Le château d'Édimbourg, qui trône au sommet de Castle Rock, servit l'Écosse pendant des siècles, jouant à un moment ou à un autre le rôle de forteresse, de résidence royale, de siège du gouvernement, d'armurerie et de prison. Scène d'innombrables sièges, de naissances et de décès royaux, d'intrigues meurtrières et de démonstrations militaires, le château d'Édimbourg est depuis longtemps un symbole de l'histoire écossaise et de la fierté nationale. Aujourd'hui, le château est ouvert au public qui peut y voir des curiosités comme la pierre de Scone, les insignes royaux écossais connus sous le nom d'honneurs, le musée national de la guerre, le mémorial national de la guerre et les célèbres canons médiévaux géants comme Mons Meg. Attraction touristique la plus populaire d'Écosse, le château, ainsi que la ville d'Édimbourg, sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Histoire ancienne
Perché sur un affleurement rocheux volcanique avec des falaises abruptes sur trois côtés, le château d'Édimbourg domine l'horizon de la capitale de l'Écosse. L'occupation du site remonte à l'âge du bronze, et des fouilles archéologiques ont révélé que le sommet de la falaise fut artificiellement nivelé vers 900 avant notre ère. Aux 1er et 2e siècles de notre ère, pendant l'âge du fer, le site accueillait un fort au sommet d'une colline, typique de cette période. Ce fort était probablement la capitale de la tribu des Votadini. Le fort, principalement composé de bois et de remblais, avait une entrée protégée par deux énormes fossés. Les bâtiments à l'intérieur du fort étaient également en bois et beaucoup avaient des sols et des foyers en pierre. Il existe également des preuves d'un système de drainage en pierre sur le site. Les échanges commerciaux entre les Votadini et les Romains dans le sud et le centre de la Grande-Bretagne sont attestés par la découverte de bijoux importés.
Le château apparaît pour la première fois dans la littérature au début du 7e siècle de notre ère dans un recueil de vers poétiques connu sous le nom de The Gododdin. À cette époque, il était le site d'une fortification construite par la tribu du même nom qui contrôlait alors certaines parties du sud de l'Écosse et du nord de l'Angleterre. Le fort était connu sous le nom de Din Eidyn, un nom anglicisé plus tard en Edimbourg après que les Angles aient conquis le Gododdin et en aient pris possession. Le château continua à servir de forteresse jusqu'au début du Moyen Âge, mais malheureusement, il ne reste aucune partie du château ou des fortifications antérieures au 11e siècle de notre ère, et il ne reste que quelques reliques appartenant aux personnes qui l'habitait alors.
Le château médiéval
Sainte Marguerite d'Écosse (c. 1046-1093) était, en tant que seconde épouse de Malcolm III (r. de 1058 à 1093), la reine d'Écosse de 1070 à sa mort en novembre 1093. Son règne et sa contribution à la propagation du catholicisme romain dans son royaume ont été commémorés dans la chapelle normande construite au château d'Édimbourg, aujourd'hui la plus ancienne partie originale de la forteresse. La chapelle privée fut très probablement construite vers 1130 par le fils de Marguerite, David Ier d'Écosse (r. de 1124 à 1153). David s'était lancé dans la construction de nombreux châteaux en Écosse, dont le château d'Édimbourg, où il contruisit probablement un donjon de style normand.
Malgré sa formidable allure sur un imposant rocher et sa relative autosuffisance en eau, grâce au Fore Well, le château s'avéra quelque peu décevant lors de siège. Après la capture de Guillaume Ier d'Écosse (r. de 1165 à 1214), les Anglais prirent le contrôle du château entre 1174 et 1186. Le château fut reconquis mais, en 1296, Édouard Ier d'Angleterre (r. de 1272 à 1307) réussit à y entrer après un siège de trois jours seulement. Thomas Randolph, comte de Moray, reprit le contrôle du château à la garnison anglaise en 1314 lors de la lutte pour l'établissement des Bruce en tant que maison royale d'Écosse.
Robert the Bruce (r. de 1306 à 1329), sans doute peu impressionné par les résultats de la forteresse, démolit complètement le château en 1314, principalement pour s'assurer que les Anglais ne l'utiliseraient jamais s'ils capturaient à nouveau le rocher. Une force anglaise réussit en effet à prendre la citadelle en 1335 et commença la reconstruction du château. Cependant, une petite force écossaise dirigée par Sir William Douglas se fit passer pour des marchands et reprit le château pour l'Écosse en 1341.
