École Cyrénaïque

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 juillet 2023
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Archaeological Site of Cyrene (by Giovanni Boccardi / UNESCO, CC BY-SA)
Site archéologique de Cyrène
Giovanni Boccardi / UNESCO (CC BY-SA)

L'École cyrénaïque était une école de pensée philosophique fondée vers le 4e siècle avant notre ère par Aristippe de Cyrène (mort vers 435-356 av. J.-C.), qui enseignait que le plaisir sensuel était le bien suprême et la seule quête valable dans la vie. Connu comme la première école hédoniste, le cyrénaïsme finit par être remplacé par la philosophie plus complète qu'était l'épicurisme.

L'école tirait son nom de Cyrène, en Afrique du Nord (aujourd'hui Shahhat, en Libye), la ville natale d'Aristippe et la ville où sa vision fut développée par sa fille Arétée de Cyrène, puis formalisée par son fils Aristippe le Jeune, considéré par de nombreux érudits comme le véritable fondateur de l'école cyrénaïque. Ses enseignements donnèrent naissance aux trois philosophes cyrénaïques les plus connus:

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  • Annicéris (mort vers 300 av. J.-C.)
  • Théodore l'athée (mort vers 250 av. J.-C.)
  • Hégésias de Cyrène (celui qui pousse à la mort, vers 290 av. J.-C.)

La vision de l'école semble avoir été influencée par (ou était au moins similaire à) celle de Pyrrhon d'Élis (c. 360 à c. 270 av. J.-C.), le philosophe sceptique dont les enseignements furent popularisés par Timon de Philonte (c. 320 à c. 235 av. J.-C.) et Sextus Empiricus (c. 160 à c. 210 ap. J.-C.). Selon le pyrrhonisme, il ne faut pas porter de jugement ni tirer de conclusions sur la base de la perception sensorielle, car on ne peut être sûr que de sa propre expérience, qui ne correspond pas nécessairement à la réalité objective. Il s'agissait également d'un principe fondamental de l'école cyrénaïque après Aristippe le Jeune, et peut-être de la vision d'Aristippe de Cyrène, bien que cela ne soit pas clair car tout ce que l'on sait de cette école provient d'autres écrivains et de récits anecdotiques.

La vision centrale de l'école cyrénaïque est qu'il faut rechercher le plaisir mais ne pas le laisser nous asservir.

Les Cyrénaïques finirent par être éclipsés par la philosophie d'Épicure (341-270 av. J.-C.), qui soutenait également que le plaisir était le but principal de la vie, mais sous une forme beaucoup plus modérée que celle de l'école cyrénaïque. L'épicurisme encourageait la retenue, la maîtrise de soi et le contentement des plaisirs simples, contrairement à la vision d'Aristippe, qui voulait que l'on recherche le plaisir le plus souvent possible, tant que l'on ne devenait pas dépendant de cette recherche, et à la philosophie plus radicale des Cyrénaïques ultérieurs, tels que Hégésias.

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La vision centrale de l'école cyrénaïque est résumée dans la phrase d'Aristippe de Cyrène: "Je possède, je ne suis pas possédé", ce qui signifie qu'il faut rechercher le plaisir mais ne pas le laisser nous asservir. La recherche du plaisir, en fait, était destinée à encourager la liberté personnelle dans la mesure où l'on n'était pas lié par les constructions philosophiques ou culturelles des autres, mais où l'on pouvait suivre sa propre voie et établir sa propre vision du sens de la vie.

Aristippe de Cyrène

Platon et Xénophon (tous deux condisciples de Socrate) mentionnent Aristippe, mais la quasi-totalité de ce que l'on sait de sa vie et de son enseignement provient d'auteurs postérieurs. Diogène Laërce (IIIe siècle de notre ère) l'inclut dans son ouvrage Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, qui fournit des informations anecdotiques sur sa vie, mais Laërce, ne cita pas ses sources ou, semble-t-il, ne relut même pas son propre texte, car il se contredit fréquemment et est donc considéré comme très peu fiable. Pourtant, il continue d'être cité parce que, parfois, ce qu'il dit peut être vérifié à partir d'autres sources et, essentiellement, parce qu'il est clair qu'il travaillait à partir de sources plus anciennes qui n'existent plus, même si ces sources sont inconnues.

