Camille Pissarro

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 12 avril 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Self-portrait by Camille Pissarro (by wikiart.org, Public Domain)
Autoportrait de Camille Pissarro
wikiart.org (Public Domain)

Camille Pissarro (1830-1903) était un peintre impressionniste basé en France spécialiste des paysages mais qui changeait fréquemment de style et de sujets. Il joua un rôle déterminant dans le nouveau mouvement artistique du XIXe siècle, organisant des expositions indépendantes et inspirant des contemporains comme Paul Cézanne (1839-1906) et toute une jeune génération d'artistes, de Vincent van Gogh (1853-1890) à Henri Matisse (1869-1954).

Jeunesse

Jacob Camille Pissarro vit le jour dans les Caraïbes, sur l'île de Saint-Thomas qui faisait alors partie des Antilles danoises (aujourd'hui les îles Vierges américaines), le 10 juillet 1830. Ses parents étaient Frédéric et Rachel; son père, un juif français d'origine portugaise, possédait une boutique de magasins généraux. En 1841, Camille fut envoyé dans un pensionnat de la région parisienne où son amour du dessin dut être circonscrit car il négligeait ses autres matières. Ses grands-parents vivaient à Paris et les visites qu'ils leur rendaient comprenaient souvent des excursions dans des galeries d'art comme le Louvre. En 1847, Camille retourna à Saint-Thomas où il travailla dans le magasin familial et dessina dès qu'il le pouvait pendant les quatre années suivantes. Puis une amitié avec l'artiste danois Fritz Georg Melbye (1826-1869), en visite dans la région, incita Pissarro à regarder au-delà de ses horizons caribéens. En octobre 1852, défiant le souhait de son père de le voir rejoindre l'entreprise familiale, Pissarro et Melbye s'embarquèrent pour La Guaira, puis Caracas au Venezuela. Ils y passèrent les deux années suivantes, Pissarro apprenant de son aîné, réalisant constamment des croquis et perfectionnant ses talents d'aquarelliste. Après la mort de Gustave, le frère de Pissarro, il retourna à Saint-Thomas pour aider son père, mais à la condition que ce soit une solution temporaire jusqu'à ce qu'il ait économisé assez d'argent pour voyager en Europe.

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Les premières œuvres de Pissarro représentent des scènes de village où il oppose les effets de la lumière en mouvement à une architecture fixe et bien dessinée.

En 1855, Pissarro s'embarqua pour Paris, où sa mère et sa sœur s'étaient déjà installées lorsque les liens de la famille avec Saint-Thomas avaient commencé à se rompre. Il étudia à l'École des Beaux-Arts, puis à l'Académie suisse, une institution peu conventionnelle, où il rencontra ses camarades Paul Cézanne et Claude Monet (1840-1926). Le paysagiste Jean-Baptiste-Camille Corot (1796-1875), qu'il rencontra et dont il reçut les encouragements, l'influença très tôt. Pissarro peignit des scènes de nature dans les environs de Paris et à La Roche-Guyon. Un autre artiste et influenceur qu'il rencontra dans les cafés de la capitale fut Gustave Courbet (1819-1877).

En 1859, Pissarro était prêt à présenter sa première soumission au Salon de Paris, le grand espace d'exposition des beaux-arts de la ville. L'œuvre, Paysage à Montmorency, fut acceptée, mais malheureusement pour la postérité, elle fut perdue. Cet honneur ne débouchera pas sur grand-chose, mais en 1860 au moins, Pissarro rencontra Julie Vellay, une aide-cuisinière. Ils ne se marièrent qu'en juin 1871 ; en tout, ils eurent huit enfants. D'autres soumissions furent acceptées par le Salon en 1864 et 1865, notamment les Bords de la Marne à Chennevières.

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A Cove at St. Thomas by Pissarro
Une crique à Saint-Thomas de Pissarro
National Gallery of Art, Washington DC (Public Domain)

Déménagement à Pontoise

En 1866, Pissarro, Julie et leurs deux premiers fils, Lucien (né en 1863) et Jeanne (née en 1865), s'installèrent à Pontoise, un village médiéval situé au nord-ouest de Paris. C'était un choix pittoresque avec ses vergers et ses douces collines, surtout lorsque les arbres fleurissaient au printemps. Il y vécut pendant trois ans et travailla souvent avec des collègues artistes comme Cézanne et Paul Gaugin (1848-1903). Deux des paysages de Pontoise de Pissarro furent acceptés par les expositions du Salon de 1868 et 1870. En 1869, Pissarro s'installa à Louveciennes, au sud de Paris. Les succès du Salon n'apportèrent pas la sécurité financière escomptée, mais au moins quelques acheteurs réguliers et fidèles de ses œuvres commencèrent à apparaître, notamment le chanteur Jean-Baptiste Faure, et il se procura un marchand pour ses œuvres, P.F. "Père" Martin. Ses émoluments étaient minuscules, mais avec les aides envoyées régulièrement par sa mère, Pissarro pouvait survivre et acheter ses peintures et ses toiles.

