Déclaration de Pillnitz

Définition

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 09 septembre 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Declaration of Pillnitz (by Johann Heinrich Schmidt, Public Domain)
Déclaration de Pillnitz
Johann Heinrich Schmidt (Public Domain)

La Déclaration de Pillnitz est une déclaration commune publiée le 27 août 1791 par Léopold II, empereur du Saint Empire romain (r. de 1790 à 1792) et le roi Frédéric-Guillaume II de Prusse (r. de 1786 à 1797). Cette déclaration appelle toutes les puissances européennes à s'unir contre la Révolution française (1789-99) et à rétablir dans ses pleins pouvoirs le roi de France Louis XVI (r. de 1774 à 1792), réduit à l'état de monarque constitutionnel.

Malgré cette position apparemment belliqueuse à l'égard de la France révolutionnaire, la déclaration était bien plus une formalité politique qu'une menace sérieuse. Les monarques européens appréhendaient la Révolution et craignaient qu'elle ne s'étende au-delà des frontières de la France. Léopold II était également préoccupé par la sécurité de sa sœur, la reine de France Marie-Antoinette (1755-1793). Cependant, ni Léopold ni Frédéric-Guillaume n'avaient l'intention d'entrer en guerre avec la France et ils rédigèrent la déclaration de telle sorte qu'ils ne seraient obligés d'engager des troupes que si toutes les autres puissances européennes le faisaient également, ce qui était très peu probable. La déclaration n'avait pour but que d'apaiser les émigrés français royalistes, d'intimider les révolutionnaires français pour qu'ils poursuivent des politiques moins radicales et de satisfaire l'honneur de la famille de Léopold II.

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Cependant, cette déclaration se retournerait contre elle-même lorsqu'elle serait prise au pied de la lettre par les Français qui craignaient depuis longtemps une invasion étrangère. À l'inverse de l'effet escompté, la déclaration de Pillnitz allait accroître les tensions en Europe, ce qui conduisit la France à déclarer la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792, déclenchant ainsi les guerres de la Révolution française (1792-1802).

Une couronne affaiblie

La Révolution française commença le 5 mai 1789, lorsque le roi Louis XVI et ses ministres furent contraints de convoquer les États généraux de 1789 pour résoudre les graves difficultés financières de la France. Loin de stabiliser le royaume, les États généraux entraînèrent au contraire la montée du tiers état (les roturiers) qui institua une Assemblée nationale et revendiqua le droit de rédiger une nouvelle constitution. Les tentatives de Louis XVI pour reprendre le contrôle de l'Assemblée furent déjouées lorsque les roturiers de Paris se soulevèrent et prirent d'assaut la Bastille. Par la suite, l'héritier de l'absolutisme bourbonien fut contraint d'accepter l'amoindrissement de sa monarchie et la destruction de l'Ancien Régime français; la décision de l'Assemblée, dans la nuit du 4 août 1789, d'abolir la féodalité (décrets d'août) fut suivie par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui défendait les idéaux des Lumières tels que les droits naturels de l'homme et la théorie de la volonté générale de Rousseau.

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Louis XVI résista à deux reprises à la marée montante de la Révolution, ce qui lui fut préjudiciable à chaque fois.

Après la prise de la Bastille, Louis XVI résista à deux reprises à la vague montante de la Révolution, ce qui lui fut préjudiciable à chaque fois. La première fois, il refusa de consentir aux décrets d'août et à la Déclaration des droits de l'homme, ce qui entraîna la marche des femmes sur Versailles le 5 octobre 1789, lorsque 7 000 femmes de la place de Paris se rendirent au château de Versailles et obligèrent le roi et sa famille à les raccompagner à Paris. Là, il fut installé au palais des Tuileries comme un quasi prisonnier. La deuxième fois que le roi défia la Révolution, ce fut sa faute la plus grave. Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, le roi et sa famille quittèrent Paris à la faveur de la nuit, à bord de leur carrosse, en direction de la frontière avec les Pays-Bas autrichiens. Ils furent rapidement rattrapés par des patriotes français diligents dans la ville de Varennes-en-Argonne et ramenés à Paris. La fuite de Varennes fut un moment traumatisant pour de nombreux Français qui se sentirent trahis par leur roi. L'incident donna lieu à des appels à l'abdication et même à l'instauration d'une République française.