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Aristippus of Cyrene
Aristippe de Cyrène
Pasicles (Public Domain)

Aristippe vit le jour à Cyrène et étudia à Athènes où il devint l'un des disciples de Socrate. Après l'exécution de Socrate en 399 avant notre ère, Aristippe, comme beaucoup d'autres étudiants, commença à enseigner sa propre vision et fut le premier des philosophes socratiques à demander une rémunération. Il encourageait les gens à rechercher le plaisir comme étant le sens ultime de la vie et, par conséquent, à ne pas se sentir coupables de s'amuser et de vivre à leur guise. Dans son chapitre Vie d' Aristippe, Laërce écrit:

Aristippe savait se faire aux temps, aux lieux et aux personnes; il était l’homme de toutes les situations. Aussi Denys avait-il pour lui une affection toute particulière, parce qu’il s’accommodait de tout, prenant le plaisir quand il se présentait, sans se donner jamais la peine de le poursuivre. (III)

Platon lui ayant reproché d’aimer la bonne chère, il répliqua : «Que penses-tu de Denys; est-il homme de bien ? — Oui, sans doute. — Eh bien, il vit encore plus splendidement que moi ; on peut donc tout à la fois vivre honnêtement et bien vivre, » (IV)

La célèbre phrase d'Aristippe, "Je possède, je ne suis pas possédé", est au cœur de son enseignement, en ce sens qu'il estime que tous les plaisirs sont également valables, à condition de ne pas s'y perdre:

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Étant entré chez une courtisane et voyant rougir un des jeunes gens qui l’accompagnaient, il lui dit : « Le mal n’est pas d’y entrer, mais de n en pouvoir sortir. »

(Laërce, IV, trad. M. Ch. Zevort, Remacle)

Selon les enseignements d'Aristippe, si l'on se perd dans le plaisir, on n'est plus libre, mais on devient esclave de la passion. C'est pourquoi une retenue détachée faisait partie intégrante de sa vision: on pouvait jouir de ce que l'on voulait aussi souvent que l'on voulait, à condition de pouvoir toujours s'éloigner aussi facilement que l'on courait dans sa direction. Le principe sous-jacent de sa philosophie était la liberté; la recherche du plaisir n'était que la manifestation physique de cette liberté. L'hédonisme d'Aristippe valorisait également la sagesse, l'intelligence et la dignité personnelle:

On lui demandait quelle différence il y a entre les savants et les ignorants : « La même, répliqua-t-il, qu’entre les chevaux domptés et ceux qui ne le sont pas. »

Il disait qu’il vaut mieux être mendiant qu’ignorant, parce que, dans le premier cas, on ne manque que d’argent, et que dans le second cas on manque de ce qui fait l’homme.

Injurié par quelqu’un, il doubla le pas. « Pourquoi fuis-tu ? lui dit l’autre. — Parce que tu as le droit de me dire des injures, répondit-il, et moi celui de ne pas les entendre. »

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On lui disait une autre fois qu’on voyait toujours les philosophes assiéger la porte des riches. « Les médecins aussi, reprit-il, sont assidus auprès des malades; et pourtant il n’y a personne qui aime mieux rester malade que de recourir à la médecine. »

(Laërce IV, trad. M. Ch. Zevort, Remacle)

La philosophie d'Aristippe est résumée dans un passage de l'écrivain romain Élien (de 175 à 235 ap J.-C.) :

Il y a, ce me semble, un grand sens dans le conseil que donnait Aristippe (07), de ne se tourmenter ni après coup pour le passé, ni par avance pour l'avenir. "C'est, disait-il, le caractère d'une âme tranquille et naturellement disposée à la gaieté. Il voulait donc qu'on ne s'occupât que du jour présent, et dans ce jour, du seul instant où l'on a, soit quelque chose à exécuter, soit quelque résolution à prendre. "Le présent seul, disait-il, est à nous; le passé et l'avenir ne nous appartiennent point : l’un n'existe déjà plus; il est incertain si l'autre existera."

(Histoires, livre 14.6, trad. M. Dacier, Remacle)

Comme pour tout ce qui concerne Aristippe, on ne sait pas très bien quel ouvrage Élien cite ici - si tant est qu'il y en ait un. Laërce affirme qu'Aristippe avait écrit de nombreux ouvrages et, dans le même passage, qu'il n'avait rien écrit. Les auteurs ultérieurs semblent également se référer fréquemment à Aristippe le Jeune simplement comme "Aristippe", et ce passage pourrait donc faire référence au petit-fils crédité de la fondation formelle de l'école cyrénaïque.

