Emmanuel-Joseph Sieyès (1748-1836), communément appelé l'abbé Sieyès, était un ecclésiastique et écrivain politique français qui devint une voix importante du tiers état pendant la Révolution française (1789-99). Sieyès jouA un rôle déterminant dans les événements d'ouverture et de clôture de la Révolution et cherchA à mettre en place un gouvernement reflétant le tiers état qu'il considérait comme la véritable nation.
Vie pré-révolutionnaire
Emmanuel-Joseph Sieyès vit le jour le 3 mai 1748, dans la ville de Fréjus, dans le sud de la France. Cinquième enfant d'un collecteur d'impôts local, Honoré, et de sa femme, Anne, la famille de Sieyès était loin d'être aisée, même si Honoré était propriétaire terrien et disposait d'un revenu modeste. Enfant, Sieyès reçut l'éducation privée d'un précepteur jésuite avant de fréquenter le collège des Doctrinaires de Draguignan, dans le but de devenir soldat professionnel. Cependant, sa mauvaise santé rendit ce choix de carrière impossible, et ses parents décidèrent alors qu'il serait prêtre. Le jeune Emmanuel n'était pas intéressé par une telle vie et fut envoyé à Paris malgré ses "larmes et protestations" pour recevoir une éducation en théologie et en ingénierie au séminaire de Saint-Sulpice (Clapham, 4), où il étudierait pendant près de dix ans avant de terminer son éducation au collège de la Sorbonne.
Sieyès n'était pas le modèle de l'étudiant consciencieux, du moins en ce qui concernait la religion ; en effet, à la fin de ses études académiques, ses supérieurs lui firent remarquer qu'il n'était "nullement fait pour le ministère de l'Église" (Clapham, 7). Négligeant ses études religieuses, Sieyès se plongea souvent dans des ouvrages de philosophie, espérant se libérer de "toute notion ou sentiment de nature superstitieuse" (Clapham, 7). Sieyès se passionna pour les travaux des penseurs politiques des Lumières, en particulier John Locke et Étienne Bonnot de Condillac. Plutôt que d'étudier les Écritures, Sieyès lit tout ce qu'il put sur la philosophie du gouvernement représentatif. À la fin de ses études, il se classa au dernier rang de sa promotion au séminaire. Pourtant, son auto-éducation en philosophie politique lui donna suffisamment d'assurance pour se vanter auprès d'un ami : "la politique est une science que je crois maîtriser" (Scurr, 89).
Pourtant, il fut ordonné prêtre en 1772 et trouva son premier véritable emploi comme secrétaire de l'évêque de Tréguier trois ans plus tard. Il connaîtrait le succès dans sa carrière, devenant vicaire général de Chartres en 1780, puis chancelier des diocèses de cette ville. Sa profession spirituelle ne le rendit pas moins cynique ; il affirmerait plus tard que c'était ce contraste entre sa carrière et ses opinions personnelles qui l'avait incité à examiner la composition des classes au sein de la société. Au cours de son service épiscopal, il en fit l'observation directe lors d'une réunion des États de Bretagne, constatant le pouvoir exercé par les ordres privilégiés. Roturier de naissance, Sieyès en vint à sympathiser avec les ordres inférieurs, car il était convaincu qu'ils supportaient la plupart des fardeaux de la société tandis que les classes privilégiées du clergé et de la noblesse profitaient de leur travail.
Sieyès était loin d'être le seul à penser ainsi, surtout à la fin des années 1780, lorsque les mauvaises récoltes se succédèrent, faisant grimper le prix du pain à une époque où le chômage et l'inflation étaient déjà endémiques. Alors que les roturiers luttaient pour survivre, ils supportaient également la majeure partie du fardeau fiscal, tandis que les classes supérieures étaient pour la plupart exemptes d'impôts. Ces problèmes étaient passés au premier plan en 1787, lorsqu'une tentative du ministère royal d'adopter des réformes financières radicales donna lieu à une lutte de pouvoir avec le Parlement de Paris, ce qui entraîna la révolte des Parlements. L'agitation s'accrut dans tout le pays, et des appels furent lancés aux trois états de la France prérévolutionnaire pour qu'ils se réunissent en États généraux, un organe représentatif qui ne s'était pas réuni depuis 175 ans.
