Camille Desmoulins

Définition

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 décembre 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol
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Camille Desmoulins (by Joseph Boze, Public Domain)
Camille Desmoulins
Joseph Boze (Public Domain)

Camille Desmoulins (1760-1794) fut l'un des journalistes les plus en vue pendant la Révolution française (1789-1799). Fervent républicain, il joua un rôle important lors de la prise de la Bastille, où il appela le peuple aux armes. Bien qu'initialement radical, Desmoulins critiqua la violence excessive du règne de la Terreur, ce qui conduisit à son exécution le 5 avril 1794.

Vie pré-révolutionnaire

Lucie-Simplice-Camille-Benoist Desmoulins vit le jour le 2 mars 1760 à Guise, une ville de la province de Picardie, dans le nord de la France. Aîné de cinq enfants, il était le fils de Jean-Benoit-Nicholas Desmoulins, lieutenant-général du bailliage de Guise, et de son épouse, Marie-Madeleine Godart. Le père de Camille était pauvre, mais son poste de fonctionnaire local lui avait permis d'acquérir de nombreuses et puissantes relations. Il utilisa l'une de ces relations pour obtenir une bourse d'études pour son fils aîné au collège Louis-le-Grand à Paris.

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Camille devint le plus proche compagnon de Robespierre à Louis-le-Grand, une amitié qu'ils raviveraient plus tard pendant la Révolution.

Camille commença à fréquenter le collège à l'âge de 14 ans, pour y étudier le droit. Il s'y lia d'amitié avec Maximilien Robespierre (1758-1794), un camarade de droit originaire d'Arras. Camille devint le plus proche compagnon de Robespierre à Louis-le-Grand, une amitié qu'ils raviveraient plus tard pendant la Révolution, malgré leurs différences de personnalités et de convictions. Des années plus tard, Charlotte, la sœur de Robespierre, écrirait : "Je sais que mon frère aimait beaucoup Camille Desmoulins... il me disait souvent que Camille était peut-être, après notre jeune frère et Saint-Just, celui de tous les grands révolutionnaires qu'il aimait le plus" (Violet, 25).

Robespierre et Desmoulins étaient liés par leur amour commun de l'Antiquité. C'est de cette passion pour l'histoire ancienne que naquit la graine du républicanisme dans l'esprit de Desmoulins, bien avant le début de la Révolution. Il l'expliquera plus tard :

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Les premiers républicains qui apparaissent en 1789 sont des jeunes gens qui, nourris de Cicéron dans les collèges, sont passionnément épris de liberté. On nous a instruits aux écoles de Rome et d'Athènes et dans l'orgueil de la République, pour vivre dans le désespoir de la monarchie... quel gouvernement fou, de penser qu'on pouvait s'enthousiasmer pour les pères de la République romaine sans s'épouvanter pour les mangeurs d'hommes de Versailles, qu'on pouvait admirer le passé sans condamner le présent. (Beraud, 126)

Après avoir obtenu son diplôme de Louis-le-Grand, Camille fut admis au barreau de Paris en 1785. Cependant, sa peur de parler en public, exacerbée par un bégaiement de longue date, l'amena à renoncer rapidement à cette vocation, décidant de poursuivre plutôt une carrière dans le journalisme politique. Cela ne payait pas bien, et à la fin des années 1780, Desmoulins vivait dans une auberge, écrivant régulièrement à son père pour demander de l'argent. Sa fortune changea en mai 1789, lorsque les États généraux de 1789 se réunirent à Versailles, marquant le début de la Révolution française. Il passa une grande partie de ce mois à voyager entre Versailles et Paris, observant les réunions passionnantes du Tiers État et dînant avec d'éminents dirigeants du Tiers État comme Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791).

