Le prince Joseph Poniatowski (1763-1813) était un soldat et un patriote polonais qui fut commandant en chef de l'armée polonaise pendant les guerres napoléoniennes (1803-1815). Allié indéfectible de l'empereur français Napoléon Ier (r. de 1804 à 1814 ; 1815), Poniatowski fut nommé maréchal de l'Empire français quelques jours seulement avant d'être tué à la bataille de Leipzig.
Neveu du dernier roi de Pologne, Poniatowski servit dans l'armée polonaise et se battit contre les envahisseurs pendant la guerre russo-polonaise de 1792 et l'insurrection de Kościuszko de 1794. Après que la souveraineté polonaise eut été effacée par les trois partages de la Pologne, Poniatowski s'aligna sur Napoléon et fut nommé ministre de la guerre du Grand-Duché de Varsovie, un État client de la France créé à partir des terres polonaises. Même s'il n'aimait pas Napoléon et ne lui faisait pas confiance, Poniatowski considérait qu'une alliance avec la France était le meilleur moyen de restaurer l'autonomie de la Pologne et il devint l'un des plus fervents partisans de Napoléon. En 1809, il mena les Polonais à la victoire contre les Autrichiens et doubla la superficie du duché de Varsovie. Trois ans plus tard, il dirigea le corps polonais de la Grande Armée lors de l'invasion de la Russie par Napoléon et se distingua à la bataille de la Moskova.
Le 15 octobre 1813, Poniatowski fut nommé maréchal de l'Empire français, le seul non-Français à recevoir cet honneur. Quatre jours plus tard, il fut tué alors qu'il commandait l'arrière-garde française à la fin de la bataille de Leipzig (16-19 octobre 1813). Courageux, mélancolique et sensible à l'honneur personnel, Poniatowski est devenu un héros national polonais et une source d'inspiration pour les futures générations de patriotes polonais.
Jeunesse
Joseph Antoine Poniatowski vit le jour au Palais Kinsky de Vienne, en Autriche, le 7 mai 1763. Son père, Andrzej Poniatowski, était un noble polonais qui avait fait carrière comme officier dans l'armée autrichienne, atteignant le rang de maréchal autrichien en 1771. La mère de Joseph, la comtesse Maria, était membre de la famille aristocratique italo-tchèque de Kinsky et avait servi comme dame à la cour de l'impératrice Habsbourg Marie-Thérèse d'Autriche (r. de 1740 à 1780). Joseph jouissait donc déjà d'une lignée prestigieuse des deux côtés de sa famille, mais sa position s'améliora davantage lorsque son oncle paternel, Stanislas Auguste Poniatowski, fut élu roi de Pologne un an après la naissance de Joseph. Prenant le nom de Stanislas II Auguste (r. de 1764 à 1795), le nouveau roi fit de tous ses frères des princes héréditaires.
En 1773, le père de Joseph mourut et le roi Stanislas prit en charge la tutelle de son neveu. Stanislas fit appel à une équipe de tuteurs pour éduquer Joseph, notamment en histoire et en affaires militaires. Le jeune prince reçut des cours de français, mais parlait aussi l'allemand et le russe; on ne lui enseigna pas sa langue maternelle, le polonais, qu'il apprit néanmoins auprès des courtisans. En fait, l'éducation de Joseph en langue polonaise fut probablement encouragée par le roi qui souhaitait que son neveu embrasse son ascendance polonaise. Lors du premier partage de la Pologne en 1772, la Russie, la Prusse et l'Autriche privèrent la Pologne d'un tiers de ses terres et de sa population, tandis que ce qui restait de l'État polonais n'était guère plus qu'une marionnette russe. Cette situation conduisit à un nationalisme radical et à des troubles en Pologne. En tant que roi redevable à l'impératrice Catherine II de Russie (r. de 1762 à 1796), Stanislas avait les mains liées, mais il espérait secrètement que son jeune neveu prendrait un jour fait et cause pour la Pologne.
