Constant II Héraclius

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 décembre 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, catalan, espagnol
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Constans II (by Classical Numismatic Group, Inc., CC BY-SA)
Constant II Héraclius
Classical Numismatic Group, Inc. (CC BY-SA)

Constans II fut empereur de l'Empire byzantin de 641 à 668. Parfois connu sous le nom de Constant Pogonatos ("le barbu"), il accéda au trône par une série d'événements invraisemblables et son empire fut immédiatement défié presque partout par le califat arabe naissant. Il tenta de mettre fin au débat qui divisait l'Église sur la nature et la volonté du Christ, mais ne réussit qu'à contrarier les papes et à faire en sorte que son nom soit dénigré par les historiens chrétiens par la suite. Comme tant d'autres de ses prédécesseurs, il dut faire face à des révoltes et des usurpations sans fin et trouva la mort aux mains d'un assassin alors qu'il prenait son bain.

Succession

Héraclius était empereur depuis l'an 610, et son règne fut mitigé. Il avait sauvé l'empire du désastre lors du siège de Constantinople en 626, mais avait perdu Jérusalem aux mains des Perses. La victoire à Ninive avait remis l'empire sur pied, mais la nouvelle menace était le califat arabe, qui montra ses intentions en écrasant une armée byzantine à Yarmouk en 636. Des rumeurs se répandirent selon lesquelles les Byzantins subissaient la colère de Dieu, furieux du mariage incestueux de l'empereur avec sa propre nièce Martine.

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À la mort d'Héraclius, en l'an 641, deux héritiers régnèrent en tant que co-empereurs : Héraclonas (dont la mère était Martine) et Constantin III (dont la mère était Fabia Eudocia, la première épouse d'Héraclius). Lorsque Constantin mourut dans des circonstances mystérieuses quelques mois plus tard, Martine put agir comme régente pour son fils Héraclonas, se déclarant même co-empereur. Les défaites face aux Arabes se poursuivirent et la perte imminente d'Alexandrie permit à un certain Valentin, gouverneur militaire de la province d'Opsikion, de profiter de l'impopularité de Martine pour prendre le pouvoir en septembre 641. Quelques mois plus tard, Valentin fut destitué et lynché par une foule qui lui préférait un souverain proprement royal, le fils de Constantin III, Flavius Héraclius, plus connu sous son surnom de Constant. La lignée légitime avait été restaurée, mais le nouvel empereur n'avait que 11 ans et l'empire était en plein désarroi.

Constans II n'eut guère le temps de réchauffer le siège de son trône avant de devoir faire face au califat arabe en pleine expansion.

Campagnes militaires

Constans II eut peu de temps pour réchauffer le siège de son trône avant de devoir faire face, avec le Sénat agissant en tant que régent, au califat arabe en pleine expansion. Alexandrie tomba en 642, et des pertes suivirent en Arménie la même année. La perte d'Alexandrie était la plus grave, car il s'agissait de la province la plus riche de l'empire et de la plus importante source de céréales. En 647, les Arabes envahirent Carthage en Afrique du Nord et certaines parties de l'Asie mineure, ils s'emparèrent notamment de Césarée. En 649, Chypre, l'une des principales bases navales de l'empire, fut attaquée et, bien que l'île soit restée une propriété partagée par la suite, les Arabes parvinrent à mettre à sac la capitale Constantia et à détruire les installations portuaires.

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Ensuite, la Crète, Kos et Rhodes tombèrent toutes lors de raids arabes en 654. L'Empire byzantin s'effrita sur les bords, des révoltes éclatèrent en Afrique du Nord et en Italie, et on aurait pu pardonner à Constant de penser que la situation ne pouvait pas empirer. En l'an 655, ce fut le cas cependant. Alors qu'il naviguait avec une flotte byzantine, l'empereur fut horrifié de voir une armada arabe se diriger vers lui au large de la côte de Phoenix (l'actuelle Finike) en Lycie. Ce n'est qu'en échangeant ses vêtements avec un simple marin que Constant réussit à s'échapper, tandis que toute la flotte (et le malheureux marin en question) fut envoyée au fond de la Méditerranée.

