Bataille de Bosworth

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 20 février 2020
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Richard III & Henry VII, Stained Glass Window (by John Taylor, CC BY)
Richard III et Henri VII, vitrail
John Taylor (CC BY)

Lors de la bataille de Bosworth (alias Bosworth Field) dans le Leicestershire, le 22 août 1485, le roi yorkiste Richard III d'Angleterre (r. de 1483 à 1485) affronta une armée d'invasion dirigée par Henri Tudor, la figure de proue des Lancastres. Il s'agissait d'un engagement décisif dans la longue querelle dynastique connue dans l'histoire sous le nom de Guerre des Deux Roses (1455-1487). Henri l'emporta, en grande partie parce que certains des alliés de Richard changèrent de camp ou restèrent inactifs pendant la bataille. Le roi fut désarçonné de son cheval et massacré alors qu'il tenta une dernière fois d'abattre personnellement son adversaire direct pour le trône. Le victorieux Henri Tudor devint alors le roi Henri VII d'Angleterre (r. de 1485 à 1509). La bataille de Bosworth était autrefois considérée comme la fin du Moyen Âge en Angleterre mais, même si les historiens modernes tremblent devant des dates limites aussi pittoresques et arbitraires, la bataille reste un événement central de l'histoire anglaise. Bosworth n'a jamais cessé de captiver l'imagination populaire, en grande partie grâce à la pièce de William Shakespeare, Richard III qui immortalisa ce jour d'août où tomba le dernier roi anglais à être tué sur le champ de bataille.

La guerre des Roses

Lorsqu'Édouard IV d'Angleterre (r. de 1461 à 1470 et de 1471 à 1483) mourut brusquement le 9 avril 1483, son jeune fils devint roi. Édouard V d'Angleterre (r. avr.-juin 1483) n'avait que 12 ans et avait donc un régent, son oncle Richard, duc de Gloucester. Le duc, qui reçut le titre de Lord Haut Protecteur du Royaume, emprisonna Édouard et son jeune frère Richard dans la Tour de Londres, où ils furent connus sous le nom de "Princes de la Tour". Les garçons ne furent jamais revus et le duc Richard se proclama roi en juillet 1483. Le roi fut accusé par tous d'avoir tué ses neveux dans l'acte le plus méprisable de la guerre des Deux Roses, même si les causes exactes de leur mort restent un mystère.

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La nouvelle de la mort de l'héritier de Richard en 1484 renforça la cause des Lancastriens. Il s'agissait maintenant de renverser Richard et le trône pourrait leur revenir.

Même les partisans des Yorkistes furent choqués par la tournure des événements, et le vieil ennemi, les Lancastriens, n'avait pas complètement disparu. Ces derniers, toujours désireux de s'approprier le trône, étaient désormais menés par leur meilleur espoir, l'exilé Henri Tudor, comte de Richmond (né en 1457). Henry était, par la lignée illégitime des Beaufort, un descendant de Jean de Gaunt, un fils d'Édouard III d'Angleterre (r. de 1327 à 1377). Ce n'était pas un lien royal important, mais le meilleur que les Lancastres pouvaient produire après des années de purges par le roi yorkiste Édouard IV. Profitant du mécontentement à la cour de Richard, Henri rassembla autour de lui des soutiens impressionnants : les Woodville (famille de la reine d'Édouard IV, Elizabeth Woodville), nobles mécontents de la répartition des domaines ou des faveurs de Richard, et Charles VIII de France (r. de 1483 à 1498), désireux de provoquer toute perturbation qui limiterait la puissance de l'Angleterre à l'étranger, notamment en Bretagne. Après qu'une invasion ait échoué en raison d'une mauvaise planification en novembre 1483, la nouvelle de la mort du fils et héritier de Richard, Édouard, en avril 1484, renforça la cause des Lancastriens. Il ne restait plus qu'à renverser Richard, et le trône pourrait leur revenir.

