Constantin VII

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 06 décembre 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, Turc
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Constantine VII & Christ (by James Blake Wiener, CC BY-NC-SA)
Constantin VII et le Christ
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Constantin VII fut empereur byzantin de 945 à 959. Parfois connu sous le nom de Constantin Porphyrogénète en raison de sa naissance dans la chambre de Pourpre du palais royal, il fut servi par divers régents à partir de 912 jusqu'à ce qu'il règne de plein droit après 33 ans d'attente. Connu pour ses écrits prolifiques et pour son soutien à la littérature et aux arts, le règne de l'empereur fut couronné de succès, avec notamment des victoires notables contre les Arabes en Mésopotamie.

Succession et régents

Constantin vit le jour en 906; sa mère était Zoé Karvounopsina, quatrième épouse de l'empereur Léon VI (886-912). En tant que tel, l'empereur était membre et quatrième souverain de la dynastie macédonienne fondée par Basile Ier (r. de 867 à 886). Constantin, comme le veut la tradition, avait déjà été couronné co-empereur par son père en 908, et lorsque Léon mourut le 11 mai 912, son seul héritier mâle, Constantin VII, monta sur le trône à quelques jours de son huitième anniversaire.

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Constantin VII, comme son père Léon VI, était "né dans la pourpre" ou Porphyrogénète. Cette expression provient du porphyre, un marbre rare de couleur pourpre, utilisé dans la chambre du palais de Constantinople où la naissance de Léon, et de nombreuses autres par la suite, eurent lieu. La restriction selon laquelle seule la royauté portait des robes faites de pourpre de Tyr remontait à l'époque romaine, et cette nouvelle tradition était une tentative supplémentaire de renforcer la légitimité de la succession dynastique et de dissuader les usurpateurs potentiels. Avec de nombreux régents et prétendants au trône, la légitimité revendiquée par Constantin allait s'avérer très précieuse.

L'Empire byzantin retrouva un peu de son lustre perdu et la cour de Constantin commença à attirer des dignitaires désireux de voir de leurs propres yeux ce jeune empereur érudit.

En raison de son jeune âge, l'oncle de Constantin, Alexandre, fit office de régent. Alexandre, un vagabond ivrogne tristement célèbre pour sa cruauté et son mode de vie débauché, mourut en 913 en pratiquant des sacrifices païens dans l'hippodrome de Constantinople. Le jeune Cela tombait plutôt bien pour Constantin car Alexandre s'était vanté de vouloir le castrer. Le régent suivant de Constantin fut Nicolas Ier Mystikos (le Mystique), le patriarche (évêque) de Constantinople, dont l'un des premiers actes fut de renvoyer la mère de son rival, l'empereur, dans un couvent. Zoé fut privée de ses cheveux et dut être appelée Sœur Anna. Bien qu'une révolte menée par l'usurpateur Constantin Doukas ait été étouffée, l'évêque se révéla insuffisant pour répondre à la menace de Siméon Ier le Grand, tsar des Bulgares, qui était toujours aussi gênant qu'il l'avait été sous le règne de Léon VI. Les armées de Syméon étaient presque aux portes de Constantinople et l'empire chancelant fut obligé d'accepter ses conditions de paix qui incluaient le mariage de sa fille à Constantin VII.

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Une faction de la cour byzantine s'opposa à l'idée de céder le pouvoir à l'empereur bulgare et organisa un coup d'État. En conséquence, en février 914, la mère de Constantin revint de son désert politique, annula l'alliance matrimoniale proposée et devint la troisième régente de son fils. Zoé, bien qu'ayant remporté quelques succès militaires contre les Arabes, se révéla tout aussi inefficace pour repousser les nouvelles attaques des Bulgares dans les Balkans et en Grèce, et elle fut contrainte de démissionner en 919, de subir une nouvelle coupe de cheveux et de se retirer dans son couvent. Romain Ier Lécapène, commandant de la marine byzantine, saisit sa chance et devint le quatrième régent en 920. Il remporta quelques succès contre les Arabes en Mésopotamie, capturant Mélitène, Nisibis, Dara, Amida, Martyropolis et Édesse. Pour consolider sa position, Romain fit épouser Constantin à sa fille Hélène, se fit couronner co-empereur et déclarer supérieur à Constantin, puis fit même couronner ses trois fils co-empereurs.