The Opening of the Estates-General
Ouverture des états généraux
Isidore-Stanislas Helman (Public Domain)

L'expérience directe de Desmoulins des premiers jours de la Révolution contribua à le radicaliser davantage; il ne manquait jamais une manifestation à Paris et devint un habitué des clubs politiques locaux, où il s'entraîna à prononcer des discours. Petit à petit, il surmonta sa nervosité à l'idée de parler en public et devint suffisamment bon orateur pour écrire à son père: "Beaucoup de personnes qui entendent mes discours s'étonnent que je n'aie pas été nommé député [du tiers état], compliment qui me flatte indiciblement " (Beraud, 137).

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La Bastille

Alors que Camille Desmoulins baignait dans la Révolution, le roi Louis XVI de France (r. de 1774 à 1792) cherchait à y mettre fin. Début juillet 1789, il appela plusieurs régiments de soldats étrangers dans le Bassin parisien, ce qui inquiéta de nombreux révolutionnaires. Le 11 juillet, le roi renvoya Jacques Necker, son populaire ministre royal en chef, à qui beaucoup attribuaient la convocation des États généraux. Cette mesure provoqua la panique à Paris, car beaucoup y voyaient le prélude à une attaque contre-révolutionnaire.

Vers midi le 12 juillet, Desmoulins bondit sur une table du Café du Foy dans le jardin du Palais Royal. Saisissant l'attention de la foule rassemblée, il prononça un discours passionné; dans l'excitation du moment, il en perdit son bégaiement:

Citoyens ! Il n'y a pas un instant à perdre. Je viens de Versailles. Necker a été renvoyé, et son renvoi est le signal d'un nouveau massacre de tous les patriotes à la Saint-Barthélemy. Ce soir, les bataillons suisses et allemands quitteront le Champ de Mars pour nous tuer. Nous devons nous procurer des armes et porter des rosettes pour pouvoir nous reconnaître les uns les autres. (Beraurd, 135)

A ces mots, il arracha une feuille d'une branche de marronnier au-dessus de lui et la mit dans son chapeau. Brandissant une paire de pistolets, il proclama,

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Aux armes, aux armes, et prenons tous la cocarde verte, couleur de l'espoir... pour moi, je préfère mourir que de me soumettre à la servitude. (Schama, 382)

C'était vraiment le discours de sa vie. Les mots de Desmoulins mirent le feu aux poudres de la foule qui descendit dans les rues, pillant les armureries pour récupérer leurs armes et lançant des pierres sur les troupes royales. Les diverses émeutes qui secouèrent la ville culminèrent le 14 juillet avec la prise de la Bastille, un moment décisif dans l'histoire de France. Pendant tout ce temps, de nombreux Parisiens portaient la cocarde verte inventée par Desmoulins. Lorsqu'il fut découvert que le vert était déjà la livrée du Comte d'Artois, le frère conservateur du roi, le rouge et le bleu, les couleurs de Paris, furent choisis pour représenter la Révolution. Desmoulins décrira plus tard la signification de ces couleurs: "le rouge, représentant le sang à verser pour la liberté, le bleu pour la constitution céleste à venir" (Schama, 387).

Desmoulins Making a Call to Arms, 12 July 1789
Desmoulins lance un appel aux armes, le 12 juillet 1789
by Pierre-Gabriel Berthault (Public Domain)

Lorsque la Bastille tomba, le roi céda. Il retira les soldats, réintégra Necker et céda davantage d'autorité à l'Assemblée nationale constituante. La Révolution était assurée, et Desmoulins devint une célébrité du jour au lendemain. Deux mois plus tôt, il avait écrit un pamphlet intitulé La France Libre, mais n'avait pu trouver de publication; le 18 juillet, il fut publié, avec un succès extraordinaire. Examen des droits du roi, de l'aristocratie et du clergé, le pamphlet de Desmoulins était en avance sur son temps, en ce sens qu'il constituait un appel explicite au républicanisme des années avant que la Révolution ne prenne cette direction. Il lui valut l'amitié de Mirabeau en personne, ce qui accrut considérablement le prestige du jeune écrivain. Au milieu de ce succès retentissant, Desmoulins écrivit à son père:

