Joseph d'Arimathie était un disciple de Jésus de Nazareth qui l' enterra dans son propre tombeau après la crucifixion. Dans les évangiles, Marc et Luc l'identifient en tant que membre du Sanhédrin, le Conseil juif de Jérusalem. La localisation d'Arimathie n'est pas connue, mais elle est traditionnellement identifiée à plusieurs villes de collines proches de Jérusalem.
Nous n'entendons pas parler de Joseph d'Arimathie pendant le ministère de Jésus. L'évangile de Jean le décrit comme un disciple secret (par crainte des dirigeants juifs) et comme celui qui obtint le corps de Jésus auprès du procurateur, Ponce Pilate. Au Moyen Âge, Joseph fut associé à la cathédrale de Glastonbury, en Angleterre, et à la légende du Saint Graal.
Mort et enterrement de Jésus
Jésus de Nazareth prêchait que l'intervention finale de Dieu dans l'histoire de l'humanité était imminente, que le royaume de Dieu était sur le point d'apparaître. Les évangiles décrivent l'histoire de Jésus à travers le prisme des prédictions concernant cet événement dans les livres des prophètes d'Israël. Le christianisme primitif avait identifié Jésus aux passages du serviteur souffrant d'Isaïe. Ce serviteur avait été torturé et tué pour sa droiture.
On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche, Quoiqu'il n'eût point commis de violence Et qu'il n'y eût point de fraude dans sa bouche. (Isaïe 53:9)
Dieu ressuscita ensuite le serviteur et le plaça à côté de lui sur son trône. L'histoire de Joseph d'Arimathie servit à réaliser cette prédiction de Jésus placé dans le tombeau d'un riche.
La crucifixion était un châtiment romain unique pour le crime de trahison. Prêcher un royaume qui n'était pas celui de Rome (et donc critiquer le gouvernement romain) était une trahison, et cela entraîna le procès et la crucifixion de Jésus de Nazareth. Les Romains voulaient que les traîtres souffrent pour l'éternité et les victimes de la crucifixion se voyaient donc refuser les rituels traditionnels d'inhumation dans l'au-delà. La victime restait sur la croix pendant plusieurs semaines, jusqu'à ce que les vautours ne picorent la chair. Les os étaient simplement jetés dans un fossé voisin pour les chiens sauvages.
L'une des premières affirmations de ses disciples concernant Jésus était qu'il était ressuscité d'entre les morts et qu'il avait été transféré pour partager le trône de Dieu dans les cieux. La résurrection était un concept qui englobait à la fois le corps et l'âme. Pour valider cette croyance, le corps de Jésus devait être préservé du processus habituel. Le personnage de Joseph d'Arimathie devint l'instrument essentiel de la préservation de son corps. Son approche de Ponce Pilate est narrativement plausible après le procès et la crucifixion de Jésus de Nazareth. Bien que la loi romaine interdise d'enterrer une victime de crucifixion, les magistrats romains étaient notoirement connus pour accepter des pots-de-vin. Le fait que Joseph ait été un homme riche, capable d'offrir un tel pot-de-vin, aurait été un élément de l'intrigue reconnaissable pour le public de Marc.
Légendes de Joseph d'Arimathie
Au IIe siècle de notre ère, des détails supplémentaires furent ajoutés à l'histoire de Joseph dans les écrits d'Irénée, d'Hippolyte, de Tertullien et d'Eusèbe. Jean Chrysostome (c. 347-407 de notre ère) fut le premier à inclure Joseph parmi les 72 disciples désignés par Jésus dans Luc 10. Tertullien (c. 160 à c. 200 de notre ère) affirme que Pilate aurait rédigé un rapport au Sénat romain contenant ces détails. Deux Actes apocryphes de Pilate mentionnant Joseph furent alors publiés.
Au Moyen Âge, les Actes de Pilate furent incorporés dans un Évangile légendaire de Nicodème. Nicodème était un autre disciple secret dont il n'est question que dans l'évangile de Jean. L'Évangile de Nicodème raconte que les Juifs emprisonnèrent Joseph (pour avoir enfreint la loi romaine). Pendant son emprisonnement, Joseph aurait eu une vision de Jésus ressuscité, confirmant qu'il était désormais vivant au ciel.
