Freyr

6 jours restants

Investissez dans l'enseignement de l'Histoire

En soutenant notre organisation reconnue d'utilité publique, World History Foundation, vous investissez dans l'avenir de l'enseignement de l'Histoire. Votre don nous aide à transmettre à la nouvelle génération les connaissances et les compétences dont elle a besoin pour comprendre le monde qui l'entoure. Aidez-nous à démarrer la nouvelle année prêts à publier des contenus historiques fiables et gratuits pour tous.
$3654 / $10000

Définition

Emma Groeneveld
de , traduit par Yves Palisse
publié le 20 avril 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Freyr (by Jacques Reich, Public Domain)
Freyr
Jacques Reich (Public Domain)

Freyr ('Seigneur' en vieux norrois, parfois orthographié Frey) est le principal dieu de la fertilité dans la mythologie nordique. Son association avec les récoltes, le soleil et la pluie, la virilité, les mariages et son autorité sur les richesses lui confèrent une position importante dans la société scandinave de l'âge des Vikings (c. 790-1100), essentiellement agricole. Cela fait de lui le dieu le plus important de la famille des Vanes (l'autre famille étant celle des Ases). Le lien de Freyr avec la fertilité n'est pas seulement de nature personnelle, il est également très lié à la terre et à ses produits, ce qui explique pourquoi il existe de nombreuses preuves témoignant d'un culte de Freyr. Fils de Njord et frère jumeau de Freyja, Freyr éclipse ces deux divinités vanes en termes de traces de culte actif; de nombreux noms de lieux dérivent de son nom. En outre, la littérature spécialisée et les vestiges archéologiques, en particulier en Suède, apportent des preuves incontestables des sacrifices et de la dévotion dont il fit jadis l'objet. Sous son autre nom, Yngvi-Freyr, il est même considéré comme l'ancêtre mythique de la dynastie royale suédoise des Ynglingar.

Dans le panthéon nordique, Freyr est marié à la géante Gerðr, avec laquelle il a un fils, Fjölnir. Il est célèbre pour être accompagné d'un sanglier (parfois représenté comme un sanglier d'or et nommé Gullinborsti) et possède également le navire Skíðblaðnir, qui lui est souvent d'une grande utilité. De nombreux mythes évoquent ses exploits guerriers et il trouve la mort lors d'une bataille contre le géant Surtr au cours du Ragnarök, le crépuscule des dieux au cours duquel le monde connu est anéanti.

Supprimer la pub
Publicité

Environnement familial

GERÐR EST CONSIDÉRÉE COMME UNE DÉESSE DE LA TERRE, DONT LE MARIAGE AVEC FREYR, QUI REPRÉSENTE LES CIEUX (OU LE SOLEIL) FERTILISANTS, CONSTITUE UN MARIAGE SACRÉ - UN HIEROS GAMOS.

Freyr appartient à la famille des Vanes, un groupe de dieux de la fertilité qui forment en fait une unité familiale très soudée - plus que la famille beaucoup plus nombreuse des Ases, dont les membres sont principalement liés à la guerre et au gouvernement. Les autres membres attestés de la famille sont son père, Njord, qui règne sur le vent, la mer et la richesse, et sa sœur jumelle Freyja, experte en matière d'amour, de luxure et, suivant le fil conducteur, de richesse également. La géante Skadi, épouse de Njord, est généralement considérée comme la mère des jumeaux. Selon le poème Grímnismál qui nous est parvenu par l'Edda poétique, Freyr vit dans Alfheimr, le monde des elfes, qui lui a été offert par les Ases pour fêter l'apparition de sa première dent.

À l'origine, les Vanes n'étaient probablement pas seulement très unis, ils étaient aussi très mélangés les uns aux autres, puisque Freyja aurait d'abord été l'épouse de Freyr, dans un mariage frère-sœur. Cependant, la version la plus connue représentée dans le corpus de la mythologie nordique qui nous est parvenu présente Freyja mariée à Ódr, et Freyr ' courtisant ', mais en fait la menaçant pour qu'elle accepte de devenir sa femme, la géante Gerðr.

Supprimer la pub
Publicité

Cette histoire est relatée dans le Skírnismál ('Les dits de Skírnir') que nous connaissons grâce à l'Edda poétique, compilée vers 1270, mais qui contient des documents remontant au moins au Xe siècle. Elle décrit comment Freyr, assis sur le trône d'Odin, plonge son regard jusqu'au royaume des géants, le Jotunheim, où il aperçoit Gerðr se promenant dans le jardin. Il a le coup de foudre et envoie aussitôt son serviteur Skírnir lui faire une proposition de mariage, en lui prêtant son cheval et son épée. Skírnir arrive bien préparé et apporte des objets pour la conquérir (ou la soudoyer) : onze pommes d'or, l'anneau d'Odin et un bâton. Hautaine, Gerðr les refuse tous, après quoi Skírnir entame un monologue qui se résume en fait à une série de terribles menaces, à commencer par les vers suivants :

Vois-tu bien, jeune fille, cette épée acérée

Qui dans ma main brille d'un éclat sans pareil ?

