Califats Islamiques

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Définition

Syed Muhammad Khan
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 03 décembre 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien, espagnol, Turc
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Tombstone of Caliph Umar (by Mohammad adil, GNU FDL)
Tombe du Calife Omar, Médine
Mohammad adil (GNU FDL)

Le califat (‘Khilafat’ en arabe) était un système politique semi-religieux de gouvernance dans l'Islam, sous lequel les territoires de l'empire islamique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et leurs peuples étaient dirigés par un chef suprême appelé calife (‘Khalifa’ en arabe, signifiant 'successeur'). Les califes étaient initialement les seuls souverains de l'empire laissé par le prophète Mohammed; ils y ajoutèrent de vastes territoires des empires rivaux environnants. Ils furent initialement choisis par un groupe de membres séniors d'un parlement primitif qui avait à l’esprit la volonté du peuple. Les quatre premiers califes, qui furent nommés de cette manière, sont appelés les 'Rashidun' ('bien guidés') par les Musulmans sunnites, courant dominant; les Musulmans chiites considèrent que seul Ali, le quatrième calife, est légitime, ils rejettent les prétentions des trois premiers, les qualifiant d'usurpateurs.

Le califat devint rapidement une institution héréditaire lorsque le système dynastique fut introduit dans le monde islamique par les Omeyyades, qui furent ensuite renversés et remplacés par les Abbassides. Après la destruction de Bagdad en 1258, les Abbassides ne détenaient rien d'autre que le titre lui-même. Cela devait changer lorsque les sultans ottomans reprirent l'institution, devenant ainsi les premiers et derniers non-Arabes à le faire. Ils le maintinrent jusqu'en 1924, date à laquelle il fut officiellement aboli par le leader nationaliste turc Mustafa Kemal Pacha (le père de la Turquie moderne).

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Califat Rashidun

LA GRANDE MAJORITÉ DE LA COMMUNAUTÉ MUSULMANE SOUTENAIT LA REVENDICATION DU PLUS CAPABLE ET DU PLUS PROCHE DES COMPAGNONS DE MOHAMMED, ABU BAKR.

L'un des problèmes survenus avec la disparition du prophète Mohammed (632) était qu'il n'avait pas désigné d'héritier, et comme il n'avait pas de fils survivant, un conflit survint. Le parent le plus proche de Mohammed, et son héritier légitime selon certains, était Ali, son cousin et gendre (il avait épousé la fille de Mohammed, Fatima). Ceux qui soutenaient Ali furent appelés ‘Shia't Ali’ ('le parti d'Ali'), ils formeraient plus tard une secte distincte de l'Islam, les Chiites. Mais les Arabes n'étaient pas habitués à un système de gouvernement dynastique, c'est pourquoi la grande majorité de la communauté musulmane soutenait la revendication du plus capable et du plus proche des compagnons de Mahomet, Abu Bakr. Ce groupe fut connu comme les Sunnites (adeptes de la ‘Sunna’, la 'voie du Prophète'). Abu Bakr reçut le titre de calife (successeur du Prophète) et eut le soutien sincère d'un autre compagnon de Mohammed, Omar, qui devait devenir son successeur.

Abu Bakr (r. de 632 à 634) se révéla être un chef compétent, mais la plupart des tribus arabes refusaient d'accepter l'autorité califale sous le prétexte que leur loyauté n’allait qu'à Mohammed en tant que personne, et non à l'Islam - ces apostats s'associaient également à des ‘imposteurs’, ou faux prophètes, qui ne cessaient d'émerger et de proposer des croyances nouvelles et obscures. Depuis sa capitale Médine, Abu Bakr répondit efficacement en appelant les ‘fidèles’ aux armes sous la bannière du Jihad ('guerre sainte', dans ce contexte). Les armées musulmanes triomphèrent des rebelles, et Abu Bakr réussit à unifier toute la péninsule arabique. Sachant que les affiliations tribales finiraient par refaire surface, Abu Bakr envoya les armées nouvellement formées consolider leur emprise sur les tribus arabes dans les territoires sassanides et byzantins. Ces attaques, qui devaient n’être que des raids, se transformèrent en conquêtes rapides et permanentes. Après la mort d'Abu Bakr en 634, Omar ibn al-Khattab (r. de 634 à 644), son plus puissant partisan, devint le calife suivant.

