Samaritains

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Définition

Rebecca Denova
par , traduit par Jerome Couturier
publié sur 08 février 2022
Disponible dans d'autres langues: Anglais, Espagnol
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Mount Gerizim (by Catholic Church of England and Wales, CC BY-NC-ND)
Le Mont Garizim
Catholic Church of England and Wales (CC BY-NC-ND)

Les Samaritains sont une secte religieuse de Juifs vivant près du mont Garizim, à Naplouse, à Hébron, en Cisjordanie. Cette communauté diffère du Judaïsme traditionnel par la déclaration de ses adeptes qu'ils n'acceptent que les cinq livres de Moïse (la Torah), et non les livres des Prophètes ou les textes ultérieurs. Se désignant eux-mêmes comme 'gardiens de la Torah' (shomrei ha-torah), leurs rituels et pratiques sont considérés comme les plus anciens et les plus valides de la tradition juive. Les shomerim hébreux auraient peut-être conduit aux 'Samaritains' latinisés.

Histoire

Nous connaissons les Samaritains à partir de quatre sources:

  • les livres bibliques
  • quelques sources assyriennes
  • les écrits de l'historien juif Flavius Josèphe (36-100 ap. J.-C.)
  • les traditions samaritaines.

Après que Moïse eut reçu les Dix commandements sur le mont Sinaï, il dit au peuple: "Lorsque l'Éternel, ton Dieu, t’aura introduit dans le pays dont tu vas prendre possession, tu prononceras alors sur le mont Garizim les bénédictions et sur le mont Ebal, les malédictions (Deutéronome 11:29).

Le Livre de Josué raconte l’installation plus tard des tribus en Canaan. Josué, le lieutenant militaire de Moïse, dirigeait le peuple et les batailles pour la domination en Canaan. Une fois les tribus soumises, une cérémonie de renouvellement de l’alliance eut lieu:

Alors Josué bâtit un autel à l'Éternel, le Dieu d'Israël, sur le mont Ebal, comme Moïse, serviteur de l'Éternel, l'avait commandé aux enfants d'Israël. ... Et là, Josué écrivit sur des pierres une copie de la loi de Moïse. Tout Israël, ses anciens, ses officiels, et ses juges, se tenaient debout des deux côtés de l'arche de l'alliance de l’Éternel, face aux prêtres lévites qui la portaient. ... La moitié des gens se tenait devant le mont Garizim et l'autre moitié devant le mont Ebal... Josué lut ensuite toutes les paroles de la loi - les bénédictions et les malédictions - comme il est écrit dans le Livre de la Loi (Josué 8:30-34).

Concernant leur ascendance généalogique, les Samaritains déclarent qu’ils descendent de deux fils de Joseph (fils de Jacob), Éphraïm et Manassé.

Les Deux Royaumes

LA CAPITALE DU ROYAUME DU NORD D'ISRAËL ÉTAIT SAMARIE.

Le roi Salomon (r. de 970 à 931 av. J.-C.), lors de la construction du premier Temple à Jérusalem, enrôla de la main-d'œuvre des douze tribus d'Israël. En ceci, beaucoup ont pu le comparer à Pharaon. À sa mort, dix tribus demandèrent à son fils, Roboam, d'arrêter la conscription, mais il refusa. Sous la direction de Jéroboam, ces dix tribus firent sécession au nord et créèrent le royaume indépendant d'Israël. Ne voulant pas perdre de pèlerins lors des grandes fêtes de Jérusalem, il construisit deux temples, à Dan et à Béthel. Dans chacun d'eux, il installa un 'veau d'or' à adorer. La capitale du royaume du Nord était Samarie.

Deux tribus, celles de Benjamin et de Juda, restèrent dans le royaume du sud de Juda, avec Jérusalem pour capitale. Dans 2 Rois, les règnes sont évalués en fonction de la persistance ou non du 'péché de Jéroboam' dans le pays; seuls trois rois du Sud se seraient efforcés de débarrasser le pays de l'idolâtrie.

