Vediovis (parfois orthographié Vejovis) était une divinité romaine aujourd'hui méconnue. Il est peu attesté dans les sources écrites et archéologiques, et sa nature est débattue par les spécialistes. Son nom est lié à Jove (Jupiter) et certains auteurs l'ont décrit comme un "petit Jupiter" ou un "anti-Jupiter". D'autres ont évoqué une association avec le monde souterrain. Il était célébré par des fêtes le 1er janvier, le 7 mars et le 21 mai, mais la nature de ces fêtes, comme le reste du culte du dieu, est inconnue.
Son culte remonte à la toute première période de l'histoire romaine, lorsque son culte fut introduit à Rome par le roi sabin Titus Tatius. D'autres chercheurs suggèrent une relation avec la divinité étrusque Veive, ce qui est confirmé par les références à Vediovis dans une formule de divination étrusque, conservée par Martianus Capella, qui le place parmi les dieux du tonnerre et de la foudre.
Vediovis était déjà tombé dans l'oubli au 1er siècle avant notre ère, et les auteurs romains ont proposé plusieurs explications sur la signification de son nom et la nature de ses pouvoirs. Ovide le décrit comme un jeune Jupiter sans foudre, accompagné d'une chèvre. Aulu-Gelle, auteur latin du IIe siècle de notre ère, le dépeint quant à lui comme une force négative, l'inverse de Jupiter, que l'on vénérait pour apaiser sa colère plutôt que pour lui demander de l'aide. Il décrit Vediovis comme étant représenté tenant un faisceau de flèches qu'il utilisait pour faire du mal, et était apaisé par le sacrifice d'une chèvre"ritu humano", au nom ou à la place d'un être humain. Aulu-Gelle note également que certains assimilaient Vediovis à Apollon en raison de leur apparence similaire.
...la statue du dieu Vediovis... tient des flèches qui, de toute évidence, sont destinées à infliger des blessures.
(Aulu-Gelle, Noctes Attica, Livre V, 12.11-12)
Vediovis était souvent invoqué en temps de guerre. L'une de ces invocations est conservée dans les Saturnales de Macrobe, au Ve siècle, et était utilisée par les dictateurs ou les généraux pour vouer les villes et les armées ennemies à la destruction. Cette invocation fait clairement appel aux aspects destructeurs de Vediovis :
Dis-Père, Vejovis, Mânes, ou de quelque nom n qu'il soit permis de vous appeler, je vous prie vous tous de remplir de crainte, de terreur, d'épouvante cette ville de Carthage, et cette a armée dont je veux parler. Que ces hommes, que ces ennemis, que cette armée qui porte les armes et lance des traits contre nos légions et contre notre armée, que leurs villes, que leurs champs, et que ceux qui habitent dans leurs maisons, dans leurs villes et dans leurs champs, soient par vous mis en déroute ...
(Macrobe, Saturnales, Livre 3, 9.10-12)
Ailleurs, Tite-Live note que L. Furius Purpureo avait fait appel à Vediovis, apparemment avec succès, pour diriger les Gaulois lors de la bataille de Crémone en 200 avant notre ère.
En ce qui concerne les représentations de Vediovis, Pline l'Ancien a décrit la préservation d'une statue en bois de Vediovis qui avait été consacrée en même temps que le temple en 192 avant notre ère. Les restes d'une statue de marbre représentant un corps jeune avec de longs cheveux flottants, mais sans la tête, ont été retrouvés dans le temple de Vediovis sur la colline du Capitole à Rome. En outre, certains chercheurs interprètent une série de pièces de monnaie du premier siècle avant notre ère comme représentant Vediovis, tandis que d'autres rejettent cette identification, identifiant plutôt la divinité représentée comme étant Apollon.
Deux temples étaient dédiés à Vediovis à Rome: l'un entre les deux sommets du Capitole (celui auquel Pline fait référence) et l'autre sur l'île du Tibre. La construction du temple de l'île du Tibre avait été promise par le préteur L. Furius Purpureo, comme indiqué plus haut, et il en fut de même pour le second temple au cours de son dernier mandat de consul. Les travaux effectués au temple du Capitole pourraient avoir été une restauration d'une structure plus ancienne, car Ovide laisse entendre qu'il existait depuis l'époque de Romulus et qu'il s'agissait d'un lieu de refuge. La consécration de ce temple était célébrée le 7 mars.
Le temple du Capitole fut restauré par l'empereur Domitien à la fin du Ier siècle de notre ère et fouillé en 1939. Il était unique dans sa construction, orientée horizontalement (de gauche à droite) afin de s'adapter à l'espace limité disponible dans la zone. Un autel inscrit, dédié à Vediovis par la gens Iulia, la famille de Jules César et de l'empereur Auguste, a été trouvé à Bovillae, dédié selon la "loi des Albains", un autre terme à la signification obscure.