Robert de Hauteville dit Robert Guiscard (1015-1085) était un chevalier normand connu pour avoir conquis une grande partie de l'Italie du Sud et de la Sicile au cours du XIe siècle. Ses nombreux exploits incluent l'expulsion des Byzantins d'Italie, le soutien d'une papauté réformatrice et la mise en place des fondations d'un nouveau royaume normand en Sicile vers 1130.
Famille
Le père de Robert, Tancrède de Hauteville (c. 980-1041), était un petit seigneur normand surtout connu grâce aux exploits de ses douze fils. Par ordre chronologique décroissant, les fils de Tancrède par sa première femme étaient Guillaume "Bras-de-fer", comte de Pouille (c. 1042-1046), Drogon, comte de Pouille (c. 1046-1051), Onfroi, comte de Pouille (c. 1051-1057), Godefroi, comte du Capitole (vers 1054-1071) et Serlon. La seconde femme de Tancrède, Frédésende, lui donna sept autres fils: Robert "Guiscard", comte des Pouilles (1057-1059), puis duc des Pouilles, de Calabre et de Sicile (1059-1085), Mauger, comte du Capitole (c. 1053-1054), Guillaume, comte du Principat (c. 1055-1080), Alfred, Tancrède, Hubert, et enfin Roger, comte de Sicile (c. 1071-1101).
La famille de Tancrède étant très nombreuse et son domaine très petit, plusieurs de ses fils décidèrent de chercher la gloire et la fortune en dehors des frontières de la Normandie. Des rumeurs circulaient selon lesquelles l'Italie du Sud était en proie à des dissensions politiques et avait besoin de soldats compétents. Par conséquent, de nombreux fils de Tancrède, dont Robert, décidèrent de se rendre en Italie à leur majorité, et la plupart d'entre eux y connurent un succès remarquable.
Premières campagnes italiennes, 1047-1059
Les campagnes italiennes de Robert Guiscard débutèrent vers 1047 lorsqu'il arriva à la cour de son frère Drogon, à la recherche d'une seigneurie. N'aimant guère ses demi-frères, Drogon envoya d'abord Robert se débrouiller seul dans la région plus rustique de la Calabre. C'est au cours de ces premières années que Robert acquit la réputation d'un commandant militaire doué, ce qui lui valut l'épithète de "Guiscard", qui signifie rusé ou astucieux. Robert passa ces années à apprendre à survivre grâce à la terre et à son intelligence.
Étonnamment, Robert excella pendant son séjour en Calabre, gagnant sa vie en terrorisant la campagne et en développant une bande de partisans avides de pillage. En pillant la population locale, Robert pouvait démontrer que les Byzantins ne pouvaient pas protéger leurs terres, ce qui rendait ces régions potentiellement plus favorables à un changement politique. À cette époque, Robert conclut également une alliance matrimoniale avantageuse avec une fille de la famille Buonalbergo qui soutint alors sa cause en ajoutant quelques centaines de chevaliers à son entourage de plus en plus nombreux. Le pouvoir et l'influence de Robert ne cessèrent de croître jusqu'en 1053, date à laquelle il fut appelé à combattre une coalition normande à la bataille de Civitate.
Une force normande combinée réussit à vaincre une armée papale beaucoup plus importante à Civitate, consolidant les droits normands sur les terres récemment conquises. En outre, Civitate établit Robert en tant que puissance normande prééminente dans la région. Quatre ans plus tard, lorsque le demi-frère de Robert, le comte Onfroi, mourut vers 1057, Robert prit le contrôle de ses vastes domaines et de son titre, faisant de Robert l'un des plus puissants seigneurs normands d'Italie du Sud.
C'est à cette époque que Robert, devenu comte des Pouilles, divorça de sa première épouse et contracta un mariage beaucoup plus avantageux sur le plan politique avec la sœur du prince de Salerne, Sykelgaite (alias Sichelgaite, 1040-1090). Ce mariage (vers 1058) est important car Robert avait épousé une princesse lombarde et faisait désormais partie de la noblesse lombarde. Cela aida Robert à se faire accepter en tant que nouveau souverain des anciennes terres lombardes. En apparence, le souverain de Salerne, Gisulf (alias Gisolf, r. de 1052 à 1077), et Robert auraient dû être alliés, bien qu'ils soient restés en désaccord l'un avec l'autre pendant la plus grande partie de leur vie. Quoi qu'il en soit, le mariage avec Sykelgaite contribua à renforcer la réputation et le pouvoir de Robert, qui ne cessèrent de croître.
