Les Sioux sont une nation indigène d'Amérique du Nord qui habitait la région des Grandes Plaines, à savoir le Colorado, le Montana, le Nebraska, le Dakota du Nord, le Dakota du Sud et le Wyoming actuels. Ils font partie des nombreuses nations appelées Indiens des Plaines qui vécurent dans la région pendant environ 13 000 ans avant l'arrivée des Européens au XVIIe siècle.
Les Sioux étaient originaires de la vallée du Mississippi et de la région des Grands Lacs, mais les guerres contre les Iroquois et les Ojibwés les obligèrent à migrer vers l'ouest. Le nom "Sioux" provient d'une interprétation française d'une référence ojibwée. Le nom actuel du peuple est Oceti Sakowin (peuple des sept feux du conseil) ou Oceti Sakowin Oyate (peuple de la nation des sept feux du conseil), en référence aux sept tribus sioux originelles qui apportaient les charbons de leurs feux individuels pour allumer le feu collectif lors des réunions du conseil. Ces tribus étaient les suivantes:
- Mdewakanton
- Sisseton
- Teton
- Wahpekute
- Wahpeton
- Yankton
- Yanktonai
Les tribus ont fini par être désignées sous le nom de Dakota ou Lakota (et anciennement Nakota, bien que cela ait été remis en question), ce qui signifie "allié" ou "ami". Ces sept tribus étaient liées à d'autres nations tribales par la langue (Siouan) et la culture. Chasseurs-cueilleurs à l'origine, les Sioux adoptèrent un mode de vie agraire vers 700/900 après l'introduction du maïs en provenance de Mésoamérique, mais ils continuèrent à chasser et à maintenir un modèle social semi-nomade en suivant le gibier sauvage, principalement le buffle. Leur modèle socioculturel traditionnel changea à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle avec l'arrivée des armes à feu européennes et leur maîtrise du cheval (introduit en Amérique du Nord au XVIe siècle par les Espagnols), faisant d'eux l'une des nations désignées par les spécialistes modernes comme appartenant à la "culture du cheval" d'Amérique du Nord.
Comme pour toutes les autres nations autochtones, le contact avec les Européens eut un impact négatif sur la culture sioux dès le début, mais plus encore au XIXe siècle, lorsque les politiques expansionnistes américaines réclamèrent une plus grande partie de leurs terres ancestrales. La résistance fut menée par de grands chefs sioux tels que Red Cloud (alias Nuage rouge, 1822-1909), Sitting Bull (alias Taureau assis c. 1837-1890) et Crazy Horse (alias Cheval fou c. 1840-1877), tandis que d'autres, comme Black Elk (alias Élan noir, 1863-1950), les soutenaient. La plus grande victoire des Sioux fut la bataille de Little Bighorn en juin 1876, et la plus grande défaite fut le massacre de Wounded Knee en 1890 qui mit fin à la résistance des Sioux et conduisit à leur relocalisation dans des réserves.
Nom, langue et nation
Le peuple connu plus tard sous le nom de "Sioux" habita d'abord la région de la vallée du Mississippi jusqu'à ce que l'agression des Iroquois et les conflits avec les Ojibwés ne les obligent à migrer vers l'ouest, dans la région du Minnesota et du Wisconsin actuels.
Le site Native Hope donne l'origine du nom "Sioux" :
Selon Albert White Hat, ancien et professeur de langue, le mot "Sioux" provient de l'expansion vers l'ouest des commerçants de fourrures français dans la région des lacs du nord du Wisconsin et du Minnesota. Lorsque les Dakotas dirent aux marchands de fourrures qu'ils ne pouvaient pas aller plus loin vers l'ouest, les marchands allèrent voir les Ojibwés et leur demandèrent : "Qui sont ces gens ?" Un ancien Ojibwé agita ses mains comme un serpent et dit : "natowessiwak". Un interprète répondit: "Le peuple du serpent". En réalité, l'ancien Ojibwé voulait dire "le peuple du fleuve serpent" (le Mississippi). En français, pour mettre un mot au pluriel, on ajoute souvent "-oux", et bientôt les Dakota furent connus sous le nom de "Nadouessioux" ou "petits serpents". Au fil du temps, le terme fut raccourci de "Nadouessioux" à "Sioux". (1)
L'universitaire Adele Nozedar écrit que "la première fois qu'ils furent enregistrés sous le nom de "Sioux", c'est lorsque l'interprète français Jean Nicolet nota le mot en 1640" (439). Avant cette date, ils étaient connus sous le nom qu'ils se donnaient eux-mêmes, Oceti Sakowin et Dakota/Lakota. Les sept tribus d'origine étaient liées à d'autres par la famille linguistique siouane, notamment:
- Arikara
- Crow (corbeau)
- Hidatsa
- Iowa
- Kansas
- Missouri
- Omaha
- Osage
- Oto
- Ponca
- Quapaw
Ces différentes tribus avaient conclu des pactes d'amitié et d'alliance et avaient rejoint les sept tribus d'origine. Cette nation était connue sous le nom de Dakota dans le dialecte oriental et de Lakota dans le dialecte occidental. Jusqu'à récemment, le nom Nakota était utilisé dans le dialecte, mais ce nom a été contesté et n'est plus utilisé. Les Sioux se propagèrent vers l'ouest et le sud à partir de la région du Minnesota/Wisconsin avant même que les incursions françaises en provenance du Canada moderne ne commencent à empiéter sur leurs terres au XVIIe siècle.
