Anne Hutchinson (1591-1643) était une réformatrice religieuse, une prédicatrice puritaine, une sage-femme et une prophétesse présumée dont les croyances et l'influence l'amenèrent à entrer en conflit avec les magistrats de la colonie de la baie du Massachusetts, en particulier avec son gouverneur John Winthrop (c. 1588-1649) en 1636-1638. Elle fut la voix centrale de la controverse dite antinomienne, qui divisa la colonie et, pour les magistrats, menaça sa mission et son existence même. Hutchinson prétendait que les ministres de la colonie prêchaient une fausse doctrine du salut fondé sur les œuvres, tout en ignorant la vérité selon laquelle le salut était accordé par la seule grâce de Dieu.
Winthrop et les magistrats, eux, affirmaient que la grâce de Dieu dans la vie d'une personne étaitt rendue évidente par ses œuvres, et s'opposaient à son influence sur les autres membres de la colonie sur trois points:
- Elle était une femme et, en tant que telle, n'avait pas l'autorité de prêcher, en particulier aux hommes.
- Elle ébranlait les autorités religieuses en affirmant que les œuvres n'avaient aucune incidence sur le salut.
- Elle prétendait avoir un don spirituel qui lui permettait de dire qui était parmi les élus de Dieu et qui ne l'était pas, revendiquant une faculté que seul Dieu pouvait avoir.
Hutchinson se défendit habilement au tribunal, citant les Écritures pour étayer sa défense, mais ses juges refusèrent de se laisser enseigner la doctrine par une femme, et elle fut bannie de la colonie en mars 1638. Après son procès, Hutchinson quitta la colonie de la baie du Massachusetts et s'installa dans la région qui allait devenir Portsmouth, dans le Rhode Island. En 1641, sa nouvelle colonie apprit que la colonie de la baie du Massachusetts s'étendait et risquait d'absorber les colonies voisines du Connecticut, du New Hampshire et du Rhode Island. Elle quitta la région avec sept de ses enfants, un gendre et des serviteurs pour s'installer aux Nouveaux Pays-Bas (l'État moderne de New York) et établit une propriété dans ce qui est aujourd'hui le Bronx en 1642.
Elle et tous ses enfants, sauf un, furent tués lors d'une attaque de la tribu amérindienne Siwanoy en 1643, au cours du conflit connu sous le nom de guerre de Kieft (1643-1645). Sa fille, Susanna (plus tard Susanna Cole, 1633-1713), fut enlevée par les Siwanoy et fut mariée à leur chef Wampage (+ c. 1680), avec qui elle aurait eu un fils.
Winthrop et les autres magistrats qui l'avaient condamnée interprétèrent sa mort et la capture de sa fille comme une justification de leur verdict et une punition de Dieu pour ses péchés. D'autres, depuis sa mort, ne sont pas d'accord et l'honorent en tant que visionnaire, réformatrice et apôtre de la vraie liberté religieuse face à l'autorité des puritains du Massachusetts. Ce point de vue a gagné en popularité à l'époque moderne, et elle est considérée comme une "mère fondatrice" et l'une des figures les plus remarquables de l'époque de l'Amérique coloniale.
Jeunesse et influences
Anne Hutchinson vit le jour à Alford (prononcé Olford), dans le Lincolnshire, en Angleterre, en 1591. Elle était la fille du prédicateur anglican Francis Marbury et de sa femme Bridget. Anne était la troisième fille des 15 enfants que le couple allait avoir et semble avoir été la préférée de son père. Francis Marbury était un sympathisant puritain qui critiquait ouvertement l'Église anglicane pour laquelle il travaillait et ses politiques, en particulier celle qui consistait à ordonner prêtres des hommes sans éducation et immoraux. Il fut d'abord censuré, puis emprisonné à l'issue d'un procès ecclésiastique.
