La cathédrale de Bourges, dédiée à Saint-Étienne, est une cathédrale gothique située à Bourges, dans le Cher, au centre de la France. Construite de 1195 à 1245, la cathédrale est l'une des plus grandes d'Europe et contient de nombreux magnifiques vitraux qui datent du 13e siècle. La cathédrale de Bourges est classée par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité.
Renouvellement et expansion
La légende veut que la cathédrale actuelle soit située à l'endroit où Saint Ursin fonda une église au IIIe siècle. Plus certaine est l'existence d'une cathédrale romane sur le site à partir du 11e siècle, attribuée aux efforts de l'archevêque Gauzlin (1013-1030). Cette église fut agrandie au milieu du XIIe siècle sous la direction de l'archevêque Pierre de La Châtre (1141-1171). Les éléments architecturaux extérieurs et les sculptures de cette dernière version furent réutilisés dans l'actuelle cathédrale gothique. Dans la dernière décennie du XIIe siècle, la cathédrale romane était devenue trop petite pour les besoins de la ville, désormais centre d'un diocèse élargi, et les habitants de Bourges commencèrent donc à planifier la construction d'une nouvelle cathédrale de style gothique, le premier édifice de ce type en France au sud de la Loire.
Le projet, guidé par l'archevêque Henri de Sully (1183-99) et financé à la fois par sa propre donation importante et par des collecteurs qui frappaient aux portes pour obtenir des dons dans toute la région, était certainement ambitieux, surtout pour une église qui n'avait pas encore de reliques sacrées propres ni de place sur les chemins de pèlerinage qui sillonnaient l'Europe. Le nom du maître architecte qui conçut l'édifice n'est pas connu avec certitude. La construction débuta en 1295 et, à partir de 1299, le projet fut placé sous la direction de Guillaume du Donjon. Cet ancien abbé cistercien réussit à réunir les fonds nécessaires au projet en acquérant un certain nombre de reliques prestigieuses, dont la mâchoire de saint Étienne. Les dons des visiteurs qui venaient voir ces reliques donnèrent un grand coup de pouce au projet de construction qui durait depuis des décennies. Guillaume du Donjon mourut en 1209, et il fut fait saint pour ses efforts en vue de donner à Bourges sa grande cathédrale ; sa dépouille repose maintenant derrière le chœur.
En 1215, la cathédrale prenait forme et était prête à recevoir ses vitraux, mais pour une raison quelconque - probablement un manque de moyens financiers et le problème architectural de l'intégration des portails romans dans la nouvelle structure - le grand projet resta bloqué pendant une décennie. Les moines cisterciens de Loroy, dont les forêts avaient été sérieusement épuisées par la demande en bois pour le projet de construction, avaient également protesté. Les travaux finirent par reprendre en 1225, mais leur progression fut limitée en raison des coûts. Néanmoins, les travaux se poursuivirent, bien que lentement, de sorte que ce n'est que vers 1245 que l'on put dire que la cathédrale était plus ou moins achevée. Les tours devaient encore être agrandies et les sculptures extérieures furent ajoutées au fur et à mesure. Il y eut aussi des revers, notamment un incendie en 1259 et l'apparition de fissures inquiétantes dans les voûtes, les fondations peinant à supporter le poids massif de la maçonnerie. Diverses réparations courantes furent effectuées au cours des décennies suivantes. Un plan visant à ajouter des cloches aux tours fut abandonné car jugé trop risqué, et les tours furent alors connues sous le nom de"tours sourdes". Enfin, le 5 mai 1324, la cathédrale fut officiellement dédiée à saint Étienne. En avril 1422, le futur Charles VII (r. de 1422 à 1461) épousa Marie d'Anjou dans la cathédrale.
