Eugène Henri Paul Gauguin (1848-1903) était un peintre néo-impressionniste français dont les peintures vives, avec leurs aplats de couleurs audacieuses et l'utilisation de symboles mystiques et ambigus, ont révolutionné l'art. N'ayant jamais connu le succès de son vivant, Gauguin partit en Polynésie à la recherche d'un endroit préservé de la modernité où il pourrait s'exprimer indépendamment de toute convention artistique.
Enfance
Paul Gauguin vit le jour à Notre-Dame-de-Lorette, à Paris, le 7 juin 1848. Son père, Clovis Gauguin, était journaliste et sa mère, Aline Marie Chazal, de sang noble espagnol. Clovis, un républicain convaincu, fut obligé de quitter la France lorsque l'empereur Napoléon III prit le pouvoir en 1849. La famille s'installa à Lima, au Pérou, mais Clovis mourut d'une crise cardiaque en plein voyage. Paul passa les six années suivantes de son enfance au Pérou. En 1855, Aline et ses enfants retournèrent en France, ils vécurent pendant quelques années chez des parents à Orléans avant de revenir à Paris en 1861.
À l'âge de 17 ans, Paul effectua son service militaire sur le Luzitano, un navire de la marine marchande qui faisait la liaison entre Le Havre et Rio de Janeiro. En 1867, il passa sur le Chili, qui naviguait vers la Polynésie. L'année suivante, il servit sur un navire de guerre et, en 1870, il participa à la guerre franco-prussienne.
Sorti de la marine et de retour en France, Gauguin commença une carrière dans la finance à Paris. En novembre 1873, il épousa une Danoise séjournant à Paris pour parfaire son éducation, Mette-Sophie Gad (1850-1920), et le couple mena une vie très conventionnelle. Leur premier enfant, Émile, vit le jour en septembre 1874 et leur deuxième, Aline, en décembre 1877. À partir de 1873, Gauguin passait ses week-ends à peindre, mais à un moment donné, il se rendit compte qu'il gaspillait ses jours de semaine.
Impressionnisme
L'intérêt de Gauguin pour l'art croisa la route du tout nouveau mouvement impressionniste en avril 1874 à Paris, lors de la première exposition impressionniste. Les impressionnistes comme Claude Monet (1840-1926), Auguste Renoir (1841-1919) et Berthe Morisot (1841-1895) tentaient de capturer les effets momentanés de la lumière et de la couleur, et Gauguin fut si impressionné qu'il fut l'un des rares acheteurs de l'exposition. Gauguin commença à envisager l'idée de passer du statut de dilettant à celui de peintre professionnel. En 1876, il s'inscrivit à l'Académie Colarossi. La même année, le Paysage à Viroflay de Gauguin fut accepté par le Salon de Paris, l'institution qui détenait le quasi-monopole des expositions de peintures.
Gauguin était surtout influencé par l'impressionniste et maître du paysage Camille Pissarro (1830-1903) et par l'œuvre du peintre réaliste Edgar Degas (1834-1917). Bien que faisant partie du groupe d'impressionnistes qui se réunissaient fréquemment dans les cafés de Paris, le fougueux Gauguin ne s'entendait pas avec tout le monde - Paul Cézanne (1839-1906) devint son adversaire de prédilection, même s'il admirait beaucoup l'œuvre de Cézanne. Un autre jeune rebelle, Vincent van Gogh (1853-1890), était un de ses meilleurs amis.
Les impressionnistes tentaient de capturer la lumière, mais ce n'était pas la seule chose qui touchait Gauguin. Ils utilisaient des couleurs plus vives et des coups de pinceau imaginatifs, peignaient en plein air plutôt qu'en studio, et s'attaquaient à de nouveaux sujets comme la vie quotidienne dans la rue. Gauguin fut invité par ses collègues artistes à présenter ses œuvres lors de la quatrième exposition impressionniste indépendante à Paris en avril 1879. La même année, il passa un certain temps à Pontoise pour peindre avec Pisarro, une collaboration qu'ils renouvelèrent à l'été 1881. Gauguin exposa des peintures et une sculpture à la cinquième exposition impressionniste en 1880 et plusieurs nouvelles toiles à la sixième exposition impressionniste en 1881 et à la septième en 1882.