Naturellement, ces développements alarmèrent les royalistes et les aristocrates français qui commencèrent à quitter la France en masse après la chute de la Bastille. Le frère cadet de Louis XVI, Charles-Philippe, comte d'Artois (futur roi Charles X de France), mena la première vague d'émigrés, quittant Versailles le 16 juillet 1789, deux nuits après la Bastille. Avec lui, les descendants des familles les plus illustres et les plus nobles de France, dont le prince de Condé, les Polignac et les Rohan. Artois et ses partisans ne s'attendaient pas à rester longtemps loin de Versailles, mais dans les semaines qui suivirent, des soulèvements populaires dans toute la France entraînèrent l'incendie de châteaux nobles et aboutirent à la destruction du régime féodal le 4 août. Ils furent bientôt rejoints dans leur fuite par d'autres personnes qui s'inquiétaient de plus en plus de l'orientation de la Révolution. En particulier après la marche sur Versailles, des milliers d'aristocrates, d'ecclésiastiques et de fonctionnaires quittèrent la France, et beaucoup s'établirent juste au-delà de la frontière, dans des villes comme Bruxelles, Trèves et Mayence. Artois lui-même s'installerait à la cour de Turin, sous la protection de son beau-père, le roi Victor Amédée III de Sardaigne (r. de 1773 à 1796).

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The Comte d'Artois, Later Charles X of France
Comte d'Artois, futur Charles X de France
Henri-Pierre Danloux (Public Domain)

L'Assemblée nationale ne fit rien pour empêcher ces vagues d'émigrés de quitter la France (à l'exception du roi et de la reine, bien sûr). En 1789 et 1790, la frontière française était ouverte à tous afin de ne pas porter atteinte aux libertés individuelles. En 1791, à l'appel d'Artois et du prince de Condé, qui s'était installé à Worms, plus de 6 000 officiers militaires français désertèrent leur poste et partirent à l'étranger avant la fin de l'année. Il s'agissait d'une perte alarmante de soldats expérimentés, représentant environ les trois quarts des officiers de l'armée royale. Nombre de ces militaires se regrouperaient autour d'Artois et de Condé, dans le but de contribuer à la contre-révolution, par la force des armes s'il le fallait.

Influence des émigrés

En novembre 1790, Artois fut rejoint à Turin par un allié improbable. Charles-Alexandre de Calonne avait été l'infortuné ministre des finances de Louis XVI qui s'était exilé à Londres après avoir échoué à faire adopter des réformes cruciales lors de l'Assemblée des notables de 1787. Calonne avait depuis épousé une riche héritière et était prêt à utiliser sa fortune pour aider Artois dans ses entreprises contre-révolutionnaires. Ensemble, les deux hommes planifièrent une contre-révolution qui poursuivait trois objectifs:

  • organiser la fuite de Louis XVI
  • provoquer des insurrections à l'intérieur même de la France
  • persuader les puissances européennes d'intervenir

La capture du roi à Varennes, une tentative d'évasion dont Artois n'était même pas au courant, mit fin à tous les espoirs d'atteindre le premier de ces objectifs. Le second connut un succès marginal, puisque les deux hommes réussirent à provoquer des insurrections dans le Languedoc et dans la vallée du Rhône, bien que cela n'ait pas changé grand-chose. Ainsi, les espoirs du prince à la tête brûlée et du ministre des finances en disgrâce reposaient sur les souverains européens qui observaient sans aucun doute les événements en France avec une inquiétude croissante. Incapables d'espérer une aide du roi Victor Amédée, les deux hommes quittèrent Turin, cherchant à établir leur cour dans un endroit plus propice à leurs projets.

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Portrait of Charles-Alexandre de Calonne
Portrait de Charles-Alexandre de Calonne
Élisabeth Vigée Le Brun (Public Domain)

Ils s'installent à Coblence, une ville sur le Rhin qui était déjà un haut lieu de l'émigration française. À la mi-juin, Artois y était fermement établi, ayant formé une cour contre-révolutionnaire qui s'enrichit bientôt de certains des meilleurs officiers militaires français. En peu de temps, Artois et Calonne réunirent une armée d'émigrés d'environ 20 000 hommes; une force impressionnante, mais qui n'était pas suffisante pour battre les armées françaises à elle seule. Bientôt rejoints par son frère, Louis-Stanislas, comte de Provence (futur Louis XVIII), Artois et ses alliés se tournèrent vers un homme qui avait les moyens et peut-être la motivation de les aider : Le beau-frère de Louis XVI, l'empereur des Habsbourg Léopold II.