Le chef de l'Église anglicane étant le monarque d'Angleterre, toute critique de la politique ou de la pratique de l'Église équivalait à une trahison. Une fois libéré de prison, Marbury fut assigné à résidence. Pendant cette période, il rédigea de mémoire la transcription de son procès, qu'il lirait plus tard à Anne et à ses frères et sœurs, avec la Bible et le Livre des martyrs de Foxe. La version du procès de Marbury le présentait comme le courageux champion chrétien de la vérité luttant contre l'establishment ignorant et obstiné de l'Église; une image qui semble avoir impressionné Anne, qui resterait tranchée, confiante et impénitente quant à son interprétation de la Bible jusqu'à la fin de sa vie.
Lorsqu'elle avait 15 ans, la famille déménagea d'Alford à Londres, et elle était présente dans la ville lorsque Guy Fawkes et les autres conspirateurs catholiques tentèrent de faire exploser le Parlement en novembre 1605. Bien que beaucoup, voire la plupart des gens autour d'elle, aient interprété cet acte comme une preuve du "mal" du catholicisme, son père lui avait inculqué la conviction qu'il y avait peu de différence entre l'anglicanisme et le catholicisme.
Son père encourageait cette conviction par ses sermons et lui inculquait le point de vue puritain selon lequel l'Église anglicane avait besoin d'être réformée et qu'un vrai chrétien ne devait pas avoir peur de dénoncer la corruption ou l'injustice, quelles qu'en soient les conséquences. Francis Marbury mourut de façon soudaine en 1611, et Anne perdit son principal confident et mentor. L'année suivante, elle épousa un jeune marchand aisé, William Hutchinson (1586-1641), originaire d'Alford mais qui travaillait à Londres. Après leur mariage, ils retournèrent vivre à Alford.
John Cotton et émigration
À Alford, le couple entendit parler d'un jeune prédicateur puritain, John Cotton (1585-1652), à une vingtaine de kilomètres de là, à Boston, qui avait acquis une réputation pour son zèle et son éloquence, et ils firent le voyage pour l'écouter. Cotton était un puritain strict qui reconnaissait que l'Église avait besoin d'une réforme majeure, mais qui, contrairement à ceux du mouvement séparatiste, refusait de la quitter, préférant la changer de l'intérieur. Anne et William devinrent des fidèles de Cotton et furent particulièrement influencés par son insistance sur la grâce de Dieu comme seul facteur de salut; il n'y avait rien à faire pour gagner la faveur de Dieu ou mériter la vie éternelle parce que tout le monde était pécheur et que ce n'était que par la propre élection de Dieu qu'une âme était récompensée par la vie éternelle.
Ceux que Dieu avait choisis étaient appelés les élus, et les autres seraient éternellement damnés. Cependant, personne ne savait qui allait vers quelle destination éternelle, et la théologie puritaine voulait donc que l'on agisse comme si l'on était sauvé et que l'on loue Dieu pour sa bonté et sa miséricorde, même si, en fin de compte, l'âme était destinée à l'enfer. Cette croyance n'était pas l'apanage de Cotton, elle correspondait à la conception générale de la croyance puritaine, mais Cotton mettait particulièrement l'accent sur la grâce et non sur les œuvres, alors que la plupart des puritains pensaient que les bonnes actions, la fréquentation de l'église, la lecture de la Bible et le fait d'être un membre intègre de la communauté faisaient du chrétien l'un des élus; le comportement extérieur et la réussite financière d'une personne reflétaient le salut intérieur de celle-ci.
Cotton était un ecclésiastique charismatique et diplomate qui réussit à conserver son poste à l'église anglicane de Saint Botolph pendant 20 ans, bien qu'il ait souvent prêché une réforme ou une théologie qui contredisait la position officielle de l'Eglise. Anne et William faisaient régulièrement le voyage avec leurs enfants pour entendre Cotton prêcher, et il devint son mentor spirituel. À peu près à la même époque (vers 1629), Mary, la sœur d'Anne, se maria au prédicateur puritain John Wheelwright (c. 1592-1679), vicaire de l'église de Bilsby, près d'Alford. Wheelwright encouragea Anne à organiser chez elle des réunions connues sous le nom de conventicules, au cours desquelles les femmes, principalement, se réunissaient pour discuter du dernier sermon, de la Bible et de leurs préoccupations spirituelles personnelles.