Après le krach boursier de 1882, Gauguin décida finalement d'abandonner son travail en ville et de devenir un artiste à plein temps à partir de janvier 1883. En 1884, il s'installa à Rouen, dans l'espoir de trouver davantage de preneurs pour ses tableaux. Ce fut une erreur et toute la famille - qui comptait désormais cinq enfants - déménagea à Copenhague pour rejoindre la famille de Mette. Une fois sur place, Gauguin travailla comme vendeur pour une entreprise française produisant des toiles nautiques, mais sans succès. Les relations familiales étaient également tendues, mais Gauguin obtint au moins une exposition à la Société des Beaux-Arts de Copenhague, même si elle ne suscita pas un grand intérêt de la part du public. Gauguin décida de quitter Mette, qui était désormais indépendante et travaillait comme professeur et traductrice, et en juin 1885, il retourna à Paris, puis à Dieppe.
La précarité financière de Gauguin l'obligea à travailler en tant que colleur d'affiches publiques. La pauvreté de l'artiste à cette époque s'exprime par le commentaire suivant dans une lettre à Pissarro : "La peinture, je n'ai même pas l'argent pour acheter de la peinture, je me borne donc à dessiner" (Bouruet Aubertot, 250). Il participa tout de même à la huitième exposition impressionniste en mai 1886, avec 19 œuvres, mais bon nombre d'anciens impressionnistes étaient passés à autre chose et Gauguin était désormais un outsider. L'artiste ne bénéficiait pas non plus de la position privilégiée dont il avait joui auparavant en tant qu'agent de change et collectionneur d'art. Les gens le pointaient du doigt en l'accusant d'avoir abandonné sa famille. En juin, il s'installa à Pont-Aven, en Bretagne, où le coût de la vie était beaucoup moins élevé, ce qui explique en partie la popularité de cette ville auprès des artistes. Gauguin y développa son style distinctif, adoptant des couleurs plus vives et utilisant des coups de pinceau plus épais pour créer des contours audacieux et des aplats de couleurs vives.
À l'approche de l'hiver, il retourna à Paris, mais il fut obligé de passer quatre semaines à l'hôpital pour une angine de poitrine. Il se lança alors dans la fabrication de poteries sous la direction d'Ernest Chaplet (1835-1909). Toujours à la recherche d'une nouvelle voie pour son art, Gauguin décida de se rendre à nouveau au Panama en avril 1887. Comme il l'explique dans une lettre à Mette, dans une correspondance qui ne fut jamais interrompue malgré leur séparation physique, " je dois retrouver mon énergie, et je vais au Panama pour vivre comme un sauvage " (Hodge, 31). Malheureusement, trouver des commandes de portraits parmi les habitants les plus riches de Panama se révéla être un vrai défi, et l'artiste fut contraint de travailler un temps comme ouvrier sur le gigantesque chantier qui allait devenir le canal de Panama. Il contracta alors la dysenterie. Écœuré, Gauguin partit en juin pour la colonie française de la Martinique.
Primitivisme
Saint-Pierre, en Martinique, inspira Gauguin par sa lumière et ses couleurs vives. Vivant dans une cabane primitive à l'extérieur de la ville, l'artiste se concentra sur la peinture des insulaires d'origine africaine. La vente de ses tableaux d'avant-garde s'avéra toutefois tout aussi difficile qu'à Panama ou à Paris. Gauguin utilisait un large éventail de styles artistiques qui montraient l'influence de l'art ancien et asiatique. Il expérimentait la couleur et la perspective, utilisait fréquemment des symboles pour provoquer des émotions dans ses compositions et présentait des scènes délibérément simplifiées. Ce style, connu sous le nom de primitivisme ou, plus précisément, de synthétisme ou de cloisonnisme, s'inspirait du travail de l'émail médiéval (cloisonné), des estampes japonaises et de l'art indigène, où des contours sombres et prononcés entourent des zones de couleur simple, comme les images d'un vitrail. Ce style est l'un de ceux qui remplacèrent l'impressionnisme et est donc qualifié de post-impressionnisme, même si ce terme ne fut utilisé qu'à partir de 1910.