Le dilemme de Léopold

L'empereur Léopold II occupait le trône des Habsbourg depuis un peu plus d'un an, à la suite du décès prématuré de son frère aîné, Joseph II, empereur romain germanique (r. de 1765 à 1790). L'empire dont hérita Léopold était un empire instable, en proie à sa propre crise; des provinces entières étaient en proie à des troubles en raison de la politique de réforme anti-aristocratique, laïque et modernisatrice menée par Joseph II dans le cadre de sa tentative de créer un État éclairé. Léopold fit preuve d'un grand pragmatisme en parvenant à rétablir l'ordre dans les domaines des Habsbourg en si peu de temps, en partie en annulant certaines des réformes les plus impopulaires de son frère et en partie par une intervention militaire.

Comme si cela ne suffisait pas, Léopold II hérita également d'une guerre contre l'Empire ottoman qui tirait à sa fin, bien qu'elle se soit mal passée pour les Autrichiens. En même temps, il était très conscient des événements qui se déroulaient en Pologne, que la Prusse et la Russie allaient bientôt se partager pour la deuxième fois. Dans ce contexte, la Révolution française n'aurait été qu'un événement secondaire, qui méritait l'attention mais n'était pas une priorité absolue. En termes de politique étrangère, Léopold, comme beaucoup d'autres dirigeants européens, voyait quelques aspects positifs dans les débuts de la Révolution, car elle semblait affaiblir la France en tant que rivale.

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Portrait of Leopold II, Holy Roman Emperor
Portrait de Léopold II, empereur du Saint-Empire romain germanique
Jean-Marc Nattier (Public Domain)

Il s'inquiétait néanmoins de la sécurité de sa sœur, Marie-Antoinette. Il ne l'avait pas vue depuis plus de 25 ans et ne l'avait jamais considérée avec la même affection que Joseph II. Mais elle restait sa sœur et une Habsbourg. Le fait qu'elle ait frôlé la mort aux mains de la populace le 6 octobre 1789 avait prouvé à Léopold que sa vie pouvait vraiment être en danger. Pourtant, il s'était abstenu jusqu'à présent de toute action militaire en France, non seulement parce que ce n'était pas dans l'intérêt de l'Autriche, mais aussi parce qu'une telle action risquait de mettre sa sœur et ses enfants encore plus en danger. Léopold II avait tenté de venir en aide à Marie-Antoinette par d'autres moyens. Ayant eu vent de la tentative d'évasion du 21 juin, il avait ordonné à quatre régiments de se rendre à la frontière avec la France, prêts à accueillir le roi et la reine de France lorsqu'ils traverseraient la frontière. Ayant cru à tort que la tentative avait réussi, Léopold écrivit même à Marie-Antoinette pour lui promettre que "tout ce que j'ai est à vous, argent, troupes, tout" (Schama, 590).

Son inquiétude s'accentua après Varennes, lorsque l'opinion publique française se retourna brutalement contre la famille royale, ainsi que contre l'Autriche. Depuis la Grande Peur de 1789, les citoyens français craignaient depuis longtemps une invasion autrichienne ou britannique, et des rumeurs circulaient désormais selon lesquelles les Autrichiens prévoyaient de marcher sur la France et de délivrer le roi et la reine par la force. Les discours républicains, impensables quelques mois auparavant, se multiplièrent et certaines figures révolutionnaires commencèrent à parler ouvertement de guerre. Dans ce contexte, Léopold ne put plus se taire. Le 10 juillet, il envoya la circulaire de Padoue à ses collègues monarques, leur demandant de se joindre à lui pour condamner les agissements de la France et réclamer la liberté de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Cependant, la circulaire de Padoue ne suscita guère d'enthousiasme de la part des souverains européens, à l'exception du roi Frédéric-Guillaume II de Prusse. Malgré la rivalité traditionnelle entre les Hohenzollern de Prusse et les Habsbourg d'Autriche, les deux monarques acceptèrent de se rencontrer le 25 juillet dans la station thermale de Pillnitz, en Saxe.

