Mont Athos

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Définition

Mark Cartwright
par , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié sur 18 avril 2018
Disponible dans d'autres langues: Anglais
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Mount Athos (by Horia Varlan, CC BY)
Mont Athos
Horia Varlan (CC BY)

Le mont Athos, situé sur la péninsule de Chalcidique près de Thessalonique, en Grèce, est un lieu saint qui accueillit ses premiers moines ermites au 9e siècle de notre ère. Considéré comme l'un des sites monastiques les plus importants de l'Empire byzantin, le mont compta jusqu'à 46 monastères qui attiraient des moines de toute l'Europe et d'ailleurs. Aujourd'hui, la péninsule compte 20 monastères, dont beaucoup offrent un aperçu bien préservé du monachisme byzantin et sont des trésors d'architecture, d'art et de manuscrits chrétiens médiévaux. Le mont Athos est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Emplacement et nom

Le mont Athos, d'une hauteur de 2030 m environ (6 350 ft), est situé sur le plus oriental des trois promontoires de Chalcidique, au sud-est de la ville de Thessalonique, dans le nord-est de la Grèce. Le nom Athos vient du géant de la mythologie grecque qui jeta une montagne dans la mer. Pour les Grecs anciens, cette montagne, qui descend directement dans la mer Égée, était sacrée pour Zeus. Les rochers de la péninsule se sont toujours certainement avérés gênants et furent à l'origine de nombreux naufrages, notamment celui de toute la flotte du roi perse Darius qui se rendait à la bataille de Marathon en 491 av. JC. À la suite de cette perte, Xerxès, le successeur de Darius, décida dix ans plus tard d'éviter complètement la montagne lors de son invasion de la Grèce et construisit un canal à travers le promontoire, canal qui mesurait 2,4 km (1,5 miles) de long et jusqu'à 30 mètres (100 ft) de large. Une autre victime maritime d'Athos fut une flotte spartiate en 411 av. JC pendant la guerre du Péloponnèse.

LE PREMIER MONASTÈRE DU KOINOBION FUT LE MONASTÈRE DE KOLOBOU, FONDÉ SOUS LE RÈGNE DE BASILe I (867-886).

Un nom courant pour le mont Athos est simplement la "Sainte Montagne", ou Ayion Oros en grec, qui dérive de l'utilisation de la région par les saints hommes qui y vivaient en tant qu'ascètes, puis des monastères qui y furent construits par la suite. On ne sait pas exactement quand le premier monastère fut construit sur la montagne, mais on pense que les moines utilisaient certainement l'endroit comme retraite d'ermite au 9e siècle de notre ère, vivant même ensemble en petites communautés informelles.

Histoire ancienne

Dominant la mer en contrebas, la montagne est un lieu sauvage et provocateur. Il n'est donc pas étonnant que les ascètes aient choisi le site pour échapper à leurs communautés et y pratiquer leur foi. La première laure (lavra) officielle de la montagne fut construite par Euthyme le Jeune au milieu du IXe siècle. Une laure était un type de monastère où les moines pratiquaient une ascèse semi-indépendante où chaque moine vivait, travaillait et priait séparément dans sa propre cellule. Les moines ne se réunissaient collectivement que dans leur église commune et à l'heure des repas.

Iviron Monastery, Mount Athos
Monastère d'Iviron, mont Athos
Leon Hart (CC BY)

Le premier monastère cénobitique ou koinobion, c'est-à-dire un lieu où tous les biens étaient communs, où les moines suivaient les mêmes routines quotidiennes et étaient dirigés par un higoumène (hegoumenos), fut le monastère de Kolobou, fondé sous le règne de Basile Ier (867-886). Basile, comme de nombreux empereurs après lui, soutint les moines et leurs revendications territoriales, allant même jusqu'à publier un décret en 883 interdisant aux bergers locaux de faire paître leurs moutons sur la montagne.

Vers 941, le mont Athos bénéficia de nouveau du patronage impérial lorsque l'empereur Romanos Ier Lekapenos (r. 920-944) accorda aux moines des droits de pension annuels. Vers 955, le premier monastère nommé fut construit grâce à un don de terrain, le Xeropotamou, du nom de son soi-disant fondateur Paul Xeropotamite.

La Grande Laure

La Grande Laure (Megiste Lavra) fut fondée en 963 par Athanasios d'Athos grâce au financement de l'empereur Nikephoros II Phokas (r. 963-969). Le nom est en fait une erreur d'appellation car il s'agissait plus que d'une laure et fonctionnait comme un monastère communautaire koinobion; ce fut en fait le premier de cette taille construit dans l'Empire byzantin et un modèle copié par de nombreux monastères ultérieurs. L'empereur prit la mesure sans précédent de rendre le monastère indépendant du patriarche de Constantinople, premier évêque et chef de l'Église byzantine, et responsable uniquement devant l'empereur (bien qu'à partir de 1311, ce droit retournât au patriarche). Grâce à une subvention impériale annuelle de 244 pièces d'or et à un approvisionnement gratuit en blé, le monastère prospéra.