Pissarro commença également à expérimenter la peinture en plein air, méthode privilégiée par la plupart des impressionnistes, même s'il continua à terminer ses toiles dans son atelier. L'artiste captura des scènes de village où il opposait les effets de la lumière en mouvement à une architecture stationnaire et bien dessinée. Il utilisait des coups de pinceau courts et une palette de tons clairs et subtils. Le style Pissarro, qui n'est jamais resté stationnaire tout au long de sa carrière, était né.

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Les impressionnistes

Dans les années 1860, des artistes d'avant-garde partageant les mêmes idées se réunirent pour discuter de leur travail, bien qu'il y ait eu aussi de nombreuses disputes. Les cafés Guerbois et Nouvelle Athènes de Paris étaient souvent bondés d'artistes aujourd'hui mondialement connus, tels que Cézanne, Monet, Édouard Manet (1832-1883), Edgar Degas (1834-1917), Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), Berthe Morisot (1841-1895) et Mary Cassatt (1844-1926). Pissarro vint à Paris de sa maison de banlieue pour rejoindre ces artistes qui se réunissaient chaque jeudi. Ils n'étaient pas tous impressionnistes, comme on les appellera plus tard, certains étaient des artistes plus traditionnels, d'autres des hommes de lettres. Mais c'est l'impressionnisme - la recherche de la capture des effets temporaires de la lumière et de la couleur en utilisant des coups de pinceau audacieux et en peignant en plein air - qui définit le groupe pour les étrangers, et ce sont surtout Renoir, Monet et Pissarro qui ont été crédités de la création de ce nouveau type d'art à partir de 1869. En effet, Cézanne déclara un jour que Pissarro fut "le premier impressionniste" (Shikes, 78).

Young Girl with a Stick by Pissarro
Jeune fille à la baguette, Pissarro
Louvre, Paris (Public Domain)

La guerre franco-prussienne de 1870 interrompit les carrières de chacun. Certains artistes s'engagèrent dans l'armée, mais d'autres, comme Monet et Pissarro, quittèrent la France en décembre pour se réfugier en Angleterre. Pissarro s'installa à Lower Norwood, à Londres, où il continua à peindre, faisant sensation lorsqu'il travaillait à l'extérieur et pataugeait dans la boue printanière avec ses chaussures en bois. Il rencontra en Angleterre Paul Durand-Ruel (1831-1922), un marchand qui soutenait au maximum les impressionnistes. Le premier achat de Pissarro par Durand-Ruel fut Crystal Palace, Londres.

Cinq paysages de Pissarro furent présentés lors de la première exposition impressionniste de 1874.

À son retour dans son atelier de Louveciennes après la guerre, Pissarro découvrit que l'endroit avait été saccagé, puis utilisé comme écurie et abattoir de volailles. Plus de 1 000 de ses peintures avaient été détruites, y compris ses œuvres impressionnistes pionnières de 1869. De nombreuses toiles avaient été arrachées de leur cadre et utilisées comme tabliers par les bouchers. Au moins en 1872, ses revenus étaient devenus plus fiables, grâce à de nouveaux achats par Durand-Ruel. Cette année-là, la famille retourna s'installer à Pontoise où ils accueillirent Cézanne que Pissarro forma et encouragea à une époque où peu de gens le faisaient.

