Ming Chengzu

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 février 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais, chinois
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Yongle Emperor (by Unknown Artist, Public Domain)
Empereur Yongle
Unknown Artist (Public Domain)

L'empereur Ming Chengzu (alias Yongle ou Yung Lo, r. de 1403 à 1424) était le troisième souverain de la dynastie chinoise des Ming (1368-1644). Héritant d'un État stable grâce au travail de son père, l'empereur Hongwu (r. de 1368 à 1398), Ming Chengzu apporta des contributions durables à l'histoire de la Chine, notamment en déplaçant la capitale à Pékin et en entamant la construction de la Cité interdite en tant que résidence impériale. L'empereur ouvrit également la Chine au monde, en parrainant notamment les sept voyages de l'explorateur Zheng He. Cependant, des guerres coûteuses dans le sud et le nord de la Chine et les dépenses liées à ses projets de construction grandioses laissèrent les successeurs de l'empereur Ming Chengzu avec moins d'argent que nécessaire pour faire face à la résurgence des Mongols au milieu du XVe siècle.

Zhu Di monte sur le trône

Le fondateur de la dynastie Ming était l'empereur Hongwu, et c'est lui qui, après 30 ans de règne à partir de 1368, déclencha une polémique à la cour impériale pour savoir qui devait être le prochain souverain. Le problème était que, bien que Hongwu ait eu 26 fils, l'héritier soigneusement préparé, son premier fils Zhu Biao, était mort prématurément en 1392. Au lieu de choisir son propre deuxième fils aîné, Hongwu choisit le fils aîné de Zhu Biao. C'est d'ailleurs ce qui se produisit tout au long de la dynastie Ming: le fils aîné de l'impératrice héritait du trône et, s'il mourait avant, le droit revenait à son fils aîné. Ainsi, à la mort de Hongwu en 1398, Zhu Yunwen (alias Huidi) lui succéda et prit le nom de règne d'empereur Jianwen (r. de 1398 à 1402).

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L'empereur Chengzu prit le nom de règne d'empereur Yongle, qui signifie "contentement éternel".

Ce saut de génération n'était pas du goût du second fils de Hongwu, connu sous le nom de Prince de Yan (et sous le nom de Zhu Di, né en 1360), qui avait lui-même de grandes ambitions. Le prince commandait une grande armée, qui avait remporté de nombreuses victoires contre les Mongols, et il était prêt à faire valoir ses droits par la force. Après une guerre civile de trois ans, le prince de Yan fut vainqueur et devint l'empereur Chengzu, prenant le nom de règne d'empereur Yongle, qui signifie "contentement éternel" ou "joie éternelle". L'empereur Jianwen disparut tout simplement, peut-être tué pendant la guerre dans un incendie du palais de Nanjing ou, plus insolite encore, se serait enfui de la ville déguisé en moine. Quel que soit son sort, on n'entendit plus jamais parler du deuxième empereur de la dynastie Ming.

Consolidation du pouvoir

Tout aussi impitoyable que son père dans l'élimination de toute dissidence au sein de la bureaucratie de l'État, Yongle commença par faire table rase de tous les fonctionnaires qu'il jugeait loyaux envers son neveu Jianwen. Lors d'une purge tristement célèbre commencée juste après l'entrée en fonction du nouvel empereur, le célèbre érudit confucéen Fang Xiarou, qui avait refusé de rédiger la proclamation de l'intronisation de Yongle, fut exécuté par démembrement. Tous les associés connus de Xiarou au sein du gouvernement furent exécutés, de même que tous les membres de sa famille jusqu'au dixième degré. En plus de toutes ces victimes, l'empereur ordonna l'exécution de tous les fonctionnaires qui avaient réussi leur examen de service civil alors que Xiarou était leur superviseur. Les morts se comptaient par milliers.

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Ming Dynasty Empire, c. 1409 CE
Empire de la dynastie Ming, c. 1409
SY (CC BY-SA)

Malgré le nombre considérable de fonctionnaires démis de leurs fonctions par la purge de l'empereur, la bureaucratie de l'État se développa. Les eunuques gagnèrent notamment en pouvoir et en influence car, ne pouvant avoir d'enfants, leur loyauté était considérée comme plus certaine que celle des autres fonctionnaires. En effet, en 1420, l'empereur créa une sorte de service secret dirigé par son chef eunuque. Ce service, appelé Dépôt oriental, avait pour mission d'éradiquer toute opposition persistante à la légitimité de Yongle à gouverner et d'éliminer la corruption. Une autre branche de la bureaucratie, les archives de l'État et le dépôt des histoires officielles, était chargée d'effacer le règne de Jianwen et de falsifier les dossiers pour montrer que Yongle avait la légitimité de monter sur le trône.