La cathédrale continua à recevoir des ajouts au fil des ans, comme des fenêtres sur la façade principale, mais le désastre frappa le 31 décembre 1506 lorsque la tour nord s'effondra, comme beaucoup l'avaient craint pendant deux siècles. Reconstruite au cours des 50 années suivantes, la nouvelle tour nord fut bâtie et, avec ses 65 mètres, elle était beaucoup plus haute que l'ancienne. Enfin, la tour fut dotée de ses cloches. Depuis le XVIe siècle, la cathédrale a résisté à de nouveaux malheurs et à des attaques allant des vandales huguenots aux architectes de mauvais goût. Les travaux de restauration commencèrent au XIXe siècle et, comme pour tous les grands bâtiments de ce type, ils se poursuivent aujourd'hui tel un processus sans fin.
Extérieur
La cathédrale de Bourges est un exemple gigantesque de son type. La longueur totale de la structure est de 125 mètres (410 pieds). La largeur de l'édifice, y compris ses contreforts, est de 73,45 mètres (241 ft). L'aspect asymétrique de la façade avec ses tours de hauteur inégale s'explique par l'effondrement et la reconstruction mentionnés ci-dessus (la tour sud, plus petite, atteint une hauteur de 53 mètres ou 173 pieds). La tour nord peut être visitée aujourd'hui si le visiteur est prêt à relever le défi de ses 396 marches. Entre les deux tours se trouve la grande rosace connue sous le nom de"Grand Housteau" qui se trouve au-dessus de six fenêtres à lancette. Les côtés de la cathédrale sont dominés par les arcs-boutants sur deux niveaux, mais ceux-ci sont animés par les nombreuses fenêtres de la cathédrale entre chaque structure de soutien. La hauteur du toit de la nef est de 55 mètres ou 180 pieds.
La façade occidentale de la cathédrale comporte cinq portails (ou portes) impressionnants. Le portail central est le plus grand, mais tous les cinq présentent une énorme quantité de sculptures. Les sculptures du portail central représentent le Jugement dernier et datent d'environ 1240. Les morts sont représentés en train de sortir de leurs cercueils, et ceux qui sont destinés à être sauvés ou damnés sont ensuite séparés ; la scène à l'extrême droite est particulièrement frappante : elle montre des diables jetant des humains se débattant dans un énorme chaudron chauffé par le bas par des flammes rugissantes. Il y a même deux diables qui utilisent allègrement des soufflets pour augmenter l'intensité des feux de l'enfer.
Un autre groupe de sculptures intéressant est le portail représentant la vie de saint Étienne. Les trois autres portails représentent la vie de saint Ursin, de la Vierge Marie et de saint Guillaume (ces deux derniers groupes de sculptures sont un projet de restauration réalisé vers 1510). Il y a même une place pour le fondateur légendaire de la première église du site, saint Ursin, représenté à côté d'une version miniature de la cathédrale.
Les côtés de tous les portails portent des figures plus grandes représentant les prophètes de l'Ancien Testament et les Apôtres. Les arcs des portails sont sculptés de figures plus petites (quatre rangées dans les petits portails et six au-dessus du portail central), qui représentent des anges, des martyrs, des confesseurs et des saints. Toutes les sculptures extérieures étaient à l'origine peintes de différentes couleurs.
Intérieur
Le vaste intérieur est ouvert grâce à un trait distinctif de la cathédrale de Bourges : l'absence de transept, une caractéristique (le plan en croix latine) présente dans la plupart des cathédrales gothiques. La conception de la basilique comporte cinq nefs. La longueur totale de l'espace intérieur est de 117 mètres (383 pieds) et la largeur de 41 mètres (134 pieds). La grande hauteur de l'intérieur est permise par la combinaison de voûtes nervurées au plafond et d'une double rangée d'arcs-boutants massifs à l'extérieur soutenant les murs et les tours. L'utilisation de fenêtres à tous les niveaux contribue également à l'ouverture de l'intérieur.