École cyrénaïque et croyances

Aristippe de Cyrène retourna dans sa ville natale d'Afrique du Nord et semble y avoir fondé une école, comme en témoignent les auteurs ultérieurs qui mentionnent que sa fille, Arété, prit la direction de l'école de Cyrène à sa mort. Arété enseigna la philosophie de son père à son fils - qui reçut l'épithète de "Métrodidacte" ou formé par sa mère - et celui-ci devint finalement directeur de l'école, codifiant les enseignements de son grand-père et développant sa vision.

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Bien qu'Aristippe ait prôné la retenue et l'autodiscipline dans le maintien de la liberté personnelle, il semble avoir penché davantage vers l'indulgence que son petit-fils qui lui mettait l'accent sur les deux et sur l'importance d'une vie vertueuse pour atteindre le plaisir. Les enseignements de l'École Cyrénaïque se concentrent sur l'épistémologie (comment nous savons ce que nous savons) et l'éthique (comment nous nous comportons en fonction de ce que nous savons). Son épistémologie semble être influencée par le scepticisme du pyrrhonisme tel que défini par Sextus Empiricus :

Nous disons que le scepticisme est une faculté, c'est-à-dire, tout simplement; qu'elle est un art, qu'elle est utile à quelque chose, qu'elle peut quelque chose : nous n'entendons point d'autre finesse dans ce mot-là : c'est un art d'examiner; c'est une méthode d'examen.

Nous disons que le scepticisme compare les choses apparentes ou sensibles, et par ces choses apparentes et sensibles, nous entendons celles qui tombent sous les sens : c'est pourquoi nous leur opposons les choses qui s'aperçoivent par l'esprit et par l'entendement.

(Hypotyposes, I.IV.8-10, trad. Huart, Remacle)

Les Cyrénaïques s'en tenaient à cette même vision, selon laquelle tout jugement sur la réalité extérieure ne pouvait être compris que comme une expérience personnelle et qu'il était impossible d'appréhender cette réalité de manière objective. L'expérience subjective que l'on a de la vie diffère considérablement de ce qu'elle pourrait être en réalité, et donc, selon les Cyrénaïques, ce que l'on croit vrai est vrai pour soi-même, mais il n'y a aucun moyen de savoir si cette croyance correspond à la réalité effective. Comme il n'y a aucun moyen de savoir si l'on assiste à une pièce triste, on ne peut pas dire "C'est une pièce triste", mais seulement "Je me sens triste en regardant cette pièce".

Il en va de même pour l'observation d'une lampe ou d'une chaise. Il ne faut pas avoir la prétention de dire "C'est une lampe dorée" ou "C'est une chaise rouge" parce que d'autres personnes dans la pièce pourraient voir la lampe comme jaune ou cuivre et la chaise comme marron ou orange. En cela, la vision cyrénaïque reflétait la philosophie de Protagoras (vers 485-415 av. J.-C.) qui affirmait que "de toutes choses, l'homme est la mesure": ce qui est vrai pour une personne A peut ne pas l'être pour une personne B, mais la vérité de la personne B n'a aucune incidence sur celle de la personne A. Si la vérité de A diffère de celle de B, les deux doivent simplement l'accepter et s'abstenir de discuter, car le conflit est contraire au bien et au but le plus élevé de la vie: le plaisir.

La réalité extérieure étant impossible à saisir, il convient de concentrer son énergie sur la recherche du plaisir.

Leur éthique découlait de cette conception. Puisque personne ne peut savoir ce que les autres savent, et que la réalité extérieure est impossible à saisir, il faut concentrer son énergie sur la recherche du plaisir pour lui-même et permettre aux autres d'en faire autant - ou non - à leur guise. Aristippe de Cyrène (si le passage d'Élien s'applique à lui) était clairement un présentiste - quelqu'un qui vit pour le moment présent - et cet état d'esprit carpe diem apparaît dans les enseignements cyrénaïques - mais Aristippe le Jeune (ou peut-être Arété) atténua l'affirmation précédente et inclut la pensée pour l'avenir. Bien qu'il ne faille pas se priver des plaisirs présents, les Cyrénaïques affirment qu'il faut savoir reconnaître les menaces potentielles afin d'éviter les souffrances futures. Un exemple de cela serait de boire à l'excès ou de fumer; les deux peuvent sembler agréables sur le moment, mais les conséquences à long terme ne valent pas la peine de se laisser aller à l'indulgence.