Je me suis fait un nom et on dit maintenant : "un pamphlet de Desmoulins" et non "un pamphlet d'un auteur appelé Desmoulins". Plusieurs femmes m'ont invité à leurs réceptions, mais rien n'a pu me faire plus de plaisir que ce moment du 12 juillet où j'ai été, je dirai, non pas applaudi par dix mille personnes, mais étouffé par leurs étreintes éplorées. (Beraud, 138)

Journalisme

En septembre 1789, Desmoulins prit appui sur sa réputation de pamphlétaire radical. Son Discours de la lanterne aux Parisiens était une ode à la violence révolutionnaire, car il était écrit du point de vue du réverbère de la place de Grève, souvent utilisé par les émeutiers révolutionnaires comme une potence de fortune où les ennemis contre-révolutionnaires étaient lynchés. Il comporte une épigraphe de l'Évangile de Jean : "Quiconque fait le mal hait la lumière" (Jean 3:20). Cette publication valut à Desmoulins une réputation d'incitateur à la violence, ainsi que le surnom de "procureur de la lanterne".

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Mais ce n'est que le 28 novembre 1789 que Desmoulins lança le premier numéro du journal qui ferait de lui l'une des figures de proue de la Révolution. Le journal, Les Révolutions de France et de Brabant, connut un succès immédiat et le resterait jusqu'à son dernier numéro en juillet 1791. Le premier numéro proclamait prématurément la réussite de la Révolution en annonçant :

Tout est consommé ; le roi est au Louvre, l'Assemblée nationale aux Tuileries... les patriotes sont victorieux... on peut dire à l'Assemblée nationale : " Vous n'avez plus d'ennemis, plus de contradicteurs, plus de vetos à craindre. Il ne vous reste plus qu'à gouverner la France, à la rendre heureuse. " (Beraud, 140)

Le journal de Desmoulins paraissait tous les samedis, composé généralement de trois pages d'articles et d'une illustration. Il gagna un large public; certains aimaient les sujets choquants mais patriotiques, tandis que le public plus large appréciait le style éloquent de Desmoulins et ses fréquentes allusions à l'Antiquité. Le journal devint souvent le sujet de controverses, d'autant plus que Desmoulins continua à promouvoir le républicanisme; il s'opposa fréquemment aux journaux pro-royalistes, dont l'un le qualifia de"l'ânon des moulins", un jeu de mots sur son nom de famille.

Portrait of Camille Desmoulins
Portrait de Camille Desmoulins
Unknown Artist (Public Domain)

Le radicalisme de Desmoulins l'éloigna de ses anciens amis Mirabeau et le baron Malouet, qui trouvaient son travail déplaisant; un numéro d'avril 1791, par exemple, contenait une illustration graphique de nonnes fouettées. Les choses s'enveminèrent à tel point que Malouet demanda l'arrestation de Desmoulins en juillet 1790, l'accusant de vouloir fomenter une insurrection; Desmoulins fut sauvé de l'arrestation par Robespierre qui convainquit ses collègues de ne pas inculper le jeune journaliste. Désormais, Desmoulins se faisait d'autres amis, plus proches de son idéologie radicale. Au début de l'année 1790, il rejoignit le club des Cordeliers, dont il devint rapidement un membre éminent et se lia d'amitié avec son chef, Georges Danton (1759-1794). Avec l'appui des Cordeliers, Desmoulins poursuivit ses attaques contre les personnalités royalistes et centristes.