De ton beau cou ta tête sera séparée
Si tu ne te plies à mon impérieux conseil.
(Skírnismál, 23)

Supprimer la pub
Publicité

Cependant, elle continue de résister, son orgueil ne concédant la défaite qu'après que que Skírnir ait orné son bâton de runes capables de la rendre folle, après quoi elle promet enfin son amour à Freyr. Le sens profond de ce conte quelque peu déconcertant est souvent expliqué de la manière suivante. Gerðr est considérée comme une déesse de la terre, dont le mariage avec Freyr, qui représente les cieux (ou le soleil) fertilisants, constitue un mariage sacré - connu en grec sous le nom de hieros gamos - qui assure la régénération printanière de la terre. Il est même possible d'aller plus loin et de considérer le mythe d'un point de vue plus politique, comme une analogie de la conquête de la terre.

Skírnir and Gerðr
Skírnir et Gerðr
Harry George Theaker (Public Domain)

Freyr et Gerðr sont certainement productifs puisqu'ils ont un fils, Fjölnir, ensemble. Ce Fjölnir aurait été un roi suédois légendaire - dans la lignée du Yngvi-Freyr - et un exemple à ne pas suivre. En effet, un récit datant au moins du IXe siècle relate sa mort, conséquence malheureuse de sa chute dans une cuve d'hydromel lors d'un festin, alors qu'il était dans un état d'ivresse avancé.

Attributs

Freyr n'est pas seul dans ses activités divines, il est accompagné d'attributs, le plus souvent le sanglier et le navire Skíðblaðnir (qui signifie en vieux norrois 'assemblé à partir de morceaux de bois fin'). Selon le mythographe islandais Snorri Sturluson (1179-1241) - notre source la plus complète en ce qui concerne la mythologie nordique - le sanglier apprivoisé de Freyr s'appelait Gullinborsti, 'aux soies d'or', qui tirait son char et était capable de

Supprimer la pub
Publicité

...courir dans l'air et dans l'eau mieux que n'importe quel cheval, et il ne pouvait jamais devenir si sombre dans la nuit ou dans les régions obscures qu'il n'y ait pas assez de lumière là où il allait, tant la lueur émanant de sa crinière et de ses soies était forte. (Skáldskaparmál, 35)

Selon Snorri, Freyr chevauche même directement ce sanglier pour assister à la crémation du dieu Baldr. Bien que les traits de super-sanglier mentionnés soient probablement le fruit de l'imagination de Snorri, le lien avec le sanglier lui-même est probablement ancien. Les sangliers étaient sacrifiés lors du sonarblót, ou sacrifice du sanglier, qui fut très tôt considéré comme une bénédiction pour les récoltes, et, en tant que signes de fertilité, les sangliers s'accordent bien avec les Vanes en général. D'ailleurs, dès 986, le poète islandais Úlfr Uggason associe directement le sanglier à Freyr dans le poème Hávamál, mentionnant même ses soies dorées. En Suède, le sanglier a été adopté par les rois de la dynastie Ynglingar, au point qu'un joyau de la couronne lui est associé : l'anneau Svíagríss, 'sanglier des Suédois'. Le sanglier apprivoisé de Freyr n'apparaît cependant pas très souvent dans les sources littéraires.

The Lovesickness of Freyr
La maladie d'amour de Freyr
W.G. Collingwood (1854 - 1932) (Public Domain)

Le navire Skíðblaðnir est également considéré comme ayant une origine ancienne, puisque la navigation faisait également partie des attributions des Vanes, en particulier de celles de Njord. Il a été construit par des nains et bien construit, car il est doté de pouvoirs incroyables : tous les Ases et leurs armes sont censés pouvoir y prendre place, il est toujours accompagné d'un vent favorable qui le propulse vers l'avant, et il peut même être plié comme une serviette de table et glissé dans la poche d'un individu.

H. R. Ellis Davidson, l'un des grands noms de la mythologie germanique, ajoute également le cheval comme attribut de Freyr et de sa sœur Freyja. Enfin, les sources littéraires dont nous disposons indiquent que la faucille est un autre attribut possible de Freyr, car on la trouve parfois attachée à des bagues ou à des pendentifs et elle est manifestement liée à l'agriculture.