Cependant, la planification à long terme était considérée comme plus susceptible de causer de la douleur que du plaisir, puisque l'avenir était incertain et que les espoirs de chacun étaient loin d'être garantis. Il faut donc choisir le plus souvent possible un plaisir présent plutôt qu'un plaisir futur. Prévoir l'avenir en croyant que ses rêves se réaliseront n'est pas seulement une perte de temps, c'est aussi une garantie presque certaine de déception et de douleur.

Annicéris, Théodore et Hégésias

Cette philosophie fut développée par les Cyrénaïques qui suivirent Aristippe le Jeune. Dans la philosophie d'Aristippe, l'amitié était un moyen d'atteindre une fin - le plaisir que l'on éprouvait en compagnie d'une autre personne - mais Annicéris affirmait que l'amitié pouvait être un plaisir en soi. En prenant soin d'un ami, son bonheur dépendait du sien et, en travaillant de manière désintéressée à son bonheur, on éprouvait du plaisir. Il en va de même pour le dévouement à une cause, à son pays ou à sa communauté, car si ces derniers prospèrent grâce à ses efforts, on est heureux, non seulement pour son propre bien, mais aussi pour celui d'autrui.

Théodore, qui étudia sous la direction d'Annicéris, rejettait tout ce qui précède et affirmait que l'amitié était une perte de temps parce que de telles relations rendaient le plaisir dépendant d'autrui. Pour Théodore, les gens recherchent des amis simplement pour satisfaire leurs propres besoins, mais si l'on vit correctement selon ses propres préceptes, on n'a pas de tels besoins et on se suffit à soi-même. Théodore rejettait également l'affirmation cyrénaïque selon laquelle le plaisir physique est supérieur aux activités intellectuelles et soulignait la valeur de l'éducation en tant que plaisir. Il est surtout connu pour avoir perdu des débats publics face à la philosophe cynique Hipparchia de Maronée (c.350-280 av. J.-C.), épouse de Cratès de Thèbes (c. 360-280 av. J.-C.), comme l'indique Diogène Laërce. À son époque, il fut vivement critiqué en tant qu'athée, mais ses croyances étaient peut-être plus proches de l'agnosticisme de Protagoras, qui ne niait pas l'existence des dieux, mais se disait "incapable de savoir s'ils existent ou n'existent pas, ni quelle est leur forme, car les facteurs qui empêchent la connaissance sont nombreux" (Baird, 44). Si l'on se réfère à l'opinion de Théodore sur les relations et la dévotion, il aurait très probablement rejeté la religion en tant que source de plaisir.

Greek Philosophers
Philosophes grecs
Amplitude Studios (Copyright)

La rupture la plus spectaculaire avec les enseignements de la première école cyrénaïque est due à Hégésias de Cyrène qui soutenait que le plaisir est le plus grand bien et le plus grand but de la vie, mais qu'il est un objectif impossible à atteindre en raison de son impermanence. Quel que soit le plaisir que l'on puisse atteindre, aurait-il affirmé, on le perdra en raison de la nature éphémère de la vie, et la voie la plus sage est donc le suicide. Selon Hégésias, il n'y a pas plus de valeur intrinsèque à être en vie qu'à être mort, et il exposa ses convictions dans le livre L'abstinent, dans lequel un homme qui a décidé de se laisser mourir de faim argumente de manière persuasive avec les amis qui tentent de le sauver que le suicide est la seule réponse rationnelle à une vie faite de joies éphémères et de déceptions sans fin. L'œuvre n'existe plus, mais elle valut à Hégésias son épithète de Peisithanatos "celui qui pousse à la mort". Elle est citée par Laërce et par Cicéron (106-43 av. J.-C.) dans son livre I des Tusculanes.

