Saint Basile (c. 330 - c. 379 de notre ère), également connu sous le nom de Basile le Grand et Basile de Césarée, était un évêque de Césarée en Asie mineure centrale qui défendit avec vigueur l'Église contre l'hérésie arienne du IVe siècle de notre ère. Les écrits de Basile sur le monachisme et les questions théologiques eurent une influence considérable de son vivant et au cours des siècles suivants, alors que l'Église chrétienne se développait en Orient. Le saint, considéré comme l'un des fondateurs de l'Église orthodoxe grecque, était également connu pour son travail d'aide aux pauvres et ses sermons qui traitaient des déséquilibres de la société.
Jeunesse
Basile naquit vers l'an 330 de notre ère dans une famille aristocratique qui possédait un grand domaine à Ibora, sur la frontière pontique-cappadocienne. Il reçut une éducation approfondie à Nicomédie en Bithynie, au nord-ouest de l'Asie Mineure, probablement sous la tutelle du célèbre rhéteur d'Antioche, Libanios (mort vers 393 de notre ère) qui, curieusement, était un ardent défenseur du paganisme. Comme il était relativement courant à l'époque pour l'éducation d'un jeune aristocrate, Basile fut également envoyé à Athènes et à Constantinople. C'est à Athènes que Basile aurait commencé à envisager une carrière dans l'Église, mais à son retour chez lui, il commença sa vie professionnelle comme enseignant. Puis, dans les années 350, Basile passa quelque temps dans des monastères en Syrie et en Égypte pour en apprendre davantage sur les ascètes qui s'y trouvaient. Il relata son expérience dans des lettres et fut impressionné par ce qu'il vit, comme le révèle cet extrait :
J'ai été émerveillé par le mode de vie des ascètes. Je m'émerveillais de leur volonté de souffrir, de leur ferveur dans la prière, de leur parcimonie dans le sommeil, n'admettant en aucune façon les besoins du corps, s'attachant toujours au but suprême et préservant l'objectif de l'âme, dans la faim et la soif, le froid et la nudité, ne s'occupant pas du corps, ne lui accordant même pas le moindre soin, mais vivant comme s'ils n'avaient rien à voir avec les choses de la chair, ils montraient par leurs actes ce que signifie séjourner ici-bas mais avoir la citoyenneté du ciel. (Frazee, 22)
De retour chez lui, Basile commença à développer sa propre conception de la vie ascétique, inspirée principalement par l'Arménien Eustathe de Sébastée (né vers 300 de notre ère), et il fonda son propre monastère près de Césarée.
L'orthodoxie contre l'arianisme
Basile est considéré comme l'un des trois grands "Pères cappadociens" de l'Église orientale du IVe siècle de notre ère, avec son frère Grégoire de Nysse, un philosophe réputé, et Grégoire de Nazianze, un évêque de Constantinople qui avait rejoint Basile dans ses premières expériences ascétiques. Tous trois s'opposaient à l'arianisme et en particulier à son principal partisan, Eunomios. Considéré comme une hérésie, l'arianisme était une idée développée par Arius, un presbytre d'Alexandrie, selon laquelle Jésus-Christ, ayant été créé à partir de rien, ne pouvait être l'égal de Dieu. Les vues d'Arius furent condamnées par son propre évêque, mais l'hérésie devint un mouvement puissant soutenu et activement promu par plusieurs empereurs. Basile et les deux Grégoires se considéraient comme les défenseurs de l'orthodoxie.
Finalement, l'arianisme fut condamné lors du premier concile œcuménique de Nicée en 325 de notre ère, et la doctrine de l'Église fut clarifiée de sorte que Jésus-Christ et Dieu étaient considérés comme homoousios ou "de la même substance". Arius fut rejeté en tant qu'hérétique, mais la question n'en resta pas là, notamment lorsque Constantin Ier (r. 306-337 de l'ère chrétienne) rappela Arius en 328. Pour brouiller davantage les pistes, l'empereur fut baptisé par un évêque arien sur son lit de mort, et son fils et successeur Constance II (r. 337-361) était également un partisan de l'arianisme. Toute la question fut rediscutée, mais sans résolution, au concile de Serdica, vers 343. L'empereur suivant, Julien (r. de 361 à 363), soutint la cause arienne en rappelant Eunomios d'exil pour la deuxième fois. L'empereur Valens (r. de 364 à 378) continua à soutenir l'hérésie et persécuta activement ceux qui s'accrochaient à l'orthodoxie.
