Chilpéric Ier

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Définition

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 22 février 2023
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Chilperic I (by Atala Stamaty, Madame Augustin Varcollier, Public Domain)
Chilpéric I
Atala Stamaty, Madame Augustin Varcollier (Public Domain)

Chilpéric Ier (r. de 561 à 584) était un roi de la dynastie mérovingienne, qui régna sur le royaume franc de Neustrie. Durant son règne, Chilpéric fut souvent occupé par des guerres civiles contre ses frères et des intrigues menées par ses propres fils, conflits alimentés par la rivalité entre l'épouse de Chilpéric, la reine Frédégonde, et sa rivale Brunehaut d'Austrasie (alias Brunehilde).

Le roi Chilpéric était considéré avec dédain par l'historien Grégoire de Tours (c. 538 à c. 594), dont le célèbre ouvrage Histoire des Francs porte en partie sur la période où Chilpéric régna. Grégoire, qui eut personnellement affaire à Chilpéric à plusieurs reprises, le qualifie de "Néron et Hérode de notre temps" (VI. 45), bien que d'autres contemporains, comme le poète latin Venance Fortunat, parlent du roi en termes plus élogieux. Bien que Chilpéric n'ait jamais régné sur un royaume franc uni comme l'avaient fait son père Clotaire Ier (r. de 511 à 561) et son grand-père Clovis Ier (r. de 481 à 511), cet exploit serait à nouveau accompli par son fils (supposé) et successeur Clotaire II (r. de 584 à 629).

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Origines

Chilpéric vit probablement le jour en 539, bien que certaines sources situent sa naissance dès 525. Il était le fils unique d'Arégonde, l'une des épouses du roi Clotaire Ier de Soissons; la sœur d'Arégonde, Ingonde, avait également été l'une des épouses de Clotaire. On raconte que la reine Ingonde, après son mariage avec Clotaire, se désespérait de voir sa sœur rester célibataire et demanda à son mari de trouver à Arégonde un partenaire convenable. Une fois que Clotaire eut posé les yeux sur la belle Arégonde, il décida qu'il n'y avait qu'un seul homme dans toute la Francie capable d'être son mari: lui-même. Il l'épousa rapidement et fut simultanément le mari des deux sœurs (Radégonde, la cousine germaine des sœurs, fut également une épouse de Clotaire).

La rivalité fraternelle était devenue une sorte de sport familial mérovingien.

En décembre 558, Clotaire devint le souverain d'un royaume franc unifié et adopta le titre de "roi de tous les Francs". L'expansion de son pouvoir s'accompagna d'une augmentation de la taille de sa famille : Clotaire eut six épouses, avec lesquelles il a engendra au moins sept fils. La rivalité entre frères et sœurs étant devenue une sorte de sport familial mérovingien, Chilpéric savait qu'il devait faire ses preuves s'il voulait suivre les traces de son père. Dès son plus jeune âge, il accompagna Clotaire en campagne, combattant aux côtés de son père et de son demi-frère Sigebert lors de la longue et sanglante campagne contre les Saxons en 555. Lorsqu'un autre demi-frère de Chilpéric, Chramne, se rebella contre son père, Chilpéric rejoignit la campagne de Clotaire contre lui. Chramne fut vaincu au combat par Clotaire et Chilpéric à la fin de 560 et fut brûlé vif pour ses transgressions.

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En plus d'accumuler de l'expérience militaire, le jeune Chilpéric avait aussi une passion pour l'apprentissage. Il était bon cavalier et maîtrisait les langues, connaissant le latin, le grec et peut-être même l'hébreu en plus de sa langue maternelle, le francique. Il composait des livres de poésie, qui ont été perdus depuis (et, si l'on en croit Grégoire de Tours, n'étaient jamais très bons), et était apparemment féru de théologie. Venance Fortunat a écrit que le caractère érudit de Chilpéric le distinguait des autres rois mérovingiens, mais il lui faudrait plus qu'un livre de poèmes pour gagner le trône de son père. Lorsque Clotaire Ier mourut lors d'une expédition de chasse en 561, Chilpéric fut mis à l'épreuve.