La déclaration de Pillnitz

Léopold II et Frédéric-Guillaume II furent rejoints à Pillnitz par Artois et Calonne, arrivés à l'improviste et sans aucune invitation. Les émigrés souhaitaient que ces puissances européennes fassent enfin cause commune avec eux en déclarant la guerre à l'insolente révolution française. Mais si Artois et Calonne s'attendaient à une action décisive à Pillnitz, ils seraient déçus. Léopold reconnut qu'il fallait faire quelque chose, mais son objectif était avant tout de préserver l'honneur de la famille Habsbourg. Il hésitait à entrer en guerre et encore plus à s'allier avec les Prussiens qui lui inspiraient de la méfiance. Plutôt qu'un ultimatum, la déclaration s'apparentait davantage à un vague avertissement, même si aucun des deux monarques n'espérait avoir à le soutenir. Composée de cinq phrases seulement, la déclaration se lit comme suit

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Sa majesté l'Empereur, et sa majesté le roi de Prusse, ayant entendu les desirs et les représentations de Monsieur et de monseigneur le Comte d'Artois, se déclarent conjointement, qu'elles regardent la situation où se trouve aujourd'hui le roi de France, comme un objet d'un intérêt commun à tous les souverains de l'Europe. Elles espèrent que cet intérêt ne peut être méconnu par les puissances dont le secours est reclamé, et qu'en conséquence elles ne refuseront pas d'employer conjointement avec leursdites majestés, les moyens les plus efficaces relativement à leurs forces pour mettre le roi de France en état d'affermir dans la plus parfaite liberté, les bases d'un gouvernement monarchique, également convenable aux droits des souverains et au bien-être de la nation française. Alors, et dans ce cas, leursdites majestés, l'Empereur et le roi de Prusse, sont résolues à agir promptement et d'un mutuel mutuel accord avec les forces nécessaires pour obtenir le but proposé en commun. En attendant, elles donneront à leurs troupes les ordres convenables pour qu'elles soient à portée de se mettre en activité.

Signé,
Léopold, empereur d'Autriche
Frédéric-Guillaume, roi de Prusse
27 août 1791

(Desenne, 1797 (p. 265-266).)

La déclaration de Pillnitz était délibérément formulée de manière à donner une impression de fermeté tout en n'engageant ni l'Autriche ni la Prusse dans des politiques ou des actions spécifiques. La déclaration se contente d'exhorter les autres puissances européennes à soutenir la monarchie française, mais ne promet pas d'action militaire à moins que toutes les autres puissances européennes ne s'engagent dans ce sens. Léopold et Frédéric-Guillaume savaient tous deux que cela était extrêmement improbable, car le Premier ministre britannique William Pitt le Jeune (1759-1806) avait déjà fait savoir qu'il était contraire aux intérêts de la Grande-Bretagne de s'engager dans un conflit sur le continent.

Coin Commemorating the Declaration of Pillnitz
Pièce commémorant la déclaration de Pillnitz
Carl Wilhelm Hoeckner (Public Domain)

Léopold était satisfait de la déclaration, estimant qu'elle lui permettrait d'atteindre ses objectifs. Il savait qu'en France, les Feuillants, une faction monarchiste constitutionnelle, dominaient l'Assemblée nationale et s'efforçaient de restaurer le pouvoir de Louis XVI dans la constitution à venir et de mettre fin à la Révolution de manière rapide et satisfaisante. En menaçant d'intervenir militairement, Léopold espérait que les autres membres de l'Assemblée se rallieraient à l'objectif des Feuillants et que la crainte de l'armée autrichienne empêcherait toute politique révolutionnaire extrémiste. En outre, Léopold espérait que la déclaration apaiserait les émigrés français comme Artois et les empêcherait de semer le trouble. Mais le plus important pour lui, c'était qu'en promulguant le décret, l'honneur de la famille Habsbourg était satisfait. Même s'il était préoccupé par la sécurité personnelle de sa sœur, il n'en restait pas moins que Léopold avait son propre empire à diriger, avec son propre programme et sa propre politique étrangère. Le fait que la majeure partie de la conférence de Pillnitz ait porté non pas sur la révolution, mais sur la question du partage de la Pologne et sur la guerre contre les Ottomans en est la preuve. Bien qu'à l'époque elle ait été en veilleuse, la Révolution française allait rapidement devenir une question très urgente.

