Calice d'Ardagh

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Définition

Jenny Snook
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 18 novembre 2020
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Ardagh Silver Chalice (by Osama Shukir Muhammed Amin, Copyright)
Calice en argent Ardagh
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Le calice d'Ardagh, l'un des plus beaux exemples de métallurgie irlandaise du Moyen Âge, a été découvert en 1868 au sein d'un butin dans un ringfort irlandais à Reerasta, près d'Ardagh, Co. Limerick. Si le calice est le seul artefact ecclésiastique découvert dans le cadre du trésor d'Ardagh, cette collection contient également quatre broches en argent doré et un calice en bronze ordinaire. Le calice décoré est la pièce la plus ancienne du butin, datant de l'an 750 environ, tandis que la plus récente est une broche en chardon d'argent créée au début du 10e siècle. Parmi les autres trésors de cette même période, appelée l'âge d'or de l'art irlandais, figurent le livre de Kells et le trésor de Derrynaflan. Il est probable que le butin fut enterré à une époque où les raids vikings en Irlande étaient à leur apogée.

Contexte

Connu sous le nom de calyx ministerialis, ce type de calice aurait été utilisé pour contenir du vin pendant la célébration de la messe, très probablement lors d'occasions spéciales. Contrairement au butin de Derrynaflan, une collection d'artefacts ecclésiastiques datant de la même période, le calice d'Ardagh n'a pas été retrouvé sur le site où il fut créé ou conservé. On pense que le calice faisait partie du trésor d'une église ou d'un monastère avant sa dissolution. Il existe de nombreuses théories différentes quant à son origine. Par exemple, une théorie prétend qu'il s'agit de l'une des pièces volées lors du célèbre cambriolage du monastère de Clonmacnoise en 1125. Ce n'est là qu'une des rumeurs qui ne peuvent être prouvées.

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Bien que l'on ne sache pas exactement pourquoi ce trésor fut enterré et laissé sous terre, la théorie la plus populaire est la crainte d'un raid viking.

Plusieurs artisans qualifiés avec des compétences exceptionnelles dans le travail du métal et du verre ont dû participer à sa création. Il aurait aussi été nécessaire d'avoir une excellente vue. Il est donc très probable qu'il ait été créé par un certain nombre d'ecclésiastiques de haut rang. Il existe certaines similitudes entre la décoration en filigrane d'or du calice et celle de la très célèbre broche de Tara (vers l'an 700), ce qui fait penser à certains que ces pièces furent peut-être fabriquées dans le même atelier. Bien que la broche de Tara ait été découverte près de Bettystown, Co. Meath, le lieu de sa création est inconnu.

Les broches du butin d'Ardagh auraient pu être portées par des ecclésiastiques haut placés, mais il est plus probable qu'elles aient été portées par des seigneurs. On ignore à qui elles appartenaient ou qui les a créées, mais le calice et les autres pièces du butin ont été rassemblés puis enterrés sous un ringfort, très probablement pour les mettre en sécurité. Bien que l'on ne sache pas exactement pourquoi ce butin fut enterré et laissé sous terre, la théorie la plus répandue est la crainte d'un raid viking à une époque où ces incidents étaient à leur apogée. Les monastères qui contenaient ce genre d'impressionnants récipients ecclésiastiques étaient des cibles de choix. La personne qui enterra le trésor n'est évidemment jamais revenue le réclamer.

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Apparence et style

Ce grand calice à deux anses est fait d'argent, de cuivre et de bronze, décoré de panneaux filigranes en or et de clous en émail. Il mesure 17,8 cm (7 in) de haut, 24 cm (9,5 in) de diamètre et 10 cm (4 in) de profondeur, et se compose de plus de 350 pièces distinctes. Le bol et la base en argent sont séparés, et un pied en bronze coulé se trouve entre les deux. Ces trois pièces sont reliées par un boulon en cuivre. Des clous en émail bleu et rouge sont visibles sous la poignée, autour des médaillons dorés et autour du cerceau qui entoure le bol.

Les poignées ont un design complexe avec des clous en verre et des panneaux en filigrane d'or. Même le dessous de la base a été décoré de façon impressionnante avec de l'or. Un cristal de roche poli trône au centre et recouvre la tige en cuivre. Le National Museum of Ireland a même installé un miroir sous le pied du calice afin de pouvoir en apprécier la base.

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Un médaillon circulaire en or est placé au centre, à l'avant et à l'arrière du calice. Les panneaux filigranes contiennent des images d'animaux et de spirales, ainsi que des motifs abstraits répétés. Les noms latins des onze apôtres, ainsi que de saint Paul, sont gravés sous le cerceau d'or filigrané du haut. Les lettres ressemblent à certaines des initiales figurant dans un manuscrit datant de 710-720, connu sous le nom d'Évangiles de Lindisfarne, trouvé sur une île au large de la côte du Northumberland, dans le nord de l'Angleterre. C'est l'une des raisons pour lesquelles on pense que le calice date de cette période.