Pékin et la Cité interdite

Au début du XVe siècle, les Mongols connurent une résurgence aux frontières de la Chine. L'empereur Yongle déplaça donc la capitale de Nanjing à Pékin en 1421, afin d'être mieux placé pour faire face à toute menace étrangère. Le site avait déjà été une ancienne capitale sous différents régimes, et il se trouvait également dans la province que l'empereur avait personnellement commandée lorsqu'il était prince de Yan. À grands frais, Pékin fut agrandie et entourée d'un mur d'enceinte de 10 mètres de haut et d'une longueur totale de 15 kilomètres. La ville, à laquelle on accédait par neuf portes, fut aménagée selon un plan quadrillé régulier. Les besoins alimentaires de Pékin étaient tels que le Grand Canal fut approfondi et élargi pour permettre aux navires céréaliers d'atteindre facilement la capitale.

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Pas moins de 24 empereurs résideraient dans la Cité interdite de Pékin.

L'une des contributions les plus durables de Yongle à l'histoire de la Chine fut la construction de la Cité interdite au cœur de Pékin, bâtie en tant que résidence impériale. Connue en chinois sous le nom de Zijincheng ("Cité interdite pourpre"), la construction débuta en 1407, et des milliers d'ouvriers passèrent les 14 années suivantes à créer l'une des plus grandes villes du monde. Les bâtiments, posés sur des dalles de pierre blanche, étaient faits de bois peint en rouge et de tuiles en céramique vernissée jaune, et entourés d'un haut mur. Outre les bâtiments fonctionnels, il y avait d'immenses places ouvertes, des pavillons, des jardins ornementaux, des canaux, des ponts et des pagodes. L'ensemble était conçu pour que le visiteur n'ait aucun doute sur la puissance du souverain capable de construire un tel complexe. Utilisée également par les empereurs de la dynastie Qing, la Cité interdite fut continuellement agrandie et restaurée jusqu'à ce qu'elle n'atteigne son impressionnante superficie actuelle de quelque 7,2 kilomètres carrés.

Hall of Prayer For Good Harvests, Forbidden City
Salle de prière pour de bonnes récoltes, Cité interdite
Patrick Denker (CC BY)

Pas moins de 24 empereurs résidèrent dans la Cité interdite. Les bâtiments et leurs milliers de pièces sont tous soigneusement disposés selon un plan qui reflète la vision traditionnelle chinoise du monde. Au cœur du complexe, sur le site le plus élevé, se trouve la salle de l'Harmonie suprême, où se tenaient les réceptions impériales. De ce point central partent d'autres salles, toutes construites selon un axe nord-sud. L'empereur lui-même et tous les hommes qui l'accompagnaient vivaient dans des bâtiments situés à l'est, tandis que les femmes vivaient à l'ouest du complexe. La Cité interdite comprenait également des bureaux gouvernementaux, tous disposés strictement en fonction du rang des fonctionnaires. Il va sans dire que l'aspect interdit découle du contrôle de l'accès à la cité, seuls les fonctionnaires de certains rangs et les ambassadeurs invités étant autorisés à pénétrer dans l'enceinte de la cité. Aujourd'hui, le complexe contient la plus grande collection de trésors impériaux et d'œuvres d'art de Chine.

Zheng He et la fin de l'isolationnisme

L'empereur Yongle n'attendit pas longtemps avant de s'engager dans une politique étrangère beaucoup plus agressive que ses prédécesseurs et de mettre fin à l'isolationnisme entamé par son père. En 1406, il envoya une armée envahir le Viêt Nam, alors indépendant. La campagne fut couronnée de succès, mais le pays retrouverait son indépendance 20 ans plus tard. Il y aurait également plusieurs campagnes contre les Mongols pour assurer le respect des frontières septentrionales de la Chine, mais la tactique de l'ennemi, qui consistait à battre en retraite à cheval dès qu'il était menacé, fit que ces campagnes coûteuses n'aboutirent à rien de concret. L'opération militaire la moins réussie fut la tentative d'annexion de l'Annam, à la frontière sud-ouest de la Chine des Ming, qui se solda par une impasse militaire de deux décennies qui épuisa une fois de plus les ressources impériales.