Investiture papale, 1059
L'une des ironies de la bataille de Civitate est qu'en fait elle rapprocha les Normands et la papauté. Six ans après la bataille, le nouveau pape Nicolas II (r. de 1059 à 1061) tenta de réformer le processus d'élection du pape en le soustrayant à l'influence de la noblesse laïque et en le confiant à un groupe de cardinaux triés sur le volet. Ces réformes risquaient de provoquer la colère des seigneurs aristocrates et en particulier des empereurs du Saint Empire romain germanique qui avaient de tout temps installé des candidats papaux favorables à leurs propres programmes politiques.
Nicolas voyait en Robert Guiscard et d'autres seigneurs normands une source de soutien et de protection. C'est pourquoi, lors du synode de Melfi, le 23 août 1059, Nicolas II investit officiellement Robert du titre de duc des Pouilles, de Calabre et de Sicile, en échange de sa sauvegarde du Saint-Siège. Robert accepta son nouveau titre, ce qui fit de lui le plus grand propriétaire terrien normand d'Italie, à peine dix ans après son arrivée.
L'investiture de Robert s'accompagnait d'une mise en garde: son duché était loin d'être pacifié. Les Pouilles et la Calabre étaient toujours revendiquées par les Byzantins, et toute la Sicile était encore tenue par des émirats islamiques semi-indépendants. Sans se décourager, Robert passera les douze années suivantes à conquérir chacune de ses provinces à tour de rôle, en commençant par la capitale byzantine de la Calabre, Reggio.
Années de conquête, 1060-1073
La Calabre avait toujours été une région plus calme au sein des domaines de Robert, en partie à cause des siècles de raids côtiers islamiques, la rendant moins développée et moins riche que les Pouilles. Robert avait toujours besoin de la ville de Reggio, stratégiquement importante, pour sécuriser ses ressources maritimes et évincer les Byzantins de leur capitale calabraise. En 1060, Robert était prêt, avec une armée qu'il avait amenée des Pouilles, à rencontrer son jeune frère Roger à l'extérieur de la ville. Roger avait passé l'hiver précédent à construire des engins de siège et à préparer un assaut sur Reggio, qui tomba aux mains de leurs forces combinées au début de l'année 1060.
Depuis sa base sécurisée de Reggio, Robert pouvait lancer des attaques sur la Sicile, située à quelques kilomètres seulement de l'autre côté de l'étroit détroit. La tête de pont la plus logique était Messine, que les frères parvinrent à prendre presque par surprise en mai 1061. À partir de ce moment, la conquête de la Sicile prit près de trois décennies, principalement parce que Robert était constamment confronté à des rébellions et à des soulèvements de la part de ses vassaux apuliens jaloux. En conséquence, Robert laissa à Roger le soin de soumettre l'île, tandis que lui concentrerait son énergie et ses ressources sur son encombrante frontière orientale. En 1068, après près de sept ans de préparation, Robert était enfin prêt à attaquer la source de tant d'intrigues et de problèmes sur ses terres apuliennes, la ville byzantine de Bari. Le chroniqueur Guillaume de Pouilles explique le raisonnement de Robert dans le passage suivant:
Ses ennemis entièrement soumis et toutes leurs forteresses capturées, il se prépara à assiéger les habitants de Bari. Aucune ville des Pouilles ne dépassait l'opulence de Bari. Il l'assiégea, riche et solidement défendue, afin qu'en dominant les dirigeants d'une si grande ville, il puisse terrifier et soumettre les villes moins importantes, car de toutes les villes de la côte des Pouilles, Bari était la plus grande. Le duc garnit son camp de soldats et remplit la mer de navires apportés par les Calabrais. (27)
Le siège de Bari, 1068-1071
Bari se trouvait juste en face de l'Illyrie byzantine, de l'autre côté de l'Adriatique, et pouvait donc être facilement ravitaillée en troupes et en vivres. Les Byzantins étant également des marins bien plus expérimentés, les habitants de Bari se sentaient capables de résister à Robert qui n'était pas connu pour sa suprématie navale.
Cependant, Robert avait discrètement augmenté sa capacité navale depuis le début des années 1060. Ses nombreuses villes portuaires de Calabre et des Pouilles lui fournissaient des navires et des marins expérimentés qu'il mettait désormais à contribution. C'est donc à la surprise des citoyens de Bari que Robert forma un blocus naval autour de leur port. Pour s'assurer qu'aucun navire byzantin ne passe au travers, il enchaîna ses propres navires, ce qui permettait à ses troupes de passer rapidement d'un navire à l'autre pour soutenir les zones attaquées. Le siège commença le 5 août 1068 et dura trois années difficiles. Selon Guillaume des Pouilles:
Il [Robert] attaqua la ville avec courage. Les habitants, qui n'hésitaient pas à se battre, résistèrent vaillamment. Il prépara soigneusement des mantelets près des portes, sous la protection desquels il plaça des hommes armés en embuscade; il prépara une tour en bois pour surplomber les murs, de chaque côté de laquelle il plaça des lance-pierres, ainsi que toutes sortes d'engins de siège susceptibles d'abattre les murs. Néanmoins, les citoyens continuèrent à défendre leur ville et ne se contentèrent pas de rester à l'intérieur de leurs défenses, mais sortirent des murs pour combattre le duc. Ils mirent en fuite ses soldats et les firent tomber sous leurs coups. (28)
Ce n'est qu'en 1071, lorsque Roger arriva de Sicile avec ses propres navires, que l'on sortit de l'impasse. Roger battit et dispersa une flotte de secours byzantine attendue depuis longtemps, à la grande consternation des citoyens affamés de Bari. Par la suite, le désespoir se répandit dans la ville, tout comme les discussions sur la question de savoir s'il fallait se rendre. Finalement, une faction de la ville fit entrer quelques troupes de Robert par une porte et la ville tomba peu après. Robert entra dans Bari le 16 avril 1071, marquant symboliquement le début d'une nouvelle ère de domination sur les terres italiennes de Robert.