The Byzantine Empire, c. 650 CE.
L'Empire byzantin, vers 650 de notre ère.
Justinian43 (CC BY-SA)

Puis, à partir de 656, le secours arriva d'une source improbable. Les Arabes implosèrent lors d'une sanglante guerre civile qui allait durer jusqu'en 661 et détourner leur attention de nouvelles conquêtes étrangères. En 659, une paix fut signée entre les deux puissances et les Byzantins durent payer un énorme tribut. Pendant que le califat était occupé à décider qui devait être le prochain calife, Constant ne perdit pas de temps et envahit le nord de la Grèce. Les Slaves capturés lors de cette campagne furent transférés de force en Asie Mineure, puis enrôlés dans l'armée byzantine. Comme on pouvait s'y attendre, à la première occasion, 5 000 de ces soldats slaves passèrent aux mains des Arabes en 665. Entre-temps, les campagnes de Constant contre les Lombards en Italie en 663 ne progressèrent guère, bien que la Sardaigne ait été prise en 645.

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Intervention religieuse

En 648, Constant adopta un édit impérial, le Typos, destiné à apaiser les opposants au monothélisme dans l'Église (selon lequel le Christ n'avait qu'une seule volonté) et à clore le débat interminable et néfaste qui faisait rage depuis un demi-siècle. De manière assez ambitieuse, l'édit interdisait purement et simplement toute discussion sur la question : les évêques seraient destitués et les laïcs fouettés et exilés s'ils le faisaient. Dans la longue saga qui divisa les branches orientale et occidentale de l'Église sur la doctrine ecclésiastique, l'édit fut condamné par le pape Martin Ier en 649.

L'empereur tenta une sorte de réconciliation avec le pape et arriva avec des cadeaux, dont un pallium en or.

Les papes tenaient à maintenir leur ascendant sur Constantinople en matière de dogme et Martin excommunia l'évêque de Constantinople. Constant réagit en demandant au Sénat de Constantinople de déclarer le pape coupable de trahison et d'exiler Martin à Chersonèse en Crimée en 654, sous prétexte qu'il avait soutenu Olympios, le gouverneur rebelle de Ravenne (alors byzantine). Maxime le Confesseur, partisan déclaré de Martin et adversaire du monothélisme, fut également exilé, dans son cas à Lazika, sur les rives orientales de la mer Noire. Constant fut néanmoins reçu par le nouveau pape Vitalien à Rome lors d'une visite en 663. L'empereur tenta une sorte de réconciliation et vint avec des cadeaux, dont un pallium ou une étoffe en or ; puis il s'empressa de dépouiller la ville de tout le bronze qu'il put trouver, emportant avec lui des statues et même les tuiles en bronze des églises et la couverture en cuivre du Panthéon.

Mort et successeur

En 663, Constance s'installa définitivement à Syracuse, en Sicile. L'empereur envisagea de déplacer sa capitale dans sa nouvelle demeure pour plus de sécurité, mais cette décision se heurta à la désapprobation manifeste de l'aristocratie de Constantinople, le Sénat interdit même aux membres de la famille impériale de rejoindre l'empereur en Sicile. Le débat s'acheva lorsque Constant fut tué dans son bain par un membre de son propre entourage militaire le 15 septembre 668, avec une arme peu glorieuse, un porte-savon. Pas particulièrement populaire (que ce soit chez lui ou à Syracuse), sujet à plusieurs rébellions, méprisé par la moitié de l'Église et avec trop d'échecs sur le champ de bataille, il ne manquerait pas à beaucoup de monde, mais il avait, au moins, assuré qu'il y avait encore un empire à transmettre à ses successeurs. Constant fut remplacé par son fils, Constantin IV, qui avait déjà été couronné co-empereur en 654 et qui régna jusqu'en 685.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, décembre 07). Constant II Héraclius [Constans II]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16561/constant-ii-heraclius/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Constant II Héraclius." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 07, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16561/constant-ii-heraclius/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Constant II Héraclius." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 déc. 2017. Web. 21 nov. 2024.

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