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En juin 1791, la tentative de fuite de Louis XVI, surnommée la fuite de Varennes, échoua. En réaction, Desmoulins demanda la déposition immédiate du roi et la création d'une république. Le 17 juillet, il organisa avec les Cordeliers une manifestation sur le Champ de Mars pour faire valoir ces revendications; les manifestants furent la cible des tirs des gardes nationaux sous le commandement de Gilbert du Motier, marquis de Lafayette. Après le massacre du Champ de Mars, les monarchistes constitutionnels habilités lancèrent un mandat d'arrêt contre Desmoulins qui fut contraint de se cacher. Ce n'est qu'après avoir été amnistié en septembre qu'il réapparut.

Mariage

Le 29 décembre 1790, Desmoulins épousa Lucile Duplessis, qu'il courtisait depuis plusieurs années. Parmi les témoins du mariage figuraient les révolutionnaires Jacques-Pierre Brissot (1754-1793) et Robespierre; selon certaines sources, Robespierre avait brièvement envisagé d'épouser la sœur de Lucile. L'officiant du mariage était l'ancien directeur de Desmoulins à Louis-le-Grand. Camille et Lucile eurent un enfant, Horace-Camille, né le 6 juillet 1792; Robespierre fut nommé parrain. Au dire de tous, Camille était un mari et un père aimant.

The Desmoulins Family, c. 1792
La famille Desmoulins, vers 1792
Attributed to Jacques Louis David (Public Domain)

En août 1792, les rêves républicains de Desmoulins se réalisèrent. Avec son ami Danton, il participa à l'organisation de l'insurrection du 10 août qui permit la prise de la Commune de Paris et conduisit à l'assaut du palais des Tuileries, qui renversa la monarchie. Danton devint le ministre de la justice de la ville, et Desmoulins fut brièvement son secrétaire. Le mois suivant, la Première République française fut officiellement proclamée, et Desmoulins fut élu au nouveau gouvernement, la Convention nationale.

Querelle avec Brissot

Desmoulins se retrouva pris dans une lutte acharnée entre deux factions jacobines rivales: les Girondins modérés, dirigés par Brissot, et la Montagne extrémiste, de plus en plus dominée par Robespierre. Desmoulins, qui gravitait autour de la Montagne, se rangea sans hésiter de leur côté après une âpre dispute avec Brissot à propos de ce que Desmoulins avait dit dans son journal. Desmoulins répondit par un pamphlet intitulé Brissot démasqué, dans lequel il accusait son ancien ami d'avoir entraîné la France dans les guerres révolutionnaires, qui se déroulaient alors de manière désastreuse, et d'avoir été un espion de la police pour l'ancien régime.

Pendant la Terreur, Desmoulins prit ses distances avec la Montagne.

Encouragé par Robespierre, Desmoulins continua ses attaques, publiant en mai 1793 une autre publication qui accusait tous les Girondins d'être des agents étrangers qui travaillaient activement à la destruction de la Révolution. Comme la plupart des ouvrages de Desmoulins, celui-ci fut largement diffusé et contribua probablement à l'insurrection du 2 juin 1793, au cours de laquelle des milliers de sans-culottes déferlèrent sur la Convention nationale, exigeant l'arrestation des traîtres Girondins. Cet objectif fut atteint, et la chute des Girondins permit la domination de la Montagne et le règne de la Terreur qui s'ensuivit.

Pendant la Terreur, Desmoulins prit ses distances avec la Montagne. Il prit moins souvent la parole en leur nom à la Convention et devint l'une des rares voix à plaider la clémence pour les centaines de milliers de "suspects" arrêtés dans toute la France. Il était tourmenté par le rôle qu'on lui attribuait dans l'avènement de la Terreur et était hanté par le fait que ses actions avaient entraîné la mort de ses anciens amis. Le 30 octobre 1793, lorsque Brissot et les Girondins furent condamnés à mort, on entendit Desmoulins s'exclamer : "Mon Dieu, mon Dieu ! C'est moi qui les tue !" (Scurr, 299).