Face à la pression croissante, le roi Louis XVI (r. de 1774 à 1792) finit par s'exécuter et ordonna la réunion des États généraux à Versailles en mai 1789. De nombreux membres du tiers état (roturiers) se réjouirent, réalisant qu'ils pourraient utiliser cette tribune pour exposer leurs doléances à la nation. Cependant, comme aucune assemblée de ce type n'avait été convoquée depuis 1614, les débats abondèrent sur la manière dont elle devrait être organisée. À la fin de l'année 1788, le premier ministre du roi, Jacques Necker, fit appel aux écrivains français pour qu'ils soumettent leurs réflexions sur la question. Nombreux furent ceux qui répondirent à cet appel, mais aucun avec autant de vigueur et d'influence que l'abbé Sieyès dont le pamphlet fondateur Qu'est-ce que le tiers état ? fut publié en janvier 1789.
Qu'est-ce que le tiers état ?
Dans son pamphlet, Sieyès posa et répondit à trois questions (Éditions du Boucher, 2002) :
- Qu'est-ce que le Tiers état ? TOUT.
- Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l'ordre politique ? RIEN.
- Que demande-t-il ? À ÊTRE QUELQUE CHOSE.
Le pamphlet affirme que le tiers état constitue une nation à part entière du fait qu'il fournit la quasi-totalité du travail et des impôts de la société et qu'il représente plus de 98 % de la population française. Les deux états supérieurs, le clergé et la noblesse ne sont que des parasites, des classes oisives qui ne fournissent rien d'autre qu'un fardeau; Sieyès les compare à des ulcères malins sur le corps d'un homme mourant. C'est pourquoi le tiers état, qui n'était jusqu'alors "rien" au sens politique du terme, doit devenir "quelque chose", ce que Sieyès définit comme étant la moindre chose possible. Il plaide pour trois conditions qui doivent être remplies lors des prochains États généraux pour que le Tiers état devienne "quelque chose" :
- Il faut lui permettre une véritable représentation élue en son sein.
- Sa représentation doit être égale en nombre aux deux autres estats réunis.
- Les votes aux États généraux doivent être comptés par tête et non par ordre pour que la majorité du Tiers se reflète réellement.
Le pamphlet de Sieyès s'avéra extrêment populaire dans les mois précédant les États généraux de 1789 et contribua à un changement radical de l'opinion publique. En remettant en cause la nécessité des états privilégiés, Sieyès s'attaquait aux fondements de l'Ancien Régime, remettant en cause les définitions conventionnelles de ce qu'était la nation et de qui était censé représenter ses intérêts. Sieyès défendait également l'idée d'un tiers état qui prendrait le rôle d'une "assemblée nationale" sans tenir compte des autres états.
Les États généraux
Le pamphlet de Sieyès lui valut le mépris de son propre ordre clérical, et il devint vite évident qu'il ne serait pas élu député du premier État. Ses admirateurs souhaitaient néanmoins le voir participer à l'assemblée et l'incitèrent à se présenter en tant que représentant du tiers état, ce qu'il fit en devenant le dernier député du tiers état à représenter Paris le 20 mai 1789. Cinq jours plus tard, il arriva à Versailles.
Les États généraux étaient en session depuis le 5 mai, mais jusqu'à présent, ils n'avaient rien donné. Le tiers état refusait de faire l'appel tant qu'il n'était pas assuré que les trois ordres voteraient ensemble, tandis que les nobles exigeaient que les états votent isolément et que le clergé était divisé sur la question. Sieyès fit rapidement cause commune avec des leaders notables du tiers état, comme Antoine Barnave et Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, et participa aux réunions du Club Breton, un rassemblement de députés du tiers état qui se réunissaient pour élaborer une stratégie concertée. C'est là que le plan d'attaque du tiers état fut presque certainement concocté, et Sieyès en fut nommé le porte-parole officieux.