Religion, rituels et danse du soleil
La vie quotidienne des Sioux était influencée par leurs croyances religieuses, selon lesquelles le Grand Esprit (Wakan Tanka) créait toutes choses, influençait toutes choses et était la force unificatrice de l'univers qui maintenait toutes choses. Au cœur de leurs croyances spirituelles se trouvaient le chanunpa (pipe cérémonielle/pipe sacrée) et le paquet de tabac lela wakan ("très sacré"), qui leur avaient été donnés par la femme buffle blanche, une figure surnaturelle venue leur montrer leur relation avec Wakan Tanka et la manière d'honorer et de maintenir ce lien. En plus de la pipe et du tabac, elle leur enseigna les sept rites sacrés qu'ils devaient observer et la manière dont le chanunpa devait être utilisé lors de ces cérémonies et à d'autres moments:
La sainte femme montra comment présenter le calumet à la Terre, au ciel et aux directions sacrées, avant d'expliquer que le bol circulaire en pierre du calumet, avec sa sculpture d'un veau buffle, représentait la Terre et tous les quadrupèdes qui la foulent. Sa tige en bois, qui s'élève au centre du fourneau, représente tout ce qui pousse et constitue un lien direct entre la Terre et le ciel. Douze plumes d'aigle tachetées suspendues au tuyau représentent toutes les créatures de l'air. "Chaque fois que vous fumez ce calumet, dit la femme, toutes ces choses se joignent à vous, tout ce qui existe dans l'univers; toutes envoient leur voix à Wakan Tanka, le Grand Esprit. Chaque fois que vous priez avec ce calumet, vous priez pour et avec toutes les choses.
(Zimmerman, 236)
Les sept rites sacrés pour lesquels le calumet était utilisé étaient les suivants :
- La conservation de l'âme (également appelée conservation et libération de l'âme)
- Le rite de purification
- Pleurer pour une vision
- La danse du soleil
- La création de liens de parenté
- Le passage à l'âge adulte de la jeune fille
- Le lancer de la balle
Différentes sources les présentent dans un ordre différent. L'ordre ci-dessus provient de l'expert Larry J. Zimmerman (en accord avec la plupart des autres) qui les explique:
Le premier rite, la "conservation et la libération de l'âme", sert à "conserver" l'âme d'un défunt pendant un certain nombre d'années jusqu'à ce qu'elle soit correctement libérée, ce qui garantit un retour correct dans le monde des esprits. Le deuxième rituel est la "suerie", un rite de purification. Le troisième, "pleurer pour une vision", établit le modèle rituel de la quête de vision des Lakotas. Le quatrième est la cérémonie communautaire connue sous le nom de danse du soleil [célébrée pour réveiller la terre et remercier le soleil]. La cinquième est la "création de liens de parenté", un rituel qui unit deux amis dans un lien sacré. Le sixième est la cérémonie de la puberté de la jeune fille. Le dernier rituel est appelé "lancer la balle", un jeu représentant Wakan Tanka et l'atteinte de la sagesse. Les cérémonies des Lakota mettent en œuvre l'injonction [de la femme au veau de buffle blanc] de vénérer le Grand Esprit.
(237)
Chaque rituel était aussi important que les autres, mais la Danse du Soleil impliquait toute la communauté et était considérée comme essentielle pour le renouvellement de la terre, une récolte saine, la prospérité dans la chasse et la guerre, l'unité tribale et le maintien d'un lien solide avec le Grand Esprit. Le rituel avait lieu au début de l'été, généralement en juin, et impliquait l'ensemble de la communauté. La danse était initiée par un homme ou une femme à qui une vision avait dit de prendre l'initiative, qui demandait une faveur au Grand Esprit, qui remerciait pour un cadeau reçu ou qui s'occupait du bien-être général de la communauté. Quelle qu'ait été la motivation, c'est le bien du plus grand nombre qui primait. En remerciant le Grand Esprit pour la bonne santé de son enfant, par exemple, on remerciait également tous les enfants de la communauté pour leur bonne santé.
