Tushpa

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 12 mars 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Tushpa/Van (by Ziegler175, CC BY-SA)
Touchpa/Van
Ziegler175 (CC BY-SA)

Tushpa, plus tard connue sous le nom de Van, était la capitale du royaume d'Urartu de l'ancienne Arménie, de la Turquie orientale et de l'Iran occidental entre le 9e et le 6e siècle avant notre ère. Située sur la rive orientale du lac de Van, dans la Turquie moderne, la ville était une forteresse qui fut réutilisée comme capitale provinciale sous l'empire achéménien, avant de redevenir la capitale du royaume d'Artsruni pendant la période médiévale. Tushpa/Van est la plus ancienne ville continuellement habitée de la région.

Fondation

Tushpa fut fondée par le roi Sarduri Ier (r. d'environ 835 à 825 av. J.-C.) vers 830 avant J.-C. pour servir de capitale à la civilisation urartéenne, une confédération souple de royaumes qui couvrait des territoires en Eurasie de l'Euphrate au lac d'Ourmia et des territoires au nord des monts Taurus. Dans les hautes terres autour du lac de Van, le cœur traditionnel de l'Urartu et des royaumes arméniens ultérieurs, la forteresse de Tushpa fut construite sur un promontoire de calcaire sur les rives orientales du lac. La hauteur du rocher atteint par endroits 115 mètres (375 pieds). La ville fut nommée d'après la déesse Tushpuea qui était l'épouse de Chivini, le dieu du soleil urartéen. Le nom Van dérive du nom que les Urartéens donnaient à leur région, Biaina. Tushpa/Van comptait peut-être 50 000 habitants à son apogée et donna ensuite son nom à la région: Tosp.

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Parmi les projets de construction les plus importants, citons les immenses murs cyclopéens de la forteresse de Tushpa.

Une ville jardin

Tushpa prospéra grâce aux plaines fertiles qui l'entouraient, aux compétences des Urartéens en matière d'élevage, notamment de chevaux, et à sa situation à proximité des routes commerciales qui reliaient la Méditerranée à l'Asie centrale. Les Urartéens étaient également des architectes novateurs et ambitieux. Parmi les projets de construction les plus importants, citons les immenses murs cyclopéens de la forteresse de Tushpa. Ces murs, dont certaines parties sont encore debout aujourd'hui, étaient constitués d'énormes blocs de pierre mesurant environ 6 m de long et 75 cm d'épaisseur. Une portion de mur, peut-être destinée à l'origine à servir de jetée ou de brise-lames, porte une inscription en assyrien. Gravée sous le règne de Sarduri Ier, elle se lit comme suit:

Une inscription de Sarduri, fils de Lutipri, le roi magnifique, le roi puissant, le roi de l'univers, le roi du pays de Nairi, un roi qui n'a pas d'égal, un berger qui suscite l'admiration, qui ne craint pas la bataille, un roi qui a humilié ceux qui ne voulaient pas se soumettre à son autorité. Moi, Sarduri, fils de Lutipri, roi des rois, j'ai reçu un tribut de tous les rois. Sarduri, fils de Lutipri, dit : "Je me suis procuré cette pierre calcaire dans la ville d'Alniunu, j'ai érigé cette muraille". (Piotrovsky, 49)

Urartu 714-715 BCE
Urartu 714-715 av. J-C.
Sémhur (CC BY-SA)

Une autre grande réalisation technique est le canal de 80 kilomètres de long, bordé de pierres, qui amenait l'eau douce des montagnes d'Artos à la capitale (le lac de Van est un lac d'eau salée). L'ouvrage fut construit par le roi Menua (r. d'environ 810 à 785 av. J.-C.) et permit la prolifération des vignobles et des vergers, ce qui valut à Tushpa la réputation de ville-jardin. L'aqueduc fut élevé, là où c'était nécessaire, sur de grands blocs de pierre et ceux-ci portent souvent des inscriptions qui nomment le constructeur et avertissent d'une malédiction toute personne qui détruirait la structure ou la revendiquerait comme son propre travail, comme dans cet exemple:

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Quiconque endommage cette inscription, quiconque la renverse, quiconque fait de telles choses selon son désir ou au nom d'un autre, Menua prévient que le redoutable dieu Khaldi, le dieu Teisheba et le dieu du soleil Chivini l'effaceront de la vue du soleil. (Chahin, 74)

Le canal continue de fonctionner et est encore utilisé aujourd'hui par les agriculteurs de la région pour irriguer leurs champs.