Sans la reconnaissance de son nom, il n'aurait pas été le choix le plus évident ; sa voix frêle et douce ne se prêtait pas à un discours extraordinaire, pas plus que ses phrases courtes et lourdes de théorie. Pourtant, personne ne pouvait douter de l'engagement de Sieyès et, le 10 juin, il proposa que le tiers état attende un jour que les autres ordres se joignent à lui, faute de quoi il entamerait la procédure seul et voterait sans tenir compte des ordres privilégiés. " Coupons le câble ", aurait dit Sieyès. "Il est grand temps" (Clapham, 68). En l'absence de réponse des autres domaines, le tiers état commença l'appel nominal.
Le 13 juin, trois curés rompirent avec leur ordre pour rejoindre le tiers état. Dans les jours qui suivirent, d'autres se joignirent à eux. Dans la logique de son ouvrage Qu'est-ce que le tiers état ? Sieyès pensait que cela signifiait que le tiers état avait désormais pris le pouvoir de la nation, et le 15 juin, il proposa qu'il se réorganise en une assemblée appelée "Assemblée des représentants connus et vérifiés de la nation française" (Doyle, 104). Ce titre alambiqué fut raccourci en Assemblée nationale, un titre qui fut adopté le 17 juin, le jour même où les députés déclarèrent que tous les impôts existants étaient illégaux. La Révolution française avait commencé.
Le 20 juin, le Premier État vota pour rejoindre l'Assemblée nationale et les députés prêtèrent le serment du Jeu de Paume, jurant de ne pas se dissoudre avant d'avoir présenté une nouvelle constitution. Le roi Louis XVI, qui avait jusque-là considéré les grondements du tiers état comme "une phase seulement", tenta finalement de mettre un terme à l'Assemblée, en ordonnant à tous les états de rentrer dans leurs quartiers le 23 juin. À la célèbre réplique de Mirabeau, Sieyès répondit, quoiqu'avec une incidence moindre: "Messieurs, ne sentez-vous pas que vous êtes aujourd'hui tout ce que vous étiez hier ?" (Clapham, 69). Il exhorta ses collègues députés à tenir bon, ce qu'ils firnt ; quatre jours plus tard, Louis XVI céda et ordonna aux nobles qui avaient résisté de rejoindre l'Assemblée.
L'Assemblée nationale et la Terreur
Après les États généraux, Sieyès fut reconnu comme l'un des dirigeants les plus influents de l'Assemblée. Il travailla sur les projets de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, un document historique sur les droits de l'homme, et joua un rôle majeur dans la réorganisation de la France en 83 départements pour faciliter le processus électoral. Il plaida avec succès en faveur d'un corps législatif monocaméral et débattit avec Mirabeau contre l'octroi d'un droit de veto absolu au roi.
Pourtant, dès l'automne 1789, Sieyès vit son influence décliner. Dans la nuit du 4 août, alors que Sieyès et Mirabeau étaient absents, l'Assemblée rédigea les décrets d'août dans un état de frénésie patriotique. Si les décrets abolissaient la féodalité, ils promettaient également l'abolition de la dîme. Sieyès se prononça contre cette dernière, non pas pour défendre le clergé, mais parce qu'il estimait qu'un tel acte enrichirait les propriétaires fonciers au détriment de l'Église. En novembre, Sieyès condamna également la confiscation des biens de l'Église par l'Assemblée en invoquant le droit de propriété garanti par la Déclaration des droits de l'homme. Une fois, Sieyès se plaignit des actions de l'Assemblée lors d'une promenade avec Mirabeau, qui lui rétorqua, "mon cher Abbé, vous avez lâché le taureau et maintenant vous vous plaignez qu'il vous encorne !". (Scurr, 103).
