Henri III d'Angleterre

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 18 décembre 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Coronation of Henry III of England (by Unknown Artist, Public Domain)
Couronnement d'Henri III d'Angleterre
Unknown Artist (Public Domain)

Henri III d'Angleterre régna de 1216 à 1272. Fils de l'impopulaire roi Jean d'Angleterre (alias Jean sans Terre, r. de 1199 à 1216), Henri fut immédiatement confronté à la guerre des barons, alimentée par le mécontentement suscité par le règne de Jean et son incapacité à respecter la charte des libertés de la Magna Carta. Henri et son régent, Guillaume le Maréchal, vainquirent les barons rebelles lors de la bataille de Lincoln en 1217, mais son règne fut ensuite assailli de problèmes. Traditionnellement considéré comme un roi faible et souvent inefficace, Henri, comme son père avant lui, gaspilla de l'argent dans des campagnes militaires sans résultat, et celles-ci nécessitèrent des impôts si élevés que les barons se rebellèrent une deuxième fois. Le chef des rebelles, Simon de Montfort (c. 1208-1265), captura Henri et devint l'homme le plus puissant du royaume en 1264. Heureusement pour Henri, son fils Édouard leva une armée et vainquit de Montfort à Evesham en 1265. Henri fut rétabli, mais il passa la majeure partie de ses dernières années loin de la politique et à améliorer les monuments architecturaux du pays, tels que l'abbaye de Westminster et la cathédrale de Lincoln. Après la mort d'Henri de causes naturelles en 1272, le prince Édouard, qui avait été à certains égards le régent de son père, devint Édouard Ier d'Angleterre (r. de 1272 à 1307).

La première tâche d'Henri fut de mettre fin à la guerre civile qui ravageait son royaume.

La succession

Henri naquit le 1er octobre 1207 au palais de Winchester dans le Hampshire, fils du roi Jean d'Angleterre et de la reine Isabelle d'Angoulême (vers 1188-1246). Le jeune prince fut propulsé sous les feux de la rampe avant même d'avoir pu se préparer. Le roi Jean mourut de la fièvre le 18 octobre 1216, alors qu'Henri n'avait que neuf ans. Jean mourut au milieu de la première guerre des barons (1215-1217), provoquée par le fait que le roi n'avait pas honoré les promesses faites dans la Grande Charte de juin 1215. Cette charte des libertés établissait que même le souverain était soumis à l'État de droit et que les barons devaient être consultés sur les questions qui les concernaient. Certains de ces aristocrates étaient tellement mécontents de leur roi actuel qu'ils soutinrent le prince Louis (le futur Louis VIII de France, r. de 1223 à 1226) pour le remplacer. Louis avait envahi le sud de l'Angleterre et s'était emparé de plusieurs de ses principaux châteaux, dont la Tour de Londres. En mai 1216, Louis s'était même proclamé roi en raison de son mariage avec Blanche de Castille, petite-fille d'Henri II d'Angleterre (r. de 1154 à 1189).

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Au milieu de cette agitation, Henri III succéda à son père et fut couronné roi le 28 octobre 1216 dans la cathédrale de Gloucester. Cette cérémonie précipitée fut gâchée par l'absence de l'archevêque de Canterbury (parti à Rome) et par l'absence de tout habit royal, le roi Jean ayant perdu les joyaux de la couronne dans des sables mouvants lorsqu'il fuyait les barons rebelles. En l'absence d'une couronne ayant un quelconque pedigree, un torque en or de la mère d'Henri, la reine Isabelle, fut utilisé à la place.

Henry III of England, Salisbury Cathedral
Henri III d'Angleterre, cathédrale de Salisbury
Richard Avery (CC BY-SA)

La première tâche d'Henri fut donc de mettre fin à la guerre civile qui ravageait son royaume. Henri n'avait que neuf ans, mais il pouvait compter sur l'aide de personnalités telles que Pierre des Roches et Hubert de Burgh (mort en 1243), ainsi que sur un allié de taille : Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke (v. 1146-1219), souvent considéré comme le plus grand chevalier médiéval. Maréchal avait déjà servi trois rois et il était maintenant nommé Protecteur du Royaume - en fait, régent de l'Angleterre pour le jeune Henri. Cette association improbable d'un enfant-roi et d'un chevalier de 70 ans allait s'avérer gagnante.

