Freyja

Définition

Emma Groeneveld
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 19 février 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Freyja (by James Doyle Penrose (1862-1932), Public Domain)
Freyja
James Doyle Penrose (1862-1932) (Public Domain)

Freyja (qui signifie "Dame", "Femme" ou "Maîtresse" en vieux norrois) est la déesse la plus connue et la plus importante de la mythologie nordique. Belle et aux multiples fonctions, elle est une déesse de la fertilité, en raison de sa place dans la famille des Vanes (l'autre et principale famille étant celle des Ases), aux côtés de son frère jumeau Freyr et de son père Njörd, et figure dans de nombreux mythes de la littérature vieux-nordique en tant qu'amante ou objet de convoitise. Elle vit à Fólkvangr ("champ du peuple"), se déplace dans un carrosse tiré par des chats et est associée non seulement à l'amour et au désir, mais aussi à la richesse, à la magie, ainsi qu'à la sélection de la moitié des guerriers tombés sur les champs de bataille afin qu'ils entrent dans la salle du Valhalla d'Odin - l'autre moitié étant sélectionnée par Odin en personne. Elle jouait probablement un rôle important dans l'ancienne religion scandinave.

Famille

Freyja fait partie de la famille des Vanes qui s'occupent de tout ce qui touche à la fertilité, notamment les récoltes (son frère Freyr), le vent, la mer et la richesse (son père Njörd), ainsi que son propre savoir-faire en matière d'amour, de désir et de richesse. Sa mère semble avoir été la fille géante et l'épouse de Njörd, Skadi, et bien qu'à l'origine Freyja ait pu faire partie d'un couple marié frère-sœur avec Freyr, le mythographe islandais Snorri Sturluson (1179-1241) - notre source la plus complète en matière de mythologie nordique - la présente comme l'épouse d'Ódr, avec qui elle a deux filles, Hnoss et Gersimi (Gylfaginning, 35). Ces noms signifient tous deux quelque chose comme "préciosité" ou "trésor" et ont peut-être été utilisés dans la poésie ultérieure comme des manifestations de Freyja elle-même.

Supprimer la pub
Publicité

On dit qu'Ódr partit pour de longs voyages, laissant inexplicablement Freyja derrière lui, qui le cherchait alors en pleurant des larmes d'or; ce récit remonte au moins au 10e siècle. On pense généralement que lui et Odin n'étaient à l'origine qu'une seule et même personne, Ódr fonctionnant comme une forme abrégée d'Odin.

La base des diverses fonctions de Freyja vient du fait qu'elle est une déesse de la fertilité, la mythologie transmise mettant l'accent sur son rôle dans tout ce qui a trait à la sexualité.

Attributs

L'un des attributs de Freyja a déjà été mentionné: il s'agit de son attelage de chats avec lequel elle se déplace dans le cosmos de la mythologie nordique. Un autre attribut est un vêtement - un manteau, une cape ou une robe - fait de plumes de faucon. Il est possible que le sanglier Hildisvíni fasse également partie des attributs de Freyja; le poème Hyndluljóð la montre chevauchant ledit sanglier, et un lien avec le sanglier, en général, est rendu plus plausible par le fait que son frère Freyr est également associé à un sanglier, dans son cas nommé Gullinborsti. Sýr, un autre nom de Freyja, est parfois traduit par "truie", mais il peut aussi signifier "protéger", "bouclier", auquel cas il nierait ce troisième lien avec le sanglier. Le grand spécialiste de la mythologie germanique H. R. Ellis Davidson ajoute un autre animal: "Les chevaux étaient certainement associés au couple de fertilité Freyr et Freyja, et on disait qu'ils étaient gardés dans leurs lieux sacrés" (104). Son dernier attribut, mais non le moindre, est le collier Brísingamen.

Supprimer la pub
Publicité

Nombreux rôles de Freyja

La base des diverses fonctions de Freyja provient de son rôle de déesse de la fertilité, conformément à son ascendance vane. Plus précisément, son autre nom, Horn (Hǫrn ou Härn), vient probablement du vieux norrois horr, qui signifie lin. Il s'agissait d'un produit important qui commença à être cultivé très tôt en Scandinavie et qui était censé éloigner le mal et donner la fertilité à l'humanité. La fabrication du lin était une affaire de femmes, et comme les robes de mariée étaient faites de lin, Freyja devint une sorte de défenseure de l'amour et des mariages. Un autre de ses noms, Gefn, signifie "donneur" en vieux norrois, ce qui évoque son rôle de déesse de l'abondance.

