). Parmi les réalisations de son règne, citons la paix avec la Bulgarie, la réconciliation entre les différentes parties de l'Église concernant le nombre de mariages qu'un empereur pouvait avoir, et l'instauration de réformes agraires pour empêcher l'aristocratie d'accaparer les terres des paysans. L'expansion de l'empire en Mésopotamie et en Arménie connut également des avancées significatives, avec notamment l'acquisition de Mélitène et de plusieurs forteresses frontalières.

La succession

Le père de Romain, Théophylacte, était un paysan arménien qui avait déjà aidé à sauver Basile Ier (r. de 867 à 886) des Arabes. En échange de cet acte, Théophylacte fut nommé dans la garde impériale. Romain vit le jour vers 870 et, tout comme son père, il fit carrière dans l'armée byzantine et gravit progressivement les échelons grâce à son mérite, jusqu'à devenir strategos ou commandant militaire de la province samienne de l'empire. Il accéda ensuite au poste prestigieux de commandant de la flotte impériale en 912. Mais l'Arménien nourrissait des ambitions encore plus élevées: le trône à proprement parler.

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Lorsque l'empereur Léon VI mourut en 912, l'héritier qu'il avait choisi, Constantin VII, était encore mineur, âgé de 6 ans, et l'oncle du jeune souverain, Alexandre, saisit l'occasion et se déclara empereur. Le règne d'Alexandre ne durerait qu'un an, car sa vie de débauche le rattrapa et il mourut dans l'hippodrome de Constantinople en 913. Deux autres régents suivirent: Nicolas Ier Mystikos, le patriarche (évêque) de Constantinople, puis Zoé, la mère de Constantin. Ni l'un ni l'autre ne réussit à empêcher les attaques des Bulgares et, en 919, Romain saisit sa chance de devenir un autre régent pour Constantin, tandis que Zoé fut bannie dans un couvent. Romain devrait encore surmonter quelques obstacles avant de pouvoir s'asseoir confortablement sur le trône byzantin.

Triomphant, en 920, Romain s'attribua le titre de César puis, trois mois plus tard, celui de co-empereur.

Connu sous le nom de Lécapène, qui se traduit par "ignorant", en raison de ses origines modestes, Romain avait reçu le soutien des partisans du jeune Constantin parce qu'ils craignaient que Zoé n'envisage de se marier avec la puissante mais perfide famille des Phocas. Une fois Zoé mariée au général Léon Phocas, il était peu probable que Constantin gouverne un jour de son propre chef. Romain prit alors la relève et promit de protéger les intérêts de l'empereur en se nommant chef de la garde impériale dans le palais royal. Romain consolida ensuite sa position en mariant sa fille Hélène à Constantin en 919.

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Léon Phocas ne resta pas inactif face à cette manœuvre et chercha à s'emparer par la force de ce qui aurait pu lui revenir par le mariage. Une rébellion fut déclenchée, mais Romain répondit par un astucieux coup de propagande. L'amiral, qui se faisait désormais appeler basileopater ou "père de l'empereur", fit diffuser parmi les troupes de Léon une lettre qui témoignait par écrit du soutien et de la confiance de Constantin à l'égard de Romain. Des copies de cette lettre furent diffusées dans le camp de Léon par un prêtre et une prostituée et convainquirent les soldats que Constantin était le souverain légitime. Les partisans de Léon Phocas l'abandonnèrent, et le général fut capturé et aveuglé, selon l'horrible châtiment byzantin habituel pour ceux qui avaient tenté de prendre le pouvoir par la force.

Triomphal, Romain s'attribua le titre de César en 920, puis, trois mois plus tard, celui de co-empereur. Romain alla encore plus loin en couronnant ses trois fils co-empereurs, un statut supérieur à celui de Constantin. Il semble bien que Romain ait eu l'intention de fonder sa propre dynastie d'empereurs. Pour consolider sa position et celle de sa famille dans la société byzantine, l'empereur fit épouser plusieurs de ses filles à de puissants clans aristocratiques nobles tels que les Argyre et les Mousélé.

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La tétragamie

L'un des premiers actes domestiques importants du règne de Romain fut la réconciliation entre les deux camps de l'Église byzantine qui s'étaient violemment disputés au sujet des troisième et quatrième mariages de Léon VI (r. de 886 à 912). Auparavant, le troisième mariage d'un empereur était considéré comme inacceptable. Aussi, lorsque Léon, qui peinait à se trouver un héritier mâle, se maria pour la troisième fois, la crise connue sous le nom de "tétragamie" éclata. Le décret ecclésiastique, appelé Tome d'Union, fut adopté en 920 et, sans condamner Léon à titre posthume, il stipulait que son quatrième mariage était illégal. L'influence de Romain sur la politique de l'Église se renforça davantage encore lorsqu'il fit de l'un de ses fils le patriarche en 925, après la mort de Nicolas Ier Mystikos.