Un nouveau château royal devint le grand projet du fils et successeur de Robert le Bruce, David II d'Écosse (r. de 1329 à 1371). David ajouta une nouvelle tour massive, peut-être inspirée par une nouvelle addition similaire au château de Windsor en Angleterre. La "Tour de David", comme on l'appela, mesurait 30 mètres de haut et abrita les chambres royales pendant un siècle environ après son achèvement au milieu des années 1370. Vers la fin de son règne, Jacques Ier d'Écosse (r. de 1406 à 1437) ajouta une autre tour juste derrière la Tour de David, tour qui contenait une grande salle destinée aux banquets. Finalement, cette "Grande Chambre" remplaça les chambres royales de la Tour de David. C'est dans la Grande Chambre de la tour de Jacques Ier ou dans la Grande Salle de la tour de David que se déroula l'un des épisodes les plus tristement célèbres du château en 1440, le "dîner noir". Ce repas eut lieu lorsque l'entourage du jeune Jacques II d'Écosse (r. de 1437 à 1460) accueillit les deux jeunes héritiers du puissant clan Douglas. Les garçons Douglas avaient été invités à dîner de manière assez cordiale, mais le soir en question, on leur présenta une tête de taureau sur un plateau. C'était le signe que les garçons devaient être emmenés et exécutés.
Il ne reste pas grand-chose de ces ajouts médiévaux au château et la plupart des bâtiments actuels datent du règne de Jacques IV d'Écosse (r. de 1488 à 1513). La Tour de David, par exemple, s'effondra lors d'un siège, et ses ruines sont maintenant complètement recouvertes par la batterie de la Demi-Lune. La place de la Couronne (anciennement connue sous le nom de Grand Parade et située près de l'ancien site de la tour David) avait été créée par Jacques III d'Écosse (r. de 1460 à 1488) et subsiste encore sous la forme d'une cour qui est devenue le cœur symbolique des quartiers domestiques royaux du château, sur le modèle des résidences royales contemporaines d'Europe continentale. La grande forteresse médiévale avait enfin commencé sa transformation en palais.
Le château du début des temps modernes
Jacques IV utilisa le château comme résidence royale, mais son rôle de forteresse ne fut pas complètement oublié, le roi l'utilisant comme dépôt des pièces d'artillerie du royaume. Le roi Jacques ajouta également une nouvelle Grande Salle au château (achevée vers 1510), qui accueillit ensuite le parlement écossais. La Grande Salle connut une histoire mouvementée au fil des siècles, les points forts étant son utilisation pour les banquets d'État, les points faibles étant son utilisation comme caserne militaire puis comme hôpital au XIXe siècle. Le plafond que l'on peut voir aujourd'hui dans la salle est l'original de la fin du Moyen Âge, des analyses ayant montré que les poutres en chêne provenaient des forêts de Norvège vers 1510. Le palais royal de la place de la Couronne était désormais achevé et c'est là qu'eut lieu la première et dernière naissance royale du château, celle du futur Jacques VI d'Écosse (alias Jacques Ier d'Angleterre, r. de 1603 à 1625) le 19 juin 1566.
Le château ne réussit pas, une fois de plus, à se maintenir pendant un siège de quatre jours en 1573, lorsqu'une armée anglaise équipée de canons bombarda les partisans de la reine déchue Marie d'Écosse (r. de 1542 à 1567) et les soumirent très vite. Après le siège, une immense batterie semi-circulaire, la batterie de la demi-lune, fut ajoutée aux défenses du château sur le côté est. La batterie s'enorgueillit d'un groupe de canons en bronze connus sous le nom des "Sept Sœurs". Cet ajout caractérise le rôle principal du château en tant que forteresse, les monarques préférant désormais résider dans le palais plus confortable de Holyroodhouse, également dans la capitale. Le château d'Édimbourg fut utilisé comme résidence par certains fonctionnaires, et il devint le siège des archives nationales, d'un arsenal et, sporadiquement, d'une prison.
Le château rénové constituait en effet un plus grand défi pour les attaquants, comme le montrent les longs sièges de 1640 pendant les guerres de l'Alliance et de 1650 par Oliver Cromwell (1599-1658). Pendant le reste du XVIIe siècle et tout au long du XVIIIe siècle, le château devint une caserne militaire - la chapelle Sainte-Marguerite fut même utilisée pour stocker des munitions d'artillerie - et un camp pour les prisonniers de guerre, notamment pendant la rébellion jacobite (1745-1746) et les guerres napoléoniennes (1803-1815), entre autres conflits. Au fil des ans, les détenus de la prison devinrent de plus en plus internationaux et allaient des pirates des Caraïbes aux Américains capturés pendant la guerre d'indépendance (1775-1783). En 1842, la prison militaire fut construite pour les soldats désobéissants des casernes du château ; les punitions imaginatives comprenaient le transport de boulets de canon d'une partie de l'enceinte de la prison à une autre. Il y avait également un hôpital militaire.
Au cours des premières décennies du XIXe siècle, le château bénéficia d'un nouveau grand terrain de parade, connu sous le nom d'Esplanade, qui modifia le terrain de parade de 1753 et recouvrit l'ancien site des exécutions publiques connu sous le nom de Castle Hill. Cet espace ouvert accueille désormais le Royal Edinburgh Military Tattoo, mondialement connu, chaque année au mois d'août. D'autres remaniements eurent lieu, notamment sur les guérites et la Grande Salle dans le dernier quart du 19e siècle, dans le cadre d'un nouveau processus de montée de la fierté nationale écossaise, une tendance qui s'est traduite par la construction d'un Mémorial national de guerre écossais sur le rocher en 1927, un endroit assez approprié si l'on considère que le château avait lui-même fait l'objet d'un bombardement de Zeppelin pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918).