Gregory of Tours Listening to King Chilperic's Poetry
Grégoire de Tours écoutant la poésie du roi Chilpéric
Jean-Paul Laurens (Public Domain)

Succession

Dès qu'il apprit la mort de son père, Chilpéric se rendit à Berny et s'empara du trésor de Clotaire, qu'il comptait utiliser pour acheter la loyauté des nobles francs. Il se rendit ensuite à Paris, ville qui symbolisait l'unité franque depuis l'époque de Clovis Ier. Cette démarche fut perçue comme une prise de pouvoir flagrante: les royaumes mérovingiens étaient traditionnellement divisés en parts égales entre les fils du roi défunt, mais l'agressivité de Chilpéric laissait penser qu'il voulait s'approprier l'ensemble du royaume. Cependant, il est possible qu'il ait agi par instinct de conservation. Chilpéric était le seul fils d'Arégonde, tandis que ses trois demi-frères survivants étaient tous des enfants d'Ingonde. Il a pu soupçonner qu'ils prévoyaient de se liguer contre lui et de l'exclure de la succession. En s'emparant de Paris, Chilpéric disposait d'une monnaie d'échange importante qui lui garantissait au moins une part du gâteau.

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Si tel était effectivement son plan, il fonctionna. Bien que Chilpéric ait été contraint par ses frères de partager le royaume avec eux, il reçut sa part. Charibert Ier, le frère aîné, reçut le royaume de Paris en héritage. Gontran Ier, le deuxième, reçut le royaume de Bourgogne, avec Orléans comme capitale, tandis que Sigebert Ier hérita du royaume oriental d'Austrasie et prit place à Reims. Chilpéric reçut le royaume de Soissons, le plus petit et le plus pauvre des quatre royaumes. Pire encore, alors que ses demi-frères avaient chacun une frontière avec des royaumes étrangers qu'ils pouvaient attaquer pour obtenir des terres et du butin, Chilpéric,clui, était coincé de tous côtés par les terres de ses frères. Les guerriers francs, qui étaient l'épine dorsale de tout roi mérovingien prospère, avaient besoin de terres et de pillages pour rester heureux. N'ayant nulle part où aller, ce n'était qu'une question de temps avant que Chilpéric n'envahisse les royaumes de ses frères.

The Merovingian Dynasty,  c. 639
Dynastie mérovingienne, c. 639
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Une opportunité se présenta en 562 lorsque Sigebert emmena son armée à l'est pour faire campagne contre les Avars. Chilpéric rassembla ses forces et frappa, occupant Reims et les terres environnantes. Sigebert se précipita et riposta en capturant Soissons, la capitale de Chilpéric, ainsi que Théodebert (alias Thibert), le fils aîné de Chilpéric. Se rendant compte de sa défaite, Chilpéric fut contraint de faire la paix avec Sigebert et tous les territoires occupés lui furent rendus. Cependant, Chilpéric n'aurait pas à attendre longtemps avant d'avoir une autre chance de s'étendre. En 567, Caribert mourut, et le royaume de Paris fut divisé entre les trois frères restants. Le pouvoir de Chilpéric s'accrut considérablement par sa part des terres, et il régnait désormais sur un vaste territoire qui serait connu plus tard sous le nom de Neustrie. Les trois frères décidèrent de se partager le contrôle de la ville de Paris, et chacun fit le serment de ne jamais entrer dans la ville sans l'autorisation des autres.