En 1780, Joseph Poniatowski s'engagea en tant qu'officier dans l'armée autrichienne. Il gravit rapidement les échelons; en 1786, il était lieutenant-colonel d'un régiment de cavaliers légers et devient bientôt aide de camp de Joseph II, empereur du Saint-Empire romain germanique (r. de 1765 à 1790). Bien que ses compétences en matière de tactiques d'infanterie et d'artillerie laissaient à désirer, Poniatowski se révéla être un excellent officier de cavalerie et semblait prendre plaisir à former les nouvelles recrues. Il connut sa première expérience du combat en 1788, pendant la guerre austro-turque, lorsqu'il fut grièvement blessé à la tête d'une colonne d'infanterie lors de la prise de Šabac, le 24 avril. Bien que sa blessure ait mis sa vie en danger, Poniatowski s'était rétabli dès novembre et fut promu colonel pour son courage. Pendant son séjour dans l'armée autrichienne, Poniatowski effectua également des missions diplomatiques au nom de son oncle. Il représenta la Pologne aux funérailles de Marie-Thérèse d'Autriche en 1780 et accompagna le roi Stanislas lors d'une mission à Kiev en 1787 pour rencontrer Catherine II de Russie. Cependant, alors que les nuages de l'instabilité s'amoncellaient au-dessus de la Pologne, Poniatowski découvrit bientôt qu'il était destiné à servir davantage la terre de ses ancêtres.
Au service de la Pologne
En 1788, la Russie s'engagea dans deux guerres, contre les Suédois d'une part et les Ottomans d'autre part. Pour les patriotes polonais qui rêvaient de se débarrasser de la domination russe, c'était l'occasion rêvée. En octobre, un groupe de nobles polonais dénonça la domination russe et appela à la levée d'une nouvelle armée de 100 000 hommes. Cette armée avait besoin d'officiers pour la former et le roi Stanislas convoqua son neveu en Pologne à cette fin. Poniatowski hésita à quitter le service de l'empereur Joseph, mais privilégia finalement sa loyauté envers la Pologne sur ses obligations envers l'Autriche. Arrivé à Varsovie en octobre 1789, il fut nommé général de division et se vit confier le commandement d'une division en Ukraine. Poniatowski constata que les hommes placés sous son commandement manquaient d'entraînement, de discipline et de matériel. Il fit tout son possible pour reconstruire l'armée, mais se réjouissait de toute occasion de visiter Varsovie, où il se mêlait souvent à la haute société, buvait et faisait le joli-cœur.
Le 3 mai 1791, le roi et un groupe de nobles polonais patriotes proclamèrent une nouvelle constitution libérale qui reprenait les principes du siècle des Lumières et s'inspirait des idéaux de la Révolution française (1789-1799). Cela inquiéta Catherine II de Russie qui n'avait aucune envie de voir le radicalisme révolutionnaire français s'installer à sa porte. En avril 1792, Catherine incita plusieurs nobles polonais et lituaniens conservateurs à former la Confédération de Targowica qui dénonça la nouvelle constitution et plaida pour une intervention russe. Les Russes envahirent la Pologne le mois suivant.
Chargée de défendre l'Ukraine, la division de Poniatowski manquait d'entraînement, d'armes, de nourriture et de vêtements. De plus, le prince ne disposait que de 20 000 recrues indisciplinées sous son commandement, alors qu'il devait faire face à 60 000 Russes aguerris. Poniatowski concentra d'abord son armée dans un camp fortifié à Polona, mais il fut contraint de se retirer lorsque les Russes entamèrent une manœuvre de flanc. Les appels qu'il adressa à son oncle pour obtenir davantage d'hommes et de matériel restèrent sans réponse et la division de Poniatowski semblait condamnée. Puis, le 18 juin 1792, Poniatowski remporta sa première victoire en battant une colonne russe à la bataille de Zieleńce. Bien que Poniatowski n'ait pas été en mesure d'exploiter sa victoire en détruisant la colonne, il s'agissait néanmoins d'un succès indispensable qui inspira confiance aux troupes polonaises.