Gauguin se retrouva rapidement à court d'argent, étant même obligé de vendre sa montre, et il attrapa la malaria. L'artiste était pris au piège car il n'avait pas les moyens de se payer un billet de retour en France. Le seul moyen de s'en sortir était de trouver un bateau qui l'emploierait et ainsi, traverser l'Atlantique. Il y parvint et Gauguin rentra à Paris en 1887. Les choses commencèrent alors à s'accélérer. Ses tableaux de la Martinique firent suffisamment parler d'eux pour que le marchand d'art Theo van Gogh (1857-1891) en achète quelques-uns ; il acheta également certaines des céramiques de Gauguin. Ces ventes et d'autres permirent à l'artiste de s'installer à nouveau à Pont-Aven en février 1888. La Bretagne n'était pas une région primitive, mais elle exerçait un attrait sur les artistes qui y voyaient un antidote à la sophistication excessive de Paris. Comme Gauguin lui-même l'écrit dans une lettre, "J'aime la Bretagne. Elle a quelque chose de sauvage et de primitif. Lorsque mes sabots de bois frappent ce sol de granit, j'entends le ton sourd, étouffé et puissant que je recherche dans ma peinture" (Howard, 208). Le nouveau style de Gauguin à cette époque, qui combinait le symbolisme, une perspective plate et des contours autour de champs solides de couleurs vives, est particulièrement visible dans Vision après le sermon, qui montre des femmes bretonnes portant leur coiffe traditionnelle tournées vers un ange luttant avec le personnage biblique Jacob. C'est en Bretagne que Gauguin entama une relation avec Madeleine Bernard (1871-1895), sœur cadette de l'artiste Émile Bernard (1868-1941).
Avec Van Gogh à Arles
En octobre 1888, Gauguin avait accumulé des dettes à Pont-Aven, mais il fut sauvé par Theo van Gogh et son frère Vincent qui l'invitèrent à le rejoindre à Arles, dans le sud de la France. Ils partagèrent la Maison Jaune à Arles, Vincent en ayant fait une maison agréable décorée de ses toiles, dont plusieurs de tournesols que Gauguin admirait beaucoup. Les deux artistes furent heureux de peindre ensemble pendant un certain temps - produisant chacun 20 toiles - mais leurs caractères forts et leurs points de vue différents sur l'art provoquèrent d'énormes disputes. Après une discussion enflammée fin décembre, Gauguin partit passer la nuit à l'hôtel. Le lendemain matin, il revint à la Maison jaune pour découvrir que Vincent s'était coupé une oreille, la première des nombreuses dépressions dont souffrirait l'artiste. Gauguin partit immédiatement pour Paris.
En février 1889, plusieurs tableaux de Gauguin furent présentés lors d'une exposition organisée à Bruxelles par le célèbre marchand Paul Durand-Ruel (1831-1922). Le même mois, l'artiste retourna à Pont-Aven, mais la ville était devenue trop touristique et il s'installa dans le village de pêcheurs du Pouldu, où il dirigea un groupe d'artistes partageant les mêmes idées et qui cvoyaient un guide en Gauguin. Il prit également une nouvelle maîtresse, Juliette Huet (alias Huais, 1866-1955), avec laquelle il eut une fille.
Tahiti et les mers du Sud
En avril 1891, Gauguin décida de quitter la France et de se rendre à Tahiti. Il laissa derrière lui Juliette, sa femme Mette et leurs cinq enfants, mais rendit visite à cette dernière à Copenhague en mars avant de s'embarquer pour le Pacifique. Le voyage fut payé par la vente aux enchères de 30 de ses tableaux. Un accord avec le ministère français des Beaux-Arts, selon lequel Gauguin devait capturer sur toile les coutumes locales de Tahiti, lui permit d'obtenir une réduction sur le voyage.
