Bataille de Nicopolis

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 08 novembre 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol, Turc
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Battle of Nicopolis, 1396 CE (by Sébastien Mamerot, Public Domain)
Bataille de Nicopolis, 1396 CE
Sébastien Mamerot (Public Domain)

La bataille de Nicopolis, en septembre 1396, également connue sous le nom de "croisade de Nicopolis", fut une tentative des alliés français, hongrois et européens d'endiguer la menace des Turcs ottomans qui s'enfonçaient de plus en plus vers l'ouest de l'Europe. Nicopolis, en Bulgarie, fut le théâtre d'une défaite dramatique et décisive, lorsqu'une armée de croisés indisciplinée et trop confiante fut largement anéantie. Bien que des campagnes plus modestes aient suivi au 15e siècle, le désastre de Nicopolis mit fin à la longue série de croisades à grande échelle qui avait vu d'énormes armées chrétiennes combattre les armées musulmanes en Asie occidentale et maintenant en Europe.

Les Turcs ottomans

Le chef des Turcs ottomans qui contrôlaient alors l'Anatolie était Bayezid Ier (alias Bajazet, r. de 1389 à 1402), également connu sous le nom de Yilderim (le Tonnerre). Bayezid perpétuait les succès de son père Mourad Ier (r. de 1362 à 1389) dans les Balkans et conquit la Bulgarie. Les Ottomans jetèrent ensuite leur dévolu sur l'Empire byzantin et la Hongrie. Les puissances d'Europe occidentale, et en particulier la première puissance maritime de la Méditerranée, la République de Venise, étaient désormais sérieusement inquiètes de voir le commerce dans l'Adriatique menacé. Un facteur décisif dans la capacité de l'Occident à répondre à cette menace était la récente conciliation entre l'Angleterre et la France en guerre. En conséquence, l'ensemble de l'Europe put, comme à l'époque de la toute première Croisade de 1095-1102, se rassembler et former une grande force multinationale.

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Comme souvent dans le passé, les Croisés avaient l'intention de lancer un assaut complet contre l'ennemi en une seule grande offensive.

Lancement de la croisade

Les premières croisades avaient pour but de mettre fin au contrôle musulman de la Terre Sainte, mais au 14e siècle, l'idée s'était depuis longtemps étendue à la protection des chrétiens partout dans le monde. En conséquence, les Ottomans musulmans constituaient une cible légitime pour une croisade. La campagne était destinée à affaiblir les Ottomans, à limiter leur progression expansive à travers l'Europe et à alléger la pression sur Constantinople, capitale de l'Empire byzantin et soumise au blocus ottoman depuis 1394. Le plan initial, élaboré au début des années 1390, prévoyait l'envoi de deux armées de croisés. Il y aurait d'abord une force plus petite dirigée par Jean de Gaunt, Louis d'Orléans et Philippe le Hardi de Bourgogne. Ils seraient ensuite suivis par une plus grande armée dirigée par le roi de France, Charles VI (r. de 1380 à 1422) et le roi d'Angleterre, Richard II (r. de 1377 à 1399). Cependant, au début de l'année 1396, la réalité était moins grandiose. Les deux rois avaient choisi de rester chez eux pour s'occuper de leurs propres domaines, et c'est au fils de Philippe le Hardi, Jean de Nevers, qu'il revint de mener une croisade de moindre envergure, essentiellement une opération franco-bourguignonne comprenant environ 700 chevaliers. Néanmoins, l'armée dans son ensemble n'était pas négligeable, avec environ 10 000 hommes, et elle reçut un renfort bienvenu de 6 000 troupes allemandes sous le commandement du comte palatin Rupert et d'Eberhard, le comte de Catzenelleboggen.

Heureusement pour la Croisade, de nombreux autres hommes étaient disponibles en Europe centrale et orientale. À son arrivée en Hongrie en avril 1396, l'armée occidentale fut rejointe par une armée de 70 000 hommes sous le commandement du roi Sigismond de Luxembourg (r. de 1387 à 1437). L'armée croisée s'élevait alors à environ 100 000 combattants, après l'ajout d'environ 15 000 guerriers indépendants venus d'Angleterre, d'Italie, de Pologne, d'Espagne et de Bohême. Pour renforcer cette force terrestre, une flotte conjointe de navires génois, vénitiens et hospitaliers navigua vers la mer Noire et se tint à l'embouchure du Danube.

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Bayezid I
Bayezid I
Unknown Artist (CC BY-SA)

Les choses semblaient maintenant extrêmement prometteuses pour les chrétiens, du moins en termes de nombre, mais Bayezid répondit à la menace en retirant ses troupes du siège de Constantinople et en rassemblant une armée de plus de 100 000 hommes. Avec deux grandes armées sur le terrain, la victoire de l'un ou l'autre camp pouvait être décisive pour l'avenir de toute la région.

