Edward "Ned" Low était un pirate anglais actif dans les Caraïbes et l'Atlantique Est de 1721 à 1724, pendant l'âge d'or de la piraterie (1690-1730). Probablement le plus pervers et le plus cruel de tous les capitaines de pirates, Low aurait fréquemment torturé et mutilé des prisonniers, leur coupant les lèvres et les oreilles, leur arrachant le cœur encore battant, avant de faire manger le tout à d'autres prisonniers.
Le capitaine Low jouit de succès pendant quatre années de piraterie brutale, capturant des navires de la baie du Honduras aux Açores, en passant par Nantucket. Low fut puni par son propre équipage qui se mutina et l'abandonna à son sort. Edward Low mourut probablement en 1724, mais on ne sait pas exactement comment ni où.
Mutinerie et partenariat avec Lowther
On sait peu de choses sur les débuts de Low, si ce n'est qu'il était anglais, né à Westminster, à Londres. Il était connu pour ses tricheries au jeu lorsqu'il était enfant, et son frère était tout aussi célèbre pour avoir été le premier enfant voleur à utiliser le stratagème consistant à se faire porter dans un panier au milieu d'une foule et, de là, à voler les perruques coûteuses de la gentry de passage. Edward prit la mer très jeune et se retrouva à Boston où il se maria, eut un enfant et travailla pendant un certain temps dans une entreprise de fabrication de gréements. Sa femme mourut prématurément, ce qui poussa Low au désespoir et peut-être à la criminalité. On raconte que le capitaine pirate ne laissait plus aucun homme marié faire partie de son équipage, car il connaissait trop bien les liens de l'amour et craignait qu'un tel homme soit plus enclin à déserter.
La carrière de pirate d'Edward Low débuta en décembre 1721, alors qu'il faisait partie de l'équipage d'un sloop marchand britannique au Honduras. Low et 12 autres membres de l'équipage se brouillèrent avec leur capitaine, le tuèrent (ou du moins lui tirèrent dessus) et s'emparèrent du navire (y compris de sa cargaison de bois). Les mutins s'embarquèrent alors pour une vie de piraterie. Low fut élu capitaine des pirates, mais leur navire n'était que modeste et ils passèrent rapidement à un navire plus grand après une capture réussie. Les pirates naviguèrent ensuite jusqu'aux îles Caïmans. Là, Low s'associa à un autre groupe de pirates, dont le chef était le pirate anglais George Lowther (mort en 1723). Low et Lowther entreprirent de s'attaquer à d'autres navires au début de l'été 1722. Ils réalisèrent plusieurs captures, mais il y eut un revers notable dans la baie d'Amatique, au Belize, lorsqu'un village se défendit et brûla l'un des navires des pirates.
En 1722, Low et Lowther se séparèrent, le capitaine Low optant pour les cibles faciles que l'on trouvait au large de l'Amérique du Nord. Low semble s'être limité à de petits navires marchands mal armés au large du New Jersey et de Terre-Neuve. Il améliora davantage encore son navire, cette fois en prenant le commandement d'une goélette de 80 tonnes capturée, qu'il conduisit jusqu'aux Caraïbes. N'ayant pas peur de traverser l'Atlantique, Low se rendit aux Açores en août, où il continua à avoir de la chance et captura une flotte de huit navires marchands qui capitulèrent dès qu'il hissa son drapeau de pirate. Le capitaine pirate s'empara du Rose, un pinque (petit cargo à fond plat et à l'arrière étroit), et confia le commandement de la goélette à un subalterne, Charles Harris. D'autres prises furent effectuées aux Açores et aux îles du Cap-Vert.
