Neptune est le dieu romain de la mer et l'équivalent romain du dieu grec Poséidon. Il était à l'origine un dieu de l'eau douce et a été associé à Poséidon au début de l'histoire romaine. Il vit dans un palais doré au fond de la mer, où règne sur les dieux et déesses de la mer, les nymphes de la mer et les créatures marines.
Il est le fils de Saturne (l'homologue romain de Cronos) et d'Ops (l'homologue romain de Rhéa). Son frère est Jupiter, l'équivalent romain de Zeus dans la mythologie grecque et, par conséquent, le dieu le plus puissant du panthéon romain. Neptune était considéré comme le deuxième dieu le plus puissant de la mythologie romaine.
Naissance et famille
Craignant que ses enfants ne deviennent plus puissants que lui, Saturne, le dieu romain de l'agriculture, avale Neptune et ses frères et sœurs. Ops, la déesse romaine de la terre et de la fertilité, fit tout son possible pour sauver ses enfants, et Neptune et ses frères et sœurs ont été vomis après que Saturne eut pris un émétique.
Selon Homère (vers 750 av. J.-C.), les frères Neptune, Jupiter et Pluton (l'équivalent romain d'Hadès) tirèrent au sort la partie du monde sur laquelle ils allaient régner. Neptune tira la mer, Pluton les enfers et Jupiter le ciel et les cieux. Hésiode (vers 700 av. J.-C.) affirme que Jupiter attribua des titres honorifiques à toutes les divinités après être devenu le roi des dieux. Neptune était la plupart du temps fidèle à son frère Jupiter ; cependant, à une occasion, il conspira avec Junon (l'équivalent romain d'Héra) et Minerve (l'équivalent romain d'Athéna) pour le renverser et l'enchaîner. Pour cette désobéissance, Jupiter le punit et le bannit dans la mer.
Neptune était marié à Salacie (l'équivalent romain de la déesse des eaux Amphitrite). Ensemble, ils eurent plusieurs enfants, dont Triton, Rhodé, Protée et Benthésicymé . Cependant, comme son frère Jupiter, Neptune eut de nombreuses aventures amoureuses qui aboutirent à des enfants. Il fit l'amour avec la déesse Cérès alors qu'elle était sous la forme d'une jument, et celle-ci donna naissance à un poulain appelé Arion, qui tirait parfois le char de son père à la surface de la mer. Tyro, la fille de Salmonée, coucha avec Neptune lorsqu'il était sous la forme d'un dieu-fleuve et donna naissance à deux fils nommés Pélias et Nélée. Le cyclope Polyphème était le fils de Neptune et de la nymphe marine Thoôsa. Il engendra également les géants Otos et Ephialtès avec Iphimédie.
Apparence et pouvoirs
Neptune était représenté avec des cheveux noirs et drapé dans un manteau richement coloré d'azur ou de vert de mer. Selon Ovide (43 av. J.-C.-17 av. J.-C.), Neptune avait toujours une expression maussade, tandis que Virgile (70-19 av. J.-C.) a écrit qu'il avait un comportement doux et que même lorsqu'il était en colère, il avait un regard de sérénité et de majesté sur son visage. Il tenait un trident à trois branches qui possédait des pouvoirs extraordinaires. Neptune utilisait ce trident pour briser les rochers, faire des vagues, créer de nouvelles étendues d'eau et provoquer de violentes tempêtes.
Il chevauchait un dauphin ou un coquillage géant aux côtés de son épouse. Ils étaient tirés par des baleines et des hippocampes et étaient toujours accompagnés de dieux de la mer, de déesses, d'une grande foule de nymphes marines et de Triton, leur fils. Les dauphins et autres créatures des profondeurs plongeaient hors de l'eau et jouaient autour du dieu. Triton se rendait devant Neptune et soufflait dans sa trompette en coquillage pour calmer les vagues et annoncer l'arrivée du dieu.
Cependant les vagues irritées s'apaisent. Le dieu des mers dépose son trident, et rétablit le calme dans son empire : il appelle sur ses profonds abîmes Triton, qui couvre d'écailles de pourpre ses épaules d'azur; il lui ordonne de faire résonner sa conque, et de donner aux ondes et aux fleuves le signal de la retraite. (Ovide, Métamorphoses, I. 330-335, trad. G.T. Villenave, Remacle).
Neptune et le roi Laomédon
Après que Neptune eut tenté de renverser Jupiter et l'eut enchaîné, sa punition fut de servir un mortel. Neptune erra sur la terre, essayant de trouver un emploi. En route vers Troie, Neptune rencontra le fils de Jupiter, Phoebus (l'équivalent romain d'Apollon), qui avait lui aussi provoqué la colère de Jupiter et avait été condamné à subir la même punition que Neptune. Arrivés à Troie, ils approchèrent le roi Laomédon, et Phoebus offrit ses services comme berger tandis que Neptune proposa de construire de hauts murs de pierre tout autour de la ville. Le roi Laomédon leur promit des récompenses en échange de leur dur labeur.
Les deux dieux se mirent immédiatement au travail et s'entraidèrent pour alléger leur charge de travail. Pendant que Neptune construisait son mur, Phoebus jouait de sa flûte, charmant les pierres et les faisant se mettre en place sans que Neptune ait à les soulever. Une fois les murs construits, Neptune et Phoebus se rendirent chez le roi Laomédon et demandèrent la récompense promise. Mais le roi Laomédon refusa de leur donner quoi que ce soit, ce qui choqua et mit les dieux en colère. Ils quittèrent donc Troie en jurant de détruire la ville, ce qu'ils firent : Phoebus envoya une peste mortelle et Neptune une inondation pour submerger la ville. De ce déluge sortit une créature monstrueuse.