Le succès de Cotton à Saint Botolph's prit fin en 1633, lorsque l'archevêque William Laud (1573-1645) purgea les églises des pasteurs puritains. Cotton se cacha des autorités jusqu'à ce qu'il ne puisse s'embarquer sur un navire pour la Nouvelle-Angleterre. Les autorités de la colonie de la baie du Massachusetts, qui avaient entendu parler de son zèle et de sa capacité à gagner des âmes au Christ, le courtisaient depuis des années et il quitta donc Boston, en Angleterre, pour Boston, dans la colonie du Massachusetts. En 1634, Anne Hutchinson et sa famille le suivirent.
Réunions et popularité
La colonie de la baie du Massachusetts avait été unifiée sous la direction de John Winthrop, qui soulignait l'importance d'une vision cohérente et de la conformité de tous les citoyens. Le célèbre sermon de Winthrop, A Model of Christian Charity (Un modèle de charité chrétienne), indique clairement que cette colonie devait être un modèle pour le monde entier et que seuls ceux qui étaient prêts à agir en accord avec cette vision seraient accueillis. Lorsque Cotton arriva, il s'entendit bien avec Winthrop et les autres, et il en fut de même pour les Hutchinson. William était un marchand prospère et riche, et la famille construisit une grande maison dans le centre de Boston, juste en face de celle de Winthrop.
Dans ses journaux, Winthrop mentionnait Anne Hutchinson comme une "bonne femme" dont la dévotion aux écritures était admirable et qui devenait rapidement un membre populaire et respecté de la colonie en tant que sage-femme d'une compétence exceptionnelle. Comme de nombreuses femmes mouraient en couches, et souvent leurs enfants aussi, une sage-femme ayant une bonne réputation pour les accouchements réussis était très recherchée. Anne reprit la pratique qu'elle avait suivie dans son pays, à savoir organiser des conventicules dans sa maison, auxquels les femmes de la colonie commencèrent à se rendre en masse. Avec le temps, ces réunions devinrent moins des études bibliques et des discussions et plus un prêche dans lequel Anne exposait ses propres opinions théologiques qui reflétaient celles de Cotton, et les femmes commencèrent à amener leurs maris pour l'entendre prêcher.
Les sermons d'Anne commencèrent alors à critiquer les pasteurs locaux autres que Cotton et Wheelwright, et c'est ainsi qu'elle commença à avoir des problèmes avec les autorités. Le pasteur principal de l'église de Boston était John Wilson (c. 1588-1667), qui était parti en Angleterre à l'arrivée de Cotton puis des Hutchinson. Lorsqu'il revint en 1635, et qu'Anne l'entendit prêcher pour la première fois, elle le rejeta immédiatement comme un piètre substitut de Cotton et, de plus, comme prêchant une fausse doctrine des œuvres en tant que justification. Wilson maintenait le point de vue puritain standard selon lequel on ne pouvait pas attendre de Dieu qu'il fasse tout le travail et qu'il était de la responsabilité de chacun de montrer sa foi par ses œuvres, comme l'indique clairement la Bible dans le livre de Jacques 2:18:
Quelqu'un dira: Tu as la foi, et moi j'ai les oeuvres: Montre-moi ta foi sans tes oeuvres, et je te montrerai ma foi par mes oeuvres.
Anne Hutchinson rejetait ce verset en tant que plaidoyer pour la justification par les œuvres car, pour elle, il ne faisait que dire la même chose que Jésus dans la phrase de Matthieu 7:16 : "Vous les reconnaîtrez à leurs fruits". Pour Anne, il était évident que les chrétiens démontraient leur foi par leurs œuvres, mais cela ne signifiait pas que les œuvres d'une personne la justifiaient aux yeux de Dieu. Wilson et Winthrop n'étaient pas d'accord avec son interprétation, et c'est ainsi que commença ce que l'on appelle la controverse antinomienne.