Installé à Papeete, Gauguin tomba sous le charme de son environnement naturel mais fut déçu par le degré d'érosion de la culture indigène par la colonisation. Une fois de plus, il eut du mal à gagner sa vie en tant qu'artiste et ne parvint à trouver qu'une seule commande pour un portrait. À la recherche d'un endroit moins européanisé, en novembre 1891, Gauguin s'installa dans le village isolé de Mataiea où il loua une hutte en bambou. Même là, Gauguin avait besoin d'argent pour vivre, mais il eut du mal à en gagner et en reçut très peu de la France, même s'il y envoyait des toiles pour la vente. Une exposition prévue à Copenhague n'apporta pas non plus de ventes significatives.
L'artiste tint des notes sur les coutumes locales et un journal illustré de ses expériences avec le titre tahitien Noa Noa ( " parfum "). Il commença également à partager sa case avec une jeune Tahitienne de 13 ans appelée Tehamana (alias Tehura). Treize ans était alors l'âge de consentement dans les îles. Ensemble, ils eurent un enfant. Gauguin écrit : "J'ai recommencé à travailler et le bonheur est venu ss'ajouter au bonheur. Chaque jour, aux premières lueurs du lever du soleil, la lumière de ma chambre était radieuse. L'or du visage de Tehura inondait tout ce qui l'entourait" (Hodge, 67). La situation financière s'améliora en 1892, lorsqu'un capitaine de goélette de passage acheta un tableau et en commanda un autre. En juin 1893, Gauguin était prêt à rentrer en France, et il débarqua à Marseille en août.
Retour à Paris
Gauguin loua un atelier à Paris avec l'argent que Mette avait économisé grâce aux ventes réalisées pendant son séjour à Tahiti. Par hasard, Gauguin hérita ensuite d'une importante somme d'argent de son oncle Isidore, à Orléans. L'artiste refusa de partager une grande partie de cette manne avec Mette, ce qui provoqua la rupture définitive entre eux, même s'ils avaient prévu de se réunir. Mette était furieuse que Gauguin n'apporte encore aucun soutien financier ses enfants. Gauguin semblait indifférent et vivait désormais avec une autre maîtresse et une autre jeune adolescente, une Javanaise appelée Anna. Le style de vie de Gauguin, ses vêtements et ses manières délibérément excentriques continuaient de choquer la société et les personnes influentes dans le milieu artistique.
Entre-temps, Durand-Ruel organisa une exposition des œuvres tahitiennes de Gauguin à Paris en novembre 1893. Les critiques furent peu enthousiastes et les ventes ne couvrirent pas les frais de l'exposition. Les artistes eux-mêmes eurent une réaction mitigée. Monet et Renoir trouvaient les œuvres de Gauguin affreuses, mais Degas les admirait beaucoup. En 1894, Gauguin se rendit à Bruxelles, puis retourna en Bretagne. La personnalité extravagante de Gauguin semblait attirer les incidents et, en mai, il fut impliqué dans une bagarre avec une bande de marins qui se solda par une jambe cassée pour l'artiste. Après un long processus de rétablissement, Gauguin vendit les tableaux qui lui restaient pour financer un autre voyage dans les mers du Sud. En juin 1895, Gauguin quitta la France dans l'espoir que ce serait de manière définitive, et en cela il eut raison. En route vers Papeete, il s'arrêta à Aukland et fut très impressionné par l'art maori qu'il put y admirer.
Tahiti et les Marquises
De retour à Tahiti en septembre, l'île semblait avoir sombré davantage sous le poids de la colonisation européenne. À la recherche des derniers vestiges de culture indigène, il s'installa dans le petit village de Punaauia pour soigner sa santé défaillante et peindre. Une jeune fille locale appelée Pau'ura a Tai (alias Pahura) vivait avec lui. Il reçut un peu d'argent de Paris, où quelques marchands vendaient occasionnellement ses œuvres, mais à des prix décevants. Gauguin ne comprenait pas pourquoi il jouissait d'une si grande réputation auprès de ses collègues artistes, mais que celle-ci ne se traduisait pas par une reconnaissance publique et des ventes. "Qu'ai-je obtenu ? Une défaite totale... La malchance m'a poursuivi sans relâche", écrit Gauguin (Hodge, 82). Il continua à peindre frénétiquement, mêlant les couleurs locales à toutes les formes d'art qu'il avait rencontrées au cours de sa vie et à sa propre imagination débordante.