Richard III of England, National Portrait Gallery
Richard III d'Angleterre, National Portrait Gallery
National Portrait Gallery (CC BY-NC-ND)

Les armées enemies

le 1er août 1485, la Guerre des Deux Roses atteignit son point culminant lorsque Henri Tudor quitta la Bretagne et débarqua avec une armée de mercenaires français à Milford Haven, dans le sud du Pays de Galles, une force qui ne comptait peut-être pas plus de 2 000 à 3 000 hommes, dont seulement 400 à 500 Anglais. Les effectifs de l'armée d'Henri augmentèrent au cours de la semaine suivante, alors qu'elle traversa le Pays de Galles le long de la rivière Severn, vers Shrewsbury, Coventry et enfin la région de Leicester. Le baron gallois Rhys ap Thomas se vit offrir la promesse de la lieutenance du Pays de Galles en cas de victoire d'Henri, ce qui renforça l'armée rebelle de 800 hommes supplémentaires. 500 soldats supplémentaires arrivèrent avec William ap Gruffudd par le nord du Pays de Galles et 500 autres avec Gilbert Talbot, oncle du comte de Shrewsbury. Avec une armée d'environ 5 000 hommes, Henri avait au moins une chance de renverser le roi et son armée beaucoup plus importante s'il pouvait persuader certains des hommes de Richard de faire défection avant ou pendant la bataille à venir.

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Richard péféra sans doute engager le combat avec Henri dès que possible, avant qu'il n'ait la possibilité de gonfler ses effectifs avec encore plus de dissidents issus des forces de la Couronne.

Une autre faiblesse de l'armée d'Henri, outre son infériorité numérique, était le fait que beaucoup de ses combattants étaient des métayers conscrits n'ayant qu'une expérience limitée de la bataille. Ils n'étaient pas non plus particulièrement bien équipés et étaient donc principalement des archers ou des lanciers. Cependant, Henri disposait de mercenaires expérimentés venus de France et d'Écosse, armés de boucliers, d'épées et de piques, et d'unités de chevaliers médiévaux, la cavalerie lourde. En termes de commandement, Henri n'était qu'un novice mais il pouvait faire appel à l'expérience de son oncle Jasper Tudor, comte de Pembroke, de John de Vere, comte d'Oxford, et du chef de ses mercenaires français, Philibert de Chandée.

Richard, en apprenant la nouvelle de la force d'invasion d'Henri, quitta le château de Nottingham et rassembla ses partisans. L'armée du roi était composée d'un mélange de troupes similaire à celui d'Henri, mais avec un équipement légèrement meilleur et certainement plus de cavalerie. Un autre avantage était que Richard disposait de quelques pièces d'artillerie lourde alors qu'Henri n'avait qu'un certain nombre de canons de campagne légers. Malheureusement, comme le roi n'était pas sûr de l'endroit où l'invasion d'Henri Tudor pourrait toucher terre, il avait placé des nobles et des troupes loyales dans toute l'Angleterre, ce qui signifiait qu'il ne pouvait pas commander une armée aussi importante qu'il l'aurait souhaité à Bosworth. Il se peut également que Richard ait préféré engager Henri dès que possible avant qu'il n'ait la possibilité de gonfler ses effectifs avec encore plus de dissidents issus des forces de la Couronne.

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Henry VII of England, National Portrait Gallery
Henri VII, National Portrait Gallery
National Portrait Gallery (Public Domain)

Bien qu'à la tête d'une force totale supérieure composée d'environ 8 000 à 12 000 hommes, Richard sera, comme Henri l'espérait, déserté au dernier moment par certains de ses principaux alliés. Parmi les moins fiables se trouvait Sir William Stanley, dont le neveu Lord Strange était gardé en otage par Richard précisément pour s'assurer de sa loyauté. Stanley commandait 3 000 hommes à Bosworth et son soutien s'avérerait donc vital pour celui à qui il le donnerait. Un autre allié douteux de Richard était Henry Percy, comte de Northumberland, qui refusait même d'engager ses troupes tant qu'il n'avait pas une idée claire du camp qui allait l'emporter dans la bataille qui allait décider d'un royaume. Richard était très probablement conscient de la trahison qui régnait dans l'air et du fait que ses sombres actions passées allaient revenir le hanter. Shakespeare n'était donc peut-être pas loin de la vérité, du moins en esprit, dans sa célèbre scène de Richard III , la nuit précédant la bataille, le roi troublé est visité par les fantômes de tous ces nobles qu'il avait prétendument assassinés. Peut-être la conscience de Richard jouait-elle vraiment avec ses nerfs à la veille de Bosworth :