Dans l'esprit de Sieyès, aucune de ces actions ne pouvait égaler la catastrophe de la Constitution civile du clergé qui soumettait l'Église catholique française à l'autorité de l'État, aliénant beaucoup de gens à la Révolution. Pour Sieyès, c'était la première grande bévue de la Révolution ; il dit de ses collègues qui soutenaient cette politique : "ils veulent être libres mais ils ne savent pas être justes" (Scurr, 119). Sieyès continua à siéger à l'Assemblée, son influence éclipsée par des hommes plus dynamiques, jusqu'à l'Assemblée législative de fin 1791, à laquelle Sieyès ne put être élu. Il réapparut dans la troisième Assemblée, la Convention nationale, qui s'installa en même temps que la Première République française en septembre 1792. Sieyès vota pour l'exécution de Louis XVI et faisait partie du comité constitutionnel, travaillant sous la direction du marquis de Condorcet pour élaborer ce qui serait connu sous le nom de constitution girondine.
Cette constitution ne serait cependant jamais votée, car les Jacobins priret rapidement le pouvoir et adoptèrent la leur. Sieyès désapprouvait la constitution jacobine mais ne voulait pas l'admettre à voix haute. Après que Condorcet eut attaqué la constitution jacobine, un mandat d'arrêt fut lancé contre lui. Alors que le règne de la Terreur recouvrait la France de son nuage noir, Sieyès apprit à faire profil bas pour éviter de rejoindre la liste toujours plus longue de ses malheureux collègues qui avaient trouvé la mort sous la guillotine. Il s'efforça de ne pas contrarier le pouvoir et renonça même à sa foi au plus fort de la déchristianisation de la Révolution et de la montée du culte de la raison. Plus tard, lorsqu'on lui demanda ce qu'il avait fait pendant la Terreur, Sieyès répondit succinctement : "J'ai survécu."
Le coup d'État dU 18 Brumaire
Après la chute de Maximillien Robespierre en juillet 1794 et la réaction thermidorienne qui s'ensuivit, Sieyès revint à la politique. Le Directoire national, qui avait remplacé la Convention, rédigea une nouvelle constitution, qui fut adoptée en 1795. Comme toutes les autres constitutions produites jusqu'alors pendant la Révolution, Sieyès désapprouva celle-ci également, au point de refuser d'être directeur de la République. Au lieu de cela, il s'essaya à la diplomatie. En 1795, il participa à la rédaction d'un traité entre la France et la République de Batavia, et en 1798, il négocia habilement, mais sans succès, l'entrée de la Prusse dans la guerre de la Seconde Coalition (1798-1802) aux côtés de la France.
Pendant ce temps, l'opinion publique commençait à se retourner contre le Directoire. Les gens étaient furieux des pertes subies par les armées françaises pendant la guerre. Les Néo-Jacobins accusaient les fournisseurs corrompus de maintenir les armées de la République dans un état de sous-approvisionnement et reprochaient au Directoire de leur permettre de le faire. Sieyès sentit que cette discorde était le moment idéal pour revenir au pouvoir et tenter d'apporter des changements ; en mai 1799, il fut nommé directeur de France après la démission de Jean-François Rewbell. Un mois plus tard, Sieyès profita de la désunion au sein du Directoire pour coordonner l'éviction de deux autres directeurs ; ce coup d'État du 30 prairial fit de Sieyès une figure dominante du gouvernement, position qu'il utilisa pour réprimer la résurgence jacobine croissante. Il ne lui restait plus qu'à trouver des alliés prêts à l'aider à démanteler le Directoire et à établir la constitution dont Sieyès rêvait depuis longtemps.
Sieyès trouva rapidement des alliés pour sa conspiration, à savoir Joseph Fouché, ministre de la police, et Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Cependant, s'il espérait monter un coup d'État, il lui fallait un nom militaire reconnaissable. Il fit d'abord des avances au général Barthélemy Catherine Joubert, une étoile montante de l'armée française qui avait soutenu Sieyès lors du coup d'État de Prairial ; la mort de Joubert en août à la bataille de Novi contrecarra ce plan. Il n'aurait cependant pas à chercher longtemps le remplaçant du général, car en octobre 1799, le général Napoléon Bonaparte (1769-1821) revint à Paris de sa campagne d'Égypte et se retrouva l'un des hommes les plus populaires de la ville.
