Tiridate

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Définition

James Blake Wiener
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 janvier 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Hagia Sophia Panorama (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Vue de Sainte-Sophie
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Tiridate ou "Trdat l'architecte" (940s-c. 1020s ?) était un architecte arménien connu pour son rôle dans la reconstruction du dôme de Sainte-Sophie à Constantinople après un tremblement de terre au Xe siècle, ainsi que de la cathédrale d'Ani et de l'église de Gagik dans ce qui est aujourd'hui la Turquie. Avec Momik (c. 1270-1333), Tiridate est le plus célèbre architecte arménien du Moyen Âge.

On sait très peu de choses concrètes sur les premières années de Tiridate, si ce n'est qu'il était arménien et qu'il possédait des talents considérables en mathématiques et en conception architecturale. La vie de Tiridate coïncide avec l'âge d'or de l'Arménie médiévale ainsi qu'avec la "Renaissance macédonienne" de l'Empire byzantin (867-1056). Après des siècles de guerres intermittentes et d'invasions constantes, les Arméniens et les Byzantins avaient stoppé l'assaut des Arabes, stabilisé leurs frontières et sauvegardé leurs centres de population. C'était une période de stabilité politique et économique, ainsi que d'effervescence culturelle, tant en Arménie qu'à Byzance. Les historiens et les archéologues peuvent retracer les déplacements de Tiridate en se basant sur ses projets de construction et de reconstruction dans l'Arménie historique ainsi que dans l'Empire byzantin. Tiridate vivait et travaillait principalement dans la province de Shirak, qui comprenait aux Xe et XIe siècles la ville d'Ani, capitale de l'Arménie bagratide (885-1045).

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Tiridate est parfois considéré comme l'architecte responsable de la construction de plusieurs églises dans les monastères de Sanahin, Haghpat et Marmashen.

Travaux à Ani et Shirak

Tiridate est parfois considéré comme l'architecte responsable de la construction de plusieurs églises au monastère de Sanahin, au monastère de Haghpat et au monastère de Marmashen, tous situés dans l'Arménie actuelle. Selon l'Histoire universelle, écrite par l'historien arménien Stepanos Asoghik au 11e siècle, Tiridate est mentionné nommément en tant que responsable de la construction de la cathédrale d'Argina, qui était devenue le siège du Catholicos arménien à la fin du 9e siècle. Située juste au nord d'Ani et dans un état actuel d'effondrement partiel, la cathédrale d'Argina était autrefois une structure sans nef caractérisée par un dôme de type pendentif. La linéarité de cette cathédrale et l'espace longitudinal divisé par des piliers préfiguraient le travail ultérieur de Tiridate sur la cathédrale d'Ani.

Les historiens peuvent retracer la vie de Tiridate principalement à travers son travail à Ani et dans ses environs, bien qu'il faille noter que Tiridate était actif en Arménie avant et après sa réparation de Sainte-Sophie. Ani était une ville nouvelle, mais grandiose, située au carrefour des échanges commerciaux entre l'Empire byzantin, le califat abbasside, la Rous de Kiev et les États persans d'Asie centrale. Fondée en 961, Ani se développa rapidement et, à son apogée, elle comptait peut-être 100 000 habitants. En raison de la croissance rapide de la ville, le roi Achot III d'Arménie (r. de 953 à 977) et ses fils, le roi Smbat II (r. de 977 à 989) et le roi Gagik I (r. de 989 à 1020), ordonnèrent la construction de nouveaux murs, d'espaces publics, de caravansérails (auberges en bord de route) et d'églises. Ani devint rapidement connue dans tout le Proche-Orient et la Méditerranée comme la "ville aux mille et une églises".