Nicopolis et défaite

L'armée croisée connut quelques succès militaires en descendant la vallée du Danube, prenant les petites villes de garnison de Vidin et de Rahova et massacrant impitoyablement leurs habitants, mais ce départ fulgurant connut une fin humiliante lorsqu'elle rencontra la force principale de Bayezid juste au sud de Nicopolis (Nikopol) dans l'actuelle Bulgarie. Nicopolis, située à l'endroit où la route principale traversant la Bulgarie rejoint le Danube, était une importante place forte ottomane perchée sur une colline et protégée par un double mur de fortifications. Bien que dépourvus d'engins de siège, les croisés attaquèrent tout de même la ville et, sans surprise, sans effet significatif. Une stratégie consistant à affamer la ville pour la soumettre fut alors adoptée par nécessité. Une partie de la flotte occidentale était arrivée sur les lieux, mais le blocus s'avéra aussi inefficace que l'assaut, car Nicopolis avait été bien approvisionnée par son gouverneur Doğan Bey.

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L'armée de Bayezid arriva à travers la Thrace à la fin du mois de septembre et campa à 5 km de Nicopolis. Le matin du 25 septembre, les deux armées s'affrontèrent. Les historiens n'ont pas été en mesure de déterminer quels furent les événements réels de la bataille, mais il semble probable que, comme pour de nombreuses croisades précédentes, l'excès de confiance et la sous-estimation de l'ennemi entraînèrent la chute des Occidentaux. Sigismond avait préconisé la prudence et préféra une stratégie de piégeage à partir de positions préparées, mais les croisés, comme si souvent dans le passé, avaient l'intention de lancer un assaut total sur l'ennemi en une seule grande offensive.

Rescue of Sigismund at the Battle of Nicopolis
Sauvetage de Sigismond lors de la bataille de Nicopolis
Ferenc Lohr (Public Domain)

Les Ottomans étaient une unité de combat efficace avec des troupes spécialement entraînées comme les gardes janissaires, un corps d'élite d'archers d'infanterie formé de chrétiens conscrits qui recevaient une formation militaire dès leur enfance. La crème de l'armée ottomane, les sipahis d'élite, une unité de cavalerie dont les membres se voyaient promettre le droit à des domaines et à des revenus pour tout succès sur le champ de bataille, était peut-être encore plus importante pour cette bataille. Enfin, l'armée ottomane avait un chef unique, un contraste frappant avec les nombreuses unités et loyautés différentes qui composaient l'armée croisée.

Lorsque la cavalerie française chargea imprudemment les positions de l'infanterie ennemie sans soutien, la cavalerie de sipahis profita pleinement du chaos qui régnait parmi les troupes croisées.

Lorsque la cavalerie française chargea imprudemment et sans soutien les positions de l'infanterie ennemie, qui étaient protégées par une ligne de pieux aiguisés, la cavalerie sipahis, jusqu'alors gardée en réserve, put profiter pleinement du chaos parmi les troupes croisées, causé par l'indiscipline française et le retrait des alliés de Sigismond de Valachie et de Transylvanie. Les pertes furent lourdes des deux côtés, mais les Ottomans remportèrent une grande victoire. Plus de 10 000 Occidentaux capturés furent massacrés et de nombreux nobles européens faits prisonniers, bien que le roi Sigismond ait été sauvé de ce sort par un groupe de chevaliers hospitaliers. Jean de Nevers eut moins de chance, il fut capturé avec Philippe d'Artois, le connétable de France, et un certain nombre d'autres aristocrates français éminents. Ce groupe ne fut libéré qu'après le paiement d'une énorme rançon, qui s'élèverait à environ un demi-million de francs.

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Les conséquences

Nicopolis fut la dernière grande croisade et la défaite, ainsi que le changement d'époque en général, firent que la noblesse européenne se désintéressa du tout au tout de toute future campagne religieuse contre les Turcs. Les Ottomans ne tardèrent pas à connaître eux-mêmes la défaite lorsque Bayezid fut fait prisonnier lors d'une bataille contre les Mongols près d'Ankara en 1402 et l'Empire turc ottoman tomba en proie à la lutte entre les fils de Bayezid pour son contrôle. L'un d'entre eux, Mehmed Ier, finit par prendre le contrôle de l'empire en 1413. La Hongrie poursuivit la lutte pour endiguer l'expansion des Ottomans, son brillant général John Hunyadi remportant des victoires en 1441 et 1442, mais la croisade de Varna de 1444, la dernière grande offensive chrétienne, fut tout aussi désastreuse que Nicopolis. Constantinople tomba aux mains des Ottomans en 1453, et ils perpétuèrent cette victoire en conquérant la Valachie, l'Albanie et la Grèce.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2018, novembre 08). Bataille de Nicopolis [Battle of Nicopolis]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-17534/bataille-de-nicopolis/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Bataille de Nicopolis." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 08, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-17534/bataille-de-nicopolis/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Bataille de Nicopolis." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 nov. 2018. Web. 22 déc. 2024.

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