Poniatowski eut à peine le temps de savourer sa victoire qu'il apprit que le roi Stanislas avait accepté les exigences de la Confédération de Targowica, abolissant la constitution et soumettant à nouveau la Pologne à la domination russe. Poniatowski en fut furieux et envisagea même de kidnapper son oncle dans le cadre d'un coup d'État, mais décida de ne pas le faire par loyauté familiale. Le 30 juillet, il démissionna de l'armée polonaise en signe de protestation et publia un pamphlet promettant de se venger des Russes. Pour cela, il fut banni de Pologne.
Insurrection de Kościuszko
Poniatowski s'exila à Vienne et assista au second partage de la Pologne entre la Russie et la Prusse en 1793. En 1794, un groupe de patriotes polonais mécontents, dirigé par Tadeusz Kościuszko, lança une insurrection contre l'influence russe. Poniatowski accepta de commander une division pour défendre Varsovie et réussit à repousser une première offensive prussienne. En août, les Prussiens lancèrent une attaque nocturne surprise qui submergea et défit les troupes de Poniatowski. Poniatowski démissionna de son commandement et fut relégué à un travail de reconnaissance. En novembre, le général russe Alexandre Souvorov prit d'assaut la forteresse de Praga et ses troupes massacrèrent entre 10 et 20 000 Polonais. Comme Souvorov le rapporte lui-même, "tout Praga était jonché de cadavres, le sang coulait à flots" (Doyle, 208).
La révolte prit fin peu après la chute de Praga. La Pologne fut partagée pour la troisième et dernière fois en 1795 et rayée de la carte de l'Europe. Le roi Stanislas fut contraint d'abdiquer le 25 novembre 1795 et mourrait d'une attaque cérébrale moins de trois ans plus tard. Quant à Poniatowski, ses domaines de Varsovie furent confisqués après qu'il eut refusé de servir dans l'armée russe. Il s'enfuit à nouveau à Vienne, où il resta jusqu'à la mort de l'impératrice Catherine en 1796. De retour à Varsovie, Poniatowski passa les dix années suivantes à faire la bringue et à courir après les jupons; bien qu'il ne se soit jamais marié, il eut deux fils de ses maîtresses. Pendant cette période, Poniatowski se tint à l'écart de la politique active, tout en restant un ardent patriote polonais et en souhaitant ardemment la restauration de la Pologne.
Le duché de Varsovie
Alors que le prince profitait de la vie mondaine de Varsovie, l'Europe était plongée dans les guerres napoléoniennes. Le chaos de la Révolution française avait conduit à la montée en puissance de Napoléon Bonaparte (1769-1821), un général français d'origine corse qui avait pris le pouvoir lors du coup d'État du 18 Brumaire en 1799 et s'était proclamé empereur des Français en 1804. Napoléon mena l'armée française à la victoire, bataille après bataille, battant les Austro-Russes à la bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805) et les Prussiens à la bataille d'Iéna-Auerstedt (14 octobre 1806). La perception populaire de Napoléon en tant que champion des idéaux révolutionnaires conduisit de nombreux patriotes polonais à espérer qu'il serait celui qui libérerait leur pays.
En décembre 1806, les forces françaises commandées par le maréchal Joachim Murat atteignirent Varsovie et furent accueillies en fanfare par les Polonais. Poniatowski accueillit en personne Murat dans la ville et offrit au maréchal français l'épée d'Étienne Báthory, roi du XVIe siècle de l'empire polono-lituanien. Murat fut charmé par Poniatowski, mais cet enthousiasme n'était pas partagé par Napoléon. L'empereur n'était guère impressionné par les états de service de Poniatowski qu'il considérait comme "un poids plume sans importance", sans talent ni valeur (de Lee, 425). Malgré cela, Napoléon nomma Poniatowski ministre de la Guerre du Grand-Duché de Varsovie après sa création en juillet 1807. Le duché de Varsovie était un État client de la France créé à partir de terres polonaises et était considéré par beaucoup comme le premier pas vers une Pologne reconstituée. Cependant, la décision de Napoléon de confier le duché au roi de Saxe, plutôt qu'à un Polonais de souche, donna à Poniatowski le sentiment d'avoir été trahi. Dès lors, bien qu'il ait continué à soutenir Napoléon, il ne lui ferait jamais entièrement confiance.