Ma conscience a mille langues,

et chaque langue raconte une histoire,

et chaque histoire me condamne comme scélérat.

Le parjure, le parjure, au plus haut degré,

le meurtre, le meurtre cruel, au plus atroce degré,

tous les crimes, poussés au suprême degré,

se pressent à la barre criant tous : Coupable ! coupable !

Ah ! je désespérerai. Pas une créature ne m’aime !

et, si je meurs, pas une âme n’aura de pitié pour moi !…

(Richard III, Acte 5, Scène 3)

Malgré la main discutable que le destin lui tendit ce jour-là, le roi avait un as à jouer : lui-même. Richard était un commandant de campagne expérimenté, ayant combattu avec aplomb aux côtés de son frère Édouard lors des batailles de Barnet et Tewkesbury en 1471. En 1482, Richard avait également mené une armée en Écosse, occupé Édimbourg pendant un certain temps et repris le contrôle de Berwick pour la Couronne anglaise. Il s'agissait d'un roi plus que capable de défendre son trône sur le champ de bataille, et même Shakespeare fit en sorte que Richard se réjouisse un peu le matin de la bataille : "La conscience n’est qu’un mot à l’usage des lâches, inventé tout d’abord pour tenir les forts en respect. Ayons nos bras forts pour conscience, nos épées pour loi." (ibid). En effet, selon un témoin oculaire anonyme, consigné dans une lettre de 1486, le roi était déterminé à régler la question ce jour-là. Il déclara : "Que Dieu me garde de céder d'un pas. Ce jour, je mourrai en tant que roi ou je gagnerai" (cité dans Turvey, 134).

Battle Lines, Battle of Bosworth
Lignes de front, Bataille de Bosworth
Jappalang (CC BY-SA)

Lignes de front

Les forces d'Henri rencontrèrent l'armée du roi à Market Bosworth, un petit village près de Leicester, le 22 août 1485. L'armée du roi, qui était arrivée la première, s'était placée au sommet de la colline d'Ambian, sous le commandement de Richard en personne, portant sa couronne de bataille et ses armes royales. L'endroit dominait l'ensemble du champ de bataille et présentait l'avantage supplémentaire d'être protégé par des marais sur le flanc du roi. En l'absence de témoins oculaires et de rapports ultérieurs contradictoires, les détails exacts de cette bataille de trois heures ne sont pas connus.

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Les forces d'Henri chargèrent peut-être en premier, puis les lignes avancées de Richard dévalèrent la colline pour rencontrer ce qui semblait être une armée ennemie beaucoup plus petite. Les troupes d'Henri tinrent bon mais se reformèrent en un biseau qui repoussa la première attaque de Richard. Le roi, qui était resté sur la colline d'Ambian, remarqua alors qu'Henri se trouvait à l'arrière de ses lignes avec seulement un petit nombre de troupes autour de lui. Décidant que le moyen le plus rapide de mettre fin à la bataille était de se diriger directement vers Henri et de l'abattre, Richard descendit la colline avec sa cavalerie lourde. Il fut peut-être contraint à cet acte téméraire par le refus du comte de Northumberland de mobiliser ses propres forces de l'arrière vers le centre de l'action. Le perfide Northumberland restera en fait inactif tout au long de la bataille.