Mariage et meurtre

Pendant que tout cela se passait, les frères mérovingiens avaient commencé à prendre des épouses. Chilpéric avait épousé une femme nommée Audovère, de laquelle il eut trois fils: Théodebert, Merovée, et Clovis. Il avait également pris une servante nommée Frédégonde comme autre épouse ou comme maîtresse. Sigebert se moquait des mariages de Chilpéric avec ces femmes de classe inférieure et chercha à le surpasser en épousant une personne de son propre rang social. Sigebert choisit pour épouse une charmante princesse wisigothe nommée Brunehaut, fille du roi Athanagilde.

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Cela menaçait Chilpéric, tant sur le plan de son ego que politiquement parlant, puisque Sigebert avait désormais les Wisigoths comme alliés. Ne voulant pas être en reste, Chilpéric s'arrangea pour épouser la sœur aînée de Brunehaut, Galswinthe, et accepta même de mettre de côté ses épouses de l'époque pour pouvoir l'épouser. Galswinthe arriva à Soissons après un circuit somptueux à travers la Gaule, et son nouvel époux lui offrit un morgangabe colossal, qui était un cadeau offert par les nobles francs à leurs épouses après leur première nuit en couple. Ce morgangabe comprenait cinq villes, ce qui en faisait le plus grand de ce type dans l'histoire des Francs. Bien qu'il y ait probablement eu des motivations politiques derrière ce cadeau, on peut supposer que Chilpéric ne perdit pas l'occasion de rendre à Sigebert la monnaie de sa pièce.

Murder of Queen Galswinth
Meurtre de la reine Galswinthe
Eugène Philastre (Public Domain)

Mais la rancune n'est en rien une colle idéale pour faire tenir un mariage, et si l'union de Sigebert et Brunehaut s'avéra fructueuse en Austrasie, en Neustrie, le mariage de Chilpéric s'effondra rapidement. Chilpéric avait à nouveau accueilli Frédégonde dans son lit, malgré l'opposition de Galswinthe, et il s'aperçut qu'il ne pouvait rien faire pour qu'elle lui pardonne cette insulte. La situation devint si grave que Galswinthe demanda même à retourner en Espagne, ce que Chilpéric ne pouvait autoriser. En 568, le roi Athanagilde mourut, et le mariage perdit tout son sens politique. Peu de temps après, Chilpéric demanda à un serviteur d'étrangler Galswinthe dans son lit. Bien que Chilpéric ait tenté de masquer son implication en entrant dans une période de deuil, la mascarade prit fin lorsqu'il épousa Frédégonde quelques jours seulement après la mort de Galswinthe. Il s'agissait d'un meurtre lourd de conséquences, qui serait à l'origine d'une grande partie des troubles politiques de la Francie pour le reste du siècle.

Guerre civile

De Paris à l'Espagne, c'était un secret de polichinelle que Chilperic avait tué sa femme. Sigebert condamna Chilpéric pour le meurtre et exigea qu'il paie à Brunehaut un weregeld, qui, selon l'ancien droit germanique, était une forme de compensation payée par l'offenseur à la partie insultée. Sigebert insista pour que cette indemnité comprenne les richesses et les cinq villes que Chilpéric avait données à Galswinthe. A défaut de ce paiement, Sigebert menaçait de détrôner Chilpéric. Chilpéric prit un temps de réflexion avant de donner sa réponse; en 572, il envoya son fils Clovis avec une armée pour occuper les villes de Tours et Poitiers qui se trouvaient sur le territoire de Sigebert. Une nouvelle série de guerres civiles avait commencé.

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Un concile à Paris ne parvint pas à résoudre les différends entre les frères.