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Jusqu'alors, le Salon de Paris avait la mainmise sur le marché des beaux-arts, et il était difficile pour les artistes moins traditionnels de faire accepter leurs œuvres par le jury ultra-conservateur du Salon pour les exposer dans les expositions annuelles. Les impressionnistes décidèrent alors d'organiser leurs propres expositions. Cinq paysages de Pissarro furent présentés lors de la première exposition d'artistes indépendants à Paris en avril 1874. L'exposition, organisée par Pissarro, Monet et d'autres, comprenait de nombreux types d'œuvres et plusieurs tableaux d'autres impressionnistes. C'est pour cette raison qu'elle est connue sous le nom de "première exposition impressionniste". L'exposition, qui dura un mois, fut visitée par près de 4 000 personnes. Les ventes ne furent pas très bonnes et la presse se donna un malin plaisir à critiquer cette nouvelle initiative qui tentait d'exposer et de vendre des œuvres d'art en dehors du système établi des salons. Ces critiques sévères eurent pour effet de faire baisser les prix des peintures impressionnistes, et les marchands se montrèrent encore plus méfiants à l'égard de ce nouvel art. Néanmoins, l'exposition impressionniste était une première attaque contre l'establishment artistique.

Dulwich College by Pissarro
Université de Dulwich par Pissarro
wikiart.org (Public Domain)

Critique et faibles ventes

D'autres expositions impressionnistes indépendantes suivirent dans les années 1870 et au-delà, et Pissarro fut le seul artiste à exposer ses œuvres dans les huit expositions. Il commença également à innover en encadrant les toiles dans des cadres blancs unis, moins gênants, par opposition aux cadres dorés traditionnels. Pissarro subit de nombreuses critiques pour son travail, tout comme les autres impressionnistes. Le critique Albert Wolff écrivit dans Le Figaro en avril 1876 : "Essayez de faire comprendre à Monsieur Pissarro que les arbres ne sont pas violets, que le ciel n'a pas la couleur du beurre frais, et que dans aucun pays du monde vous ne trouverez les choses qu'il peint" (Bouruet Aubertot, 216).

Entre-temps, à Pontoise, Cézanne rendit à nouveau visite à Pissarro entre 1875 et 1877, et tous deux expérimentèrent l'application de la peinture à l'aide d'un simple couteau à palette. Le plus jeune enseignait maintenant à son aîné, et l'effet est visible dans Effet de neige à l'Ermitage, Pontoise. L'artiste utilisait désormais des couleurs claires et vives et perfectionna ses coups de pinceau distinctifs en forme de virgule. Il s'intéressa à la capture de l'effet blanchissant du soleil de midi sur les couleurs d'une scène, comme on peut le voir dans La moisson à Montfoucault de 1876.

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La fin des années 1870 fut une période difficile pour l'artiste ; même les sympathisants des impressionnistes comme Durand-Ruel ne pouvaient stocker qu'un nombre limité de tableaux que peu de gens voulaient acheter. À un moment donné, Pissarro se tourna même vers la décoration de carreaux de céramique pour gagner quelques francs. Il se rendait néanmoins régulièrement à Paris, chassant sans cesse les acheteurs potentiels et rencontrant des collègues artistes dans les cafés habituels. L'écrivain George Moore donne la description suivante de Pissarro à cette époque, ce qui explique son surnom de "Moïse" :

Personne n'était plus gentil que Pissarro... et il ressemblait à Abraham ; sa barbe était blanche, ses cheveux étaient blancs et il était chauve, bien qu'à l'époque il ne devait pas avoir beaucoup plus de cinquante ans.

(Shikes, 142)

Nouvelle décennie, nouvelle approche

Avec l'arrivée des années 1880, les ventes reprirent et les marchands commencèrent enfin à écouler leur stock d'impressionnistes et purent acheter de nouvelles œuvres, notamment de Pissarro. Comme l'artiste l'écrit en 1882 : "Je profite des fruits d'une vente modérée mais régulière. Je ne demande qu'une chose, c'est que cela continue. Je redoute un retour au passé" (Shikes, 155). L'artiste, encouragé par Gaugin, se tourna désormais vers la peinture de figures, souvent des paysannes idéalisées au travail dans les champs. L'une des œuvres dont Pissarro fut le plus satisfait est Jeune fille à la baguette. Cette période vit l'artiste utiliser de courts coups de pinceau pour créer une épaisse couche de hachures qui donnent au tableau une texture perceptible. À la recherche de couleurs plus lumineuses, il utilisa également d'autres supports tels que la gouache, la tempera et les pastels. Parmi les autres nouvelles voies d'exploration figurent les gravures et la lithographie, un projet qu'il mena en collaboration avec Edgar Degas et Mary Cassatt.

