Samuel Bellamy

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 30 septembre 2021
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Samuel Bellamy Cigarette Card (by Metropolitan Museum of Art, Copyright)
Carte à cigarettes Samuel Bellamy
Metropolitan Museum of Art (Copyright)

Le capitaine Samuel Bellamy, alias "Black Sam" Bellamy (mort en 1717), était un pirate britannique actif pendant l'âge d'or de la piraterie (1690-1730). Le dernier navire de Bellamy, le Whydah, fit naufrage au large de Cape Cod lors d'une tempête, et le capitaine pirate se noya avec la quasi-totalité de son équipage. L'épave fut redécouverte en 1984 et de nombreux objets ont été récupérés depuis lors. Ils donnent un aperçu fascinant du pillage et de l'équipement d'un navire pirate du XVIIIe siècle.

Début de carrière

On connaît peu de détails sur les premières années de Samuel Bellamy. Il était britannique et avait commencé sa vie de pirate en tant que membre de l'équipage du capitaine Benjamin Hornigold, actif dans les Caraïbes et l'Atlantique Nord de 1716 à 1717. Hornigold avait confié à Bellamy un sloop de huit canons qu'il avait capturé, le Mary Anne, et c'est ainsi que sa carrière de capitaine pirate commença vers 1716. Hornigold décida de demander une grâce royale au gouverneur des Bahamas, Woodes Rogers (1679-1732), et il devint par la suite chasseur de pirates, avec un certain succès. Hornigold mourut dans un naufrage au large du Mexique en 1719. Bellamy, quant à lui, continua de naviguer sous le drapeau noir et fut élu nouveau chef pirate par l'équipage de Hornigold. Le partenaire de Bellamy était le capitaine Olivier Levasseur dit "La Buse", un Français. L'intendant de Bellamy était un certain Paul Williams, qui se verrait plus tard confier le commandement d'un sloop capturé.

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Le capitaine Bellamy sillonnait les eaux entre Haïti et Cuba à bord de son sloop de 14 canons, le Sultana.

Le groupe de pirates fit de nombreuses prises près des îles Vierges, dont des navires français et britanniques, ces derniers étant une cible que Hornigold, du moins selon la légende, avait refusé d'envisager. Au début de l'année 1717, les navires de Bellamy et de La Buse furent séparés par une tempête. La Buse décida de changer de terrain de chasse et partit rôder sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest puis de l'océan Indien, mais son sort final est incertain. Bellamy, quant à lui, sillonna les eaux entre Haïti et Cuba à bord de son sloop de 14 canons, le Sultana.

The Spanish Main and Caribbean Pirate Havens  c. 1670
Les ports pirates de la Tierra Firme et la mer des Caraïbes vers 1670
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

L'épave du Whydah

En mars 1717, Bellamy et Williams travaillèrent en tandem pour capturer aux Bahamas le Whydah, un navire négrier en route vers l'Angleterre depuis la Jamaïque. Le navire (orthographié Whidaw dans certaines sources) portait le nom du port négrier d'Afrique de l'Ouest. Il s'agissait d'un trois-mâts de 300 tonnes construit à Londres vers 1716. Lorsque Bellamy le prit en chasse, le Whydah était chargé d'une très précieuse cargaison d'or, d'ivoire, d'indigo, de sucre et de rhum. La prise ne fut pas facile et il fallut trois jours de poursuite à Bellamy pour s'en emparer. Le pirate fit du Whydah son propre navire amiral, ajoutant des canons supplémentaires pour porter son armement lourd à un nombre impressionnant de 28 canons. Quatre autres navires furent pillés et Bellamy compléta sa flotte en s'emparant de l'un d'entre eux et en nommant capitaine, un certain Montgomery. Deux autres prises furent réalisées alors que la flotte se dirigeait vers le nord, en direction du Rhode Island. Bellamy obligea de nombreux captifs à rejoindre son équipage de pirates, mais seulement s'ils n'étaient pas mariés, selon le témoignage de son équipage lors de leur procès.

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"Nous pillons les riches sous la protection de notre propre courage". Samuel Bellamy

Le 26 avril 1717, ce fut la catastrophe. Cette nuit-là, le Whydah s'échoua dans une tempête au large de Cape Cod, dans le Massachusetts. Le navire perdit son mât principal et s'écrasa contre les rochers. Bellamy se noya dans la tempête, comme presque tous les autres. Seuls deux hommes survécurent sur un équipage total de 146 personnes. Au même moment, un deuxième navire de la flotte s'échoua et seuls neuf membres de l'équipage parvinrent à se hisser sur le rivage à Orléans, Massachussets. Pour la plupart des survivants, le répit ne fut que de courte durée puisqu'ils furent bientôt capturés et jugés pour piraterie en octobre à Boston. Sept d'entre eux furent pendus. Paul Williams s'était séparé de Bellamy au cours de la tempête fatidique, mais il revint sur les lieux quelques jours plus tard pour récupérer ce qui pouvait avoir de la valeur. Les recherches de Williams furent rendues très difficiles par le mauvais temps persistant et par le fait que la tempête avait dispersé une partie de l'épave sur une zone de quatre miles (6,4 km). Le trésor de Bellamy devrait attendre des chercheurs de trésors plus modernes et mieux équipés.