Sigebert s'allia d'abord avec son frère Gontran, et tous deux envoyèrent une armée pour chasser Clovis de Tours. L'opération réussit et Clovis se réfugia à Bordeaux, la ville de son père, qui fut très vite perdue à cause d'une révolte. En 573, après qu'un conseil à Paris n'ait pas réussi à résoudre les différends entre les frères, Chilpéric envoya une autre armée en Aquitaine, cette fois commandée par son fils aîné Théodebert. Théodebert défit sans difficulté une armée austrasienne lors d'une bataille rangée avant de ravager les terres de Sigebert au sud de la Loire avec une brutalité particulière; Grégoire de Tours rapporte que les destructions causées par l'armée de Théodebert comprenaient l'incendie d'églises, le viol de nonnes et le meurtre d'ecclésiastiques. Le vent de la guerre ayant tourné en faveur de Chilpéric, Gontran changea de camp en 574.

Sigebert, cependant, avait encore un tour dans sa manche. En 574, il s'allia avec un groupe de Garmains païens d'outre-Rhin et les envoya sur les terres de Chilpéric. En 575, une autre armée austrasienne fut levée et envoyée contre Théodebert en Aquitaine; cette fois, les Neustriens furent battus à plates coutures et Théodebert fut tué, son corps dépouillé par ses ennemis. À la suite de cette défaite, Chilpéric s'enfuit à Tournai, où il se terra et se prépara à livrer une dernière bataille. Gontran changea une nouvelle fois de camp et envoya des hommes rejoindre Sigebert dans son avancée vers Tournai.

Pour Sigebert, la victoire était à portée de main. Certains nobles neustriens se joignirent à lui et tentèrent de se faire bien voir par le vainqueur apparent en le déclarant roi de Neustrie, mais alors que Sigebert traversait la ville de Vitry avec son armée, il fut attaqué par deux hommes munis de scramasaxes enduits de poison. Bien que Sigebert ait survécu à l'attaque initiale, le poison fit son œuvre et il agonisa quelques jours plus tard. Cet assassinat, que l'on attribue généralement à la reine Frédégonde, marqua la fin de la guerre. L'aristocratie neustrienne transféra à nouveau son allégeance à Chilpéric et livra certains fonctionnaires austrasiens, qui furent torturés à mort.

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Assassination of Sigebert I
Assassinat de Sigebert Ier
Unknown Artist (Public Domain)

À la mort de Sigebert, Chilpéric entreprit d'annexer son royaume. Cependant, les anciens vassaux de Sigebert lui résistèrent, sachant que leur pouvoir serait diminué si l'Austrasie était partagée. Au lieu de cela, ils firent du fils de Sigebert, Childebert II, âgé de cinq ans, leur roi. L'indépendance de Childebert fut garantie par le roi Gontran, et Chilpéric cessa à contrecœur d'insister sur cette question.

Rébellion de Merovée

Pendant que Chilpéric était occupé à guerroyer, la reine Frédégonde avait donné naissance à trois fils en bonne santé. Naturellement, elle voulait que le trône de Neustrie passe à ses propres enfants et regardait avec mépris les fils du premier mariage de Chilpéric. L'un de ces fils, Merovée, se sentant menacé par sa belle-mère, décida de passer à l'action: en 576, il épousa Brunehaut, la veuve de Sigebert, et s'enfuit avec elle à Rouen. Chilpéric y vit un défi à son pouvoir et fit capturer Merovée, le fit tonsurer et l'expédia dans un monastère.

Mérovée s'échappa rapidement du monastère et se rendit à Tours, où il séjourna quelque temps dans l'église Saint-Martin sous la protection de Grégoire de Tours et attendit que ses cheveux repoussent (les cheveux longs étaient la marque des rois mérovingiens). Finalement, Mérovée quitta Tours avec 500 hommes et tenta de rejoindre Brunehaut en passant par la Bourgogne. Là, il fut capturé par l'un des ducs de Gontran, mais s'échappa rapidement et se cacha près de Reims. En 577, Mérovée reçut un message de la ville de Thérouanne, l'informant qu'elle avait rejeté la domination de Chilpéric au profit de la sienne. Ravi, Mérovée se rendit à Therouanne pour découvrir qu'il s'agissait d'un piège; les habitants de la ville le gardèrent enfermé dans une maison de campagne pendant qu'ils envoyaient chercher les troupes de Chilpéric. Comprenant que tout était perdu, Mérovée ordonna à son serviteur de le tuer.

