Constantin X Doukas

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Définition

Michael Goodyear
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 août 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Constantine X Doukas (by Classical Numismatic Group, CC BY-SA)
Constantin X Doukas
Classical Numismatic Group (CC BY-SA)

Constantin X Doukas fut le souverain de l'Empire byzantin de 1059 à 1067. Sous son règne, l'Empire byzantin fut attaqué de toutes parts par des ennemis émergents, notamment les Normands en Italie et les Turcs seldjoukides en Arménie et en Anatolie. La politique de Constantin isola les Arméniens monophysites, réduisit les effectifs de l'armée au pire moment et contribua au déclin général de Byzance pendant la seconde moitié du XIe siècle. Bien que Constantin ait été un empereur médiocre, ce sont ses successeurs qui durent assumer son lourd héritage.

Succession et règne

Constantin était issu d'une puissante famille de propriétaires terriens d'Anatolie et était lié par mariage à d'autres grandes familles byzantines. Il épousa par exemple Eudocie Makrembolitissa, la nièce de Michel Ier Cérulaire, le patriarche de Constantinople. Constantin avait été emprisonné par Jean l’Orphanotrophe, le pouvoir effectif derrière le trône, sous le règne de Michel IV le Paphlagonien (r. de 1034 à 1041) pour avoir soutenu un rebelle présumé. Cependant, Constantin disparut de l'histoire pendant les deux décennies suivantes, qui virent la fin définitive de la dynastie macédonienne régnante en 1056 et l'émergence d'une période d'incertitude quant à l'identité du futur dirigeant de Byzance. Constantin soutint Isaac I Comnène (r. de 1057 à 1059) lors de sa rébellion contre Michel VI (r. de 1056 à 1057), mais on ne sait pas exactement quelle position il occupait, le cas échéant, dans l'administration d'Isaac. Lorsqu'Isaac mourut deux ans plus tard, il désigna Constantin comme son successeur, peut-être grâce aux machinations du ministre et historien Michel Psellos, dont l'Histoire est en grande partie un panégyrique de la famille Doukas.

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En 1059, Constantin réduisit les effectifs des armées pour diminuer les coûts, au moment précis où de nouveaux ennemis puissants attaquaient l'Empire byzantin.

Constantin prit soin de cultiver une image populaire dans la capitale en statuant lui-même sur des affaires juridiques, en se présentant comme pieux et en rétablissant les honneurs et les salaires de ceux qui les avaient perdus sous le règne d'Isaac. Contrairement à Isaac, Constantin n'était pas fvraiment prudent. Dans une décision déconcertante et très inopportune, qui finit par avoir des conséquences désastreuses, il réduisit les effectifs des armées pour diminuer les coûts en 1059, au moment précis où de nouveaux ennemis puissants - les Pechénègues, les Normands et les Turcs seldjoukides - attaquaient l'Empire byzantin.

En 1060, un groupe comprenant le préfet de Constantinople et d'autres fonctionnaires impériaux élabora un complot visant à assassiner Constantin. Celui-ci réussit de justesse à s'échapper, mais son frère Jean réussit à rétablir l'ordre en un rien de temps. Si la liquidation réussie de la tentative de coup d'État contribua à consolider le règne de Constantin, elle démontra également la fragilité de ses débuts.

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La piété de Constantin l'amena à intensifier les persécutions contre les chrétiens non orthodoxes, notamment les monophysites, qui avaient des croyances divergentes sur la nature du Christ. Les patriarches Constantin Lichoudès et Jean Xiphilin soutinrent volontiers la politique de Constantin, exilant ou emprisonnant les principaux hommes d'église monophysites et menaçant les monophysites dans les provinces orientales, comme la ville de Mélitène. Cette politique finit par se retourner contre lui en refroidissant le soutien des monophysites à Byzance. Dans l'Empire byzantin, les monophysites étaient principalement des Arméniens résidant dans les provinces orientales bordant l'empire en expansion des Turcs seldjoukides. Lorsque les Turcs seldjoukides poursuivirent leurs incursions en Anatolie, la perte du soutien arménien constitua un sérieux handicap, surtout si l'on tient compte de la réduction des armées par Constantin.