Campagne de Galicie
En octobre 1807, Poniatowski devint commandant en chef de l'armée polonaise et ne tarda pas à la réformer. Il imposa la conscription, fonda des écoles d'ingénieurs et d'artillerie et forma son infanterie aux tactiques françaises, bien qu'il ait conçut lui-même les tactiques de cavalerie. Sa nouvelle armée fut bientôt mise à l'épreuve lorsque l'Autriche déclara la guerre à la France en avril 1809, donnant ainsi le coup d'envoi à la guerre de la cinquième coalition. Alors que les principales armées françaises et autrichiennes s'affrontaient le long du Danube, l'archiduc Ferdinand d'Autriche dirigea 32 000 hommes dans une avancée vers Varsovie. Pris par surprise, Poniatowski ne put réunir que 17 000 hommes pour s'opposer à l'attaque autrichienne. Le 17 avril, les deux armées s'affrontèrent lors de la sanglante bataille de Raszyn, où les Polonais furent débordés et contraints de battre en retraite. La défaite de Raszyn rendit Varsovie indéfendable et Poniatowski fut contraint de laisser les Autrichiens l'occuper.
Malgré ce revers, Poniatowski fut encouragé par le comportement de ses troupes qui résistèrent longtemps à une force supérieure. Il décida de lancer une contre-offensive contre la Galicie occupée par les Autrichiens, s'empara de la forteresse de Sandomierz le 19 mai et occupa Zamość le lendemain. À la fin du mois de mai, la majeure partie de la Galicie était tombée sous le contrôle de la Pologne; alarmé, l'archiduc Ferdinand fut contraint d'abandonner Varsovie pour reprendre la Galicie. Les Autrichiens ne parvinrent pas à rattraper l'armée polonaise qui s'enrichit chaque jour de nouvelles recrues patriotiques. Fin juillet, Poniatowski entra dans Cracovie et fut salué comme un héros national polonais. À la fin de la guerre, quelques mois plus tard, les conquêtes de Poniatowski avaient doublé la taille du duché de Varsovie. Napoléon se rendit compte qu'il avait gravement sous-estimé le prince et lui envoya un sabre d'honneur pour célébrer sa campagne.
Invasion de la Russie
En 1810, les relations franco-russes commencèrent à se détériorer, en partie à cause de la question du duché de Varsovie. Le tsar Alexandre Ier de Russie (r. de 1801 à 1825) considérait l'existence du duché comme une menace pour la sécurité de la Russie et exigea de Napoléon qu'il s'engage à ne pas restaurer la souveraineté polonaise. Le refus de Napoléon fut l'un des facteurs qui conduisirent à l'invasion française de la Russie en juin 1812. La guerre fut soutenue avec enthousiasme en Pologne, de nombreux patriotes la considérant comme une guerre de libération. Plus de 100 000 soldats polonais servirent dans la Grande Armée de Napoléon au cours de la campagne de Russie, constituant ainsi le plus grand contingent non français de la force d'invasion. Une grande partie de ces troupes polonaises furent organisées en Vème corps et placées sous le commandement de Poniatowski.
Alors que l'armée napoléonienne, forte de 615 000 hommes, franchissait le fleuve Niémen et s'avançait en territoire russe, les armées russes commençaient à battre en retraite; les généraux du tsar firent en sorte de mener une guerre d'usure en évitant les combats et en attirant l'armée française au plus profond du territoire russe. Fin juillet, la Grande Armée avait perdu plus de 100 000 hommes, victimes de maladies et de désertions. Le Vème corps d'armée, épuisé par les inefficaces marches forcées dans la chaleur torride de l'été, s'engagea dans des manœuvres désespérées pour coincer les Russes et les forcer à se battre. La bataille fut finalement engagée à Smolensk (16-18 août), où les Polonais participèrent à certaines des parties les plus brutales des combats. Lors de la bataille de la Moskova (7 septembre), le corps d'armée de Poniatowski lutta toute la journée pour le monticule d'Utitsa et ne put l'emporter qu'au coucher du soleil. Les Polonais de Poniatowski furent parmi les premiers à entrer dans Moscou le 14 septembre; à ce moment-là, les maladies et les pertes au combat avaient réduit le Vème Corps à un effectif d'à peine 5 000 hommes.