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Omar ibn al-Khattab poursuivit les campagnes d'Abu Bakr, et les victoires simultanées de la bataille d'Al-Qadisiyya et de la bataille du Yarmouk en 636 ouvrirent la voie à la conquête de la majeure partie de l'Empire Sassanide et des provinces orientales de l'Empire Byzantin - principalement l'Égypte, la Syrie et le Levant. Omar introduisit de nombreuses réformes et de nouvelles institutions telles que la police, les pensions, les tribunaux, les parlements etc. Mais il était surtout connu comme un homme craignant Dieu et surpassant tout le monde dans l'administration de la loi. Il fut assassiné par un esclave perse nommé Lou'lou en 644.

Calligraphic Names of Rashidun Caliphs in Hagia Sophia
Calligraphie des noms des califes Rashidun dans Sainte Sophie, Istanbul
Belt93 (CC BY-NC-SA)

Le successeur d'Omar fut Othman ibn Affan (r. de 644 à 656), issu du riche clan des Banu Umayya (Omeyyades) et ami proche de Mohammed. Bien qu'il fût un homme pieux et dévoué à la nouvelle foi, il n'était pas populaire. Les problèmes maintenus sous contrôle sous le régime strict d'Omar - comme le coût d'une expansion agressive - commencèrent à faire surface et furent trop lourds pour le nouveau calife. Son mandat ne fut pas dépourvu de succès militaires, mais le coût l'emportait sur les profits générés par ces conquêtes. Il fut assassiné dans sa propre maison en 656 par des soldats rebelles de la ville de garnison de Fustat en Égypte, et avec sa mort disparut l'unité de l'Oumma ('la communauté') musulmane.

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Muawiya (gouverneur de Syrie), cousin d'Othman et maintenant chef du clan des Omeyyades, voulut venger ce meurtre, mais le nouveau calife Ali ibn Abi Talib (r. de 656 à 661) ne le suivit pas. Cela rendit furieux non seulement Muawiya mais aussi les autres Musulmans. Son règne fut donc marqué par des guerres civiles constantes et l'expansion fut stoppée. Par une autre décision controversée il déplaça aussi la capitale de Médine à Koufa, ville de garnison dans l'actuel Irak. Le calife Ali connut une fin similaire à celle de son prédécesseur, il fut assassiné en 661 par un groupe extrémiste appelé les Kharijites, alors qu'il priait avec la communauté. Ali acquit une renommée posthume sans précédent, principalement en raison de sa place dans l'idéologie chiite. Il est vénéré comme le seul vrai successeur de Mohammed, tandis que les Sunnites considèrent que les quatre califes sont tous également légitimes et ‘bien guidés’ (‘Rashidun’).

La Dynastie des Omeyyades

Alors même qu'Ali était encore au pouvoir, Muawiya avait audacieusement contesté son autorité sur la base de raisons morales. Utilisant la mort tragique de son cousin pour propager son projet, il avait réussi à renforcer son pouvoir. Après la mort d'Ali, le seul concurrent de Muawiya (r. de 661 à 680) était le fils aîné d'Ali, Hassan, qui abdiqua en sa faveur en échange d'une pension élevée. L'année 661 marque le début officiel du règne de la Dynastie Omeyyade, avec Muawiya comme premier calife et Damas comme nouvelle capitale. Ainsi, le pouvoir passait de l'Irak à la Syrie, et Médine ne devait jamais retrouver le prestige politique qu'elle eut jadis. Le règne de 20 ans de Muawiya fut le plus stable pour la Oumma depuis la mort d'Omar. Vers la fin de sa vie, Muawiya nomma son fils Yazid (r. de 680 à 683) comme successeur, ce qui rencontra beaucoup de résistance, notamment de la part du fils cadet d'Ali, Hussein. Celui-ci fut tué avec son armée - principalement des membres de sa famille - par les forces de Yazid à la bataille de Kerbala, en 680. Il est considéré comme un martyr par les Sunnites et des Chiites.

Battle of Karbala
Bataille de Kerbala
Andreas Praefcke (Public Domain)

Le calife Abd al-Malik (r. de 685 à 705) encouragea la centralisation de l'empire et éleva le statut de la langue arabe, en en faisant la lingua franca de l'empire. Ce fut également sous son règne que Tunis fut conquise (en 693), que la population berbère locale accepta l'Islam, et que les frontières de l'empire s’étendirent jusqu’à la péninsule ibérique. La province rebelle de l'Irak (du fait des Chiites) fut également gardée sous contrôle sous un gouverneur sans pitié mais loyal, al-Hajjaj ibn Yusef (661-714).