Invasions étrangères

Le récit historique manque d'informations sur les mouvements exacts des Turcs seldjoukides sous le règne de Constantin, mais il ne fait aucun doute qu'ils continuèrent à pénétrer de plus en plus profondément dans l'Anatolie byzantine, sans doute aidés par la réduction des effectifs de l'armée. Cependant, les Turcs subirent des représailles. Après avoir attaqué des villes byzantines, une force fut traquée et vaincue par une force byzantine dirigée par le duc d'Édesse et Hervé Frankopoulos, un général mercenaire normand engagé par Byzance. Cependant, le duc fut tué au cours de la bataille et Frankopoulos fut exécuté pour trahison.

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En 1064, Alp Arslan (r. de 1063 à 1072) devint sultan seldjoukide. Voulant démontrer qu'il était aussi puissant que son prédécesseur, son oncle Tughril (r. de 1037 à 1063), Alp Arslan conduisit une force dans l'Arménie byzantine. Ses forces s'emparèrent des forts byzantins, forcèrent Bagrat IV de Géorgie (r. de 1027 à 1072) à se soumettre, puis convergèrent vers l'ancienne capitale arménienne d'Ani. Ani et le royaume d'Arménie, le plus grand des royaumes arméniens, avaient été annexés par l'Empire byzantin en 1045. Elle disposait de solides défenses et, dans des circonstances normales, les murs d'Ani auraient résisté aux Seldjoukides. Cependant, Constantin avait nommé un gouverneur qui n'avait pas entretenu les défenses et n'avait pas payé les troupes. Le 16 août 1064, certains défenseurs abandonnèrent leurs postes et les Seldjoukides mirent la ville à sac.

The Byzantine Empire c. 1045 CE
L'Empire byzantin vers 1045 CE
Andrei nacu (Public Domain)

Contrairement aux précédentes incursions turques en territoire byzantin, Alp Arslan annexa Ani à son empire. Ce fut le signal d'un point de basculement: les Turcs allaient devenir un rival majeur, capable de s'emparer des terres byzantines et désireux de le faire. Ironiquement, la perte d'Ani au profit des Turcs entraîna la cession volontaire du petit royaume arménien de Kars, l'un des derniers États arméniens, par Gagik-Abas (r. de 1029 à 1065) à l'Empire byzantin. Gagik-Abas espérait que les Byzantins assureraient une meilleure défense et, en échange de son royaume, il obtint des domaines plus sûrs en Anatolie centrale.

Entre-temps, un grand raid de Turcs Oghuz (un groupe distinct des Turcs Seldjoukides) eut lieu dans les Balkans. Bien que ce groupe soit reparti aussi vite qu'il était venu, il ravagea la Bulgarie et la Macédoine et put atteindre la Grèce. Cela démontra l'incapacité croissante des forces byzantines à faire face à de nouveaux défis. À peu près à la même époque, un soulèvement contre les taxes impériales eut lieu en Grèce, sous la direction de Nikoloutzas Delphinas. Une amnistie générale y mit fin et Nikoloutzas fut exécuté. L'empire byzantin de Constantin était confronté à des problèmes de toutes parts.