Romain avait peut-être initialement l'intention de fonder une nouvelle dynastie, mais le projet fut pratiquement enterré lorsque son fils aîné et le plus compétent, Christophe, mourut en 944. Les autres fils du co-empereur étaient trop jeunes et inutiles, et il semble probable que leur père avait l'intention de céder enfin le trône à son occupant légitime, Constantin VII. Après tout, Romain avait déjà un intérêt dans la dynastie macédonienne depuis que sa fille était impératrice. Cependant, les deux fils restants de Romain avaient d'autres projets et organisèrent eux-mêmes un coup d'État en 944, au cours duquel ils exilèrent leur père dans un monastère. Heureusement pour Constantin, le retour du trône à la lignée légitime bénéficia d'un soutien important à la cour et les fils de Romain furent chassés de Constantinople le 27 janvier 945. Constantin put enfin monter sur le trône de plein droit, à l'âge de 39 ans: mieux tard que jamais.

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Réformes agraires

Constantin poursuivit les réformes agraires de Romain Ier et chercha à rééquilibrer les richesses et les responsabilités fiscales. Ainsi, les grands propriétaires terriens (dynatoi) durent restituer les terres qu'ils avaient acquises auprès de la paysannerie depuis 945 sans recevoir de compensation en retour. Pour les terres acquises entre 934 et 945, les paysans devaient rembourser la redevance qu'ils avaient reçue pour leur terre. Les droits fonciers des soldats furent également protégés par de nouvelles lois. Grâce à ces réformes, "la condition de la paysannerie terrienne - qui constituait la base de toute la force économique et militaire de l'empire - était meilleure qu'elle ne l'avait été depuis un siècle" (Norwich, 183).

Constantine VII & Romanos II
Constantin VII et Romain II
Classical Numismatic Group, Inc. (CC BY)

Campagnes militaires et diplomatie

Les exploits de Constantin à l'étranger le menèrent généralement à affronter l'ennemi désormais familier du califat arabe. Heureusement pour les Byzantins, Pierre, plus conciliant, succéda à Siméon le Bulgare et un traité de paix fut signé, éliminant cet ennemi particulier de l'empire. En 949, une tentative de prise de la Crète échoua, mais Germanicia, à la frontière de la Mésopotamie, fut capturée la même année. En 953, Germanicia fut à nouveau perdue, mais plusieurs victoires furent remportées au cours des années suivantes, grâce aux habiles généraux Nicéphore II Phokas et Jean Ier Tzimiskès, qui deviendraient tous deux de futurs empereurs. Nicéphore, en particulier, remporta de tels succès qu'il fut surnommé "la mort pâle des Sarrasins" et que la rumeur de la mobilisation de son armée faisait reculer les Arabes. En 958, Tzimiskès prit la tête d'une force qui s'empara de la ville stratégique de Samosate sur le cours supérieur de l'Euphrate.

L'Empire byzantin retrouva un peu de son lustre perdu et la cour de Constantin commença à attirer des dignitaires désireux de voir par eux-mêmes ce jeune empereur érudit qui avait remis Constantinople sur pied. L'historien L. Brownworth commente ainsi l'éclat diplomatique dont Constantin gratifie ses pairs étrangers en visite:

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Dignitaires et ambassadeurs, du calife de Cordoue aux têtes couronnées d'Europe, affluaient à Constantinople, où ils étaient éblouis par l'étendue des connaissances de l'empereur et la splendeur de sa cour. Dans le somptueux palais connu sous le nom de "salle des dix-neuf divans", les visiteurs s'allongeaient pour manger à la manière des anciens Romains, applaudissant à tout rompre lorsque des assiettes en or chargées de fruits descendaient inopinément du plafond. Des citernes astucieusement dissimulées faisaient jaillir le vin des fontaines ou le faisaient cascader le long des statues et des colonnes sculptées, et une horloge automatique dans le forum principal de la ville complétait le tour de force impérial. Mais le plus impressionnant, c'est l'empereur lui-même. (188)