Le Vieux Cordelier

C'est peut-être cette culpabilité qui adoucit Desmoulins, transformant l'ancien radical en modéré. Avec Danton, il devint le chef de file du nouveau groupe modéré, les Indulgents, qui prônait la fin de la guerre et le recul de la Terreur. Les Indulgents avaient pour ennemis naturels les Hébertistes, un groupe "ultra-révolutionnaire" dirigé par Jacques-René Hébert qui voulait intensifier la Terreur. Les Hébertistes avaient usurpé le Club des Cordeliers, que Danton et Desmoulins avaient autrefois contrôlé.

En réponse, Desmoulins créa un nouveau journal le 5 décembre, intitulé Le Vieux Cordelier, pour rappeler à ses lecteurs une époque plus ancienne et plus prometteuse de la Révolution. Robespierre, qui avait également un intérêt direct à la destruction des Hébertistes, donna sa bénédiction au journal et approuva au préalable chaque numéro. Le journal, qui publiait des attaques cinglantes contre les Hébertistes, fut bien accueilli et entrava l'influence des Hébertistes pendant un certain temps.

Le Vieux Cordelier, Issue 3
Le Vieux Cordelier, numéro 3
Camille Desmoulins (Public Domain)

Victime de sa propre vanité, Desmoulins ne s'arrêta pas là. Les numéros 3 et 4 du journal, publiés sans l'approbation de Robespierre, étaient des attaques contre le régime montagnard. Le journal critiqua l'autorité du Tribunal révolutionnaire et appela véritablement à la fin de la Terreur. Naturellement, cela offensa de nombreux dirigeants puissants de la Montagne qui demandèrent l'expulsion de Desmoulins du Club des Jacobins. Les amis de Desmoulins savaient qu'il allait trop loin, et l'un d'entre eux le prévint : "Camille, tu sembles très près de la guillotine" (Scurr, 299).

Desmoulins, confiant dans la protection que lui offrait son amitié avec Robespierre, rejeta ces avertissements, scellant ainsi son propre destin. En fait, Robespierre avait, au départ, essayé de protéger Desmoulins. Lors d'une réunion au Club des Jacobins, il traita Desmoulins de jeune homme irréfléchi, égaré par de mauvaises fréquentations. Il dit que Desmoulins pourrait être pardonné si ses journaux étaient brûlés. Desmoulins, toujours aussi impétueux, n'en démordit pas. Il se leva et, citant Rousseau, s'écria : "Brûler n'est pas une réponse !". Robespierre, enragé par ce défi public à son autorité, accusa Desmoulins d'avoir des intentions aristocratiques. Leur discussion enflammée se poursuivit jusqu'à ce que Danton n'éloigne Desmoulins. Peu de temps après, Desmoulins fut exclu du Club des Jacobins le 10 janvier 1794.

Chute et exécution

La prise de bec publique de Desmoulins avec Robespierre annonçait sa fin. Malgré ses liens d'amitié avec Danton et Desmoulins, Robespierre comprit rapidement que les Indulgents étaient des obstacles à ses objectifs. Dans la nuit du 29 mars, Danton, Desmoulins et 13 de leurs alliés furent arrêtés. Ils furent inculpés dans le cadre d'un scandale de corruption autour de la Compagnie française des Indes orientales, ainsi que d'une accusation générale de trahison.

Le procès dura du 2 au 4 avril; le propre cousin de Desmoulins, le procureur général Antoine Fouquier-Tinville, dirigeait l'accusation. Desmoulins essaya de rester aussi défiant que le confiant Danton; lorsqu'on lui demanda de déclarer son âge, Desmoulins répondit, "33 ans, le même âge que ce sans-culotte de Jésus-Christ" (Scurr, 314). Lorsque le Tribunal révolutionnaire refusa aux Indulgents le droit de parler pour leur propre défense, Desmoulins se leva et déchira d'un geste théâtral le discours qu'il avait préparé.