Robert ne fut pas cruel avec les citoyens de Bari, restituant de nombreux domaines et propriétés à ceux qui en avaient été privés. Il est probable que Robert souhaitait s'attirer les faveurs de ses nouveaux sujets, car il prévoyait immédiatement de les faire marcher vers la Sicile, où ils l'aideraient à prendre son prochain objectif, la ville de Palerme.
Siège de Palerme, 1071-1072
Palerme, au XIe siècle, était une belle et riche métropole qui connaissait une sorte d'âge d'or. L'historien John Julius Norwich décrit la ville de la manière suivante:
Au milieu du XIe siècle, Palerme était l'un des plus grands centres de commerce et culturels du monde musulman. Le Caire la dépassait sans doute en taille, Cordoue en magnificence, mais pour la beauté de sa situation, la perfection de son climat et tout l'éventail des commodités qui, ensemble, constituaient la douceur de vivre caractéristique des Arabes, Palerme était suprême. (176)
Palerme serait une riche récompense pour Robert, mais il faudrait aussi une force importante et dévouée pour conquérir une cible aussi riche et précieuse. Six mois seulement après la prise de Bari, Robert se trouvait devant les murs de Palerme, prêt à entamer un nouveau siège.
Robert amena en effet une grande armée et sa marine pour bloquer le réapprovisionnement par la mer. Le chroniqueur contemporain Geoffroi Malaterra décrivit la prise d'assaut de la ville dans le passage suivant:
Pendant cinq mois, l'ennemi a maintenu une défense acharnée et vigilante de la ville. Après avoir très habilement construit des engins de siège et des échelles pour escalader les murs, le duc pénétra furtivement dans les jardins du côté de la mer où se trouvait la flotte, avec trois cents chevaliers, avec l'intention de prendre la ville d'assaut. Il demanda à son frère de faire de même de l'autre côté où il se trouvait. A son signal, les hommes qu'il conduisit agirent rapidement et forcèrent l'entrée en poussant de grands cris de joie... Un pan de muraille dont ils ne s'étaient pas inquiétés avait été imprudemment laissé sans surveillance; les hommes de Guiscard y placèrent leurs échelles et l'escaladèrent. La ville extérieure fut prise et les portes de fer furent ouvertes pour permettre à leurs camarades d'y pénétrer. Le duc et le comte, avec toute leur armée, prirent position à l'intérieur des murs. (62)
Après une défense courageuse, la ville se rendit à Robert le 10 janvier 1072. Il s'empara ainsi de la possession la plus lucrative de la Sicile, bien qu'une grande partie de l'île n'ait pas encore été conquise. Robert fit alors de Roger le comte de Sicile, lui laissant le soin de soumettre les émirats islamiques restants. Robert resterait à Palerme pendant la majeure partie de l'année 1072, aidant à reconfigurer l'administration du gouvernement existant de la ville qui fonctionnerait à peu près comme auparavant.
Règne de Robert Guiscard
L'un des traits caractéristiques du règne de Robert était sa politique relativement clémente à l'égard des sujets des terres conquises. Même ses vassaux rebelles des Pouilles bénéficièrent d'une tolérance remarquable à la suite de leurs divers soulèvements. La conquête de Bari et de Palerme ne dérogea pas à la règle, puisque Robert autorisa le gouvernement de ces villes à se maintenir avec peu de changements.
Palerme, par exemple, fut autorisée à s'autogouverner dans le cadre du système existant avant la conquête normande. L'islam pouvait encore être pratiqué et la loi islamique était toujours respectée pour ceux qui adhéraient à la foi musulmane. En outre, Robert respectait généralement la vie, les biens et les droits des habitants de Palerme. Il exigeait naturellement un tribut annuel et la fidélité de ses citoyens, mais à une époque où la justice était sévère, surtout après une résistance acharnée de la part d'une ville, il était relativement juste et équilibré dans ses proclamations.