Laomédon, désespéré, consulta un oracle qui lui dit que l'inondation et la peste ne prendraient fin que si une jeune fille était sacrifiée au monstre de temps à autre. Les jeunes femmes de Troie tirèrent au sort et, à son grand désespoir, c'est la fille de Laomédon, Hésione, qui fut tirée au sort. Le grand héros grec Hercule était de passage à Troie à ce moment-là. Il répondit aux appels à l'aide de Laomédon en échange des chevaux immortels que Jupiter avait donnés au roi. Hercule tua le monstre mais se vit refuser une récompense, tout comme Phoebus et Neptune. Hercule était furieux et jura de se venger de Laomédon. A son retour à Troie, il tua le roi, sa famille et sa maisonnée, à l'exception d'Hésione. En commettant cet acte de vengeance, le souhait de vengeance de Neptune fut réalisé.
Neptune, créateur des chevaux
Les Grecs anciens attribuaient la création des chevaux à Neptune. Neptune et Minerve se disputaient le droit de nommer la ville construite par Cécrops, le légendaire roi d'Attique. Les dieux déclarèrent que celui qui créerait l'objet le plus utile à l'humanité gagnerait le droit de nommer la ville. Neptune frappa le sol de son trident et fit naître un splendide cheval, le premier de son espèce, tandis que Minerve ordonna à un bel olivier de sortir de terre.
Les dieux admirèrent les deux cadeaux, mais ils décidèrent que l'olivier serait plus bénéfique qu'un cheval, et la ville devint donc protégée par Minerve. Cependant, le magnifique cheval resta, et très vite il y eut, nombreux autres chevaux sur la terre. Neptune enseigna à l'humanité comment les monter et comment faire des circuits pour les courses de chars.
Neptune et le roi Minos
Le taureau est un autre animal créé par Neptune. Minos, que Neptune appréciait, souhaitait ardemment devenir roi de Crète. Il pensait qu'avoir les faveurs du dieu lui permettrait de gagner la couronne. Il pria Neptune de lui envoyer un taureau de la mer pour qu'il puisse le sacrifier en l'honneur de Neptune. Neptune répondit à sa prière en lui envoyant le taureau le plus magnifique jamais vu. Il était si beau que Minos ne put envisager de s'en séparer. Il trompa donc Neptune en le cachant parmi un vulgaire troupeau de bétail et en sacrifiant un autre taureau à sa place.
Neptune punit Minos en rendant le taureau ingérable. Peu de temps après, il s'échappa, détruisant tout sur son passage, et tout comme il était apparu, le taureau a disparu dans le désert, pour ne plus jamais être revu. Dans d'autres traditions, Neptune punit Minos en faisant en sorte que sa femme, Pasiphaë, tombe amoureuse du taureau.
Neptune dans l'Énéide
L'Énéide de Virgile est un poème épique de la littérature romaine qui décrit les aventures du légendaire fondateur de Rome : Énée, qui survécut au sac de Troie et qui eut une célèbre histoire d'amour avec Didon, la reine de Carthage. Dans le livre 1, Énée et ses hommes affrontent une violente tempête alors qu'ils naviguent en haute mer et s'éloignent de la Sicile. Neptune est furieux de la tempête, qu'il sait avoir été envoyée par sa rusée sœur Junon, et calme les eaux pour aider Énée et ses hommes.
Ainsi tombe la vague ; ainsi des mers profondes
Neptune d'un coup d'oeil tranquillise les ondes,
Court, vole, et, sur son char roulant sous un ciel pur,
De la plaine liquide il effleure l'azur.(Virgile, Énéide, 1.143-149, trad. l’abbé Delille, Remacle).
Dans le livre 5, Énée et ses hommes naviguent à nouveau dans une tempête furieuse. Énée demande à Neptune ce qu'il leur réserve. Neptune répond : " Énée au grand cœur, même si Jupiter lui-même me donnait sa garantie, je ne m'attendrais pas à atteindre l'Italie sous un tel ciel ". (Virgile, Énéide, 5.19-20). Il recommande à Énée et à ses navires de changer de cap vers des rivages sûrs, et il les aide à atteindre la sécurité. Tout au long de l'Énéide, Troie est appelée "la Troie de Neptune", en référence au fait qu'il avait construit les solides murs de pierre de Troie pour le roi Laomédon.
Culte et héritage
Les Romains n'étaient pas de grands marins comme les Grecs de l'Antiquité, et Neptune n'a donc jamais eu la même importance que Poséidon dans la mythologie grecque. Un temple lui était dédié, situé entre les collines de l'Aventin et du Palatin à Rome où coulait autrefois un ruisseau d'eau douce.
Un festival était également organisé en son honneur. Les Neptunalia avaient lieu le 23 juillet de chaque année, au cœur de l'été. Les Romains faisaient des sacrifices à Neptune pour qu'il soulage leur manque d'eau pendant la chaleur, et ils organisaient des courses de chars. Tous les chevaux cessaient de travailler pendant cette période et étaient parés de couronnes de fleurs. Les habituels festins très arrosés étaient également un passe-temps populaire pendant les Neptunalia.
Conformément à la tradition de donner aux planètes le nom de dieux grecs et romains, la huitième planète du système solaire a été baptisée Neptune, comme l'avait suggéré l'astronome français Urbain Jean Joseph Le Verrier (1811-1877), qui découvrit la planète en 1846.