Khosro II (alias Kosrow II ou Chosroès, r. de 590 à 628) fut le dernier puissant shahanshah (roi des rois) de l'Empire sassanide. Petit-fils de Kosro Ier (r. de 531 à 579) et quasi-conquérant de l'Empire byzantin lors de la guerre byzantino-sassanide de 602-628, Khosro II était un fervent zoroastrien, dont l'épouse préférée, Chirine, était chrétienne. Son règne marqua la fin de la culture zoroastrienne classique avant la conquête islamique de l'Iran moderne en 651.
Ascension au pouvoir
Le père et prédécesseur de Khosro II, Hormizd IV (r. de 570 à 590), envoya son général Bahram Chobin pour soumettre les hordes de cavaliers turcs qui menaçaient l'Empire perse. Alors que Chobin réussit à mettre fin à la menace, Hormizd IV l'insulta pour avoir perdu une bataille mineure. Chobin, furieux, se rebella contre la dynastie sassanide, la famille qui régnait sur l'ancienne Perse depuis 224 de notre ère. Puis, les oncles de Khosro, Vistahm et Vinduyih, se révoltèrent également. Les deux frères crevèrent l'œil d'Hormizd IV avec un tisonnier chauffé au rouge.
Chobin, désireux d'affaiblir la dynastie sassanide, lança des rumeurs selon lesquelles Khosro aurait été à l'origine de la mutilation d'Hormizd IV, et il commença à frapper des pièces de monnaie au nom du prince. Il prétendit également que sa rébellion était une campagne pour venger la mutilation d'Hormizd IV. Khosro s'enfuit de Perse, mais sa petite troupe fut vaincue au combat par Chobin. Traqué et seul, Khosro retourna dans la capitale impériale de Ctésiphon et plaida sa cause, jurant qu'il n'était à l'origine d'aucune rébellion. Hormizd IV crut son fils et tous deux se mirent d'accord pour s'occuper d'abord de Chobin, la plus grande menace, puis de punir Vistahm et Vinduyih. Hormizd IV incita Khosro à fuir et à demander l'aide de l'empereur byzantin Maurice (r. de 582 à 602). Entre-temps, Vistahm et Vinduyih retournèrent en douce à Ctésiphon et assassinèrent Hormizd IV. On ne sait toujours pas si Khosro était au courant ou non des plans assassins de Vistahm et Vinduyih. Chobin monta alors sur le trône, la première fois en 400 ans qu'une personne n'appartenant pas à la dynastie sassanide gouvernait l'Iran.
Khosro poursuivit sa route vers l'Empire byzantin et atteignit la ville de Circesium. Il écrivit à Maurice, promettant à l'Empire byzantin des territoires persans dans la région du Caucase et les villes de Dara et d'Amid en échange d'une armée et d'un soutien pour reconquérir le trône. Maurice accepta et, avec le soutien de Byzance, Khosro expulsa Chobin et récupéra le trône. Il ordonna ensuite l'exécution de ses oncles, Vistahm et Vinduyih, qui réussirent néanmoins à s'enfuir.
La guerre entre Byzantins et Sassanides
Le trône de Khosro II était désormais assuré, mais Maurice dut faire face à une rébellion dans sa capitale, Constantinople. Phocas (r. de 602 à 610) s'empara du trône byzantin en assassinant Maurice et toute sa famille. Furieux et désireux de venger la mort de son allié, Khosro II ordonna à son armée d'entrer en territoire byzantin en 602, déclenchant ainsi la guerre byzantino-sassanide de 602-628. Ils s'emparèrent des villes les unes après les autres, allant jusqu'à conquérir Chalcédoine en 608, une ville séparée de Constantinople uniquement par l'étroit détroit du Bosphore.
Alors que de nouveaux territoires byzantins furent perdus et que Phocas devint cruel, une autre rébellion éclata en 610. Héraclius l'Ancien, un fonctionnaire impérial byzantin originaire d'Afrique, mena son armée jusqu'à Constantinople. Phocas fut assassiné et Héraclius, le fils d'Heraclius l'Ancien, fut proclamé empereur à sa place. Héraclius tenta de proposer la paix à Khosro II, mais celui-ci refusa. L'objectif de Khosro II était alors de conquérir l'Empire byzantin.
Avec la prise de Jérusalem en 614, les Perses prirent également la Vraie Croix, qui, selon les chrétiens, était la vraie croix utilisée lors du procès et de la crucifixion de Jésus de Nazareth. La perte de la Vraie Croix provoqua la panique et la colère des chrétiens de l'Empire byzantin. Les chrétiens de l'ancienne Perse, en revanche, se réjouirent lorsque la Vraie Croix fut apportée à Ctésiphon. À cette époque, la Perse comptait de nombreux chrétiens qui ne suivaient pas le type de christianisme que l'on trouvait dans l'Empire byzantin et qui avaient des opinions différentes sur la trinité, la nature humaine et la divinité de Jésus.
Les armées de Khosro II maintinrent la pression sur les Byzantins, conquérant l'Égypte en 618 et coupant Constantinople de son approvisionnement essentiel en céréales. Héraclius, désespéré, transforma la guerre de survie byzantine en guerre sainte. Il commença à dépeindre Khosro II comme anti-chrétien, affirmant qu'il avait profané la Vraie Croix et s'était moqué de Jésus-Christ. En 624, Héraclius, avec l'aide des Turcs, mena en personne une invasion byzantine de la Perse à travers le Caucase. Les armées de Khosro II tentèrent d'assiéger Constantinople en 626 mais n'y parvinrent pas.