An Armed Pirate by Howard Pyle
Un pirate armé de Howard Pyle
Howard Pyle (Public Domain)

L'épave du Whydah fut redécouverte par Barry Clifford en 1984, et de nombreuses plongées de récupération ont été effectuées depuis. L'historien D. Cordingly évoque certains des objets récupérés sur l'épave:

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[Les plongeurs] ont remonté du fond de la mer une quantité impressionnante de pièces de monnaie, de lingots d'or et de bijoux africains. Il y a 8 397 pièces de différentes dénominations, dont 8 357 pièces d'argent espagnoles et 9 pièces d'or espagnoles, ce qui représente 4 131 pièces de huit. Il y a 17 lingots d'or, 14 pépites d'or et 6 174 morceaux d'or, ainsi qu'une quantité de poussière d'or. L'or africain comprend près de 400 bijoux akan, principalement des perles, des pendentifs et des ornements en or. (191)

D'autres artefacts, bien que plus banals, ont donné un aperçu inestimable de la piraterie et de la vie en mer au début du 18e siècle. Parmi les objets retrouvés figurent la cloche du navire, divers types de munitions, des canons pivotants, des canons fixes, des outils et des pièces de jeu. Un pistolet a été découvert avec sa ceinture de soie rouge, utilisée par un pirate disparu pour s'assurer qu'il ne perdrait pas un objet aussi précieux dans le feu de l'action et - qui sait ? - Peut-être même a-t-il appartenu au capitaine Bellamy.

Histoire générale des pirates

Bellamy a l'honneur d'avoir son propre chapitre dans le célèbre bottin mondain des pirates, A General History of the Robberies and Murders of the Most Notorious Pyrates (Histoire générale des vols et des meurtres des plus célèbres pirates), compilé dans les années 1720. Sur la page de garde, l'ouvrage est attribué à un certain capitaine Charles Johnson, mais il s'agit peut-être d'un pseudonyme de Daniel Defoe (bien que les spécialistes débattent encore de cette question et que Charles Johnson ait pu être un véritable expert en piraterie, même s'il est totalement inconnu). Ce chapitre cite un discours intégral de Bellamy, qui est peut-être entièrement fictif, mais qui est néanmoins devenu l'un des plus cités de tous les discours de pirates. Bellamy s'adresse au capitaine d'un navire marchand récemment capturé, le capitaine Beer, et explique d'abord que son équipage a décidé de couler le navire de Beer avant de justifier sa vie criminelle :

Je regrette qu'ils ne vous laissent pas reprendre votre sloop, car je dédaigne de faire du mal à qui que ce soit quand ce n'est pas à mon avantage; au diable le sloop, nous devons le couler, et il pourrait vous être utile. Vous êtes un chiot sournois, comme tous ceux qui acceptent d'être gouvernés par des lois que les riches ont établies pour leur propre sécurité, car ces lâches n'ont pas le courage de défendre ce qu'ils obtiennent par l'esclavage; mais vous êtes tous maudits; ils sont une bande de vauriens rusés, et vous, qui les servez, vous êtes une bande d'imbéciles au cœur de poule. Ils nous vilipendent, ces canailles, alors qu'il n'y a que cette différence qu'ils volent les pauvres sous le couvert de la loi et que nous pillons les riches sous la protection de notre propre courage; ne feriez-vous pas mieux de devenir l'un d'entre nous plutôt que d'aller chercher du travail au cul de ces scélérats? Je suis un prince libre et j'ai autant d'autorité pour faire la guerre au monde entier que celui qui a cent voiles de navires en mer et une armée de 100 000 hommes en campagne; c'est ce que me dit ma conscience; mais il n'y a pas à discuter avec de tels chiots pleurnichards, qui permettent à leurs supérieurs de leur donner des coups de pied sur le pont selon leur bon plaisir, et qui mettent leur foi dans les mains d'un maquereau de curé, un pigeon qui ne pratique ni ne croit ce qu'il fait croire aux imbéciles auxquels il prêche. (587)

Pieces of Eight from the Whydah
Pièces de huit du Whydah
Theodore Scott (CC BY)

Le capitaine Beer fut alors déposé sur une île isolée et abandonné à son sort. Après d'autres actes de piraterie menés jusqu'au nord de Terre-Neuve, Johnson/Defoe informe le lecteur que Bellamy connut une fin particulièrement juste lorsqu'il fut piégé et fit échouer le Whydah. Un captif avait persuadé Bellamy que, connaissant la partie perfide de la côte orientale des Amériques où ils se trouvaient, il pourrait prendre la tête de l'un des navires de la flotte et accrocher une lanterne à sa poupe pour montrer le chemin aux autres navires pirates. Il s'avéra que cet homme avait l'intention de se venger de sa capture et, attendant que les équipages de pirates soient tous ivres une nuit, comme c'était souvent le cas, il guida la flotte jusqu'à une étendue de bancs de sable et de rochers où tous s'échouèrent. Le prisonnier s'échappa, mais Bellamy, Williams et leurs équipages se noyèrent tous. Une petit nombre de pirates d'un troisième navire survécurent, mais ils furent jugés et pendus. Johnson/Defoe, et ce n'est pas la première fois dans l'un de ses récits de pirates, poursuit en rappelant au lecteur que tous ces pirates capturés se repentaient de leurs crimes, comprenant parfaitement les terribles péchés qu'ils avaient volontairement commis dans les instants précédant leur rencontre avec leur créateur.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2021, septembre 30). Samuel Bellamy [Samuel Bellamy]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20096/samuel-bellamy/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Samuel Bellamy." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 30, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20096/samuel-bellamy/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Samuel Bellamy." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 30 sept. 2021. Web. 21 nov. 2024.

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