La réaction française

La Déclaration de Pillnitz est rédigée dans le langage diplomatique guindé des monarques. Ses véritables intentions sont dissimulées derrière une façade d'intimidation qu'il faut savoir lire entre les lignes. C'était le langage diplomatique typique de l'époque. Les révolutionnaires français, en revanche, se moquaient de cette forme archaïque de communication, estimant que le langage entre les citoyens devait être sincère, transparent et direct.

Il était donc facile pour les membres de l'Assemblée de présenter la déclaration comme un affront à la paix, comme la preuve que les puissances étrangères de l'Europe complotaient avec les émigrés contre la Révolution. Hérault de Séchelles, jacobin et futur membre du Comité de salut public, décrivit la déclaration comme révélant "une immense conspiration contre la liberté non seulement de la France, mais de tout le genre humain" (Schama, 591). Malgré les preuves que les Autrichiens s'employaient à dissoudre des régiments plutôt qu'à en lever, la déclaration relança les rumeurs qui avaient semé la panique depuis le début de la Révolution; soudain, on murmura que les Autrichiens s'amassaient le long de la frontière, que des navires de guerre britanniques colossaux faisaient voile vers la Bretagne. Ce fut à nouveau la Grande Peur.

Naturellement, on accusa les émigrés. Tous ceux qui défiaient les intérêts de la patrie furent désormais désignés comme "étrangers", quel qu'ait été leur lieu de naissance. L'Assemblée prit enfin des mesures contre les émigrés. Le 31 octobre, elle déclara coupables de complot et condamna à mort tous les émigrés qui n'étaient pas rentrés en France au 1er janvier 1792. Le 9 novembre, l'Assemblée donna au comte de Provence deux mois pour rentrer au pays avant de révoquer sa place dans la ligne de succession. Enfin, le 29 novembre, l'Assemblée annonça qu'elle confisquait tous les biens des émigrés, y compris les terres appartenant aux membres de la famille restés en France. Louis XVI opposa son veto royal à ces lois draconiennes et se rendit même en personne à l'Assemblée en décembre pour dénoncer toute forme d'intervention militaire de la part des puissances étrangères. Pourtant, le fait même que ces politiques aient été adoptées montre la direction que prenait la France.

En septembre 1791, la France révolutionnaire défia le reste de l'Europe en annexant Avignon et le Comtat-Venaisson. En réponse, l'Autriche et la Prusse formèrent une alliance défensive en février 1792. La France se rapprocha de la guerre, désormais sous l'influence de Jacques-Pierre Brissot et de ses partisans girondins, qui pensaient que la guerre était le meilleur moyen de démasquer les véritables ennemis de la Révolution. La France finit par lancer un ultimatum à l'Autriche pour qu'elle renonce à son alliance hostile avec la Prusse et qu'elle retire toutes ses troupes de la frontière. L'Autriche refusa. Le 20 avril 1792, la France déclara la guerre au "roi de Hongrie et de Bohême", c'est-à-dire au fils et successeur de Léopold, François II, empereur du Saint-Empire romain germanique. Peu après, la Prusse entra en guerre en tant qu'alliée de l'Autriche, ce qui marqua le début de la guerre de la Première Coalition (1792-97), la première des guerres de la Révolution française.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce que la déclaration de Pillnitz ?

La Déclaration de Pillnitz est une déclaration commune de l'empereur d'Autriche Léopold II et du roi de Prusse Frédéric-Guillaume II qui condamne la Révolution française et exhorte les autres dirigeants européens à chercher à rétablir le roi de France Louis XVI au pouvoir.

Que dit la déclaration de Pillnitz ?

Composée de cinq phrases seulement, la déclaration de Pillnitz profère de vagues menaces à l'encontre des révolutionnaires français, tout en appelant les autres monarques européens à s'unir également contre la Révolution française. Elle est délibérément formulée de manière à ne pas lier l'Autriche ou la Prusse à une ligne de conduite particulière.

Quels sont les pays qui ont publié la déclaration de Pillnitz ?

La déclaration de Pillnitz a été publiée par l'Autriche et la Prusse le 27 août 1791.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2022, septembre 09). Déclaration de Pillnitz [Declaration of Pillnitz]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21039/declaration-de-pillnitz/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Déclaration de Pillnitz." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 09, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21039/declaration-de-pillnitz/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Déclaration de Pillnitz." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 sept. 2022. Web. 20 nov. 2024.

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