Réformes agraires

Romain fut le premier d'une lignée d'empereurs qui tentèrent d'améliorer le trésor de l'État et le sort de la paysannerie en freinant la croissance des riches propriétaires terriens connus sous le nom de dynatoi. Ces propriétaires fonciers avaient englouti de petites parcelles de terres paysannes, ce qui signifiait souvent une réduction des recettes fiscales de l'État, car l'aristocratie foncière était parfois exemptée de taxes en raison de son service militaire ou politique. En outre, de nombreux paysans, ayant perdu leurs terres, travaillaient désormais sur ces domaines, ce qui représentait une perte fiscale pour l'État. En conséquence, Romain adopta une loi en 922 qui interdisait à quiconque d'acheter de nouvelles terres à moins d'en posséder déjà dans le village en question ou d'avoir un autre lien, comme l'explique l'historien T. E. Gregory dans le présent article:

[Romain] conçut un système de protimesis (priorité) qui établissait clairement l'ordre dans lequel les terres paysannes pouvaient être achetées. Ainsi, les membres de la famille, les copropriétaires et les voisins avaient la priorité, dans un ordre soigneusement défini; ce n'est que lorsque personne dans ces catégories n'était en mesure d'acheter la terre que celle-ci pouvait être vendue à des étrangers. Romain se rendit même compte qu'il y aurait certainement des violations de ces principes et il déclara que les biens acquis illégalement devraient être restitués, sans compensation. (257)

Ces mesures n'ayant pas eu le succès escompté, un autre édit fut adopté en 934, constatant que les propriétaires terriens continuaient de toute façon à acquérir de nouvelles terres et que celles-ci devaient être restituées à la paysannerie. Le problème du contournement de la loi par les grands propriétaires terriens continuerait à peser sur les réformes foncières des successeurs de Romain, et le véritable problème sous-jacent de l'extrême pauvreté qui poussait les paysans à vendre leurs terres ou qui les empêchait d'en acquérir d'autres subsisterait lui aussi.

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La défense de l'empire

L'Empire byzantin était depuis longtemps aux prises avec l'ambitieux Siméon Ier le Grand des Bulgares (r. de 893 à 927), qui se lança à l'assaut de Constantinople au cours des années chaotiques qui suivirent la mort de Léon VI. Protégés par les imposants murs de Théodose, les deux camps savaient que la capitale pouvait résister à n'importe quel siège, et lorsque la tentative de Siméon d'obtenir l'aide navale du calife fatamide en Afrique du Nord échoua - Romain les avait soudoyés pour qu'ils restent neutres - le chef bulgare accepta un généreux tribut, le titre d'empereur de Bulgarie, et rentra chez lui. Les guerres contre les Bulgares se terminèrent finalement à la mort de Siméon en 927, ce qui permit à Romain de se concentrer sur d'autres offensives. Pour assurer une paix durable avec la Bulgarie, Romain, en plus de payer un nouveau tribut généreux, était prêt à offrir au successeur de Siméon, Pierre Ier, sa propre petite-fille, Marie, en mariage.

Greek Fire
Feu grégeois
Unknown Artist (Public Domain)

Le talentueux général Jean Kourkouas fut chargé de mener des campagnes en Arménie et en Mésopotamie afin de consolider et d'étendre les intérêts byzantins dans ces régions. Des affrontements peu concluants aboutirent finalement à une victoire significative et à la prise de Mélitène, dans l'est de la Cappadoce, en 934. Le général arabe qui devint l'ennemi juré de Byzance était Sayf Al-Dawla, l'émir hamdanide de Mossoul et d'Alep. En dépit d'une alliance entre le califat byzantin et le califat abbasside, Sayf infligea une défaite à Kourkouas en 938 sur le haut Euphrate et remporta une autre victoire importante près d'Alep en 944. Cependant, l'année précédente, Kourkouas avait réussi à s'emparer des forteresses frontalières mésopotamiennes de Nisibis, Dara, Amida et Martyropolis. Enfin, en 944, le général byzantin assiégea Édesse en Haute-Mésopotamie et obligea la ville à céder le célèbre mandylion, un linceul censé porter l'empreinte de Jésus-Christ. Les fils de Romain firent fièrement défiler le mandylion dans les rues de Constantinople, après quoi il fut entreposé dans le palais royal, où il resta pendant les 250 années suivantes.

En 941, les Rus (descendants des Vikings qui s'étaient installés autour de Kiev) lancèrent une attaque ratée contre les murs de Théodose de Constantinople. Le feu grégeois, l'arme secrète byzantine composée d'un liquide inflammable, permit de venir à bout des navires vikings en mer, et l'arrivée de Jean Kourkouas, rappelé d'Asie, permit également de les mettre en déroute sur terre.

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Mort et successeurs

Malheureusement pour les plans dynastiques de Romain, son fils aîné, le plus compétent, Christophe, mourut en 931 et les deux autres fils, moins brillants, firent un mauvais choix politique en invitant Constantin à se joindre à eux en 944 pour évincer leur père. Romain avait fait comprendre qu'étant donné la mort prématurée de Christophe, il était peut-être dans l'intérêt de l'empire d'avoir Constantin comme empereur à part entière, avec la fille de Romain comme consort, afin de maintenir un lien familial et de perpétuer la lignée. Lorsque ses deux fils eurent vent du projet de désigner Constantin comme héritier officiel, ils organisèrent un coup d'État contre leur père en décembre 944 et le bannirent dans un monastère. Heureusement pour Constantin, le retour du trône à la lignée légitime bénéficia d'un soutien important à la cour et les fils de Romain Ier furent chassés de Constantinople le 27 janvier 945. Constantin put enfin monter sur le trône de plein droit, à l'âge de 39 ans: mieux tard que jamais. Romain, toujours dans un monastère des îles des Princes au large de Constantinople, mourut le 15 juin 948.

This article was made possible with generous support from the National Association for Armenian Studies and Research and the Knights of Vartan Fund for Armenian Studies.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2018, janvier 16). Romain Ier [Romanos I]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16536/romain-ier/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Romain Ier." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 16, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16536/romain-ier/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Romain Ier." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 16 janv. 2018. Web. 18 déc. 2024.

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