The Great Bridge, Rouen by Pissarro
Le Grand Pont de Rouen par Pissarro
Museum of Art, Carnegie Institute (Public Domain)

En 1883, Durand-Ruel organisa une exposition personnelle à Paris pour Pissarro qui présenta 70 de ses œuvres. Il n'y eut aucune vente. Plus tard dans l'année, Pissarro se rendit à Rouen pour deux mois où il peignit plusieurs vues du port. En 1884, il s'installa à Eragny-sur-Epte, un petit village qui devint sa résidence permanente pour le reste de sa vie. Il peignit la campagne et la paysannerie, souvent à l'aide d'un chevalet à roulettes qu'il avait construit: son "atelier roulant".

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Au milieu des années 1880, Pissarro entra en contact avec les artistes Paul Signac (1863-1935) et Georges Seurat (1859-1891), tous deux partisans du style néo-impressionniste connu sous le nom de pointillisme (utilisation de petits points pour construire une image) et de l'utilisation scientifique du mélange et de l'application des couleurs. En 1885, Pissarro adopta lui-même la méthode pointilliste que l'on retrouve dans des œuvres telles que Maison de paysan à Eragny. L'artiste revint à son propre style impressionniste après avoir trouvé la méthode pointilliste trop restrictive et peu émotionnelle, bien qu'il ait persisté dans l'idée qu'un coup de pinceau devait être sec avant d'en ajouter un autre, évitant ainsi de mélanger les couleurs. Le fils de l'artiste, Lucien, deviendra toutefois un représentant majeur du pointillisme.

En 1884, Pissarro doutait encore de lui-même : "...après trente ans de peinture, je suis coincé dans un fossé. La génération suivante devrait garder cela à l'esprit. C'est une loterie, pas un jackpot !" (Bouruet Aubertot, 248)

Peasant's House at Eragny by Pissarro
Maison de paysans à Eragny, Pissarro
Art Gallery of New South Wales (Public Domain)

Une reconnaissance grandissante

Au milieu des années 1880, la réputation internationale de Pissarro grandit grâce aux expositions réussies de Durand-Ruel à Boston en 1883, Bruxelles en 1885 et New York en 1886. Il avait également trouvé un autre contact utile chez un marchand, Theo van Gogh (1857-1891). Cependant, la réputation et les expositions avec très peu de ventes ne permirent pas à Pissarro de couvrir ses dettes, et pour aggraver les choses, il commença à souffrir d'un problème oculaire persistant, une inflammation d'une glande lacrymale. Le problème de son œil se manifestait régulièrement et nécessitait des pauses dans son travail et finalement l'abandon de la peinture en plein air. Une fois de plus, Pissarro fut obligé de demander l'aide de ses amis artistes ; cette fois, Monet, qui connaissait enfin un grand succès commercial, l'aida. Il continua néanmoins à travailler et en 1891, les ventes reprirent et l'année suivante fut encore meilleure. Il semble que les marchands aient enfin reconnu que l'œuvre de Pissarro était sous-évaluée et constituait donc un bon investissement. Grâce à un prêt de Monet, Pissarro put acheter sa maison à Eragny en 1892, et il se rendit en Angleterre pour peindre une série de 12 toiles aux Kew Gardens. 1893 fut une autre bonne année pour les ventes, et l'artiste put transformer une grange à Eragny en atelier.

En 1894, Pissarro quitta la France pour la Belgique. Il partit le lendemain de l'assassinat du président Sadi Carnot par un anarchiste. Pissarro avait bien fait de s'éloigner de tout ça car ses opinions socialistes radicales auraient pu lui attirer l'attention des autorités ; certains de ses amis anarchistes avaient été jugés. Pissarro suivait le mouvement anarchiste depuis un certain temps, mais seulement en termes d'idées plutôt que d'implication pratique, et il n'approuvait certainement pas les méthodes violentes. L'artiste était contre l'ingérence de l'État et de l'Église dans la vie des gens et était frustré par la façon dont l'industrialisation avait créé un tout nouveau niveau de pauvreté dans la société. De manière subtile, son art reflète ces tendances anarchistes dans leur rejet des méthodes traditionnelles et dans les représentations d'une paysannerie "noble" dans un paysage utopique.