Chute
En Perse, les armées d'Héraclius détruisirent de nombreux sites saints zoroastriens importants et tuèrent de nombreuses personnes lors de leur marche vers Ctésiphon. Khosro II n'eut d'autre choix que de rappeler son armée du territoire byzantin pour défendre son empire. Les destructions causées par l'armée byzantine et les sommes incalculables dépensées pour une guerre retournèrent l'opinion publique contre Khosro II. Le décor était planté pour sa chute.
Les Byzantins interceptèrent une lettre de Khosro II à l'un de ses généraux, Schahr-Barâz. Ils modifièrent la lettre, la transformant en un ordre d'exécution pour Schahr-Barâz, qu'ils envoyèrent au général. Après la remise de la lettre, Schahr-Barâz trahit Khosro II et accepta de rester en dehors de la guerre. En 627, à Ninive, les Byzantins battirent les Perses à plate couture et Khosro II se réfugia dans son palais de Ctésiphon.
Héraclius rencontra alors secrètement les élites perses qui étaient fatiguées de presque 30 ans de guerre. Elles acceptèrent de destituer Khosro II du trône si Héraclius promettait d'arrêter les combats. Héraclius accepta. En 628, ces élites libérèrent l'un des fils de Khosro II, Shiruyih, qui avait été emprisonné parce que Khosro II pensait qu'il allait s'emparer du trône. Au cœur de la nuit, Shiruyih fut déclaré roi des rois par des cris nocturnes, il devenait alors Kavadh II (r. 628). La nouvelle fit le tour de Ctésiphon et l'excitation tira Khosro II de son sommeil. Son épouse préférée, Chirine, le pressa de fuir, mais Khosro II revêtit sa plus belle armure et attendit les conspirateurs dans les jardins de son palais de Ctésiphon. Khosro II fut arrêté et accusé d'avoir commis des fautes durant son règne, notamment en augmentant les impôts pour couvrir les coûts de la guerre. Il fut exécuté, ainsi que tous ses autres enfants, et Shiruyih officialisa alors la paix avec les Byzantins. Son règne fut cependant de courte durée et ouvrit la voie à une série de souverains faibles jusqu'à la conquête islamique.
Vie personnelle
Khosro II eut plusieurs épouses. L'une d'elles était Maria, une noble byzantine, qui, selon certaines sources, était la fille de Maurice ; elle était également la mère de Shiruyih. Son autre épouse était Gurdîyagh, la sœur de Bahram Chobin. Enfin, sa femme préférée était Chirine, une chrétienne qui, selon certaines sources, venait d'Arménie.
La relation entre Khosro II et Chirine commença alors qu'ils étaient tous deux jeunes, mais elle fut interrompue par la rébellion de Bahram Chobin et la fuite de Khosro II vers l'Empire byzantin. Après l'accession au trône de Khosro, chirine et lui se retrouvèrent et reprirent leur idylle. Peu après, Chirine tomba enceinte. Khosro II, un fidèle zoroastrien, envoya de l'argent et une lettre au sanctuaire de Serge, un martyr chrétien mort au début du IVe siècle. Dans cette lettre, Khosro II écrivait qu'il avait demandé à Serge une aide divine pour que Chirine puisse tomber enceinte, et que la lettre et l'argent envoyés à son sanctuaire étaient en remerciement de son aide. Bien qu'il fût un monarque zoroastrien, il autorisa Chirine à prêcher le christianisme à Ctésiphon et à chanter des hymnes à la cour, au mépris des lois et coutumes de la Perse antique. Chirine fut également aux côtés de Khosro II pendant toute la durée de sa guerre contre les Byzantins. Après l'exécution de Khosro II, elle mit fin à ses jours.
Religion
Khosro II dirigea un empire comptant le plus grand nombre de chrétiens que le monde ait jamais connu jusqu'alors. Bien qu'il ait mené une guerre contre l'Empire byzantin chrétien, il comprenait les chrétiens de Perse et leurs croyances, qui différaient de celles des chrétiens de l'Empire byzantin. Même s'il croyait au zoroastrisme, Khosro II savait qu'il avait besoin du soutien du peuple de son empire, y compris des chrétiens. Outre son épouse préférée, l'un de ses plus fidèles conseillers et ministre des finances, Yazdin, était également chrétien. Khosro II présida même au synode est-syrien de 605, qui se réunit pour désigner le chef des chrétiens de Perse. Les évêques qui se réunirent à cette occasion proclamèrent également leur loyauté envers Khosro II.
Conclusion
Khosro II fut le dernier souverain puissant de Perse avant l'arrivée de l'Islam, et il conquit presque l'Empire byzantin. Après l'exécution de Khosro II et la défaite de la Perse lors de la guerre byzantino-sassanide de 602-628, une série de souverains faibles ne purent redonner à l'Empire perse sa gloire et sa puissance d'antan. Les Byzantins étaient également affaiblis et aucun d'entre eux ne put organiser une défense suffisante lorsque les armées islamiques déferlèrent d'Arabie. Les armées musulmanes envahirent la Perse en 633, et en 636, la conquête musulmane était complète avec leur victoire à la bataille d'al-Qadisiyya. Le dernier roi des rois de la dynastie sassanide, Yazdgard III ( alias Yazdegerd III, r. de 632 à 651), fuit Ctésiphon et fut assassiné en 651.