Un pirate barbare
Le drapeau de pirate de Low, hissé pour rappeler aux victimes que toute résistance n'aboutirait qu'à un vol plus brutal encore, était un squelette humain rouge sur fond noir. Il s'avérait cependant que même les équipages qui se rendaient pacifiquement étaient traités de façon abominable. De nombreux récits font état de la torture des captifs de Lowe pour découvrir l'emplacement d'objets de valeur ou simplement pour le plaisir sadique de les voir subir des humiliations et des mutilations. De tels détails sur la carrière de Lowe se trouvent, entre autres sources contemporaines, dans le célèbre livre de pirates, Histoire générale des plus fameux pyrates, compilé dans les années 1720. Sur la page de titre, l'ouvrage est attribué à un certain capitaine Charles Johnson, mais il s'agirait peut-être d'un pseudonyme de Daniel Defoe (bien que les spécialistes débattent encore de cette question et que Charles Johnson ait très bien pu être un véritable expert en piraterie, même s'il est totalement inconnu).
Low fait l'objet d'un chapitre entier, et un passage décrit la capture du Wright aux Açores en 1722. L'équipage du Wright s'était imprudemment défendu contre l'attaque des pirates, et Low ne pardonnait pas:
Les pirates les ont coupés et mutilés de manière barbare, en particulier certains passagers portugais, dont deux étaient des frères, qu'ils ont hissé à chaque bras de la vergue, avant qu'ils ne soient tout à fait morts, ce qu'ils ont répété plusieurs fois par pur plaisir.
(Defoe, 324)
Low et son équipage s'adonnèrent à bien d'autres tortures: ils plaçaient des allumettes enflammées entre les doigts de leurs prisonniers, leur infligeaient des coups de couteau non mortels et les fouettaient vigoureusement. Lors d'une autre capture, cette fois d'un navire français, Low laissa tout le monde à bord en liberté sauf un, le cuisinier du navire:
Le pauvre homme fut donc attaché au grand mât et brûlé dans le navire, à la grande joie de Low et de ses sbires.
(Defoe, 323)
Le capitaine Low était parfois, mais très rarement, hospitalier envers ses captifs. Le capitaine George Roberts, capturé dans les îles du Cap-Vert en septembre 1721, fut bien traité, bien qu'il n'ait guère été impressionné par le comportement général de l'équipage pirate, comme le révèle cette description rapportée par Johnson/Defoe:
C'est ainsi qu'ils passaient le temps, buvant et s'amusant joyeusement, avant et après le dîner, qu'ils mangeaient de manière très désordonnée, plus comme une horde de chiens de chasse que comme des hommes, s'arrachant et attrapant les victuailles les uns des autres; ce qui, bien que cela me soit très répugnant, semblait être l'une de leurs principales distractions, et, disaient-ils, avait un air martial.
(cité dans Cordingly, 92)
Retour aux Amériques
Avec sa pinque et sa goélette, Low retraversa l'Atlantique et atteignit cette fois l'Amérique du Sud. Le Rose eut alors besoin de réparations urgentes et dut être caréné, un processus qui consistait à laisser le navire à sec et à gratter la coque sous la ligne de flottaison pour la débarrasser de toute vie marine et à appliquer un nouveau calfatage entre les planches. Malheureusement pour Low, la pinque fit naufrage pendant cette manœuvre. Harris ayant été rétrogradé du commandement de la goélette, les pirates se rendirent à la Grenade où un autre navire fut capturé et Low en prit le commandement. La goélette fut alors confiée à son quartier-maître Francis Spriggs.
Low et Spriggs semèrent le trouble dans les Caraïbes de décembre 1722 à janvier 1723, capturant plusieurs navires. L'une des prises était un navire marchand portugais, dont le capitaine s'attira les foudres de Low lors d'un épisode décrit par le gouverneur Hart dans un rapport officiel à Londres daté du 25 mars 1724 et basé sur des témoignages oculaires:
[Low] prit un navire portugais en provenance du Brésil, dont le capitaine avait suspendu onze mille moidores d'or dans un sac par la fenêtre de la cabine, et dès qu'il fut pris par ledit Low, il coupa la corde et les laissa tomber dans la mer; pour cela, Low coupa les lèvres dudit capitaine et les fit griller devant son visage, puis il assassina tout l'équipage qui comptait trente-deux personnes.