Un roi sans héritier

Mérovée ne fut pas le seul fils de Chilpéric à mourir cette année-là; l'un des fils de Frédégonde, Samson, mourut également après une longue maladie. La mort de Samson fut suivie en 580 par celle des deux autres fils de Frédégonde, Clodebert et Dagobert, qui succombèrent tous deux à la même épidémie de dysenterie. Chilpéric et Frédégonde, qui avaient beaucoup prié pour leur guérison, furent dévorés par le chagrin; cependant, ce sentiment n'était pas partagé par Clovis, qui étaitdésormais le seul fils survivant de Chilpéric.

Death of Clodobert
Mort de Clodebert
Albert Maignan (Public Domain)

Clovis aurait soi-disant fêté la mort de ses demi-frères, se vantant que le destin l'avait fait héritier de toute la Gaule. Cela lui valut l'ire de sa belle-mère Frédégonde. La reine captura une jeune fille que Clovis courtisait et la tortura pour lui faire avouer qu'elle avait tué les jeunes princes par sorcellerie, à la demande de Clovis. Frédégonde fit alors arrêter Clovis et l'envoya dans un domaine de l'autre côté de la Marne, où il fut discrètement expédié dans l'au-delà. Elle fit ensuite envoyer la sœur de Clovis, Basine, dans un couvent et fit assassiner leur mère, Audrovède.

Grâce à la mort de Clovis, Frédégonde consolida son pouvoir mais laissa son mari sans héritier. En 581, Chilpéric se tourna vers son neveu, Childebert II d'Austrasie, dont les régents s'étaient brouillés avec Gontran à cause d'un conflit de revenus. Chilpéric proposa de reconnaître Childebert II comme son héritier en échange d'une alliance, ce que les conseillers de Childebert acceptèrent volontiers. Les deux hommes lancèrent une attaque commune contre les terres de Gontran en Aquitaine, mais le conflit fut désamorcé lorsque Gontran et Childebert II se réconcilièrent en 583.

Assassinat

En 583, le roi Chilpéric était au sommet de son pouvoir et de son influence. Lui et Frédégonde avaient eu un autre fils, Théodoric, qui fut baptisé à Paris à Pâques; Chilperic était entré dans la ville au mépris du serment que lui et ses frères avaient prêté en 567. La même année, Chilpéric fiança sa fille Rigonde à Récarède, un prince wisigoth. Le mariage fut reporté à plus tard lorsque Théodoric mourut au début de l'année 584, laissant une fois de plus Chilpéric sans héritier, mais le 1er septembre, Chilpéric envoya Rigonde en Espagne, accompagnée d'un vaste entourage de serviteurs, de soldats et de nobles. Grégoire de Tours rapporte l'horrible bilan de cette procession, qui volait toute la nourriture et les provisions des villes et des champs sur son passage.

Au printemps 584, Frédégonde donna naissance à un autre fils, nommé Clotaire, du nom du père de Chilpéric. Bien que certains ait plus tard remis en question la légitimité de la filiation de Clotaire, Chilpéric avait désespérément besoin d'un fils. Il se trouve que Clotaire n'était né à point nommé. Fin septembre ou octobre 584, Chilpéric partit chasser dans son manoir de Chelles. Un soir, il revint de la chasse au crépuscule et était sur le point de descendre de son cheval lorsqu'un homme s'avança et le poignarda, d'abord à l'aisselle puis au ventre. Les blessures suffirent à tuer le roi, et comme le dit Grégoire de Tours, "ce fut la fin de ce méchant homme" (VI. 45). L'assassin n'a jamais été identifié, pas plus que ses motivations. Avec sa mort, le fils de Chilpéric, âgé de quatre mois, fut couronné sous le nom de Clotaire II. Comme il l'avait fait pour Childebert II, Gontran contribua à assurer l'indépendance de Clotaire tant qu'il serait mineur.