Le style de ce récipient pourrait avoir été emprunté à l'Antiquité tardive et peut être comparé à un gobelet provenant d'East Lothian, en Écosse. L'ancien directeur du Musée national d'Irlande, Raghnall Ó Floinn, déclare :

[Le modèle du calice] est de la vaisselle romaine tardive des premiers siècles de notre ère. Il n'a pas de parallèle en Europe occidentale, mais avec les vases byzantins qui se trouvent aujourd'hui à Saint-Marc à Venise - non pas parce qu'il y a une influence orientale directe, mais parce qu'ils s'inspirent tous deux d'un ancêtre romain commun. (Une histoire de l'Irlande en 100 objets)

Découverte

Le trésor a été transféré de la Royal Irish Academy au National Museum of Ireland, peu après l'ouverture du musée en 1890.

Il existe différentes versions de l'identité de la personne qui a découvert le magot et de la date exacte de sa découverte. Contrairement au cas du butin de Derrynaflan, découvert dans les années 1980, le National Museum of Ireland n'était pas là pour organiser des fouilles après la découverte. Certains détails sont souvent contestés. Le récit auquel la plupart des gens se fient a été donné par le vice-président de l'Académie royale irlandaise, Lord Dunraven, qui a visité le site peu après la découverte du butin en septembre 1868. Cependant, ce n'est qu'en qu'en février 1869 qu'il donna une conférence sur ses découvertes.

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Bien que les faits ne puissent pas être prouvés, un article publié après la conférence dans le Dublin Weekly Nation du 27 février 1869 mentionne un homme nommé Jimmy Quinn comme ayant découvert le trésor, en déclarant :

Le 17 septembre 1868, un fils de Mme Quinn travaillait au rath et sentit qu'une partie du sol comme était plus molle que le reste. Il mit sa main et retira une des broches, puis les autres, en s'exclamant : "Oh, voici les cornes du diable", il sortit un plus grand vase et une petite coupe en forme de calice. (Ó Flionn, Talk on the Ardagh Chalice).

Ces "cornes du diable" font référence aux broches. Les histoires parlent d'un homme nommé Paddy Flanagan, qui travaillait pour les Quinn et était apparemment avec Jimmy le jour où le trésor fut découvert. Bien qu'il ait continué à affirmer qu'il était le véritable découvreur du trésor, il n'y a aucun moyen de le prouver. Comme les Quinns louaient leurs terres d'un domaine appartenant aux Sœurs de la Miséricorde, le butin fut réclamé par George Butler, évêque de Limerick. Butler fournit aux Quinns 50 £ irlandaises (75 $) de pour la découverte du trésor.

Après la découverte

En 1878, l'évêque Butler accepta apparemment 100 £ (150 $) de la Royal Irish Academy pour le trésor, bien que certaines histoires non prouvées prétendent qu'il reçut 500 £ (750 $). Il fut transféré de la Royal Irish Academy au National Museum of Ireland peu après l'ouverture du musée en 1890. Le calice peut encore y être vu aujourd'hui. Au fil des ans, il a été inclus dans différentes expositions irlandaises, notamment à Limerick en 1950 et à Cork en 1977. Il a même fait une tournée aux États-Unis dans le cadre de l'exposition Treasures of Early Irish Art.

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Ardagh Chalice
Calice Ardagh
Ken Quail (Copyright)

La découverte du calice relança la popularité de l'art celtique au 19e siècle, mais cet art est toujours d'actualité. Il s'agit notamment de l'utilisation de motifs géométriques fluides et entrelacés sur les bijoux pour représenter des formes de vignes et de feuilles.

Conclusion

Même si de nombreuses questions concernant le contexte et la découverte du calice d'Ardagh ne trouveront peut-être jamais de réponse, son importance pour les Irlandais d'aujourd'hui est évidente. En tant que l'un des objets irlandais les plus célèbres, le calice Ardagh a été choisi en 1928 comme modèle pour la Sam Maguire Cup, qui est décernée chaque année au vainqueur du championnat de football gaélique All-Ireland. La O'Duffy Cup, décernée au vainqueur de la Gala All Ireland Senior Camogie Final et mise à jour en 2007 s'inspire également du style du calice d'Ardagh.

Outre les copies du calice réalisées pour des événements sportifs, sa popularité est évidente car il figure dans les collections de timbres comportant une image du calice, des bijoux s'inspirent de son design toujours ausssi populaire de nos jours, et il est au cœur des festivals commémoratifs tels que le festival du calice d'Ardagh qui a eu lieu en 2015 qui célébra le 150e anniversaire de sa découverte. En 2018, le National Museum of Ireland a reçu plus de 1,2 million de visiteurs, et le calice d'Ardagh est probablement l'artefact le plus célèbre de toute la collection.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Jenny Snook
Jenny est une rédactrice indépendante irlandaise, titulaire d'une maîtrise en archéologie et patrimoine. Elle a travaillé comme chercheuse au National Museum of Ireland, section archéologie et elle a trois ans d'expérience en tant que rédactrice de contenu.

Citer cette ressource

Style APA

Snook, J. (2020, novembre 18). Calice d'Ardagh [Ardagh Chalice]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19284/calice-dardagh/

Style Chicago

Snook, Jenny. "Calice d'Ardagh." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 18, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19284/calice-dardagh/.

Style MLA

Snook, Jenny. "Calice d'Ardagh." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 18 nov. 2020. Web. 22 déc. 2024.

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