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L'empereur Yongle adopta une stratégie plus pacifique et plus efficace pour favoriser de nouvelles relations internationales en recourant à des missions diplomatiques. Des ambassadeurs furent envoyés à Herat et à Samarkand en Asie centrale, ainsi qu'en Mandchourie, au Tibet et en Corée, avec un certain succès. Mais la plus célèbre de ces missions fut l'aventure de Zheng He (1371-1433), largement considéré comme le plus grand explorateur de l'histoire de la Chine. Né au Yunnan, dans le sud de la Chine, Zheng était un eunuque musulman qui devint amiral de la flotte impériale. Yongle envoya Zheng pour sept voyages diplomatiques entre 1405 et 1433, chaque voyage impliquant plusieurs centaines de navires. Zheng emprunta des routes établies vers la côte indienne, le golfe Persique et la côte est de l'Afrique, mais nombre de ses destinations finales étaient de nouveaux points de contact pour les Chinois.

Giraffe Tribute to Emperor Yongle
Giraffe, tribut pour l'empereur Ming Yongle
Shen Du (Public Domain)

L'intention était que les voyages de Zheng He, en distribuant des cadeaux somptueux comme de la soie et de la porcelaine fine Ming ainsi que des lettres d'amitié de l'empereur, encouragent l'Asie orientale à revenir dans la sphère du système de tribut chinois et étendent ce système à de nouveaux États aussi éloignés que l'Afrique de l'Est. Le système de tribut, plutôt qu'un moyen pour la Chine d'acquérir des biens gratuits, n'était en fait qu'une gratification de la croyance chinoise selon laquelle ils étaient le centre du monde et leur dirigeant était le fils du ciel. La présence d'ambassadeurs étrangers dans la Cité interdite devait également aider Yongle à légitimer sa propre position d'empereur, arrachée par la force à son propre neveu. En effet, certains spécialistes ont suggéré qu'une partie de la mission de Zheng He consistait à découvrir si l'empereur Jianwen se cachait réellement quelque part en Asie du Sud-Est et préparait son retour.

En fin de compte, les voyages de Zheng He ne réussirent qu'à inciter les souverains d'Asie orientale à payer régulièrement un tribut, mais Zheng rapporta certainement beaucoup de connaissances sur les terres et les coutumes étrangères, et il expédia des objets exotiques tels que des girafes, des pierres précieuses et des épices. Les voyages étaient cependant extrêmement coûteux et les successeurs de l'empereur Yongle allaient abandonner cette idée, du moins en ce qui concernait les terres situées de l'autre côté de l'océan Indien.

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Encyclopédie Yongle Dadian

Les dynasties chinoises précédentes avaient créé des encyclopédies, mais sous le règne de l'empereur Yongle, l'une des plus grandes jamais produites vit le jour. La gigantesque encyclopédie Yongle Dadian couvrait toutes les œuvres littéraires chinoises importantes qui avaient survécu jusqu'alors. Compilé par 147 érudits, puis révisé par 3 000 autres, l'ouvrage comptait plus de 22 000 chapitres, l'index occupant à lui seul 60 chapitres. Trop volumineux pour être imprimé, l'original fut malheureusement en grande partie perdu lors des troubles de la fin de la dynastie Ming et une copie fut brûlée lors de la révolte des Boxers (1899-1901). Environ 800 chapitres de l'encyclopédie existent encore dans diverses bibliothèques en dehors de la Chine.

Mort et successeurs

Bien que les Ming aient bénéficié des divisions au sein de l'État mongol - généralement divisé en six groupes concurrents -, des attaques sporadiques contre le territoire chinois eurent lieu tout au long du règne de Yongle. En conséquence, la capitale fut déplacée vers le nord, comme nous l'avons déjà mentionné, et la Grande Muraille de Chine fut également réparée pour se défendre contre les raids mongols. Le danger ne disparut cependant jamais et l'empereur Yongle mourut en 1424 lors d'une expédition contre l'une de ces incursions mongoles. Il s'agissait de la cinquième campagne de ce type de l'empereur et il finit par payer le prix pour avoir mené son armée en personne sur le champ de bataille, comme il l'avait fait depuis l'époque où il était prince. Yongle mourut à l'âge de 64 ans et son fils, connu sous le nom d'empereur Hongxi, lui succéda. Après la mort de Hongxi à la suite d'une crise cardiaque, un an seulement après le début de son règne, l'empereur suivant fut Xuande, le petit-fils de l'empereur Yongle, qui régna jusqu'en 1435. Xuande et ses successeurs poursuivraient l'œuvre de Yongle et feraient en sorte que la Chine des Ming devienne l'un des États les plus riches et les plus puissants du monde, sa population ayant plus que doublé pour atteindre environ 200 millions d'habitants.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2019, février 14). Ming Chengzu [Yongle Emperor]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-17879/ming-chengzu/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Ming Chengzu." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 14, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-17879/ming-chengzu/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Ming Chengzu." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 févr. 2019. Web. 20 déc. 2024.

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