Supprimer la pub
Publicité

Fonction dans la société

La principale fonction de Freyr en tant que dieu nordique réside dans son influence sur la fertilité. Snorri Sturluson le décrit comme suit :

Freyr est le plus noble des dieux; il règne sur la pluie et le soleil et donc sur les produits de la terre; il est bon de l'invoquer pour de bonnes récoltes et pour la paix; il veille à la prospérité de l'humanité. (Gylfaginning, 23)

À l'âge des Vikings, la Scandinavie et d'autres régions sous l'emprise des Vikings dépendaient en grande partie de l'agriculture, de sorte que la dévotion à des dieux de la fertilité tels que Freyr afin d'orienter les récoltes dans la bonne direction est un élément peu surprenant au sein de ces sociétés. Des récoltes abondantes permettaient d'accroître la richesse, ce qui est un autre des domaines de Freyr. Outre l'aspect agricole de la fertilité, Freyr est également lié à l'aspect humain, étant invoqué lors de la célébration des mariages et ayant un rôle à jouer dans les questions de virilité. En représentant cette facette spécifique de la société - alors qu'Odin, par exemple, était considéré comme important pour les dirigeants, les guerriers et les poètes - Freyr était certainement un dieu très important dans la Scandinavie de l'âge des Vikings.

Sa fonction étant étroitement liée aux besoins fondamentaux de la société, il n'est donc pas surprenant que l'on trouve de nombreuses preuves du culte de Freyr.

Cependant, Freyr possédait également d'autres qualités conférant une certaine polyvalence à son caractère et peut-être même à sa fonction. L'Edda en prose (composée vers 1220 par Snorri Sturluson) raconte comment Freyr tue le géant Beli avec un bois de cerf, son épée magique étant toujours en possession de son serviteur Skírnir, et comment, lors du Ragnarök, il affronta le géant Surtr, ce qui n'était peut-être pas la plus judicieuse des décisions étant donné qu'il n'avait toujours pas récupéré son épée, et perdit le combat.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Néanmoins, d'autres textes attestent de ses exploits guerriers, le qualifiant de 'Maréchal des dieux' (Skírnismál 3), d''habile au combat' et de chef des armées (Húsdrapa), de 'protecteur des Ases' (Lokasenna 35), lui attribuant un cheval nommé 'Bloodyhoof' et le décrivant comme le 'plus audacieux des cavaliers' (Lokasenna 37). Bien qu'il ne s'agisse pas d'une association aussi directe avec la guerre que celle que l'on trouve avec les dieux Odin et Thor, W. P. Reaves affirme que Freyr 'n'est pas simplement le dieu de la fertilité d'une population agricole, mais qu'il possède toutes les qualités requises d'un roi idéal : virilité, prouesses militaires et richesse, les attributs nécessaires pour obtenir et conserver un trône' (6). Si l'on considère que Freyr est l'ancêtre mythique de la dynastie suédoise des Ynglingar, cela n'a rien de très surprenant.

Le culte de Freyr

Il n'est pas surprenant de constater de nombreux indices d'un culte de Freyr, dans la mesure où sa fonction est étroitement liée aux besoins fondamentaux de la société. L'examen des noms de lieux contenant le nom d'une divinité est l'un moyen permettant de déceler l'existence d'un culte potentiel à cette divinité. Dans le cas de Freyr, des lieux tels que Fröslunda ('le bosquet dédié au dieu Freyr'), Freysaker, Freysland, Freyshof et Freyslundr (tous contenant des mots faisant référence à des champs, des prairies, etc.) montrent une distribution concentrée principalement en Norvège et en Suède, bien que Franeker aux Pays-Bas ne trahisse les racines germaniques plus larges de Freyr.

La littérature fait état de sacrifices en l'honneur de Freyr. Par exemple, il y avait le sonarblót ('sacrifice de sonar') dans lequel un sanglier connu sous le nom de sonargöltr ('sanglier sacrificiel') était sacrifié à Freyr pour s'assurer de bonnes récoltes. Le poème Helgakviða Hjörvarðssonar et la saga Hervarar saga ok Heiðreks décrivent tous deux comment, le soir de Yule, les participants plaçaient leurs mains sur le dos de ce sanglier pendant qu'ils prêtaient serment, après quoi le sanglier était tué. La Heimskringla va un peu plus loin dans sa description d'une fête sacrificielle à Trøndelag, en Norvège, au Xe siècle. Les participants buvaient ensuite de la bière sacrée et mangeaient la viande, en portant des toasts à Odin, Njord et Freyr pour s'attirer leurs faveurs.