Sous le règne de Menua, la ville s'étendit également autour de la citadelle et le long des rives du lac de Van, fertiles et abritées des rigueurs du climat de la région. Sous le règne d'Argishti II (r. d'environ 714 à 680 av. J.-C.), une nouvelle colonie se développa sur la colline voisine de Toprakkale. Le site, qui devint le palais royal, fut achevé par le fils et successeur d'Argishti, Rusa II (vers 680-638 av. J.-C.), qui le rebaptisa Rusahinili.

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Stele of the Urartian King Rusa II
Stèle du roi urartéen Rusa II
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

La capitale possédait une nécropole royale composée de chambres creusées dans la montagne sur laquelle la ville était construite. Les tombes sont composées de chambres simples, doubles ou triples dont l'entrée est scellée par une grande dalle de pierre. Plusieurs tombes royales, pillées depuis longtemps, portent encore des inscriptions décrivant les exploits de leur occupant. Parmi les tombes découvertes intactes, plusieurs contiennent des sarcophages en pierre à couvercle semi-circulaire. Des biens précieux, des armes, des boucliers et même des meubles sont enterrés avec le défunt, ce qui suggère que les Urartéens croyaient en une vie après la mort et qu'elle était suffisamment semblable à la vie terrestre pour nécessiter de telles dispositions.

De nombreuses inscriptions cunéiformes gravées dans la roche décrivent les rois d'Urartu et certains de leurs hauts faits.

Parmi les autres vestiges de cette période, on trouve un sanctuaire en plein air aux murs lisses taillés dans la roche, des figurines telles que des déesses ailées qui auraient pu orner des chaudrons de bronze, des statues de pierre fragmentaires représentant des divinités, et de nombreuses inscriptions cunéiformes gravées dans la roche qui décrivent les rois d'Urartu et quelques-unes de leurs grandes actions.

Guerres assyriennes

Des relations commerciales existaient entre Tushpa et le puissant empire néo-assyrien, mais aussi des conflits majeurs. L'Urartu remporta quelques victoires au milieu du VIIIe siècle avant notre ère, mais le souverain assyrien Tiglath-Phalazar III (r. de 745 à 727 av. J.-C.) se montra plus agressif que ses prédécesseurs et assiégea Tushpa en 736 avant notre ère. L'attaque est relatée dans les annales assyriennes de Tiglath-Phalazar:

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J'ai enfermé Sarduri [II] l'Urartéen dans Turushpa [Tushpa], sa ville principale, et j'ai fait un grand carnage devant les portes de la ville. Puis j'ai dressé l'image de ma majesté contre la ville. (Piotrovsky, 83)

Heureusement pour les Urartéens, les murs de la ville firent leur travail et la forteresse resta imprenable. Les Assyriens incendièrent et pillèrent néanmoins la ville basse, ainsi que de nombreuses autres villes du royaume.

Un autre conflit important entre les deux États eut lieu lors de la campagne de Sargon II (722-705 av. J.-C.) en 714 avant J.-C., bien que Tushpa n'ait pas été directement attaquée. Au VIIe siècle avant notre ère, le royaume d'Urartu connut une fin mystérieuse mais violente lorsque, entre 640 et 590 avant notre ère, ses villes, dont Tushpa, furent détruites. L'État était probablement affaibli par des décennies de batailles contre les Assyriens, et il était peut-être trop sollicité pour contrôler son propre empire. Les auteurs ne sont pas connus, mais les Scythes sont un candidat potentiel, les Cimmériens un autre, et peut-être même des forces provenant des territoires administrés par les rois d'Urartu.