Freyja With Carriage
Freyja avec un chariot
Johannes Gehrts/Eduard Ade (Public Domain)

La mythologie transmise souligne le rôle de Freyja dans tout ce qui a trait à la sexualité (à l'exception de l'accouchement, dont elle ne semble pas se préoccuper). D'une part, elle apparaît souvent en tant qu'objet de convoitise irrésistible, principalement aux yeux des géants. Le géant Thrym, par exemple, n'accepte de rendre le marteau qu'il a volé à Thor que s'il obtient Freyja pour lui seul. Outre le fait qu'elle soit le "prix" de nombreuses choses - que les autres dieux essaient d'éviter de payer - d'autres mythes renforcent la sexualité supposée libre et considérable de Freyja. Bien que Loki, dans le poème Lokasenna, parle mal de tous ceux qui l'entourent et accuse toutes les déesses de divers actes sexuels, Freyja est réprimandée par Loki comme suit:

Supprimer la pub
Publicité

Tais-toi, Freyja ! | Je te connais parfaitement,

Tu n'es pas sans péché toi-même;

Des dieux et des elfes rassemblés ici,

Chacun, en tant qu'amant, s'est couché avec toi. (30)

Elle consent également à coucher avec quatre nains à tour de rôle pour qu'ils lui remettent le Brísingamen et est accusée dans le poème Hyndluljóð d'être l'amante du héros Óttar. On peut donc supposer que les premiers Scandinaves se tournaient vers Freyja en matière d'amour et de luxure.

Pour ne rien gâcher, Freyja est également une déesse de la richesse, comme en témoignent les nombreuses références poétiques qui l'associent à un trésor. On dit que ses larmes sont faites d'or, et qu'elles sont même synonymes de ce matériau:

L'or est appelé Larmes de Freyja (...). Ainsi chantait Skúli Thorsteinsson :

Nombreux sont les intrépides épéistes

Qui ont reçu les larmes de Freyja.

(Skáldskaparmál, 37)

Le fait que les noms des filles de Freyja, Hnoss et Gersimi, signifient "préciosité" ou "trésor" pourrait être considéré comme le "produit d'une convention poétique dans laquelle Freyja était reconnue comme la source du trésor: peut-être en tant que pleureuse de larmes d'or, peut-être en tant que déesse régnant sur la richesse" (Billington & Green, 61).

Supprimer la pub
Publicité

Thor Disguised as Freyja
Thor déguisé en Freyja
Haukurth (Public Domain)

Son lien avec la magie est également bien connu, et Snorri Sturluson raconte que c'est Freyja qui aurait enseigné pour la première fois aux Ases la magie chamanique appelée seiðr. Enfin, la façon dont Freyja choisit les guerriers tués pour faire partie de son équipe, plutôt que de celle d'Odin, l'amène dans des sphères plus féroces, en tant que déesse de la mort et peut-être même de la bataille à proprement parler. Le choix du dieu qui vous sélectionne semble se résumer à un statut social ou personnel, ou peut-être vient-il du fait que les Vanes et les Ases avaient besoin de quelqu'un pour remplir ce rôle sur le champ de bataille. Ce lien entre Freyja et Odin, ainsi que la grande maîtrise de la magie par Odin lui-même, permet d'illustrer comment Odin et Ódr, l'époux de Freyja, ont pu, de manière plausible, être à l'origine une seule et même personne.

Mythes impliquant Freyja

Comme nous l'avons vu plus haut, les sources en vieux norrois regorgent de mythes qui abordent le sujet de Freyja. Le poème Hyndluljóð souligne qu'elle était plus qu'un joli visage; dans ce poème, Freyja rend visite à la sage Hyndla en lui demandant de dévoiler l'ascendance du héros Óttar, s'imprégnant ainsi de ses connaissances. Cependant, dans le Þrymskviða (le"récit de Thrym", un poème probablement composé au 12e ou 13e siècle et figurant dans l'Edda poétique), sa désirabilité est une fois de plus un thème central. L'histoire raconte le vol du marteau de Thor par le géant Thrym, qui ne rendra le marteau que s'il met la main sur Freyja. Freyja refuse cependant de l'accompagner et abandonne le Brísingamen pour aider Thor à se déguiser en elle. Après avoir failli vendre la mèche parce que Thor s'est tellement gavé lors du banquet de mariage qu'il a éveillé les soupçons - ses yeux brûlants n'aidant pas non plus - Loki s'en sort heureusement à l'aide de belles paroles et veille à ce que le marteau leur soit rendu. Pour faire bonne mesure, Thor tue Thrym et quelques autres géants en sortant.