Scandinavian Gold-Foil Picture
Image scandinave recouverte d'une feuille d'or
Lokis Tochter (CC BY-SA)

Un autre sacrifice lié à Freyr est le Frøsblot ('sacrifice de Frø', Frø étant un autre nom pour Freyr) tel qu'il a été rapporté par Saxo Grammaticus, un érudit danois qui a vécu vers 1150-1220. À Uppsala, en Suède, un certain Haddingus aurait institué un sacrifice annuel à Freyr - le Frøsblot - en guise d'expiation envers le dieu, ce qui semble lié au grand sacrifice d'Uppsala censé avoir eu lieu tous les neuf ans.

Il est possible qu'il y ait eu un temple à Uppsala, comme le prouve un récit célèbre - basé sur des informations non confirmées, mais généralement considéré comme raisonnablement ou modérément authentique - écrit par Adam de Brême vers 1070. Adam parle d'un grand temple doré orné des statues de Thor, d'Odin et de Fricco (synonyme de Freyr), ce dernier étant paré d'un 'immense phallus' (4). Tous les neuf ans, l'on y aurait sacrifié des hommes, des chevaux et des chiens, dont les corps se seraient balancés aux arbres du bosquet sacré. Les données archéologiques ne confirment pas l'existence d'un temple, bien que d'autres bâtiments, dont une grande salle, aient été découverts entre le IIIe et le Xe siècle. Comme l'explique A. Hultgård,

Ce qui ne peut être remis en question... c'est l'importance du festival d'Uppsala en tant que manifestation religieuse et politique, l'existence d'un bois sacré et d'un bâtiment pour les repas rituels de la communauté, probablement une salle (triclinium). D'autres détails rapportés par Adam semblent également provenir d'une tradition authentique. Il était d'usage d'interpréter divers chants pendant les offrandes rituelles et certains d'entre eux étaient très probablement adressés au dieu Freyr qui, selon Adam, était invoqué pour les mariages et la fertilité. (Brink et Price, 216)

Le culte de Freyr s'étendait également au-delà des mers, puisque les sources historiques islandaises abondent non seulement en serments qui l'impliquent ('aidez-moi Freyr et Njord et hinn almáttki áss', c'est-à-dire le dieu tout-puissant), mais mentionnent même à plusieurs reprises des hommes connus sous le nom de Freysgoði, ou prêtres de Freyr.

Les indices que constituent les noms de lieux et la documentation sur l'existence d'une activité cultuelle et d'une dévotion répandues et visibles à l'égard de Freyr sont agréablement renforcés par les données archéologiques dan la mesure où l'on a pu trouver des objets souvent associés à Freyr. Parmi ces objets, le plus flagrant est une statuette en bronze provenant de Rällinge, en Suède. Elle a la forme d'un homme barbu, assis les jambes croisées et arbore un pénis en érection. On trouve également en Scandinavie de minuscules images de feuilles d'or qui pourraient représenter le mariage sacré entre Freyr et Gerðr, ainsi que des miniatures de faucilles (un attribut possible de Freyr) et des pendentifs ou des anneaux en forme d'outils servant à faire du feu qui seraient liés à des cultes de fertilité. L'un dans l'autre, il semblerait bien que Freyr ait été un dieu particulièrement utile à invoquer en cas d'urgence .

Supprimer la pub
Publicité

Questions & Réponses

Freyr est-il le même que Freyja?

Dans la mythologie nordique, Freyr est le frère jumeau de Freyja. Les deux dieux de la fertilité sont les enfants du dieu de la mer Njörd.

Traducteur

Yves Palisse
Linguiste passionné d'Histoire, Yves P Palisse est un traducteur indépendant possédant des années d’expérience dans les domaines de la traduction, de l’analyse des médias et du service à la clientèle. Après avoir beaucoup voyagé dans toute l'Europe, Il a fini par poser ses bagages à londres en 1999. Il a une passion pour les sciences humaines, le droit et la justice sociale.

Auteur

Emma Groeneveld
Emma a étudié l'histoire et l'histoire ancienne. Pendant sa maîtrise, elle s'est concentrée sur Hérodote, ainsi que sur les anecdotes croustillantes de la politique des cours antiques. Plus récemment, elle s'est plongée dans la préhistoire au sens large.

Citer cette ressource

Style APA

Groeneveld, E. (2018, avril 20). Freyr [Freyr]. (Y. Palisse, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16973/freyr/

Style Chicago

Groeneveld, Emma. "Freyr." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. modifié le avril 20, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16973/freyr/.

Style MLA

Groeneveld, Emma. "Freyr." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 avril 2018. Web. 25 déc. 2024.

Adhésion