Guillaume II d'Angleterre, parfois appelé Guillaume "Rufus" (le Roux) en raison de ses cheveux roux et de son teint, régna en tant que roi d'Angleterre de 1087 à 1100. Fils de Guillaume le Conquérant (r. de 1066 à 1087), le jeune Guillaume fut fidèle à son père, contrairement à son frère aîné Robert Curthose, et c'est donc lui qui hérita de la couronne d'Angleterre. Guillaume et Robert, devenu duc de Normandie, s'affronteraient plus tard pour le contrôle de leurs territoires respectifs, mais ils finiraient par se réconcilier. Considéré dans les livres d'histoire comme un roi impopulaire qui menait la grande vie tout en flouant l'État et l'Église, il consolida au moins les acquis de son père et permit à son successeur, un autre frère, Henri Ier d'Angleterre (r. de 1100 à 1135), de jouir d'un règne long et largement pacifique qui apporta au pays une stabilité bien nécessaire après la turbulente conquête de l'Angleterre par les Normands.
Relations familiales
Guillaume vit le jour vers 1056 en Normandie, son père étant Guillaume, duc de Normandie, également connu sous le nom de Guillaume le Conquérant ou Guillaume Ier d'Angleterre à la suite de son invasion de ce pays en 1066. La mère du jeune Guillaume était Mathilde de Flandre (c. 1032-1083), fille du comte de Flandre et nièce d'Henri Ier de France (r. de 1031 à 1060). Mathilde serait couronnée reine d'Angleterre à l'abbaye de Westminster le 11 mai 1068. William était l'un des quatre frères, et c'est l'aîné, Robert Curthose, qui s'avéra le plus problématique pour son père.
Guillaume était connu sous le nom de Rufus (forme latine pour le Roux) en raison de la couleur de ses cheveux et de son teint rougeaud. Jeune prince, Guillaume fit campagne au Pays de Galles avec un certain succès en 1075, soumettant le roi gallois Caradog ap Gruffydd (mort en 1081). Cette victoire l'incita à tenter d'achever la conquête du Pays de Galles lorsqu'il devint roi.
Guillaume resta fidèle à son père lors de la rébellion de son frère Robert en 1078. Robert voulait obtenir plus de terres et de pouvoir, et il était soutenu par Philippe Ier, roi de France (r. de 1060 à 1108), désireux de déstabiliser l'empire normand qui s'étendait dangereusement. Philippe donna à Robert le château de Gerberoi, à la frontière entre la France et la Normandie, pour qu'il s'en serve comme base. Le roi, Guillaume le Conquérant, assiégea le château mais fut vaincu par une force dirigée par Robert lors d'un engagement sur le terrain. Le père et le fils se réconcilièrent et, en 1079, Robert fut envoyé en Northumbrie pour mettre fin aux raids répétés venant d'Écosse. Mais Robert restait ambitieux et se rangea aux côtés de l'ennemi contre son père lors du siège de Mantes en 1087. Ces problèmes familiaux n'étaient pas bons pour les royaumes d'Angleterre et de Normandie, mais ils étaient une bonne nouvelle pour Guillaume le Roux, qui était désormais le favori de son père et son successeur le plus probable.
Succession et sécurisation du royaume
Après la mort de son père de causes naturelles lors d'une campagne en France le 9 septembre 1087, Guillaume fut couronné roi le 26 septembre de la même année à l'abbaye de Westminster. Robert Curthose, quant à lui, hérita du titre de duc de Normandie et des terres qui l'accompagnaient. Un troisième frère, Henri, reçut de l'argent liquide au lieu de terres. Le quatrième frère, Richard, mourut en 1075. Par conséquent, le royaume normand était désormais divisé en deux sur le plan géographique et les trois frères allaient se disputer la suprématie au cours des deux décennies suivantes.
Guillaume avait beau être roi, il devait poursuivre l'œuvre de son père et consolider la domination normande en Angleterre et dans certaines parties du Pays de Galles et de l'Écosse. Les nombreux châteaux à motte castrale de son père devaient être entretenus et un nouveau château fut construit à Carlisle. Les campagnes réussies menées au Pays de Galles en 1093 permirent de s'assurer la loyauté de plusieurs princes gallois, tandis que dans le nord, la Cumbrie fut annexée et l'Écosse fut rendue plus amicale en 1097 en remplaçant le roi hostile Donald III (r. de 1093 à 1094) par ses neveux Duncan II (r. 1094) et Edgar (r. de 1097 à 1107), plus dociles. Guillaume avait soutenu ces derniers avec une armée, ce qui leur avait permis de détrôner leur oncle.
L'oncle de Guillaume, Odon de Bayeux (mort en 1097), qui avait été nommé comte du Kent par son demi-frère Guillaume le Conquérant, était un parent ambitieux et dangereux. Odon était devenu le deuxième homme le plus puissant d'Angleterre, mais il était tombé en disgrâce auprès de Guillaume Ier et n'avait obtenu son pardon que lorsque le Conquérant était sur son lit de mort. Odo soutint alors Robert Curthose dans sa revendication de la couronne d'Angleterre contre Guillaume II et le nouveau roi n'avait guère d'amitié pour le comte sans scrupules. Les rebelles furent vaincus et Odon perdit le contrôle du château de Rochester lors d'un siège en 1088, ses terres furent confisquées et il fut définitivement exilé d'Angleterre. Odon mourut en janvier 1097 en Sicile alors qu'il était en route pour participer à la première croisade (1095-1102).