Récit de Joseph d'Arimathie
Un texte médiéval plus tardif prétend avoir été écrit par Joseph lui-même. Dans cette version, Joseph et Nicodème sont les deux seuls à ne pas avoir voté la condamnation de Jésus lors de son procès devant le Sanhédrin juif. Ce texte est moins significatif sur les détails concernant Joseph mais fournit à l'histoire chrétienne les noms et les détails des deux "voleurs" crucifiés avec Jésus. Le grec lestes ("bandits") fut mal traduit en "voleurs" dans les bibles anglaises. La crucifixion était une punition pour trahison; Rome ne crucifiait pas les voleurs. Les lestes, ou bandits, mentionnés dans le texte étaient des membres de la secte des Zélotes, qui s'opposaient à l'autorité romaine et attaquaient les convois romains et les autres Juifs qui coopéraient avec Rome. L'auteur utilisa l'histoire de l'évangile de Luc selon laquelle le second voleur, Démas, a demandé à être pardonné (Luc 23:39-43). Il est devenu un saint dans le christianisme traditionnel.
Les légendes arthuriennes
Au XIIe siècle, Joseph était lié à diverses légendes du roi Arthur et du Saint Graal. Dans le Joseph d'Arimathie de Robert de Boron, nous avons les premiers détails de la coupe de la Cène. Selon l'histoire, Joseph était présent au repas et aurait gardé la coupe en secret. Lorsque Nicodème et lui descendirent le corps de la croix, des gouttes du sang de Jésus tombèrent dans la coupe. Jésus apparut alors en vision à Joseph, portant une image de la coupe (aujourd'hui un calice) et le chargea de la garder. Chaque jour de l'emprisonnement de Joseph, une colombe déposait une hostie dans la coupe et nourrissait Joseph.
L'histoire de Joseph d'Arimathie est une histoire longue et compliquée qui inclut les descendants de Joseph et son éventuel voyage en Angleterre. Ce texte et les ajouts du 13e siècle contiennent de nombreux détails concernant Joseph. L'un de ces détails est que Joseph aurait été impliqué dans le mouvement parce qu'il était l'oncle de Marie et le grand-oncle de Jésus. Autre information importante: Joseph gagnait sa vie comme marchand d'étain et faisait des affaires en ce qui est aujourd'hui la Grande-Bretagne. C'était la source de sa richesse. Il aurait également emmené le jeune Jésus en voyage d'affaires en Angleterre avant le début de son ministère. Cette histoire n'explique pas seulement comment Joseph aurait pu se permettre de soudoyer Pilate, mais elle contribua également à fournir des détails sur les années manquantes de Jésus. Le folklore de l'Église anglicane fut incorporé dans l'hymne d'Hubert Parry (1848-1918), Jerusalem, basé sur le poème de William Blake (1757-1827) datant de 1804:
Et ces pieds, dans les temps anciens
Ont marché sur les vertes montagnes d'Angleterre:
Et l'Agneau saint de Dieu était là,
Sur les agréables pâturages d'Angleterre!(Blake, Milton: A Poem in Two Books, Préface)
Selon le Joseph d'Arimathie, en plus du Saint Graal, Joseph apporta également une fiole de sang et une fiole de sueur de Jésus sur la croix.
On attribue à Joseph la construction des premières églises chrétiennes en Grande-Bretagne, la plus célèbre étant la cathédrale de Glastonbury. La tradition veut que ce soit là que se trouve le tombeau du roi Arthur et de Guenièvre. La Chronique de l'abbaye de Glastonbury, rédigée par Jean de Glastonbury en 1350, raconte que le bâton de Joseph, planté à Glastonbury, est devenu l'arbre épineux de Glastonbury, qui ne fleurit qu'à Noël et à Pâques.
Joseph est devenu l'ancêtre de Perceval dans les légendes du Graal. Dans l'une des premières histoires, il utilise la coupe pour fournir miraculeusement de la nourriture sous la forme de poissons. C'est l'origine de la légende ultérieure des rois pêcheurs, gardiens du Graal.
On raconte que Joseph d'Arimathie mourut à l'âge de 86 ans et que six rois portèrent son corps lors des funérailles. Joseph d'Arimathie est vénéré en tant que saint par les traditions catholique romaine et orthodoxe orientale. Il reste le saint patron des pompes funèbres et des croque-morts.