L'espace intérieur est dominé par les deux rangées de colonnes géantes soutenant le plafond composé d'une série de voûtes sexpartites. Ces colonnes ont un diamètre de plus de deux mètres et une hauteur de 19 mètres. La hauteur du plafond est de 36 mètres (118 ft). Il y a 13 chapelles le long des côtés de la cathédrale, six sur le côté sud et sept sur le côté nord. La plus grande chapelle est celle du Sacré-Cœur (immédiatement à gauche en entrant par le portail sud) qui présente les armes des ducs de Berry, la province historique dont Bourges est toujours la capitale. Les autres chapelles, construites entre le 14e et le 16e siècle, ont été financées par de riches familles locales. Beaucoup de ces chapelles ont leurs propres vitraux.
Au fond de la nef principale se trouve le grand orgue encastré dans un revêtement en chêne sculpté. Cette enveloppe a été fabriquée vers 1663, mais l'orgue actuel qui se trouve à l'intérieur a été installé en 1985 ; il compte plus de 3 500 tuyaux couvrant 50 registres. Parmi les autres points d'intérêt, citons la crypte, qui est un vestige de la cathédrale romane du 11e siècle. Dans la crypte se trouve le tombeau de Jean de Berry (alias Jean, duc de Berry, 1340-1416). Des éléments sculpturaux du jubé de la cathédrale du XIIIe siècle ont également été conservés. Enfin, l'horloge astronomique, réalisée en 1424, est le plus ancien exemple de ce type en France à avoir conservé son aspect original.
Les vitraux
L'éblouissant éventail de vitraux de la cathédrale, dont beaucoup datent des premières décennies du 13e siècle, montre toutes sortes d'histoires bibliques. Le coût de nombreux vitraux ayant été financé par les différentes guildes de la ville, ils montrent souvent des scènes en rapport avec les donateurs, tels que les fourreurs, les boulangers, les bouchers, les charrons, les maçons et divers marchands. Dans les scènes situées à la base des vitraux, les artisans sont représentés dans leur travail quotidien et donnent un aperçu utile des outils et des méthodes utilisés au Moyen Âge. Le principal groupe de vitraux se trouve autour du demi-cercle du déambulatoire. Ces hautes fenêtres montrent une variété de styles de compartiments géométriques, certains ont des cercles, d'autres des étoiles ou des multifils. Les fenêtres racontent en plusieurs scènes des épisodes bibliques familiers et des paraboles. Les fenêtres doivent être "lues" en commençant par les panneaux du bas et en remontant par rangées jusqu'au sommet.
En commençant par le côté droit du déambulatoire, le sujet de chaque fenêtre est le suivant :
I : La vie de Joseph le patriarche (avec des fenêtres de chapelle montrant la vie de Saint Jean l'Évangéliste, Saint Jean-Baptiste et Jacques le Majeur).
II : Saint Thomas aux Indes
III : L'Apocalypse (avec des vitraux sur la vie des saints-diacres Vincent, Étienne et Laurent)
IV : La Passion du Christ
V : Le Jugement dernier
VI : La nouvelle alliance
VII : Le fils prodigue (avec des vitraux sur la vie de saint Martin, saint Pierre, saint Paul et saint Denis)
VIII : Le bon Samaritain - exceptionnellement, cette fenêtre est lue de haut en bas (avec des fenêtres de chapelle sur la vie de Sainte Marie-Madeleine, Saint Nicolas et Sainte Marie l'Égyptienne).
IX : Les reliques de saint Étienne
X : Lazare et le mauvais riche
En 1992, l'UNESCO a inscrit la cathédrale de Bourges au patrimoine mondial de l'humanité. L'édifice s'est qualifié pour cette liste prestigieuse en raison de son "importance considérable dans le développement de l'architecture gothique et en tant que symbole de la force du christianisme dans la France médiévale". Cependant, sa principale revendication réside dans sa beauté frappante, combinant une gestion magistrale de l'espace avec des proportions harmonieuses et une décoration de la plus haute qualité" (UNESCO).