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Ani Cathedral, Aerial View
Cathédrale d'Ani, vue aérienne
Antonio (CC BY-SA)

En 989, Smbat II ordonna à Tiridate de construire une nouvelle cathédrale à Ani et la construction de cet édifice se termina vers 1001-1006 sous la supervision de la reine Katranide (c. 970-1010), épouse de Gagik I et sœur du roi Bagrat III de Géorgie (r. de 1008 à 1014). Les historiens affirment que Tiridate travailla ensuite sur l'église de Gagik. Cette église, dédiée à Saint Grégoire d'Arménie, fut construite en imitation de la cathédrale de Zvartnots, avec "une splendeur brillante, des voûtes élevées et un sanctuaire surmonté d'un dôme céleste" (Evans et al, 352). Cependant, malgré leurs similitudes, Tiridate allongea les arcs et les supports de l'église, et profila de grands espaces intérieurs à l'église de Gagik. Tiridate fut peut-être influencé ici par l'esthétique linéaire de Sainte-Sophie et d'autres églises byzantines.

Travail à Constantinople

On ignore comment Tiridate arriva à Constantinople et comment il se vit confier la reconstruction de Sainte-Sophie à la suite du tremblement de terre de 988. Il est tout à fait possible que Tiridate se trouvait déjà à Constantinople alors que les travaux de la cathédrale d'Ani étaient interrompus après la mort de Smbat II en 989. Sous les empereurs byzantins de la dynastie macédonienne (867-1056), les Arméniens accédaient souvent à des postes importants en tant que savants, généraux et souverains. Nombre des empereurs byzantins de cette dynastie étaient également d'origine arménienne ou partiellement arménienne. L'empereur Basile II (r. de 976 à 1025), toujours soucieux des limites de sa frontière orientale avec les Géorgiens, les Arméniens et les Arabes, entendit peut-être parler de Tiridate et de son œuvre par ceux qu'il avait rencontrés lors de sa campagne dans le Caucase. Selon la Chronique de l'historien arménien Matthieu d'Édesse (mort en 1144), Basile II s'était entretenu avec des érudits arméniens lors de ses fréquents voyages dans le Caucase.

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Hagia Sophia, Istanbul
Sainte-Sophie d'Istanbul
Magnus Manske (CC BY-SA)

Les églises byzantines étaient très différentes des structures géométriques en pierre, imposantes et austères, que les Arméniens utilisaient pour soutenir leurs églises à coupoles à facettes. Les Byzantins privilégiaient la brique et le mortier dans leurs églises, évitant également les dômes coniques privilégiés par les Arméniens. Néanmoins, Tiridate fut chargé par Basile II de réparer l'arc du dôme occidental de Sainte-Sophie. Ce n'était pas une tâche facile, car Sainte-Sophie possède quatre pendentifs triangulaires pour transposer le poids de son dôme circulaire sur une superstructure de support quadrilatérale, sans colonnes ni piliers dans les espaces intérieurs. Tiridate reconstruisit et renforça l'arc du dôme détruit avec quinze nervures de dôme. Les réparations et la reconstruction durèrent six ans, et Sainte-Sophie rouvrit ses portes en 994. Le fait que Sainte-Sophie n'ait pas subi de dommages importants au même endroit depuis plus de 1 000 ans témoigne de l'intelligence et de la perspicacité de Tiridate en tant qu'architecte.

L'héritage

Tiridate se distingue des autres architectes arméniens médiévaux par la réalisation de projets de grande envergure, tant en Arménie qu'à Byzance. Le débat scolastique sur l'ampleur des échanges interculturels facilités par Tiridate dans le domaine de l'architecture se poursuit, mais il est difficile de nier que l'héritage durable de Tiridate réside dans sa capacité à affiner et à développer les modèles et les traditions architecturales de ses mécènes arméniens et byzantins.

This article was made possible with generous support from the National Association for Armenian Studies and Research and the Knights of Vartan Fund for Armenian Studies.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

James Blake Wiener
James est un écrivain et ancien Professeur d'Histoire. Il est titulaire d'une Maîtrise en Histoire du monde avec un intérêt particulier pour les échanges interculturels et l'histoire du monde. Il est cofondateur de Ancient History Encyclopedia et en était auparavant le Directeur de la Communication.

Citer cette ressource

Style APA

Wiener, J. B. (2018, janvier 23). Tiridate [Trdat the Architect]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16709/tiridate/

Style Chicago

Wiener, James Blake. "Tiridate." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 23, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16709/tiridate/.

Style MLA

Wiener, James Blake. "Tiridate." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 janv. 2018. Web. 26 déc. 2024.

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