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LE SEUL DES OMEYYADES À RECEVOIR DES ÉLOGES DE LA PART DES HISTORIENS MUSULMANS FUT LE TRÈS DÉVOUÉ ET PIEUX OMAR II.

L'empire atteignit sa plus grande étendue sous le fils d'Abd al-Malik, Walid Ier (r. de 705 à 715), sous le règne duquel de grands généraux apportèrent de vastes étendues de nouvelles terres à l'empire. Ainsi, Muhammad ibn al-Qasim réussit à conquérir en 712 des parties de ce qui est aujourd'hui le Pakistan, tandis que Qutayba ibn Muslim conquit en 713 la Transoxiane (correspondant à des parties des Ouzbékistan et Tadjikistan actuels). Tariq ibn Ziyad, renforcé par Musa ibn Nusayr, lança la conquête de l'Hispanie en 711. À la mort de Walid, les deux avaient conquis la majeure partie de l'Espagne.

Le seul des Omeyyades à recevoir des éloges de la part des historiens musulmans fut le très dévoué et pieux Omar ibn Abd al-Aziz, ou Omar II (r. de 717 à 720). Il était dévoué à l'Islam et son court règne rappelait le califat Rashidun précédent. Il encourageait l'égalité, facilitait la conversion par des impôts indulgents pour les Musulmans non arabes, il fit cesser les insultes publiques à l'encontre d'Ali et mit fin aux raids contre les voisins pacifiques de l'empire. Sa position inébranlable sur la justice et la piété le mit en rivalité à l’intérieur de son propre clan, qui le tua en 720. Les Musulmans se souviennent de lui jusqu'à aujourd'hui comme d'une figure légendaire.

À la fin des années 740, les divisions internes, les guerres civiles de succession constantes, et des dirigeants incompétents, avaient laissé l'empire fracturé. Le gouverneur Marwan II émergea de la dernière guerre civile en 744, mais il serait le dernier de sa famille à régner sur l'empire. En 750, il fut vaincu par une nouvelle force, les Abbassides. La mort de Marwan marqua la fin du règne incontesté des Omeyyades, qui conservèrent toutefois une petite partie de leur ancien empire, Al Andalus, qui subsista jusqu'en 1492.

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La Dynastie Abbasside

Les Abbassides étaient descendants de l'oncle du prophète Mohammed, Abbas, et ils utilisèrent ce fait pour légitimer leur revendication du califat. Après que les Abbassides eurent renversé les Omeyyades en 750, Abu al-Abbas As-Saffah, ‘le sanguinaire’ (r. de 750 à 754) fut déclaré calife. Les Omeyyades furent exhumés de leurs tombes en Syrie, et leurs restes brûlés, et tous les membres masculins vivants furent massacrés, sauf un, Abd al-Rahman Ier. Il échappa aux Abbassides, fit un voyage périlleux vers Al Andalus et y établit en 756 le califat omeyyade de Cordoue, qui devait rivaliser en élégance et en grandeur avec les Abbassides.

As-Saffah Being Proclaimed Caliph
As-Saffāḥ proclamé calife
Muhammad Bal'ami (Public Domain)

Al Mansur (r. de 754 à 775), successeur d'As-Saffah, créa une nouvelle capitale près du Tigre, Bagdad (Irak actuel), ville qui surpassait toutes les villes européennes de l'époque dans tous les domaines. Des artistes, des architectes, des savants, des poètes, des historiens, des scientifiques, des astrologues, des mathématiciens et d'autres de tous horizons contribuèrent à l'élévation de la ville, la transformant en un centre de savoir et de culture dans l'empire islamique.

Sous le calife Haroun al-Rashid (786-789), le plus célèbre des Abbassides (qui figure en bonne place dans les contes et légendes), fut créée la grande bibliothèque de Bagdad, la Bayt al-Hikma ('Maison de la Sagesse'), qui devint le centre de savoir du monde. C'est là que les œuvres classiques des Grecs furent traduites en arabe, et c'est en grande partie à la Bayt al-Hikma que l'on doit la Renaissance européenne car sans elle tous les manuscrits grecs auraient été perdus. On se souvient du règne de Haroun al-Rashid comme l'âge d'or des Abbassides. Non seulement son gouvernement apporta de grands progrès dans l'administration, mais il fit preuve également d'une grande compétence au combat en menant des armées en Asie Mineure lors de campagnes militaires victorieuses contre les Byzantins en 806.