Cela s'explique principalement par le fait que les Normands n'étaient pas venus en tant que colons sur les terres conquises, mais en tant qu'élite dirigeante. En tant que tels, ils avaient besoin de la coopération et de l'acceptation de leurs sujets, sans lesquelles ils auraient eu du mal à maintenir leurs gains territoriaux. Robert et Roger étaient particulièrement sensibles au fait qu'ils gouvernaient des royaumes multiculturels ethniquement diversifiés, avec des coutumes et des traditions variées. En respectant ces points de vue souvent contradictoires, de nombreux sujets de Robert purent continuer à travailler comme d'habitude, sans subir les bouleversements économiques et sociaux souvent associés à la conquête par une puissance étrangère. Cela permit non seulement de stabiliser le commerce et l'État de droit, mais aussi de rendre la transition du pouvoir politique plus acceptable pour ses nouveaux vassaux.
Poursuite de la conquête, 1073-1085
De retour en Italie vers 1073, Robert réprima un nouveau soulèvement de ses barons indisciplinés avec la légèreté qui le caractérisait. Le climat politique en Italie changea quelque peu en 1073 avec l'élection du pape Grégoire VII (r. de 1073 à 1085), et Robert eut besoin de tout le soutien qu'il put obtenir. Comme Nicolas II, Grégoire était un réformateur, mais peut-être plus sévère. Excommunié à deux reprises par Grégoire, Robert réussit à survivre à la tourmente politique des années 1070, acquérant même la ville d'enfance de sa femme, Salerne, en 1076. C'est à partir de cette nouvelle capitale que Robert commencerait à planifier sa prochaine aventure militaire.
Homme ambitieux que l'âge ne décourageait pas, Robert conçut un casus belli pour envahir et peut-être conquérir l'Empire byzantin à proprement parler en 1080, en commençant par la ville grecque de Dyrrhachium (Durrës actuelle), de l'autre côté de la mer Adriatique. La princesse et chroniqueuse byzantine Anne Comnène (1083-1153) discrédite l'ambition de Robert dans le passage suivant :
En effet, ils reconnurent maintenant l'objectif du duc Robert et virent qu'il avait occupé la plaine d'Illyrie, non pas dans le but de piller les villes et les campagnes, d'amasser un important butin et de retourner ensuite en Apulie, comme la rumeur l'avait rapporté, mais qu'il s'efforçait réellement de devenir le maître de l'Empire romain et qu'il était impatient de prendre Dyrrachium d'assaut, pour commencer, pour ainsi dire. (Livre IV. I.)
Robert et ses fils remportèrent un succès considérable en attaquant les Byzantins sur leur propre territoire entre 1081 et 1085. Cependant, les Normands semblent avoir rencontré leur égal avec le nouvel empereur byzantin, Alexis I Comnène (r. de 1081 à 1118), qui parvint à inverser de nombreux progrès réalisés par les armées de Robert. Peut-être au grand soulagement d'Alexis et de la province d'Illyrie, Robert mourut de fièvre en route vers la Céphalonie le 17 juillet 1085, à l'âge de 70 ans.
Héritage
Le succès légendaire de Robert Guiscard peut être considéré comme le produit de son sens militaire associé à une sage tolérance à l'égard des dissensions. Ses représailles relativement indulgentes étaient peut-être dues à la nécessité, car il avait besoin du soutien de ses barons rebelles pour les conquêtes futures et le maintien de la stabilité sur les terres nouvellement conquises. Quoi qu'il en soit, il parvint, en l'espace de quelques années seulement, à recoller les morceaux d'une région presque désespérément fracturée pour en faire une unité politique cohérente et cosmopolite. L'historien John Julius Norwich résume l'héritage de Robert en quelques lignes :
Robert avait trouvé en Italie du Sud une confusion de races et de religions, de principautés, de duchés et de petites baronnies, tous perpétuellement et inutilement en conflit; il la laissa soudée en un seul État...Quant à sa vaillance personnelle, la preuve la plus révélatrice est donnée par Guillaume de Malmesbury, qui raconte comment le duc Guillaume de Normandie - le Conquérant - avait l'habitude d'augmenter son propre courage en se rappelant celui des Guiscard; et en effet, dans leurs exploits, les deux plus grands Normands de leur temps avaient plus qu'un peu de choses en commun. (249)
En fin de compte, Robert et ses compatriotes normands contribuèrent à modifier complètement l'équilibre des forces dans la péninsule italienne au XIe siècle. Expulsant les Byzantins, soutenant la papauté et traitant avec les empereurs romains comme il l'entendait, Robert s'imposa en tant que nouveau centre de pouvoir européen dans le sud de l'Italie. Grâce à sa grande énergie, à ses prouesses militaires et à sa forte personnalité, les ambitions sans fin de Robert contribuèrent à donner un sentiment de stabilité à un royaume instable.