Sieyès rencontra Bonaparte, et les deux hommes se détestèrent presque immédiatement. Pourtant, chacun vit en l'autre un outil pour atteindre son propre objectif, et Bonaparte accepta d'être le visage de la conspiration de Sieyès. Le coup d'État fut fixé au 9 novembre 1799, soit le 18 brumaire an VIII selon le calendrier républicain français. Sous le prétexte de complots soutenus par les Britanniques et d'une rébellion jacobine, Sieyès prépara le Conseil des Anciens (la chambre législative supérieure du Directoire) pour accorder à Bonaparte le commandement de toutes les troupes de Paris ; le même jour, Sieyès et ses collègues directeurs Roger Ducos et Paul Barras démissionnèrent. La perte de trois des cinq directeurs en un seul jour abolit pratiquement le Directoire et empêcha d'atteindre le quorum. Les deux autres directeurs, tous deux néo-jacobins, furent arrêtés par les troupes de Bonaparte.
Le lendemain, Bonaparte rencontra quelques difficultés au Conseil des 500, la chambre basse du Parlement, car les députés avaient compris le stratagème. Le coup d'État aurait pu se terminer en catastrophe à ce moment-là, sans les efforts du frère de Bonaparte, Lucien, président du Conseil, et la présence de grenadiers fidèles à Napoléon. En fin de compte, le coup d'État du 18 Brumaire, sans effusion de sang aucune, fut un franc succès; le Directoire fut dissous et un gouvernement provisoire fut mis en place, avec Sieyès, Ducos et Bonaparte nommés, dans cet ordre, consuls provisoires. Ce coup d'État est largement considéré comme la fin de la Révolution.
Retraite et mort
Malheureusement pour Sieyès, Bonaparte n'était pas encore prêt à faire abstraction des coups d'État. Sieyès, qui semblait désormais au sommet du pouvoir politique, s'empressa de travailler à l'élaboration d'une nouvelle constitution, remplie de freins et de contrepoids à l'autorité centralisée. Bonaparte ne voyait pas comment cette constitution pourrait être meilleure que celles de 1791 et 1793, qui avaient échoué, et pensait en outre que Sieyès connaîssait "mal la nature des hommes" (Roberts, 231). Immensément populaire, Bonaparte put rassembler de nombreux partisans puissants et fut ainsi en mesure de déjouer Sieyès ; lorsque la Constitution de l'an VIII fut achevée le 24 décembre 1799, il s'agissait bien de la constitution de Napoléon et non de celle de Sieyès.
À la suite de ce véritable coup d'État dans le coup d'État, Sieyès ne fut pas complètement laissé pour compte : il reçut 350 000 francs en espèces, un domaine à l'extérieur de Versailles et une maison à Paris. Après avoir exprimé son soutien à Napoléon en tant que Premier Consul, Sieyès fut nommé à la présidence du Sénat. Il se retira peu après et s'abstint de toute activité politique pendant la période du Premier Empire français. En 1815, lors du bref retour au pouvoir de Napoléon pendant les Cent-Jours, Sieyès fut nommé à la Chambre des pairs.
Il fuit la France en 1816 après la Restauration des Bourbons ; le roi Louis XVIII de France le déchut de son statut de membre de la prestigieuse Académie française pour son rôle dans l'exécution de Louis XVI. Il mena une vie tranquille à Bruxelles pendant 14 ans, ne revenant à Paris qu'après la révolution de juillet 1830. Sieyès y mourut six ans plus tard, le 20 juin 1836, le jour du 47e anniversaire du Serment du Jeu de Paume, un événement qui avait vu le jour en grande partie grâce à son influence. Il avait alors 88 ans.