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Islamic Conquests in the 7th-9th Centuries
Conquêtes Islamiques aux 7ème-9ème Siècles
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Sa décision de diviser l'empire entre ses deux fils, Al-Amin et Al-Ma'mun, conduisit après sa mort à une guerre civile coûteuse, dont Al-Ma'mun (r. de 813 à 833) sortit victorieux. Cette guerre civile fut l'une des principales causes de l'effondrement de l'empire. Al-Ma'mun était un mécène des arts et du savoir, mais il n'était pas politiquement aussi actif que ses prédécesseurs et n'avait même pas le même respect pour la foi. Avec la mort d'Al-Ma'mun, l'apogée de l'empire fut aussi perdue, et de fait, même pendant son règne, plusieurs régions de l'empire avaient commencé à se détacher sous la forme d'émirats séparés.

L'empire étant presque constamment en état de guerre civile, les candidats au califat commencèrent à avoir recours aux gardes du corps turcs pour accéder au trône. Le coût élevé de ces armées privées, et l'incompétence des gouverneurs qui ne parvenaient pas à garder la mainmise sur le vaste empire, entraînèrent pratiquement leur faillite. En outre, en 909, un (anti-) califat rival chiite apparut dans les régions occidentales de l'Afrique du Nord, puis s'étendit jusqu'en Égypte et au Hedjaz (région ouest de la péninsule arabique), et se fit appeler les Fatimides - descendants de Fatima, fille du Prophète. Ces Chiites appartenaient à une secte radicale appelée les Septimains - car ils croyaient en sept imams - au lieu des Chiites majoritaires qui nous sont familiers aujourd'hui, qui croient en une lignée différente de douze imams. Les Fatimides devaient subsister jusqu'en 1171, date à laquelle ils furent abolis par Saladin (1137-1193), qui plaça l'Égypte sous la suzeraineté des Abbassides.

Pour ajouter à ces fragmentations, les Abbassides, eux-mêmes sunnites, étaient maintenant dominés par un empire iranien chiite, les Bouyides - du nom de leur fondateur Ali ibn Bouya (vers 891-949). En 945, les Bouyides s'emparèrent de Bagdad et réduisirent les califes à des hommes de paille. Les Bouyides furent ensuite renversés en 1055 par les Seldjoukides, tribu turque d'Asie centrale qui avait épousé la version sunnite de l'Islam au 11ème siècle et commencé à étendre son empire jusqu'en Asie mineure. Les Seldjoukides prirent Bagdad mais rien ne changea pour les califes, qui ne conservèrent que leurs titres. Les Seldjoukides tombèrent aussi vite qu'ils s’étaient élevés, et au 12ème siècle, ils ne furent plus la force puissante et redoutable qu'ils avaient été. Ils ne furent que de simples spectateurs devant les Croisades (1095-1291), conflit qui fut initié par leur montée en puissance et la menace qu'ils faisaient peser sur l'Empire Byzantin après la bataille de Manzikert (1071). Les Abbassides profitèrent de cette occasion pour obtenir une autonomie complète, bien que de courte durée.

Mongol Siege of Baghdad
Siège de Bagdad par les Mongols
Sayf al-vâhidî (Public Domain)

Une nouvelle menace, cependant, émergeait maintenant des steppes d'Asie centrale: les Mongols. En 1258, le calife Al-Musta’sim (r. de 1242 à 1258), dernier des souverains abbassides officiels, fut assiégé dans sa propre capitale par les forces de Hulagu Khan. La ville entière fut rasée, sa population massacrée, et Al-Musta’sim fut roulé dans un tapis et piétiné par les chevaux. Le règne abbasside prit fin avec la destruction de Bagdad, bien que des califes fantômes aient continué à vivre au Caire, mais à part le titre, ils n'avaient rien, pas même la moindre signification symbolique.

Le Sultanat Ottoman

En 1299, un ancien vassal turc des Seldjoukides et chef de tribu nommé Osman (r. de c. 1299 à 1324) commença à étendre sa domination en Asie Mineure aux dépens de l'Empire Byzantin affaibli, il forma le Sultanat Ottoman (nommé d'après Osman). Osman et ses descendants, considérant le jihad et l'expansion impériale comme un devoir moral, continua à conquérir rapidement de vastes territoires. Vers 1453, à partir de leur capitale d'Edirne (autrefois, Andrinople), les Ottomans dominaient des territoires en Asie mineure, dans toute l'Anatolie et de nombreuses régions des Balkans. Deux efforts majeurs de la chrétienté européenne pour stopper leur progression échouèrent en 1389 (bataille de Kosovo) et en 1444 (bataille de Varna).