Invasion assyrienne

L'empire assyrien antique exista en différentes phases depuis environ 2000 à 600 av. J.-C. en Mésopotamie. Ninive en devint la capitale. Son expansion commença durant l’Empire néo-assyrien (c. 900 av. J.-C.), notamment vers l’ouest. Contrôlant le sud du Levant, l'Égypte parraina des rébellions locales dans la région, mais Sargon II (r. de 722 à 705 av. J.-C.) mit fin au royaume du nord d'Israël. Une inscription de lui sur les murs du palais de Dur-Sharrukin (Khorsabad) déclare: "Au cours de ma première année... j'ai déporté les habitants de Samarie... au nombre de 27 290... et j’ai rendu la ville que j'ai reconstruite plus importante qu'avant."

Sargon II Wall Relief
Bas-relief de Sargon II, Dur Sharrukin, Irak
Jastrow (Public Domain)

Pour réduire les potentielles rébellions, les Assyriens pratiquèrent l'échange de populations. En déplaçant leur propre peuple vers le nord d’Israël, ils chassèrent les Juifs vers l’est. Les dix tribus devinrent des 'tribus perdues', c'est-à-dire perdues pour l'histoire. Jérusalem fut assiégée mais résista sous le règne d'Ézéchias et du prophète Isaïe.

Le contrôle des Assyriens fut renversé par l’Empire néo-babylonien et Nabuchodonosor II (r. de 605 à 562 av. J.-C.). Sédécias fut nommé dernier roi de Juda mais refusa finalement de payer le tribut. Nabuchodonosor assiégea Jérusalem et détruisit la ville et le Temple de Salomon en 587 av. J.-C. Babylone avait une pratique semblable d'échange de prisonniers, bien qu'ils ne s'intéressaient qu'aux aristocrates, aux prêtres et autres officiels de haut rang; les classes inférieures furent laissées en Juda. Les autres furent emmenés à Babylone, durant ce qui devint l’époque de l’Exil babylonien.

Cyrus II et le retour des Juifs

Cyrus II (r. de 550 à 530 av. J.-C.), ou Cyrus le Grand, fonda l'Empire achéménide de Perse.

La première année de Cyrus, roi de Perse, afin d'accomplir la parole de l’Éternel prononcée par Jérémie, l’Éternel poussa Cyrus à faire une proclamation dans tout son royaume et aussi à la mettre par écrit: "Ainsi dit Cyrus, roi de Perse : 'L'Éternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre et il m'a désigné pour lui bâtir un temple à Jérusalem en Juda. Que n'importe qui d’entre vous de son peuple monte, et que l'Éternel, son Dieu, soit avec lui. (2 Chroniques 36:22-23)

Fournissant des fonds pour la reconstruction de la ville et du Temple – les détails se trouvent dans les livres d'Esdras et de Néhémie – deux prêtres furent chargés de la reconstruction.

Selon l'histoire:

Ce jour-là, on lut au peuple à haute voix le livre de Moïse et l’on y trouva écrit qu'aucun Ammonite ou Moabite ne devrait jamais être admis dans l'assemblée de Dieu, car ils n'étaient pas venus à la rencontre des Israélites avec du pain et de l'eau, mais qu’ils avaient appelé Balaam pour qu'il les maudisse. ... Lorsque le peuple eut entendu cette loi, il exclut d'Israël tous ceux qui étaient d'origine étrangère. (Néhémie 13:1-3)

Ceux qui avaient été laissés dans le pays proposèrent d’aider à la construction du Temple, mais leur offre fut rejetée. On soupçonnait apparemment qu’en l’absence de prêtres, ces gens se soient tournés vers l'idolâtrie. Ils partirent vers le nord et construisirent leur propre temple sur le mont Garizim, près de Sichem.