Controverse antinomienne et procès
En 1636, Anne Hutchinson comptait parmi les citoyens les plus populaires de la colonie et bénéficiait du soutien de Cotton et de John Wheelwright, nouvellement arrivé, ainsi que du nouveau gouverneur aristocratique Sir Henry Vane (1613-1662), qui avait remplacé Winthrop en tant que gouverneur en 1636 et qui croyait en la tolérance religieuse. Vane avait défendu le réformateur religieux Roger Williams (c. 1603-1683) en 1635 avant qu'il ne soit banni. Wilson et Winthrop pensaient qu'Anne Hutchinson avait peut-être ensorcelé Vane et les autres, car il était clair pour eux qu'elle était capable d'exercer une force puissante qui divisait la colonie, auparavant unifiée et harmonieuse.
Les autorités organisèrent une réunion à huis clos avec Anne et Cotton en décembre 1636 et donnèrent l'impression d'être satisfaites de l'orthodoxie de toutes les personnes présentes; en réalité, elles rassemblaient des preuves qui seraient utilisées lors d'un procès ultérieur. Le beau-frère d'Anne, John Wheelwright, fut appelé à comparaître devant le tribunal en mars 1637 pour un sermon qu'il avait prononcé et qui prônait la grâce gratuite de Dieu plutôt que les œuvres. Henry Vane, qui soutenait Wheelwright, perdit les élections de mai 1637 au profit de Winthrop et retourna en Angleterre, privant Wheelwright et Hutchinson d'un allié de poids. Wheelwright serait banni plus tard dans l'année et le procès civil d'Anne débuterait en novembre. La spécialiste Eve LaPlante commente le début de ce procès:
Anne Hutchinson se tenait silencieusement devant le gouverneur [Winthrop], écoutant attentivement mais consciente de Dieu. Elle ne connaissait pas encore la nature de l'accusation portée contre elle. En effet, Winthrop lui-même ne savait pas encore quelle accusation porter contre la première femme accusée dans le Nouveau Monde. Il ne pouvait pas l'accuser d'outrage à l'État ou de sédition car, en tant que femme, elle ne jouait aucun rôle public. Il ne pouvait pas non plus la réduire au silence ou la punir en la privant de ses droits car, en tant que femme, elle n'avait ni voix ni vote. (12)
Tout au long des trois jours de son procès civil, les magistrats essayèrent de la piéger pour qu'elle admette une erreur dont ils pourraient l'accuser. Cotton, qui était l'un des juges, essaya de la défendre et de servir d'intermédiaire, mais la majorité ne cherchait qu'à la réduire au silence. Parmi eux se trouvait le pasteur Thomas Shepard (1605-1649), qui avait auparavant interrogé Cotton sur sa propre orthodoxie. La conversation que les ministres avaient eue avec Hutchinson et Cotton en décembre 1636 fut présentée comme une preuve d'hétérodoxie, et Anne fut accusée, en substance, de troubler la paix par des opinions non orthodoxes et des critiques injustifiées des ministres, qui étaient considérés comme ses supérieurs spirituels parce qu'ils étaient des hommes.
L'affirmation d'Anne Hutchinson selon laquelle la grâce de Dieu était donnée gracieusement et que les actes d'un individu ne pouvaient mériter le salut était la plus difficile à critiquer pour les ministres-juges, car il s'agissait d'un aspect standard de la théologie puritaine. Ils tentèrent de l'accuser d'antinomianisme (du grec "contre la loi"), affirmant qu'elle rejetait la valeur des bonnes actions et du comportement approprié, mais cette accusation fut aussi facilement réfutée que les autres. En réponse à l'accusation selon laquelle elle prêchait sans autorité, elle répondit à juste titre qu'elle ne faisait que tenir des conventicules chez elle, ce qui était une pratique assez courante, et que ses "sermons" n'étaient rien d'autre que des observations sur les Écritures et sur ce que le ministre avait prêché au cours de l'office du jour.