Place du Théâtre Français by Pissarro
Place du Théâtre Français de Pissarro
Los Angeles County Museum of Art (Public Domain)

Mort et héritage

De retour à Eragny en octobre 1894, Pissarro se fixa et tenta d'encourager ses enfants à poursuivre des carrières artistiques. En 1896, il était de retour à Rouen, capturant des scènes de rues animées et des dockers qui connaissent un succès commercial. L'année suivante, il peignit les boulevards et les ponts de Paris où il réalisa l'une de ses plus belles œuvres, Boulevard Montmartre: effet de nuit. Il peignit la Place du Théâtre Français depuis son balcon dans le luxueux Hôtel du Louvre. Grâce à l'absence de point central ou d'horizon, ces œuvres ont un effet curieux sur le spectateur, comme si nous ne voyions qu'une petite partie d'un monde plus vaste. Pissarro poursuivit des périodes de peinture très productives à Paris entre 1900 et 1903. Il continua à expérimenter, peignant la même scène - généralement une vue d'une rue - sous différents angles. Deux endroits, en particulier, occupèrent l'artiste : Dieppe et Le Havre en Normandie. Ses œuvres atteignirent désormais des prix élevés, 10 000 francs pour un tableau en 1901, et ce pour un artiste qui avait eu du mal à en obtenir 50 plus tôt dans sa carrière. En 1903, le Louvre acheta deux de ses toiles ; ce fut enfin la reconnaissance officielle de l'establishment artistique.

À la mi-octobre, l'artiste fut frappé par un mauvais rhume, il développa ensuite un abcès à la prostate, ce qui provoqua un empoisonnement du sang. Suivant ses principes d'homéopathie, Pissarro retarda l'opération nécessaire, cela lui fut fatal. Camille Pissarro mourut le 13 novembre 1903 ; il est enterré aux côtés de ses parents au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Boulevard Montmartre Night Effect by Pissarro
Boulevard Montmartre: effet de nuit, Pissarro
National Gallery, London (Public Domain)

Pissarro avait été un grand soutien pour ses collègues artistes, partageant son expérience et ses connaissances. Mary Cassatt a dit un jour qu'"il était un tel professeur qu'il aurait pu apprendre aux pierres à dessiner correctement" (Bouruet Aubertot, 301). Vincent van Gogh, qui rencontra l'artiste à plusieurs reprises à Paris, nota un jour que lorsque Pissarro était là, "les discussions prenaient une plus grande ampleur"(ibid). Van Gogh augmenta nettement la luminosité de sa palette après avoir discuté avec l'artiste plus âgé. Pissarro donna le conseil suivant à un autre jeune artiste, Louis Le Bail :

Le dessin précis est sec et nuit à l'impression de l'ensemble, il détruit toutes les sensations. Ne définissez pas trop les contours des choses, c'est le coup de pinceau de la bonne valeur et de la bonne couleur qui doit produire le dessin... Peignez le caractère essentiel des choses, essayez de le transmettre par n'importe quel moyen, sans vous soucier de la technique... peignez ce que vous observez et sentez. Peignez généreusement et sans hésitation, car il est préférable de ne pas perdre la première impression. Ne soyez pas timide devant la nature ; il faut être audacieux...

(Howard, 201)

C'est une marque de l'influence de Pissarro sur les autres artistes que, dans la dernière année de sa vie, Cézanne se décrivait encore comme "Paul Cézanne, élève de Pissarro" (Shikes). La longue liste d'artistes, de marchands et de collectionneurs qui assistèrent à ses funérailles, parmi lesquels Monet, Renoir et Henri Matisse, démontre encore mieux le rôle de Pissarro dans la communauté artistique. Ils avaient tous une dette envers un homme qui avait tant fait pour promouvoir la cause impressionniste et faire en sorte que les artistes soient désormais libres de pratiquer leur art, sans les restrictions des conventions.

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Questions & Réponses

Pour quoi Pissarro est-il célèbre?

Camille Pissarro est connu pour être l'un des pionniers de la peinture impressionniste dans le dernier quart du XIXe siècle. Son style a influencé d'autres artistes comme Paul Cézanne et Vincent van Gogh.

Quelles sont les œuvres les plus célèbres de Camille Pissarro ?

Les célèbres œuvres de Camille Pissarro sont toutes des paysages, mais leur sujet varie de scènes rurales comme "Paysannes plantant des piquets" aux rues de Paris comme "Boulevard Montmartre: effet de nuit".

Camille Pissarro a-t-il eu du succès de son vivant ?

Camille Pissarro a connu le succès de son vivant, puisque ses œuvres ont été exposées au Salon de Paris et qu'il a vendu des tableaux à des collectionneurs. Cependant, il n'a pas eu de revenus réguliers jusqu'à la fin de sa vie.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2022, avril 12). Camille Pissarro [Camille Pissarro]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20712/camille-pissarro/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Camille Pissarro." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 12, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20712/camille-pissarro/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Camille Pissarro." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 avril 2022. Web. 20 déc. 2024.

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