Ruins at Mount Gerizim
Ruines sur le Mont Garizim
Zach Maddox (CC BY-NC)

Lorsqu'Antiochos IV Épiphane (r. de 175 à 164 av. J.-C.), roi de l'Empire séleucide, ordonna la cessation des coutumes juives, les Juifs se révoltèrent sous la direction de la dynastie hasmonéenne. Cependant, les Samaritains négocièrent une paix séparée avec Antiochos, proposant de donner à leur temple le nom d'une divinité grecque, d’après ce qui est raconté par Flavius Josèphe (Antiquités Juives XII,5) et dans les Livres des Macchabées (2 Macchabées 6:1-2). Le dernier roi hasmonéen, Jean Hyrcan Ier, dit Hyrcanus, détruisit le temple samaritain et Samarie en 113 av. J.-C. Sous la domination romaine, la ville et ses habitants furent absorbés dans la province de Judée.

Théologie des Samaritains

Les Samaritains croient que le mont Garizim est le sanctuaire ordonné par Dieu dès les origines, et non Jérusalem. Ils déclarent que la Torah fut donnée à Moïse par le Dieu d'Israël; ils rejettent les textes rabbiniques ultérieurs. Le Pentateuque samaritain (les cinq livres de Moïse) est le texte sacré fondateur, complété par des chroniques historiques. Ils croient qu'à la fin des temps, les morts seront ressuscités par le Taheb, un 'restaurateur', ou 'un prophète comme Moïse'. Concernant la Pâque, ils ont leur propre Haggadah (texte du rituel du Seder). Les Samaritains conservent également un grande prêtrise et des prêtres, qui sont considérés comme les véritables interprètes de la Loi.

L'inimitié entre Jérusalem et les Samaritains se reflète dans les références évangéliques: "Ces douze, Jésus les envoya avec les instructions suivantes: 'N'allez pas parmi les païens et n'entrez pas dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues d'Israël'" (Matthieu 10:5-6). Ils sont parfois présentés comme le contretype de l'irréligiosité des Juifs de Jérusalem, comme dans la parabole du Bon Samaritain (Luc 10:25-37) et de la Samaritaine au puits (Jean 4:4-26). Il y a aussi le récit de la conversion des Samaritains par les disciples Pierre et Jean (Actes 8:14-17).

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Detail, Good Samaritan Window, Chartres Cathedral
Vitrail du Bon Samaritain, Détail, Cathédrale de Chartres
Walwyn (CC BY-NC-SA)

Histoire Tardive

Selon des sources samaritaines, les Samaritains furent persécutés sous les empereurs chrétiens byzantins pour avoir refusé de se convertir. Après les conquêtes musulmanes de la région, les Samaritains obtinrent le statut de 'peuple du Livre'. Cependant, la population samaritaine de Damas fut massacrée sous le califat abbasside et sous l’Empire ottoman au 17ème siècle. Cela incita de nombreux Samaritains de la diaspora à retourner dans la région de Naplouse, qui demeure leur centre.

Avec la conquête de la Cisjordanie par l’État d’Israël en 1967, les Samaritains devinrent citoyens israéliens et ils furent intégrés sous l'Autorité palestinienne après les accords d'Oslo. Ce sont les seuls à conserver la double nationalité israélo-palestinienne. Les Samaritains continuent de pratiquer leurs propres fêtes et rituels. La Pâque est une fête majeure célébrée sur le mont Garizim.

Des études récentes sur l'ADN et le génome ont déterminé que la population samaritaine comprend des éléments des tribus de Lévi, Manassé et Éphraïm. À côté de cela, on pense que de nombreux musulmans de la région partagent les mêmes ancêtres.

Bibliographie

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À propos du traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

A propos de l'auteur

Rebecca Denova
Rebecca I. Denova, Ph. D., est Professeur émérite de Christianisme Primitif au Département d'Études Religieuses de l'Université de Pittsburgh. Elle a récemment publié un ouvrage, "The Origins of Christianity and the New Testament" (Wiley-Blackwell).

Citer ce travail

Style APA

Denova, R. (2022, février 08). Samaritains [Samaritans]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Récupéré de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20525/samaritains/

Le style Chicago

Denova, Rebecca. "Samaritains." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. Dernière modification février 08, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20525/samaritains/.

Style MLA

Denova, Rebecca. "Samaritains." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 févr. 2022. Web. 20 déc. 2024.

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