Cet argument conduisit à l'accuser de saper l'autorité ecclésiastique en critiquant divers ministres tels que Wilson, ce qui l'amena à déclarer qu'elle avait reçu des dons spirituels de Dieu et qu'elle pouvait voir qui faisait partie des élus et qui ne l'était pas. En indiquant aux autres quels ministres étaient des bergers dignes de confiance et lesquels pouvaient être ignorés en toute sécurité, elle ne faisait que veiller à leur bien-être spirituel. Les juges disposaient alors d'une accusation réelle qu'ils pouvaient faire valoir, car elle revendiquait une connaissance que seul Dieu pouvait avoir: qui faisait partie des élus et qui n'en faisait pas partie. Elle fut condamnée, et lorsqu'elle demanda "de quoi?", on lui répondit seulement que le tribunal était convaincu de sa culpabilité. Elle fut assignée à résidence chez l'un des ministres et fut jugée par un tribunal ecclésiastique en mars 1638, au cours duquel Cotton l'abandonna.
Conclusion
William Hutchinson, sachant que sa femme ne reviendrait pas sur sa décision et que Winthrop ne le ferait jamais, avait déjà préparé leur départ. Ils avaient été invités par Roger Williams à s'installer près de sa plantation dans le Rhode Island, et William avait préparé ce déménagement avec d'autres personnes qui soutenaient les Hutchinson pendant que le procès ecclésiastique d'Anne était en cours. Le procès se conclut comme prévu par le bannissement d'Anne, qui quitta la colonie de la baie du Massachusetts avec plus de 60 adeptes qui refusaient de la condamner.
William mourut en 1641, à peu près au moment où la colonie de Portsmouth apprit que la colonie de la baie du Massachusetts allait absorber son territoire. Plutôt que de subir de nouvelles persécutions de la part de Winthrop, Anne Hutchinson quitta Portsmouth avec sept de ses enfants, un gendre et des serviteurs pour s'installer dans les Nouveaux Pays-Bas néerlandais, beaucoup plus tolérants sur le plan religieux, et construisit une maison dans la région de l'actuel Bronx, dans l'État de New York, près du site connu sous le nom de Split Rock.
Elle et six de ses sept enfants, ainsi que d'autres membres de sa famille, furent assassinés par les Autochtones Siwanoy au cours du conflit connu sous le nom de guerre de Kieft, instigué et mal géré par Willem Kieft (1597-1647), directeur des Nouveaux Pays-Bas, qui avait trahi la confiance des Siwanoy et les avait attaqués. Seule la fille d'Anne, Susanna, survécut et vécut parmi les Siwanoy pendant quelques années. Elle aurait donné un fils à leur chef, avant d'être rendue à son peuple dans le cadre d'un échange d'otages à la fin des hostilités.
Winthrop et les autres juges de la colonie de la baie du Massachusetts se réjouirent de la nouvelle de la fin d'Anne Hutchinson, qu'ils interprétèrent comme la confirmation de leur verdict par Dieu. Winthrop écrivit plus tard à propos de sa mort: "Ainsi, il a plu au Seigneur d'avoir compassion de ses pauvres églises ici et de découvrir cette grande imposteur, un instrument de Satan", se référant également à "cette Jézabel américaine", une référence à la reine "maléfique" dans le livre biblique de I et II Rois (LaPlante, 244). Son nom et sa réputation de force de division ont été préservés par les transcriptions de son procès et d'autres travaux sur cet événement.
Les puritains continuèrent à la vilipender, mais à mesure qu'ils perdaient leur emprise politique et spirituelle sur la région aux XVIIIe et XIXe siècles, Anne Hutchinson commença à apparaître comme une visionnaire religieuse et un symbole de la liberté religieuse, qui s'était opposée aux partisans ecclésiastiques de l'intolérance religieuse. L'auteur américain Nathaniel Hawthorne (1804-1864) s'inspira d'Anne Hutchinson pour son héroïne de La lettre écarlate, Hester Prynne, et lui consacra une nouvelle. Avec le temps, elle fut reconnue comme une femme puissante qui avait affirmé sa dignité personnelle et ses droits à une époque où les femmes n'avaient pas la possibilité de s'exprimer. La rivière Hutchinson et le Hutchinson River Parkway dans le Bronx portent son nom, de même que de nombreuses écoles, parcs et monuments commémoratifs dans toute la Nouvelle-Angleterre. Une statue en son honneur se dresse aujourd'hui devant le State House de Boston, dans le Massachusetts, la ville dont elle avait été bannie.