Death of Chilperic
Mort de Chilpéric
Évariste Vital Luminais (Public Domain)

Conclusion

Chilpéric Ier fut un souverain à la réputation variée. Alors que Venance Fortunat loue ses capacités intellectuelles et ses prouesses militaires, Grégoire de Tours souligne sa brutalité. "Il est impossible d'imaginer un vice ou une débauche que cet homme n'ait pas pratiqué", écrit Grégoire. "Il était toujours à l'affût de quelque nouveau moyen de torturer ses sujets. Dès qu'il y en avait qui étaient jugés coupables d'un crime ou d'un autre, il leur faisait arracher les yeux de la tête." (VI. 46)

La cupidité de Chilpéric est également notée par Grégoire, qui dit que le roi imposait des taxes lourdes et oppressives à ses villes, et qu'il déchirait les testaments qui laissaient de l'argent aux évêques. Pourtant, Grégoire lui-même admet que Chilpéric avait tenté de se repentir de cette cupidité. Le roi avait considéré la mort de ses deux fils en 580 comme une punition divine pour sa cupidité et avait tenté de se racheter en réduisant les impôts et en faisant des dons généreux aux pauvres. Il avait également essayé de cultiver une réputation de roi intellectuel; outre ses multiples livres de poésie, Chilpéric avait introduit quatre nouvelles lettres dans l'alphabet, qui furent abandonnées après sa mort. Il avait également essayé de s'impliquer dans les questions théologiques, introduisant sa propre interprétation de la Sainte Trinité qui fut tournée en dérision par Grégoire.

The Judgement of Chilperic
Le jugement de Chilpéric
Jean-Paul Laurens (Public Domain)

Quelle qu'ait été la nature du règne de Chilpéric, il est clair qu'il régna à une époque chaotique, où les royaumes mérovingiens étaient perpétuellement à couteaux tirés, et où la Gaule était constamment ravagée par la guerre civile et les maladies. Le fils de Chilpéric, Clotaire II, et son petit-fils, Dagobert Ier (r. de 623 à 639), seraient deux des derniers rois mérovingiens efficaces, avant que le pouvoir de la dynastie ne soit usurpé par les maires du palais et, finalement, par la dynastie carolingienne.

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Questions & Réponses

Qui était Chilperic Ier ?

Le roi Chilpéric Ier (r. de 561- à 584) était le souverain du royaume franc de Neustrie. Il est célèbre pour le meurtre de sa femme Galswinthe, ce qui déclencha une guerre civile entre Chilpéric et son frère Sigebert Ier. Chilpéric gagna la guerre mais fut assassiné en 584.

Qui était la femme de Chilpéric Ier ?

La première épouse de Chilpéric Ier était Audovère, qu'il mit de côté pour épouser Galswinthe, une princesse wisigothe. Chilpéric et Galswinthe se brouillèrent rapidement et Chilpéric l'assassina pour épouser Frédégonde, sa troisième et plus célèbre épouse.

Comment est mort Chilpéric Ier ?

Chilpéric Ier fut assassiné au cours d'une expédition de chasse fin septembre ou octobre 584.

Qu'a fait Chilpéric Ier ?

Outre les guerres civiles contre ses frères, Chilpéric Ier composa plusieurs livres de poésie, introduisit quatre lettres dans l'alphabet et s'occupa de questions théologiques. Il imposait lourdement ses villes et considérait la richesse de ses évêques une menace, ce qui lui valut le mépris de l'évêque Grégoire de Tours.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2023, février 22). Chilpéric Ier [Chilperic I]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21593/chilperic-ier/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Chilpéric Ier." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 22, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21593/chilperic-ier/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Chilpéric Ier." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 22 févr. 2023. Web. 30 déc. 2025.

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