En 1897, Gauguin était convaincu que ses problèmes de santé ne pouvaient que s'aggraver, et il tenta de se suicider. Après avoir touché le fond, l'artiste en lui se réveilla pour créer ce qu'il considérait la plus belle peinture de sa carrière : D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Cette immense toile en forme de frise mesure 4,5 mètres de long, mais aucune de ses figures ambiguës et mystiques ne présente une réponse facile aux questions posées dans le titre du tableau. Malgré son triomphe artistique, la vie ordinaire s'avérait plus difficile que jamais. En effet, il fut obligé de boucler la boucle et de retourner à ce qu'il détestait le plus : un emploi de bureau à Papeete. Au moins, il pouvait maintenant rembourser ses dettes et acheter à nouveau de la peinture. Puis, grâce à des ventes à Paris et à un contrat avec un marchand, Gauguin put redevenir artiste à plein temps en 1899. De retour en Europe, la réputation de Gauguin ne cessa de croître et ses œuvres furent finalement achetées par de grands collectionneurs.
En septembre 1901, Gauguin s'installa à Hiva Oa (appelé Dominique à l'époque) dans les îles Marquises. Il cherchait un aperçu plus authentique d'une Polynésie intacte, et c'était beaucoup moins cher. Il nomma sa hutte primitive Maison du Jouir et se trouva à nouveau une jeune compagne, Marie Rose, fille d'un chef de tribu. Fraîchement inspiré par son environnement de collines volcaniques et de feuillages tropicaux, l'artiste s'abandonna à la peinture et au dessin, continuant à rejeter l'art académique et son souci pour la lumière et la perspective, mais adoucissant également sa palette par rapport à Tahiti. Les dispositions domestiques de l'artiste et ses fréquentes fêtes scandalisaient les missionnaires locaux, surtout lorsque Marie Rose et Gauguin euren une fille, Tahiatikaomata. La santé de Gauguin continua de se détériorer, ce qui l'empêcha de peindre ; il préfèra écrire ses mémoires : Avant et Après.
Mort et héritage
Après des années de problèmes cardiaques et les effets négatifs de la syphilis, de l'alcoolisme et du paludisme, Paul Gauguin mourut le 8 mai 1903. Il fut enterré dans le cimetière d'Hiva Oa, et ses biens et œuvres d'art furent vendus à qui voulait bien les acquérir.
L'éclectisme et la simplicité trompeuse de Gauguin, exprimés dans ses peintures, gravures, sculptures et céramiques, n'avaient été appréciés que par quelques collègues artistes et collectionneurs de son vivant. En outre, le mode de vie peu conventionnel de Gauguin avait éclipsé ses réalisations artistiques. Cependant, dans les années qui suivirent sa mort, plusieurs expositions furent organisées, ce qui contribua à asseoir définitivement la réputation de Gauguin.
L'utilisation par Gauguin de couleurs vives et la représentation de formes primitives eurent une influence considérable, inspirant des artistes de renom comme Henri Matisse (1869-1954) et Pablo Picasso (1881-1973). Le souci de Gauguin de combiner des formes et des couleurs vives fut une source d'inspiration cruciale pour le mouvement synthétiste qui défendait les formes naturelles, l'esthétique et l'émotion dans l'art. Gauguin fut spécifiquement cité comme source d'inspiration pour un autre groupe d'artistes, connu sous le nom de "Nabis", qui créait des œuvres d'art dans le but de susciter une réaction spirituelle chez le spectateur. Au cours de la dernière année de sa vie, Gauguin avait donc vu juste lorsqu'il avait déclaré : "Je crois avoir raison en matière d'art. En tout cas, j'aurai fait mon devoir ; et il restera toujours le souvenir d'un artiste qui a libéré la peinture" (Hodge, 6).