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Cependant, c'est en Italie que les revers byzantins sous le règne de Constantin furent les plus marqués. Après la victoire des Normands sur le pape en 1053, les Normands continuèrent à s'emparer des villes de l'Italie méridionale byzantine. En 1057, les frères Robert Guiscard et Roger prirent le contrôle des forces normandes en Calabre et conquirent la région au cours des trois années suivantes. Seules les Pouilles, le côté de la botte italienne le plus proche des Balkans, restèrent aux mains des Byzantins. En 1059, le pape réformateur Nicolas II, à la recherche d'un allié contre un antipape rival à Rome, tourna une nouvelle page de l'histoire de l'Italie du Sud en déclarant Robert duc des Pouilles, de Calabre et de Sicile. Certes, le pape n'avait pas le pouvoir de donner les Pouilles, encore aux mains des Byzantins, aux Normands (ni d'ailleurs la Sicile, qui était sous domination musulmane), mais le sentiment de légitimité donné aux Normands les aida à lutter contre les Byzantins.

L'Italie avait toujours été de peu d'importance pour les Byzantins, passant après leurs principales provinces des Balkans et d'Anatolie. C'est pourquoi Constantinople n'envoya pas de forces supplémentaires pour aider les gouverneurs des villes byzantines des Pouilles à vaincre les Normands. Au mieux, les gouverneurs pouvaient espérer résister aux attaques normandes. L'avancée des Normands fut ralentie par des dissensions internes et par une expédition visant à conquérir la Sicile musulmane. Les Byzantins s'alarmèrent lorsqu'une flotte normande fut lancée pour la première fois contre les Balkans en 1066, mais la flotte byzantine la détruisit avant qu'elle n'atteigne les côtes balkaniques. En 1068, Robert Guiscard entama le siège de la capitale provinciale byzantine des Pouilles, Bari, qui durerait trois ans. Lorsque Bari fut prise en 1071, la présence byzantine en Italie disparut pour la première fois depuis le règne de Justinien (r. de 527 à 565).

Mort et héritage

Contrairement à ses prédécesseurs immédiats, Constantin tenta de créer une dynastie. Il eut trois fils, le premier empereur à avoir un fils depuis Romain II (r. de 959 à 963), et il fut le premier à essayer d'établir une dynastie depuis les Paphlagoniens, Michel IV (r. de 1034 à 1041) et Michel V (r. de 1041 à 1042). Constantin nomma ses fils Michel et Constantin co-empereurs et son frère Jean au poste élevé de césar. Cependant, il n'y avait pas de principe dynastique établi dans l'Empire byzantin. Si la dynastie macédonienne (r. de 867 à 1056) était considérée comme le souverain légitime aux yeux du peuple, il s'agissait d'une exception due à la longévité de la dynastie. Après la mort de Constantin, la famille Doukas s'avérera incapable de créer le même sentiment de dynastie impériale.

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Constantin tomba malade en octobre 1066 et fut probablement frappé d'incapacité jusqu'à sa mort, le 22 ou le 23 mai 1067. Ses fils étaient encore des enfants lorsqu'il mourut, et la succession était donc impossible. Profitant de ce vide, Romain IV Diogène (r. de 1068 à 1071), un commandant militaire, prit la relève et hérita de l'Empire byzantin, avec tous les problèmes engendrés par le règne de Constantin et les circonstances internationales. Les politiques de Constantin et l'émergence de nouveaux ennemis puissants avaient créé la tempête parfaite qui culmina au lendemain de la défaite de Romain face aux Turcs seldjoukides à la bataille de Manzikert en 1071. Après cela, le déclin de l'Empire byzantin s'accéléra et les Byzantins ne furent jamais en mesure de se rétablir complètement.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Michael Goodyear
Michael est diplômé en histoire et en langues et civilisations du Proche-Orient de l'Université de Chicago, où il a principalement étudié l'histoire byzantine. Il est également titulaire d'un diplôme de la faculté de droit de l'Université du Michigan.

Citer cette ressource

Style APA

Goodyear, M. (2018, août 23). Constantin X Doukas [Constantine X Doukas]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-17287/constantin-x-doukas/

Style Chicago

Goodyear, Michael. "Constantin X Doukas." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le août 23, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-17287/constantin-x-doukas/.

Style MLA

Goodyear, Michael. "Constantin X Doukas." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 août 2018. Web. 21 déc. 2024.

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