Trial of Danton, Desmoulins & Their Allies
Procès de Danton, Desmoulins et de leurs alliés
Jean Mathias Fontaine (Public Domain)

Pourtant, lorsque la sentence de mort fut prononcée, Desmoulins perdit son sang-froid. Il resta figé sur son siège et dut être soulevé par des soldats, qui l'emmenèrent ensuite en prison. Là, il apprit que sa femme Lucile avait également été arrêtée, ce qui le fit fondre en larmes. Il se mit à pleurer : "Est-ce qu'ils vont tuer ma femme aussi ?" demanda-t-il sans cesse, tandis que Danton tentait de le réconforter. Il se calma suffisamment pour écrire une lettre d'adieu à sa femme :

Ma Lucile, malgré mes tourments je crois qu'il y a un Dieu, mon sang effacera mes fautes, je te reverrai un jour, ô ma Lucile... la mort qui me délivrera du spectacle de tant de crimes est-elle un tel malheur ? Adieu, Loulou, adieu ma vie, mon âme, ma divinité sur la terre... Je sens les rives de ma vie reculer devant moi, je te revois Lucile, je vois mes bras serrés autour de toi, mes mains liées t'étreignant, ma tête coupée reposant sur toi. Je vais mourir... (Schama, 820)

Au matin, il perdit à nouveau son sang-froid, déchira ses vêtements et supplia la foule alors que la charrette roulait dans les rues, portant les condamnés à la guillotine. Camille Desmoulins, âgé de 33 ans seulement, fut le troisième de son groupe de 15 à être exécuté; Danton mourut en dernier, couvert du sang de ses meilleurs amis.

Lucile Desmoulins ne survécut pas longtemps à son mari. Lorsqu'il avait été arrêté pour la première fois, Lucile avait écrit à Robespierre pour implorer la vie de Camille, demandant au chef des Jacobins de penser à son fils, qui était le filleul de Robespierre. Robespierre n'ayant pas répondu, Lucile aurait rencontré des amis de Camille, conspirant avec eux pour libérer son mari de prison. Lorsque l'un d'eux la trahit auprès des autorités, Lucile fut elle-même arrêtée et guillotinée une semaine après son mari, le 13 avril 1794, à seulement 24 ans. Sa dernière lettre à sa mère se lit comme suit : "Bonne nuit, chère Maman. Une larme tombe de mes yeux, elle est pour toi. Je vais m'endormir dans la tranquillité de l'innocence". Le fils des Desmoulins, Horace, fut par la suite élevé par la mère de Lucile. Il émigra en Haïti en 1817 où il mourut en 1824.

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Questions & Réponses

Qu'a fait Camille Desmoulins pendant la Révolution française ?

Camille Desmoulins lança l'appel aux armes qui fit se soulever la foule à Paris le 12 juillet 1789 et prendre la Bastille 2 jours plus tard. Il devint un journaliste renommé et utilisa son journal, Le Vieux Cordelier, pour attaquer le règne de la Terreur; pour cela, il fut arrêté et exécuté le 5 avril 1794.

Qui était Camille Desmoulins ?

Camille Desmoulins (1760-1794) fut l'un des journalistes et pamphlétaires les plus importants de la Révolution française et l'un des premiers défenseurs de la République française.

Pourquoi Camille Desmoulins a-t-il été exécuté ?

Camille Desmoulins a été exécuté pour ses attaques contre le règne de la Terreur et les comités révolutionnaires qui en avaient la charge.

Qui était la femme de Camille Desmoulins ?

Camille Desmoulins était mariée à Lucile Desmoulins (1770-1794), une diariste. Lucile fut arrêtée pour avoir prétendument comploté pour libérer son mari de prison; elle fut guillotinée, à seulement 24 ans, le 13 avril 1794 pendant le règne de la Terreur.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2022, décembre 14). Camille Desmoulins [Camille Desmoulins]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21243/camille-desmoulins/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Camille Desmoulins." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 14, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21243/camille-desmoulins/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Camille Desmoulins." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 déc. 2022. Web. 20 nov. 2024.

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