Selon Cicéron, les arguments d'Hégésias étaient si convaincants que Ptolémée II Philadelphe (r. de 285 à 246 av. J.-C.) lui interdit de donner des conférences à la bibliothèque d'Alexandrie - ou ailleurs :

[Le sujet de la mort] est en effet si abondamment traité par Hégésias, le philosophe cyrénaïque, que Ptolémée lui aurait interdit de donner ses cours dans les écoles, parce que certains de ceux qui l'avaient entendu s'étaient livrés à des exactions.

(Livre I.34)

Hégésias ne s'est cependant pas suicidé, pas plus que ses disciples qui, selon Laërce, étaient connus sous le nom d'Hégésiaques, et enseignaient :

le sage pense moins à se procurer des biens qu'à se préserver des maux, se proposant pour fin d'éviter également la peine et la douleur, ce qui demande qu'on soit indifférent par rapport aux choses qui produisent la volupté.

(Vie d'Aristippe; 9.92, trad. M. Ch. Zevort, Remacle)

Hégésias remplaça donc l'objectif cyrénaïque de la poursuite du plaisir par l'évitement de la douleur, et puisque, selon lui, la vie elle-même était une douleur, le suicide était le seul choix valable.

Conclusion

Les disciples de ces trois philosophes, qui s'appelaient tous d'après leur nom, développèrent leurs croyances tout en s'opposant aux enseignements d'Épicure qui gagnaient du terrain. Épicure affirmait, comme Aristote (384-322 av. J.-C.), que le but de la vie était le bonheur (eudaimonia - être doté d'un bon esprit), qui devait être vécu dans un état de tranquillité et d'absence d'anxiété (ataraxie) ainsi que d'absence de douleur (aponie). On atteint cet état, selon lui, en profitant de plaisirs simples, en s'entourant d'amis et en exerçant un travail gratifiant.

Epicurus Bust, British Museum
Buste d'Épicure, British Museum
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Comme les Cyrénaïques, Épicure accordait la plus grande importance à la perception subjective de chacun et, bien qu'il n'ait pas nié l'existence des dieux, affirmait qu'ils n'avaient rien à voir avec les affaires humaines puisqu'ils ne pouvaient être appréhendés objectivement. Il ne faut donc pas vénérer une divinité dans l'attente d'une récompense ou par crainte d'une punition, mais pour lui rendre grâce, ce qui permet d'élever son esprit par la gratitude et d'encourager le bonheur. Dans cet état d'élévation, on ne craint pas la mort - qu'Épicure considérait comme une source majeure d'anxiété - et on peut se concentrer sur la jouissance des cadeaux offerts par la vie, aussi simples soient-ils.

Les Cyrénaïques, surtout dans leur état de division, n'avaient aucune chance face aux enseignements d'Épicure, qui étaient bien plus complets et porteurs d'espoir. L'école cyrénaïque perdit peu à peu ses adhérents qui embrassèrent l'épicurisme ou le stoïcisme, et au milieu du IIIe siècle avant notre ère, elle n'était plus qu'un souvenir. Les écrivains du IIIe siècle avant notre ère et des siècles suivants considéraient encore les Cyrénaïques comme suffisamment impressionnants pour consigner leurs croyances et la manière dont ils les avaient vécues.

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Questions & Réponses

Qui étaient les philosophes cyrénaïques ?

Les Cyrénaïques étaient les disciples du philosophe hédoniste Aristippe de Cyrène qui enseignait que la recherche du plaisir était le bien suprême et le sens de la vie.

Pourquoi les appelait-on philosophes cyrénaïques ?

On les appelait Cyrénaïques parce que la ville de Cyrène était le lieu de résidence d'Aristippe, le fondateur de ce système de croyance.

En quoi les Cyrénaïques étaient-ils différents des Épicuriens ?

Les Cyrénaïques considéraient la recherche du plaisir comme le but ultime de la vie ; les Épicuriens se concentraient sur le bonheur et le contentement de ce que l'on a.

Qu'est-il arrivé aux Cyrenaiques ?

Les Cyrénaïques se divisèrent en différentes écoles de pensée et finirent par perdre des adeptes au profit du système plus populaire et plus complet de l'épicurisme.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

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Style APA

Mark, J. J. (2023, juillet 07). École Cyrénaïque [Cyrenaics]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22012/ecole-cyrenaique/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "École Cyrénaïque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 07, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22012/ecole-cyrenaique/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "École Cyrénaïque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 juil. 2023. Web. 23 nov. 2024.

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