(cité dans Cordingly, 130)
Low était de retour au large des côtes du Honduras au printemps 1723. Il y rencontra un navire espagnol qui avait capturé un certain nombre d'Anglais venus couper du bois. Les pirates hissèrent un drapeau espagnol et s'approchèrent suffisamment pour tirer une bordée et aborder leur cible. Plus de 60 Espagnols furent tués avant que Low ne reparte vers les Caraïbes et la côte est de l'Amérique du Nord, capturant au passage les cargaisons d'une douzaine d'autres navires.
La folie de Low s'aggrave
Enivré par son succès, le capitaine Low devint de plus en plus ambitieux et, le 10 juin, ses deux navires, Fortune (10 canons) et Ranger (8 canons), attaquèrent un navire britannique dans les eaux situées à l'est de Long Island. Le HMS Greyhound (18-20 canons), commandé par le capitaine Solgard, aurait terrassé l'un ou l'autre des navires de Low si les deux navires avaient été séparés, mais ils possédaient juste assez de puissance de feu pour poursuivre le navire de guerre britannique et le prendre dans un feu croisé. En fait, le Greyhound tentait délibérément de berner les pirates pendant que le navire se préparait au combat. Les équipes de canonniers bien entraînées du navire naval firent plus que rivaliser avec les deux attaquants dans une bataille qui dura huit heures. Low fut contraint de s'enfuir. Harris, qui avait repris le commandement de la goélette, n'eut pas la même chance et fut capturé, jugé et pendu pour piraterie à Newport, dans le Rhode Island, en juillet 1723. Le capitaine Solgard, quant à lui, reçut les clés de la ville de New York en remerciement de ses efforts pour réprimer la piraterie.
Low semble ensuite être devenu mentalement déséquilibré. Naviguant au nord vers les eaux plus froides de Nantucket, Low attaqua un baleinier et, conformément au modèle établi, s'adonna à quelques tortures sur le capitaine capturé, qui fut fouetté, eut les oreilles coupées, puis fut abattu. Deux autres baleiniers furent capturés peu après au large de Rhode Island. L'un des capitaines fut traité de la même manière, mais encore plus brutalement que celui de Nantucket; cette fois il fut forcé de manger ses propres oreilles avant d'être abattu. Un deuxième capitaine eut le cœur encore palpitant arraché et un autre prisonnier fut forcé de le manger. Ces épisodes macabres furent tous rapportés dans un journal de Boston.
Le capitaine Low semblait avoir pris goût aux flottes de pêche, puisqu'il poursuivit son action plus au nord, attaquant et capturant 23 navires de pêche français au large du Cap-Breton. Il prit ensuite un second navire de 22 canons pour son propre usage. En août, sa flotte passa à trois lorsque Low prit le commandement d'un navire de 34 canons. En septembre, il était de nouveau aux Açores et continuait à capturer des navires marchands en toute impunité. La flotte de Low longea la côte de l'Afrique de l'Ouest, mais le règne de terreur du capitaine pirate touchait à sa fin.
Mutinerie et abandon
Ce ne sont pas les autorités aux abois qui provoquèrent la chute d'Edward Low, mais son propre équipage. Le cruel capitaine avait imprudemment commencé à attaquer ses propres hommes. La tension était suffisamment forte pour que Francis Spriggs ne s'empare de l'un des navires, le Batchelor's Delight, et ne s'éloigne à l'horizon (on n'entendit plus jamais parler de lui en 1724, abandonné par son équipage parmi les Indiens Mosquito au Honduras). De retour dans les Caraïbes au début de l'année 1724, Low dut contrarier davantage encore son équipage qui décida d'abandonner son imprévisible capitaine sur une île déserte. Ce qui arriva exactement à Low reste un mystère, bien qu'un récit français affirme qu'il aurait été capturé par un navire français et pendu à la Martinique.