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La guerre des barons et Guillaume le Maréchal

Le roi avait réussi à conserver les châteaux de Windsor et de Douvres et Henri put affronter les derniers barons rebelles et le prince Louis à Lincoln, le 20 mai 1217. Guillaume le Maréchal dirigea l'armée anglaise en personne et, juste avant la bataille, il prononça un discours enflammé devant ses troupes de première ligne, déclarant que l'ennemi avait positionné ses forces de telle sorte qu'il gagnerait la journée parce qu'il pourrait attaquer avec toute son armée une seule section de l'opposition; et c'est ce qui se produisit. Le 24 août, une flotte de renfort française de 80 navires fut coulée dans la Manche par une flotte anglaise de 40 navires commandée par Hubert de Burgh. La flotte anglaise feignit d'attaquer, mais manœuvra ensuite pour attaquer les Français sous le vent. Des tirs d'arbalète et des pots de chaux vive furent lancés sur l'ennemi et dans la confusion, seuls 15 navires français s'en sortirent. Après cette double défaite, Louis renonça à ses prétentions au trône d'Angleterre par un traité signé en septembre 1217. La victoire permit à Henri de bénéficier d'un couronnement en bonne et due forme à l'abbaye de Westminster le 17 mai 1220. Guillaume le Maréchal, qui servit quatre rois au cours de son illustre vie, mourut le 14 mai 1219. Le nouveau régent fut Hubert de Burgh, qui servit en tant que Justicier d'Angleterre et vainquit la marine française, mais on n'aurait besoin de lui que pendant quelques années encore.

Tomb of Sir William Marshal
Tombe de Guillaume le Maréchal
Michel Wal (CC BY-SA)

Règne et critiques

Henri prit le pouvoir en janvier 1227, à l'âge de 20 ans. L'historien Dan Jones donne la description suivante du roi:

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L'homme qui émergea du long chemin de l'enfance était un spécimen particulier. Henri mesurait environ 1,80 m. On dit qu'il avait une paupière tombante, ce qui devait donner à son visage une solennité tordue correspondant à son caractère quelque peu lourd. Il était notablement pieux, même à une époque où la mode chez les rois était à l'ascétisme et à la religiosité ostentatoire. (236)

Ce que le roi n'avait pas en termes de beauté, il le compensa par sa longévité. Cependant, le roi acquit rapidement la réputation d'être indécis et facilement influençable. Pire encore, les barons ne l'apprécièrent jamais, le percevant comme aussi arrogant dans ses droits et irrespectueux des leurs que l'avait été le roi Jean. On lui reprocha également d'être un peu trop généreux dans l'octroi de terres aux étrangers. Cette situation s'aggrava après son mariage avec Aliénor de Provence (alias Éléonore de Provence, 1223-1291) le 20 janvier 1236, et un afflux de beaux-parents français occupa des postes clés à la cour, devenant même de proches conseillers du roi et alimentant son opinion selon laquelle le monarque avait une autorité absolue et n'avait pas besoin d'écouter ses barons.

Avec un revenu annuel inférieur de moitié à celui de son homologue français Louis IX, Henri vivait au-dessus de ses moyens.

Henri eut aussi quelques bons côtés, du moins du point de vue de la postérité. Le roi était un grand mécène et parraina de nombreux projets de construction importants, tels que les nouvelles cathédrales de St Albans, Lincoln, Wells et Salisbury. Le palais de Westminster fit l'objet d'une rénovation majeure, rendant la résidence royale traditionnelle beaucoup plus confortable grâce à de nouvelles fenêtres, cheminées, peintures murales et installations sanitaires. L'abbaye de Westminster fut rénovée dans le style gothique et un magnifique nouveau sanctuaire y fut construit en l'honneur de l'ancien roi, Édouard le Confesseur (r. de 1042 à 1066). L'abbaye reçut également du roi une fiole de cristal censée contenir le sang de Jésus-Christ. La Tour de Londres est un autre bâtiment qui bénéficia de l'attention du roi. C'est probablement là qu'Henri créa le zoo, qui resta en place jusqu'en 1835. Les premiers animaux étaient généralement des cadeaux diplomatiques tels que des léopards, un éléphant et même un ours polaire. Enfin, le roi était très attaché à l'éducation et, entre 1249 et 1264, il créa ou finança les trois premiers collèges de l'université d'Oxford (Merton, Balliol et University).