Xerxes' Inscription, Van
Inscription de Xerxès, Van
Bjørn Christian Tørrissen (CC BY-SA)

Domination achéménide

Les territoires occupés par le royaume d'Urartu finirent par être repris par les Mèdes vers 585 avant notre ère et Van fut reconstruite. La région fut peu après intégrée à l'empire achéménide de Cyrus le Grand, au milieu du VIe siècle avant notre ère. Van devint alors le siège du satrape perse qui gouvernait la nouvelle province. C'est de cette époque que date la longue et célèbre inscription sur la paroi rocheuse de Van. Réalisée sous le règne de Xerxès (486-465 av. J.-C.), elle est rédigée dans les trois langues officielles de l'empire achéménien - le vieux-perse, l'élamite et le babylonien - et décrit le droit divin du roi à régner sur son empire:

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Ormuzd est un grand dieu, le plus grand des dieux, qui a créé cette terre, qui a créé ce ciel, qui a créé l'humanité, qui a donné le bonheur à l'homme, qui a fait de Xerxès un roi, seul roi d'une multitude de rois, seul seigneur d'une multitude. Je suis Xerxès, le grand roi, le roi des rois, le roi des provinces aux langues multiples, le roi de cette grande terre lointaine et proche, fils du roi Darius l'Achéménide. Le roi Xerxès dit: Le roi Darius, mon père, a fait beaucoup de choses, grâce à la protection d'Ormuzd, et il m'a ordonné de faire sur cette colline sa tablette et son image, mais il n'a pas fait d'inscription. Ensuite, j'ai ordonné que l'on écrive cette inscription. Qu'Ormuzd, avec tous les dieux, me protège, ainsi que mon royaume et mes œuvres. (Chahin, 69-70)

Période hellénistique et règne sassanide

Sous le règne de la dynastie des Orontides (VIe-IIIe siècle av. J.-C.), après la chute de l'Empire perse, Van fut délaissée au profit d'Armavir (l'ancienne ville ourarienne d'Argishtihinili), qui devint la capitale vers 330 avant J.-C. La ville resta importante et bénéficia des projets de construction de Tigranes le Grand (r. d'environ 95 à environ. 56 av. J.-C.) au début du 1er siècle avant J.-C., bien qu'il ait fondé une nouvelle capitale, Tigranocerte (ou Tigranakert), en 83 avant J.-C., plus à l'ouest et dans une position plus centrale au sein du royaume arménien nouvellement agrandi.

Lorsque la dynastie des Arsacides régnait sur l'Arménie (12-428 de notre ère), Artaxata était la capitale, mais Van restait importante dans la région. L'importance continue de la ville en tant que centre commercial lui permit d'acquérir une population plus cosmopolite; la communauté juive était particulièrement importante. Lorsque le roi sassanide Chapour II (r. de 308 à 379 de notre ère) envahit l'Arménie en 368-9, Van fut l'une des villes attaquées et toute sa population fut déplacée de force en Perse.

Histoire ultérieure

Van redevint importante pendant la période médiévale lorsqu'elle devint la capitale du royaume Artsruni (Ardsruni) qui se développa en Arménie à partir de la fin du VIIIe siècle. Le prince Artsruni Gagik, régnant sous les auspices du califat abbasside, fit de Van sa capitale en 908. Une fois de plus, la ville fut remplacée comme résidence royale, cette fois par Aghtamar, située sur une île du lac de Van, mais Van resta un centre culturel florissant, à défaut d'être un centre politique. Successivement gouvernée par les Byzantins et les Turcs seldjoukides, Van fut mise à sac et détruite en 1387 par Timur Leng, le conquérant turco-mongol (r. de 1370 à 1405), qui précipita 7 000 captifs dans la mort en franchissant les murs de la citadelle. La ville sombra ensuite dans l'obscurité jusqu'à la période ottomane et son retour à l'importance régionale au XIXe siècle, lorsqu'elle devint le centre de la rébellion arménienne contre la domination turque.

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This article was made possible with generous support from the National Association for Armenian Studies and Research and the Knights of Vartan Fund for Armenian Studies.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2018, mars 12). Tushpa [Tushpa]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16863/tushpa/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Tushpa." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 12, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16863/tushpa/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Tushpa." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 mars 2018. Web. 21 nov. 2024.

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