En 1453, Constantinople était tout ce qui restait du Royaume Byzantin et le sultan ottoman Mehmed ou Mehmet II (r. de 1451 à 1481) était déterminé à la prendre. Le siège de Mehmed se termina par un succès et la ville devint la nouvelle capitale du sultanat. Avec la possession des Dardanelles, les Ottomans détenaient le monopole des principales routes commerciales (faisant partie de la Route de la Soie) au Moyen-Orient et en Eurasie, et n'avaient aucune intention de les partager avec le reste du monde. Ils fermèrent la Route de la Soie, ce qui contraignit les autres puissances occidentales à explorer le monde inconnu. Ce fut 'l'Ère des Explorations', qui conduisit à la conquête du ‘Nouveau Monde’ par les puissances européennes.

Mehmed II Conquers Constantinople
Mehmet II conquiert Constantinople
Jean-Joseph Benjamin-Constant (Public Domain)

Mehmed, comme les sultans précédents, s'était arrogé le titre de calife et, comme personne d'autre ne pouvait le lui contester, cette revendication était un peu légitime. Elle fut toutefois confortée en 1517, lorsque le sultan Selim Ier conquit le Sultanat Mamelouk et transféra officiellement le titre des califes fantômes abbassides aux Ottomans. Les Ottomans conservèrent ce titre pendant quatre siècles supplémentaires, bien que le monde musulman ne fusse plus uni comme avant. L'importance symbolique (semi-religieuse) du califat persistait cependant dans le cœur des Musulmans, qui y voyaient un symbole de l'unité de la Oumma, et les Turcs en étaient également honorés. La défaite des Ottomans lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918) mena à la montée de la Turquie nationaliste, dont le fondateur, Mustafa Kemal Pacha, abolit officiellement l'institution du califat en 1924. Après cela, aucune autre nation n'assuma l'autorité califale sur le monde islamique.

Conclusion

L'institution du califat connut trois phases majeures d'évolution. Dans un premier temps, il s'agissait d'un système politique d'inspiration religieuse dont le détenteur devait veiller à ce que la ‘loi de Dieu’ prévale sur son territoire, même si l'absence de centralisation signifiait que la plupart des coutumes locales et des cadres administratifs locaux persistaient dans les territoires nouvellement conquis. Cette phase initiale présentait un grave défaut: l'inspiration religieuse n'était pas suffisante pour assurer la position des califes.

Après le meurtre d'Othman ibn Affan, il était devenu évident que la composante politique de l'institution était dominante et que le califat pouvait simplement être ‘saisi’. Cela se confirma encore lorsque les Dynasties Omeyyade et Abbasside prirent le pouvoir. Toutes deux se heurtèrent à une forte résistance et à un fort ressentiment, mais continuèrent à gouverner malgré cela (ce que les premiers califes n'auraient pas pu faire, compte tenu de la mansuétude d'Othman et de sa réticence à utiliser la puissance militaire pour réprimer les révoltes). Ces deux empires introduisirent et mélangèrent également le concept de règle dynastique avec le califat, c'est-à-dire que le califat pouvait désormais être hérité.

Lorsque les Ottomans assumèrent officiellement la revendication incontestée du califat en 1517, ils devinrent les premiers non-Arabes (par leur origine ethnique) à obtenir le ‘commandement des fidèles’. Ce changement apporta aussi un nouveau sentiment d'égalité au sein du monde musulman; les Musulmans arabes et non-Arabes étaient égaux dans tous les domaines, même en politique. L'abolition de l'institution et l'absence d'efforts pour le faire revivre sont considérés comme quelque chose de malheureux par les Musulmans qui estiment que, bien que la puissance politique et militaire de l'institution ait été perdue depuis longtemps, son importance symbolique pour la communauté islamique en tant que système politique semi-religieux et l'inspiration qu'il fournissait alors constituaient un héritage culturel inestimable.

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Bibliographie

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Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Syed Muhammad Khan
Muhammad est biologiste, passionné d'Histoire et écrivain indépendant. Il contribue activement à l'Encyclopédie depuis 2019.

Citer cette ressource

Style APA

Khan, S. M. (2019, décembre 03). Califats Islamiques [Islamic Caliphates]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18629/califats-islamiques/

Style Chicago

Khan, Syed Muhammad. "Califats Islamiques." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le décembre 03, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18629/califats-islamiques/.

Style MLA

Khan, Syed Muhammad. "Califats Islamiques." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 03 déc. 2019. Web. 20 déc. 2024.

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