En 1091, Guillaume envahit la Normandie et Robert, toujours opportuniste, capitula et se rangea aux côtés de son frère-roi. Ils s'allièrent même pour vaincre le troisième frère Henri au Mont-Saint-Michel et se partager les terres du perdant dans la péninsule du Cotentin (Cherbourg). Robert mit ensuite son duché en gage auprès de Guillaume afin de financer son projet d'expédition pour la première croisade. Robert partit en 1096 et Guillaume semblait enfin disposer d'un royaume incontesté.
Guillaume, l'Église et les impôts
Le mode de vie extravagant de Guillaume ne tarda pas à déranger les membres de l'Église, une situation qui n'était guère facilitée par le fait que le roi évitait de nommer de nouveaux évêques et abbés afin de garder pour lui les revenus de l'Église. Le roi refusa même de nommer un nouvel archevêque de Canterbury entre 1089 et 1092 en raison d'un différend sur le soutien à apporter à tel ou tel pape (il y avait deux rivaux pour ce poste à l'époque). Il est certain que Guillaume n'était pas très regardant sur la manière dont ses subordonnés - notamment le ministre en chef Rainulf Flambard - remplissaient les caisses de l'État, ce qui contrariait beaucoup de barons. À tel point que la politique fiscale sévère de Guillaume et les lourds impôts qu'il prélevait pour financer ses campagnes militaires conduisirent à un complot d'assassinat en 1095. L'idée de remplacer le roi par son cousin germain, le comte d'Aumale, n'aboutit pas. Le roi se lança alors dans une redoutable chasse aux sorcières qui se traduisit par des tortures, des mutilations et des exécutions. Dans un typique exercice d'opportunisme financier, Flambard profita de l'occasion pour infliger des amendes à des nobles de tout bord et de tout côté, ce qui permit de faire rentrer encore plus d'argent dans le trésor de l'État.
Le tempérament colérique de Guillaume, son esprit sarcastique et sa petite taille semblent lui avoir coûté une image favorable dans la plupart des livres d'histoire, où il apparaît souvent tel un joyeux drille qui aimait un peu trop le vin et tout ce qui résultait de sa passion pour la chasse. Cette description peu flatteuse fut peut-être davantage due à la partialité des chroniqueurs religieux, fâchés avec le roi pour le traitement qu'il réservait à leur archevêque. Ils accusèrent même Guillaume d'être un païen et de répandre la sorcellerie. Rufus fut également accusé d'être homosexuel, une accusation qui ne fut ouvertement faite qu'après sa mort, et la seule preuve de cette possible homosexualité était qu'il ne s'était jamais marié, ce qui n'est guère concluant.
Un héritage plus fiable laissé par Guillaume est la Grande Salle (Great Hall) de la principale résidence royale du Palais de Westminster. Construite en 1097, puis agrandie avec un nouveau toit par Richard II d'Angleterre (r. de 1377 à 1399), la salle de Guillaume mesure 73 x 20,5 mètres, ce qui en faisait la plus grande structure de ce type en Europe à l'époque de sa construction. Lors de la procession inaugurale de l'édifice en 1099, les membres de la famille royale galloise furent contraints d'avancer vers Guillaume en portant leur épée de cérémonie, un peu de propagande pour démontrer le pouvoir croissant du trône anglais en Grande-Bretagne.
Mort et successeur
Guillaume II mourut le 2 août 1100 dans la région de New Forest, à la suite d'un accident de chasse lorsque le noble William Tirel (parfois orthographié Tyrrell) tira une flèche fatidique qui rebondit sur le dos d'un cerf en fuite et atterrit en plein milieu de la poitrine de Guillaume. À l'époque, l'incident fut considéré comme un accident et Tirel ne fut pas puni pour son rôle dans cette tragédie. Il est néanmoins curieux que le frère cadet et successeur de Guillaume, Henri, ait fait partie du groupe de chasseurs et que Robert Curthose soit parti combattre lors de la première croisade, ce qui permit à Henri de se présenter en tant que successeur. L'Église avait une autre explication et blâmait les lois forestières sévères imposées par le père de Guillaume. En bref, le roi avait reçu une punition divine pour sa cupidité royale (et pour ne pas avoir mené une vie très saine). Une troisième explication fut que le roi avait été abattu par un braconnier, en colère contre les mutilations brutales infligées à quiconque effrayait les animaux dans les réserves de chasse du roi, sans parler de ceux qui étaient pris en train de les tuer. Il est peut-être significatif que le parc où Guillaume fut tué ait été créé par son père et que de nombreux habitants se soient souvenus de l'époque précédant la conquête, lorsque les animaux de la forêt étaient du gibier que tous pouvaient chasser.
Qu'il se soit agi d'un accident ou d'un acte volontaire, le roi était mort et il fut enterré sous la tour de la cathédrale de Winchester. Célibataire et sans enfant, le trône de Guillaume fut occupé par Henri, qui ne tarda pas à s'assurer le trésor royal et à se faire élire par le conseil dirigeant, le tout dans les 48 heures qui suivirent la mort de son frère. C'est ainsi que le 6 août 1100, Henri Ier d'Angleterre fut couronné à l'abbaye de Westminster. Le roi vaincrait son frère Robert (de retour de la croisade) à Tinchebrai (alias Tinchebray) en Normandie en 1106 et continuerait à gouverner son royaume unifié de Normandie et d'Angleterre avec un certain succès jusqu'en 1135. Enfin, chose curieuse, la tour sous laquelle Guillaume Rufus avait été enterré dans la cathédrale de Winchester s'effondra en 1107, un autre indicateur, selon les pieux chroniqueurs médiévaux, de la colère de Dieu contre un roi païen qui n'avait pas pris soin d'exercer son droit divin pour le bien de son peuple.