Littérature et arts

Constantin VII acquit une réputation de grand érudit, et nous savons qu'il était un collectionneur de livres, de manuscrits et d'œuvres d'art, ainsi qu'un peintre accompli. Ses œuvres écrites les plus célèbres sont le De administrando imperio, un manuel à l'usage des dirigeants et des diplomates (destiné en particulier à son fils et héritier) qui comprend des notes sur les cultures limitrophes de l'empire, le De thematibus, sur la géographie et l'histoire des différentes provinces de l'empire, et le De ceremoniis sur les protocoles et les cérémonies de la cour byzantine. Constantin s'inspira de nombreux ouvrages antérieurs, et les siens préservent ainsi un riche patrimoine byzantin; il ne se laissa pas décourager par la tâche de passer au crible les immenses archives impériales, comme il l'indique lui-même dans l'un de ses livres :

La recherche historique s'est obscurcie et est devenue incertaine, soit à cause de la rareté des livres utiles, soit parce que la quantité de documents écrits a suscité la peur et la consternation. (Herrin, 182).

L'empereur parraina les œuvres littéraires d'autres personnes, notamment l'encyclopédie Geoponika sur l'agriculture et le catalogue de l'église des Saints-Apôtres à Constantinople par son asekretis (secrétaire impérial), le poète Constantin de Rhodes. Une autre commande importante est le Synaxarion, un calendrier complet des saints, chaque personnage étant accompagné d'une courte biographie. Constantin relança l'université Magnaura au sein du palais royal, qui comportait quatre chaires : philosophie, géométrie, astronomie et grammaire. Les historiens constituaient un autre groupe soutenu par l'empereur, avec des personnalités telles que Génésios et Théodore Daphnopatès. L'une des plus importantes histoires de cette période est le Theophanes Continuatus (Théophane continué), dont l'auteur est inconnu, une chronique des dirigeants byzantins et des événements survenus entre 813 et 961.

Dying Constantine VII
Constantin VII mourant
Unknown Artist (Public Domain)

Constantin tenait particulièrement à ce que son image ne soit pas ternie par certains de ses prédécesseurs plus douteux de la dynastie macédonienne, en particulier son fondateur Basile. C'est pourquoi il rédigea la biographie Vita Basilii, qui devint le récit historique accepté de la vie et des réalisations de Basile. Outre sa propre littérature, Constantin soutint également d'autres arts, en particulier la production de manuscrits enluminés et d'ivoires sculptés.

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Mort et héritage

Le règne de Constantin fut couronné de succès et il est considéré aujourd'hui comme l'un des souverains byzantins les plus accomplis, comme le résume l'historien J. J. Norwich :

Il fut un excellent empereur: un administrateur compétent, consciencieux et travailleur et un sélectionneur d'hommes inspiré, dont les nominations aux postes militaires, navals, ecclésiastiques, civils et académiques étaient à la fois imaginatives et réussies. Il a beaucoup contribué au développement de l'enseignement supérieur et s'est particulièrement intéressé à l'administration de la justice. Toutes nos autorités semblent s'accorder sur le fait qu'il mangeait et buvait plus que de raison, mais elles sont également unanimes sur sa bonne humeur constante: il était d'une courtoisie sans faille envers tout le monde et n'a jamais perdu son sang-froid. (181)

Lorsque Constantin mourut de causes naturelles le 9 novembre 959, c'est son fils de 20 ans, qu'il eut avec Hélène Lecapène, Romain II, qui lui succéda. Malheureusement pour Romain, son règne serait de courte durée, et son trône passerait à ses deux jeunes fils, Basile II, "le Tueur de Bulgares", et Constantin VIII en 963; ils poursuivraient la dynastie macédonienne pendant encore un demi-siècle.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, décembre 06). Constantin VII [Constantine VII]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16539/constantin-vii/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Constantin VII." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 06, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16539/constantin-vii/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Constantin VII." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 06 déc. 2017. Web. 17 nov. 2024.

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