Basile était un opposant tenace de l'arianisme, et à cette fin, il assista au Conseil de Constantinople en 360 et écrivit son Contra Eunomium qui portait atteinte la réputation d'Eunomios. Basile fut nommé évêque de Césarée en Cappadoce vers 370, bien que cette nomination ait provoqué une rupture des relations avec son frère Grégoire. Outre la théologie, Basile était connu à cette époque pour son soutien aux institutions caritatives, son propre hospice très populaire, et pour les sermons qu'il prêchait avec le message de justice sociale alors radical. Parmi les autres causes non religieuses pour lesquelles Basile se passionnait, citons son opposition à la division de la Cappadoce en deux provinces.
Basile continua à œuvrer pour la défense de l'orthodoxie, même si sa célèbre opposition à Valens en 364 de notre ère n'était peut-être pas aussi univoque que certains historiens ultérieurs le décrivent. L'évêque était connu, par exemple, pour avoir accepté de lancer des missions diplomatiques en Arménie à la demande de l'empereur. Valens soutenait également les actions caritatives de Basile, et il semble évident que ce dernier n'était pas aussi radical que d'autres dans la lutte contre l'hérésie, mais qu'il adoptait plutôt une approche plus conciliante visant à apaiser les dissensions au sein de l'Église. De plus, certaines lettres privées de Basile font allusion à des critiques de différents milieux qui lui reprochaient de ne pas être totalement orthodoxe, et l'évêque était connu pour être un grand admirateur de Platon. Il ne rejetait pas non plus complètement certaines idées du paganisme, comme le montre son traité Aux jeunes gens sur la manière de tirer profit des lettres helléniques. La lutte contre l'arianisme se poursuivit néanmoins, et la cause fut grandement stimulée lorsque le vent impérial tourna avec un nouvel empereur, Théodose Ier (r. de 379 à 395), qui, contrairement à ses prédécesseurs, était un ardent défenseur de l'orthodoxie. Théodose exila Eunomios, fit affirmer l'orthodoxie dans un décret de 380, puis fit condamner une nouvelle fois l'arianisme lors du concile de Constantinople de 381.
Influence sur le monachisme
Auteur de nombreux ouvrages théologiques, Basile contribua à développer le concept de la Trinité dans la doctrine de l'Église, affirma catégoriquement que le fait d'ôter la vie à un être humain, quelles que soient les circonstances, était un péché, et a proposa que les prières adressées aux icônes soient autorisées car elles étaient ainsi transmises à la personne représentée. Il créa un régime influent pour les moines qui équilibrait le travail et le culte, la règle basilienne, qui allait largement définir le monachisme byzantin pour les siècles suivants. Les directives de Basile à l'intention des moines et des moniales et, plus généralement, les réflexions de la communauté chrétienne dans son ensemble, sont exposées dans ses Règles de Saint Basile. Basile encourageait le monachisme cénobitique, c'est-à-dire que les moines ne devaient pas simplement rester cloîtrés mais prendre une part active à la vie de la communauté, en aidant les nécessiteux et en diffusant la parole de Dieu. Ceci est clairement énoncé dans la règle 3 de Basile:
Qui ignore que l'homme est un animal pacifique et sociable, et non un animal solitaire et sauvage ? Car rien n'est plus caractéristique de notre nature que de nous associer les uns aux autres, d'avoir besoin les uns des autres, et d'aimer notre propre espèce ? (Frazee, 28)
Basile souligna également que les monastères devaient veiller à ce que leurs moines travaillent ensemble à des objectifs communs et que le monastère atteigne l'autosuffisance économique en travaillant sa propre terre. On dit que Benoît de Nursie, le célèbre ascète qui fut inspiré par les écrits de Basile sur ces sujets et le monachisme byzantin en général, avait une grande dette envers Basile. Outre ses œuvres théologiques, de nombreuses lettres que Basile avait écrites à ses amis et à des fonctionnaires ont survécu et constituent un aperçu inestimable de l'histoire générale de l'époque et de la vie provinciale en particulier.
La mort
Malheureusement, Basile ne vécut pas assez longtemps pour voir le triomphe final de l'orthodoxie. La date traditionnelle de sa mort est le 1er janvier 379. Cependant, certains spécialistes préfèrent une date antérieure, vers 377. Élevé au rang de saint pour les œuvres de sa vie, Basile reste une figure complexe et quelque peu controversée, les spécialistes de l'Église continuant d'insister sur son orthodoxie totale, tandis que les spécialistes laïques ont tendance à être plus sceptiques. L'influence de saint Basile sur le monachisme reste cependant incontestée et il demeure l'une des figures les plus importantes du christianisme médiéval et de l'Église orthodoxe orientale.