La mort glorieuse de Richard

Le roi se battit courageusement et peut-être un peu bêtement dans ses efforts pour tuer Henri Tudor avec sa propre épée. Richard, bien qu'ayant réussi à abattre le porte-étendard d'Henri, vit son cheval se dérober sous lui - d'où la célèbre phrase de Shakespeare "Un cheval ! Un cheval ! Mon royaume pour un cheval !" (Acte 5, Scène IV). Le roi fut tué lorsque Sir William Stanley décida enfin qui soutenir et dirigea ses 500 cavaliers pour encercler Richard, le coupant de ses propres troupes. Le roi reçut de nombreuses blessures mais fut finalement abattu par un piquier gallois, Rhys ap Maredudd, selon un chroniqueur. Richard fut le premier roi anglais à être tué au combat depuis Harold Godwinson (r. Jan-Oct 1066) à la bataille de Hastings en 1066, et le dernier monarque anglais à tomber sur le champ de bataille. Lorsque le roi tomba, les Yorkistes fuirent la scène après avoir subi de lourdes pertes, parmi lesquelles se trouvait le Duc de Norfolk. Henri gagna la bataille et, comme Richard n'avait pas d'héritier, le royaume.

Les conséquences

Le corps du roi défunt fut attaché au dos d'une mule et exposé, nu à l'exception d'un morceau de tissu, dans l'église de Sainte-Marie à Newarke, près du champ de bataille, puis enterré à l'abbaye de Greyfriars, à Leicester. En 2012, des archéologues à Leicester ont fouillé le site où ils pensaient que les ruines de l'abbaye de Greyfriars étaient enterrées. En creusant à partir de ce qui était en surface un parking, ils ont révélé un squelette masculin, portant de nombreuses marques de blessures à l'épée ou au poignard et, plus intrigant encore, ayant souffert d'une courbure de la colonne vertébrale, l'une des maladies supposées de Richard. Des chercheurs de l'université de Leicester ont effectué des tests ADN et ont confirmé, avec une probabilité de 99,9 %, qu'il s'agissait du squelette de Richard III. Les restes ont finalement été ré-inhumés dans une nouvelle tombe construite à cet effet dans la cathédrale de Leicester.

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Skeleton of Richard III of England
Squelette de Richard III d'Angleterre
R.Buckley et al (CC BY)

Au 15e siècle, la légende veut que le vainqueur Henri Tudor ait reçu la couronne de Richard, trouvée par Stanley sous un buisson d'aubépine à Bosworth Field. Le nouveau roi fut couronné Henri VII d'Angleterre (r. de 1485 à 1509) le 30 octobre 1485. Les fidèles furent récompensés, comme Stanley, qui fut nommé comte de Derby et gendarme d'Angleterre, et qui fut autorisé à conserver les riches tentures de la tente de Richard à Bosworth. En revanche, des personnages tels que le comte de Northumberland eurent ce qu'ils mértaient car Henri les emprisonna, les jugeant vraisemblablement indignes de confiance. L'ancienne reine yorkiste Elizabeth Woodville (vers 1437-1464), en revanche, bénéficia d'une retraite honorable à l'abbaye de Bermondsey, alors située à proximité de Londres. Lorsque Henri épousa Élisabeth d'York, fille d'Édouard IV, en 1486, les deux maisons rivales furent enfin réunies et une nouvelle fut créée : les Tudors. Henri devrait encore faire face à quelques défis, notamment un renouveau yorkiste centré sur le prétendant Lambert Simnel, mais celui-ci fut écrasé à la bataille de Stoke Field en juin 1487. La guerre des Deux Roses était enfin terminée, la moitié des barons anglais avaient été tués dans le processus, mais l'Angleterre était enfin unie alors qu'elle quittait le Moyen Âge pour entrer dans l'ère moderne.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2020, février 20). Bataille de Bosworth [Battle of Bosworth]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18794/bataille-de-bosworth/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Bataille de Bosworth." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 20, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18794/bataille-de-bosworth/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Bataille de Bosworth." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 févr. 2020. Web. 20 déc. 2024.

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