Le château aujourd'hui
Le château d'Édimbourg est aujourd'hui, avec plus d'un million de visiteurs par an, la destination touristique la plus populaire d'Écosse. Outre le fait qu'il s'agit d'un monument impressionnant en soi, dont chaque pierre est chargée d'histoire, le château abrite également le National War Museum et trois musées régimentaires. En tant que partie intégrante de la ville d'Édimbourg, le château est désigné par l'UNESCO comme un site du patrimoine mondial, un honneur qui lui a été accordé en 1995.
Les portes principales du château se trouvent sur le côté est, le seul côté accessible du plateau rocheux, et ont été construites en 1888 pour remplacer une structure beaucoup plus ancienne. Datant des années 1570 (après le siège de 1573 mentionné plus haut), le deuxième ensemble de portes que l'on franchit comprend une herse et était autrefois renforcé par trois paires de portes en bois supplémentaires. Le sommet de cette structure, la tour Argyle, a été ajouté en 1887. Une autre porte intérieure est la porte de Foog, qui date de la dernière partie du 17e siècle de notre ère. Juste après la porte de la herse se trouve un escalier de 70 marches en pierre, l'escalier Lang, qui mène au cœur du château. Un itinéraire moins fastidieux est la route pavée qui se trouve juste devant, construite au 17e siècle pour permettre aux puissants canons d'être attirés dans le château.
La Governor's House est un bâtiment de 1742 de style géorgien et la résidence officielle du gouverneur qui fait office de commandant de l'armée en Écosse. La New Barracks, achevée en 1799, fonctionne comme une caserne militaire et accueille le musée régimentaire des Royal Scots Dragoon Guards. Le Drill Hall voisin abrite le musée des Royal Scots et du Royal Regiment of Scotland. Enfin, l'un des coins les plus curieux du château est le cimetière de chiens. Créé dans les années 1840, il est réservé aux fidèles compagnons à quatre pattes des soldats dans les casernes et aux mascottes des régiments comme Dobbler (mort en 1893), qui avait accompagné les Argyll and Sutherland Highlanders en Afrique du Sud, au Sri Lanka et en Chine pendant ses neuf années de service actif.
Le plus grand des châteaux écossais contient de nombreux objets d'importance historique, dont la pierre de Scone. Également connu sous le nom de pierre de la destinée, ce bloc de grès était associé aux couronnements des rois écossais médiévaux à l'abbaye de Scone, sur l'île de Scone dans le Perthshire. La légende veut que les rois écossais ne règnent que là où se trouve la pierre. Retirée d'Écosse par Édouard Ier d'Angleterre en 1296 dans un acte délibéré de propagande politique, la pierre a finalement été rendue au peuple écossais en 1996.
À côté de la pierre de Scone, dans la salle de la Couronne du château, se trouvent les objets de la royauté écossaise connus sous le nom de "Honneurs". Ces objets datent du XVIe siècle et consistent en une couronne, un sceptre et une épée d'État. Ils ont été utilisés ensemble pour la première fois lors du couronnement de Marie, reine d'Écosse en 1543 au château de Stirling. Déplacés à divers endroits, puis enfermés dans un coffre dans une pièce scellée du château pendant l'histoire mouvementée de l'Écosse avec l'Angleterre, les joyaux de la couronne ont été redécouverts par le grand romancier et historien Sir Walter Scott (1771-1832) en 1818. Les magnifiques joyaux n'avaient été vus par personne depuis plus d'un siècle, mais ils ont rapidement été exposés au public dans la salle de la Couronne, où ils se trouvent encore aujourd'hui. Au fil des ans, d'autres bijoux sont venus enrichir la collection, notamment les bijoux Stewart et la grande bague en rubis qui aurait été portée par Charles Ier d'Angleterre (r. de 1625 à 1649) lors de son couronnement dans l'abbaye de Westminster.
Le célèbre canon Mons Meg se trouve maintenant au château d'Édimbourg. Il s'agit d'une pièce d'artillerie construite au milieu du 15e siècle, probablement pour Jacques II d'Écosse. Ce canon massif pèse six tonnes et tirait autrefois des boulets de 48 cm de diamètre sur une distance de 3,2 km. Emmené à la Tour de Londres en 1754, Mons Meg a eu l'honneur d'une escorte militaire complète et est retourné au château d'Édimbourg en 1829. Un autre canon, plus célèbre pour son son à travers la ville que pour son apparence, est le One O'clock Gun, qui est tiré chaque jour à 13 heures (sauf le dimanche), une tradition qui a commencé en 1861 en tant qu'aide à la navigation pour les navires de passage.