Les réalisations architecturales et éducatives n'étaient cependant pas le moyen de gagner la confiance de ses sujets et, en tout état de cause, elles furent réalisées pour l'essentiel au cours de la dernière décennie de son règne. Il est certain qu'elles ne firent pas grand chose pour atténuer les réactions négatives aux politiques fiscales lourdes du roi, à une série de défaites militaires au Pays de Galles (1228, 1231 et 1232) qui conduisirent Henri à conférer à Llywelyn ap Gruffudd (vers 1223-1282) le titre de prince de Galles, et à une tentative ratée de collusion avec le pape Innocent IV (r. de 1243 à 1254) pour faire du deuxième fils d'Henri, le prince Edmond, le roi de Sicile. Il y eut ensuite des campagnes inefficaces outre-Manche en 1228, 1230 (menées par le roi en personne) et 1242, qui aboutirent à la perte de territoires en France, cédés par le traité de Paris en 1259, qui ne laissait rien à la couronne d'Angleterre, à l'exception de la Gascogne. Enfin, l'organisation par le roi du mariage de sa sœur Isabelle avec l'empereur du Saint Empire romain germanique Frédéric II (r. de 1220 à 1250) - un acte soutenu par le conseil dirigeant - nécessita une énorme dot en espèces qui poussa le système fiscal jusqu'à ses limites. En bref, Henri, avec un revenu annuel inférieur de moitié à celui de son homologue français Louis IX de France (r. de 1226 à 1270), vivait au-dessus de ses moyens.

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Simon de Montfort et guerre civile

Toutes ces déceptions exaspèrent les barons à tel point que certains soutinrent le beau-frère du roi, Simon de Montfort, comte de Leicester, et en firent, de fait, le co-dirigeant d'Henri. Les "Provisions d'Oxford" (juin 1258) stipulaient que les impôts devaient être versés au Trésor et ne pas être disponibles pour les caprices du roi, et qu'un conseil de 15 barons devait conseiller le roi. Le conseil devait également contrôler les châteaux royaux, superviser les nominations ministérielles (pour lesquelles Henri était notoirement négligent) et contrôler l'administration locale. Un autre organe, que certains historiens attribuent à de Montfort et qu'ils appellent parlement, c'est-à-dire un organe de discussion politique, était, lorsque les chevaliers des comtés et les bourgmestres de certains bourgs étaient invités à y participer, les prémices du Parlement anglais. Le parlement avait également pour but de s'assurer que le conseil remplissait sa mission.

Tomb of Henry III of England
Tombeau d'Henri III d'Angleterre
Val_McG (CC BY-SA)

En 1261, Henri fit appel au pape pour rétablir son contrôle total sur le royaume et répudia les Provisions d'Oxford en 1262, une décision soutenue par Louis IX de France. La guerre civile éclata alors. Le 14 mai 1264, de Montfort captura Henri et son fils, le prince Édouard, à la bataille de Lewes. Au cours de l'année qui suivit, Henri fut ignominieusement déplacé au sein de l'entourage de de Montfort. Bien que de Montfort se soit prétendu roi (il se faisait appeler "Intendant") et qu'il obligea Henri à signer des lois et des décrets en sa faveur, Édouard parvint à échapper à ses ravisseurs en mai 1265. Le prince forma alors une armée composée de fidèles partisans de son père et de barons déjà mécontents de l'égoïste de Montfort. Le 4 août 1265, à la bataille d'Evesham, dans le Worcestershire, Édouard remporta la victoire grâce à une armée plus nombreuse que celle de son adversaire, tandis que de Montfort fut tué et son corps terriblement mutilé. Édouard rétablit son père dans ses fonctions de roi, mais prit lui-même en charge certains aspects de la gestion quotidienne du royaume. Il semble qu'Henri ait été destiné à partager son pouvoir aux deux extrémités de son règne.

Mort et successeur

Henri mourut, probablement d'une attaque cérébrale, le 16 novembre 1272, à l'âge de 65 ans. Il avait régné pendant 56 ans, un record qui ne serait pas égalé avaant George III d'Angleterre (r. de 1760 à 1820). Il fut enterré dans l'abbaye de Westminster et son fils, qui régnait déjà en son nom, lui succéda sous le nom d'Édouard Ier d'Angleterre. Édouard fut couronné le 19 août 1274 à l'abbaye de Westminster et régnerait jusqu'en 1307. Le nouveau roi soumit le Pays de Galles, tenta de conquérir l'Écosse, se lança dans ce que l'on appelle parfois la neuvième croisade (1271-72 ) et fit construire de nombreux châteaux qui subsistent encore aujourd'hui, en particulier dans le nord du Pays de Galles.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Style APA

Cartwright, M. (2019, décembre 18). Henri III d'Angleterre [Henry III of England]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18576/henri-iii-dangleterre/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Henri III d'Angleterre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 18, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18576/henri-iii-dangleterre/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Henri III d'Angleterre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 18 déc. 2019. Web. 21 déc. 2024.

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