La Grande Laure devait être un exemple de la manière dont Nikephoros et Athanasios envisageaient la vraie vie monastique et un antidote à la mondanité croissante de l'église de l'époque. Comme Athanasios lui-même le note dans son typikon:

J'ai découvert par expérience qu'il est juste et bénéfique... pour tous les frères de vivre en commun. Ils forment un seul cœur dans leur vie commune, une seule volonté, un seul désir et un seul corps, comme le prescrit l'apôtre. (Herrin, 192)

Certains des abbés de la Grande Laure furent des personnages célèbres, notamment Grégoire Palamas, le défenseur de l'hésychasme (où les moines chantaient sans cesse. la même prière, pratique tant soit peu controversée) dans la première moitié du 14e siècle, et Philothée Kokkinos, deux fois patriarche de Constantinople (1353-4 et 1364-76). Le monastère demeura le plus grand et le plus important, même lorsque d'autres furent construits sur le site, et le katholikon d'origine (ou église principale) est toujours debout aujourd'hui.

La croissance des monastères

Le monastère d'Iviron (ou Iveron) fut fondé par des moines géorgiens vers 980 et devint célèbre pour la production de manuscrits dans son scriptorium. Son église principale, elle, fut construite en 983, ce qui en fait l'une des plus anciennes structures originales du mont Athos encore intactes.

Map of Mount Athos Monasteries
Carte des monastères du mont Athos
Hobe (Public Domain)

Au 11e siècle, la montagne comptait 46 monastères, et outre les moines grecs et géorgiens déjà mentionnés, d'autres arrivèrent de tout l'empire et même d'au-delà. La montagne devint ainsi un mélange cosmopolite qui comprenait des Arméniens, des Russes, des Serbes, des Italiens et des Bulgares, entre autres. Les moines voyageaient également dans l'autre sens, diffusant la culture byzantine dans toute l'Europe et au-delà lorsqu'ils entreprenaient des pèlerinages et des travaux missionnaires. Les monastères s'enrichirent également, acquérant des dons et des terres autour de la montagne, ce qui permit de générer des revenus supplémentaires. Des terres leur furent également données dans des régions éloignées du mont Athos, si bien qu'à terme, les monastères possédaient des domaines jusqu'en Serbie et en Roumanie, ainsi que plusieurs îles de la mer Égée.

LES MONASTÈRES S'ENRICHIrENT, ACQUérirENT DES DONS ET DES TERRES AUTOUR DE LA MONTAGNE QUI LEUR RAPPORTaiENT DES REVENUS SUPPLÉMENTAIRES.

Autonomie collective

Les différents monastères du mont Athos étaient placés sous la supervision générale de l'archimandrite du mont Athos. Chaque monastère votait pour un moine qui le représentait, un Protos, qui assistait à un conseil d'administration commun. Les exceptions étaient les monastères de la Grande Laure, d'Iviron et de Vatopedi qui restèrent totalement indépendants, et les abbés de ces trois monastères avaient toujours la priorité sur les autres. Une réunion semestrielle de tous les moines du mont Athos avait lieu au monastère de Karyès, qui devint le centre administratif de la montagne. L'organisation collective des monastères était importante pour qu'ils conservent leur position privilégiée au sein de l'appareil d'État de l'Empire byzantin; par exemple, ils réussirent à étendre leur exemption des taxes d'État.

Les monastères n'étaient pas sans controverse. On rapporte parfois des rivalités entre groupes et des pratiques controversées ou interdites, comme l'ordination de garçons mineurs, voire des comportements indignes de chrétiens. L'empereur Constantin IX Monomaque (r. 1042-4055 de l'ère chrétienne) fut amené à publier une nouvelle charte pour le mont Athos en 1045 et à faire la déclaration suivante aux abbés et aux moines qu'il obligea à assister à une assemblée générale et à:

participer à la décision [de l'assemblée] avec la crainte de Dieu et avec vérité, sans favoritisme ni corruption, sans esprit de parti, sans partialité et sans aucune autre passion: sans envie, sans querelle et sans esprit de vengeance (Herrin, 199).

Michael Psellos & Michael VII
Michel Psellos et Michel VII
Unknown Artist (Public Domain)

Histoire ultérieure

Les monastères furent menacés à plusieurs reprises au cours de leur longue histoire, notamment par l'Empire latin (1204-1254), puis par les mercenaires espagnols de la Compagnie catalane de 1304 à 1309. Lorsque les Ottomans envahirent le territoire byzantin en 1430, le mont Athos fut autorisé à rester indépendant en échange d'un tribut annuel. En 1924, la Charte du mont Athos accorda à la montagne et à ses monastères de demeurer indépendants de la Grèce.

Le mont Athos reste aujourd'hui un site important du monachisme et abrite 20 monastères: 17 grecs, un serbe (le monastère de Hilandar, fondé en 1198 ou 1208 par saint Sava), un bulgare (le monastère de Zographou) et un russe (le monastère de Panteleimon, refondé en 1169). Grâce à sa situation isolée et au fait qu'il évita les invasions destructrices au cours des siècles, le site reste un exemple bien préservé de la vie monastique byzantine, avec des bibliothèques de manuscrits médiévaux inestimables, des archives administratives, des fresques et des icônes. Aujourd'hui encore, les monastères d'Athos continuent de porter l'ancien drapeau de Byzance.

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À propos du traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

A propos de l'auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Style APA

Cartwright, M. (2018, avril 18). Mont Athos [Mount Athos]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Récupéré de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16599/mont-athos/

Le style Chicago

Cartwright, Mark. "Mont Athos." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. Dernière modification avril 18, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16599/mont-athos/.

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Cartwright, Mark. "Mont Athos." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 18 avril 2018. Web. 21 déc. 2024.

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