Bien qu'une personne ait annoncé la danse, tous les membres de la communauté avaient un rôle à jouer dans le rituel. Les enfants aidaient à préparer la zone pour la danse en déblayant et en nettoyant, les femmes construisaient la structure et les hommes érigeaient le poteau central, tuaient les animaux qui seraient utilisés et ceux qui participeraient directement se préparaient spirituellement à la danse.
Une hutte temporaire était construite avec un poteau au centre symbolisant le lien entre la Terre et le ciel, surmonté de la tête d'un bison tué d'un seul coup de feu par un chasseur expérimenté. Le bison était considéré comme un animal sacré et une source de vie et était donc honoré au centre du rituel. Des lanières de cuir attachées au sommet du mât étaient ensuite enfilées dans les épaules ou les pectoraux de ceux qui s'étaient portés volontaires pour le sacrifice, soit dans l'espoir de recevoir une vision, soit pour le bien de la communauté, soit pour exprimer leur gratitude.
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Ces personnes dansaient autour du poteau, se balançant librement au bout des lanières - qu'elles ne pouvaient pas toucher avec leurs mains - jusqu'à ce qu'elles ne se détachent et ne tombent au sol, après quoi elles étaient transportées vers des lits de sauge pour se reposer et, avec un peu de chance, recevoir des visions. Les gens jeûnaient et priaient, et pendant la danse - qui pouvait durer plusieurs jours, voire deux semaines - certains refusaient de boire ou buvaient avec parcimonie. La danse était essentiellement axée sur la gratitude, la connexion et le renouveau - qu'il s'agisse de s'éveiller soi-même, de réveiller la terre, les esprits ou la communauté - mais dans ce domaine, comme dans tous les autres, le bien du plus grand nombre était considéré comme plus important que celui de l'individu, de sorte que même si l'on participait dans l'espoir d'une vision, cette vision était reconnue comme bénéficiant à tous, et pas seulement à celui qui la percevait.
Vie quotidienne, gouvernement et rôles des hommes et des femmes
La vie quotidienne des Sioux reflétait cette conception, car chacun avait un rôle à jouer pour assurer le bien-être général de la communauté. Les hommes chassaient, protégeaient le village, faisaient la guerre et participaient aux rituels des fraternités qui les formaient en tant que guerriers, chasseurs, gardiens, chefs ou diplomates, en reconnaissant leurs inclinations naturelles ou leurs compétences et en les développant. Les femmes confectionnaient les vêtements, élevaient les enfants (jusqu'à ce que les garçons soient en âge d'être instruits par leur père ou leur oncle), construisaient le tipi (tepee) ou la maison, relevaient et démontaient le tipi lorsque le campement était levé, possédaient la plupart, voire tous les objets de la maison (car c'était leur domaine), plantaient et récoltaient les cultures, et concluaient des accords commerciaux. Les enfants jouaient mais, à partir d'un certain âge, on attendait d'eux qu'ils apportent leur contribution en aidant à ramasser du bois de chauffage, à préparer les peaux ou à aller chercher de l'eau.
Les femmes pouvaient divorcer d'un mari qui s'avérait être un mauvais pourvoyeur ou pour toute autre raison en retirant simplement ses affaires de son tipi et en les jetant par terre. L'homme se retrouvait alors sans abri, à moins que des membres de sa famille n'aient pitié de lui. Un homme pouvait avoir plus d'une femme à condition qu'il puisse subvenir aux besoins de chacune d'entre elles de manière égale et qu'il leur témoigne le même respect. Les femmes pouvaient également participer au processus décisionnel, qui se caractérisait par un rassemblement communautaire des nations une fois par an en été, au cours duquel les charbons de chaque feu de village étaient apportés pour allumer un feu central, les problèmes étaient soulevés, discutés et des décisions étaient prises.
Chaque village ou communauté avait sa propre version de ce rassemblement communautaire de chefs choisis par la tribu en fonction de leurs vertus personnelles. Seuls ceux qui incarnaient les valeurs de la communauté, telles que la loyauté, l'honneur, le courage et la sagesse, étaient choisis comme chefs et ne pouvaient le rester que s'ils continuaient à faire preuve de ces qualités.
Bien que les rôles des hommes et des femmes aient été bien définis, il existait également un troisième genre, qui n'était ni l'un ni l'autre. À l'ère moderne, ces personnes sont connues sous le nom de "bispirituels". Un bispirituel est un homme ou une femme qui s'identifie au sexe opposé. Une personne ayant un corps masculin peut être visitée par une vision juste avant ou pendant la puberté, révélant son véritable sexe, et elle est alors connue sous le nom de winkte - abréviation du terme lakota winyanktehca ("celui qui veut être une femme"). Ces personnes étaient très appréciées par la communauté et accomplissaient les tâches et assumaient un rôle associés aux femmes. Comme tout le monde, un bispirituel était considéré comme ayant quelque chose de précieux à apporter à la communauté, et il n'y avait donc pas de jugement porté sur quelqu'un qui, aujourd'hui, serait qualifié de "trans" ou de "gay". Un winkte était aussi apprécié que n'importe quel autre membre de la communauté, voire plus, surtout s'il faisait preuve d'une grande sagesse, de capacités artistiques ou d'une grande générosité d'esprit.