Freyja Amulet
Amulette Freyja
Gunnar Creutz (Public Domain)

Dans d'autres mythes liés aux géants, le géant Hrungnir se vante de pouvoir déplacer le Valhalla à Jotunheimen (le royaume des géants), de faire sombrer Asgard (le royaume des dieux) et de tuer tous les dieux à l'exception de Freyja et de Sif, qu'il emportera chez lui (Skáldskaparmál, 17). Dans le conte du maître bâtisseur géant, un géant propose de construire des murs autour d'Asgard à condition d'obtenir Freyja, le soleil et la lune. En ce qui concerne le collier Brísingamen, attribué à Freyja par les sources du vieux norrois tardif (XIIIe et XIVe siècles), le mythe le plus célèbre concerne son vol (le plus souvent par Loki), mais il est conservé de manière si fragmentaire et si délicate qu'il est aujourd'hui assez difficile d'en tirer une histoire complète. La version la plus détaillée est aussi la plus jeune et n'est donc pas la plus fiable: le Sǫrla Þáttr, qui subsiste dans le Flateyjarbók du XIVe siècle, décrit comment Freyja couche avec quatre nains pour obtenir le Brísingamen, et comment Odin force ensuite Loki à lui voler le collier. Loki entre dans sa chambre sous la forme d'une mouche, la pique pour qu'elle retire sa main du collier et s'en empare. En revanche, chez Snorri Sturluson, Loki et Heimdall se disputent le collier (Skáldskaparmál, 8).

Supprimer la pub
Publicité

Le culte de Freyja

En tant que déesse de la fertilité, Freyja aurait joué un rôle central dans l'ancienne religion scandinave, jouant un rôle dans le cercle de la vie. J. P. Schjødt explique sa position particulière :

Freyja est l'une des rares déesses individuelles à avoir joué un rôle majeur dans le culte religieux le plus officiel (alors que de nombreuses divinités féminines considérées comme collectives ont joué un rôle à la fois dans le mythe et dans le rituel). Elle présente de nombreux traits que l'on retrouve chez les déesses de la fertilité du monde entier, parmi lesquels un lien évident avec la mort. (Brink & Price, 221)

Les sources en vieux norrois ne détaillent pas spécifiquement l'existence d'un culte de Freyja en tant que tel, mais le grand nombre de noms de lieux en Suède et en Norvège liés à son nom, tels que Frøihov (de Freyjuhof, "temple de Freyja") et Frǫvi (de Freyjuvé, "sanctuaire de Freyja"), témoignent d'un culte évident, peut-être même d'un culte public par opposition au culte domestique que l'on attendrait d'une déesse de l'amour. Il est clair que le peuple islandais, à l'aube de sa conversion au christianisme autour de l'an 1000, avait toujours Freyja à l'esprit. L'Íslendingabók indique que Hjalti Skeggjason, un partisan du christianisme, fut mis hors la loi pour blasphème après avoir traité Freyja de chienne (en l'occurrence une vraie chienne, mais compris comme s'il voulait la traiter de putain) au parlement de l'Althing. Freyja était manifestement encore assez importante pour que les gens ne puissent pas s'en tirer à bon compte avec ce genre de choses.

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Emma Groeneveld
Emma a étudié l'histoire et l'histoire ancienne. Pendant sa maîtrise, elle s'est concentrée sur Hérodote, ainsi que sur les anecdotes croustillantes de la politique des cours antiques. Plus récemment, elle s'est plongée dans la préhistoire au sens large.

Citer cette ressource

Style APA

Groeneveld, E. (2018, février 19). Freyja [Freyja]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16806/freyja/

Style Chicago

Groeneveld, Emma. "Freyja." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 19, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16806/freyja/.

Style MLA

Groeneveld, Emma. "Freyja." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 19 févr. 2018. Web. 21 nov. 2024.

Adhésion