La guerre, le cheval et l'expansion américaine
Les Sioux, comme toutes les nations autochtones d'Amérique du Nord, n'étaient pas toujours pacifiques, tolérants et indulgents, et ils faisaient souvent la guerre ou organisaient des raids contre leurs voisins. Les guerres se déroulaient à pied jusqu'à ce que les Sioux ne maîtrisent le cheval, qu'ils connaissaient déjà bien vers 1700. Le cheval révolutionna les déplacements, la chasse et la guerre des Sioux. Il devint, en fait, une cause de guerre - ou du moins de raids - contre d'autres tribus, car plus on possédait de chevaux, plus on était riche et prestigieux.
Des groupes de guerre étaient également organisés pour protéger les territoires de chasse, se venger d'une insulte perçue ou pour l'honneur au combat. Les Sioux prenaient régulièrement les scalps de leurs ennemis au combat et organisaient ensuite une danse des scalps qui rendait hommage à ceux qui avaient été tués ainsi qu'à ceux des Sioux qui étaient tombés au combat. Les personnes endeuillées étaient encouragées à raconter l'histoire de celui qu'elles avaient perdu au cours de ce rituel afin qu'il soit commémoré et honoré.
Lorsque les immigrants européens/américains commencèrent à pousser plus loin vers l'ouest, les guerriers sioux à cheval étaient parmi les plus craints, et les guerres étaient alors menées soit de manière défensive - pour protéger les terres et la communauté - soit de manière offensive - pour chasser les colons anglophones qui s'étaient emparés des terres et des ressources sans en avoir la permission. Les guerres dites des Sioux (ou guerres des Indiens des plaines) se déroulèrent entre 1854 et 1890, depuis le combat de Grattan (un massacre de 30 soldats américains et de leur interprète civil) jusqu'au massacre de Wounded Knee, au cours duquel plus de 250 Sioux, hommes, femmes et enfants, furent tués.
Conclusion
Le massacre de Wounded Knee brisa la résistance des Sioux aux politiques génocidaires du gouvernement des États-Unis, et le peuple fut déplacé dans des réserves - des étendues de terre qu'il n'avait pas choisies - malgré les nombreux traités signés par les représentants des États-Unis qui leur promettaient la paix sur leurs terres ancestrales. Zimmerman écrit:
Au cœur de chaque culture amérindienne se trouve un profond respect pour la région dans laquelle le peuple vit. Le terrain y est sacré, source d'identité et de force... Ce schéma topographique se répète dans toutes les régions - et c'est l'une des raisons pour lesquelles les déplacements forcés ont été si destructeurs sur le plan culturel. (155)
Aujourd'hui, les Sioux vivent dans des réserves qui s'étendent sur seulement 7 800 kilomètres carrés du vaste territoire qu'ils appelaient autrefois leur foyer dans les États modernes du Minnesota, du Montana, du Nebraska, du Dakota du Nord et du Dakota du Sud, ainsi que dans des réserves au Canada. Bien qu'il ait été promis aux Sioux qu'ils pourraient vivre en paix dans ces réserves, les projets d'oléoducs proposés sur leurs terres, qui menacent l'environnement et leur santé - comme l'oléoduc controversé Keystone XL - suivent le même paradigme établi par le gouvernement américain aux XVIIIe et XIXe siècles, qui consiste à rompre les promesses dans l'intérêt du profit.
L'exemple le plus célèbre de l'infamie du gouvernement américain - qui ne concerne que les Sioux, sans parler des nombreuses autres nations - est celui du traité de Fort Laramie de 1868, qui leur promettait leur territoire sacré des Black Hills et que le gouvernement américain rompit après la découverte d'or dans les collines en 1874. En 1980, la Cour suprême des États-Unis jugea que les Black Hills avaient été acquises illégalement par les États-Unis et décida d'accorder une réparation de plus de 100 millions de dollars qui furent placés sur un compte. Ces 100 millions de dollars ont aujourd'hui atteint, avec les intérêts, plus d'un milliard de dollars, mais les Sioux refusent de les accepter car les terres n'ont jamais été mises en vente. Les Sioux ne veulent pas d'argent; ils veulent seulement que justice soit faite et que leurs terres leur soient rendues.