Après avoir réalisé que sa position à Moscou était intenable, Napoléon ordonna la retraite le 18 octobre. Poursuivie par l'armée russe, en proie aux maladies et au mauvais temps, la Grande Armée fut pratiquement détruite au cours de la retraite. Poniatowski se blessa en tombant de cheval et dut faire le reste du trajet en calèche. On le vit souvent pleurer devant les souffrances de ses soldats. Moins de 100 000 survivants de la Grande Armée retraversèrent le Niémen au début du mois de décembre. Poniatowski était à Varsovie à Noël; c'est là qu'il passa en revue les vestiges sanglants du Vème corps d'armée. Déprimé par l'échec de la guerre de libération, Poniatowski s'en voulut et devint suicidaire.
Bâton de maréchal et mort
Au printemps 1813, la Russie, la Prusse, la Grande-Bretagne et la Suède formèrent une nouvelle alliance contre Napoléon et commencèrent la guerre de la Sixième Coalition à laquelle l'Autriche se joindrait peu après. Conscient que plusieurs de ces nations cherchaient à détruire le duché de Varsovie, Poniatowski rassembla les troupes qu'il put et se présenta à Napoléon en mars 1813. Napoléon, qui s'attendait apparemment à ce que Poniatowski l'abandonne, confia au prince le commandement du VIIIe corps. Au début du mois d'octobre, le VIIIe corps servit d'arrière-garde à l'armée principale de Napoléon et retint les Autrichiens dans plusieurs engagements, au cours desquels Poniatowski fut blessé à de multiples reprises. Sa bravoure fut telle que certains pensèrent qu'il cherchait à mourir honorablement sur le champ de bataille. Le 15 octobre, Napoléon vint passer en revue le corps de Poniatowski à la veille de la bataille de Leipzig et décerna au prince un bâton de maréchal. Poniatowski fut ainsi le seul non-Français à devenir l'un des maréchaux de Napoléon.
Quatre jours plus tard, la bataille s'était retournée contre les Français et Napoléon décida d'ordonner la retraite; Poniatowski et le VIIIe corps se virent à nouveau confier l'arrière-garde. Poniatowski défendit consciencieusement Leipzig tandis que le corps principal de l'armée napoléonienne se retirait progressivement. Bien qu'il ait été renforcé par deux bataillons de la vieille garde napoléonienne, Poniatowski ne parvint pas à résister au poids des Alliés et fut progressivement repoussé dans la ville. Le 19 octobre à 13 heures, un caporal français quelque peu hâtif démolit prématurément le pont Lindeneau, bloquant des milliers de soldats français sur la mauvaise rive de l'Elster. La panique s'ensuivit et les soldats bloqués furent plongés dans le chaos.
À ce stade, Poniatowski avait déjà subi de nombreuses blessures graves, mais ne voulait pas envisager de se rendre. Il fit entrer son cheval dans la rivière mais, trop faible pour tenir les rênes, il fut emporté par les eaux. Il fut tiré de la rivière par un officier français qui réussit à entendre le prince polonais murmurer les mots "Pologne" et "honneur" (de Lee, 432). Poniatowski se hissa tant bien que mal sur un autre cheval et se jeta à nouveau dans l'Elster. Cette fois, il fut abattu, peut-être par mégarde par un feu ami, et tomba à nouveau dans la rivière; il fut emporté par le torrent.
Après la défaite finale de Napoléon à la bataille de Waterloo (18 juin 1815), le Grand-Duché de Varsovie fut partagé entre la Prusse et la Russie au Congrès de Vienne; la Pologne ne retrouverait sa pleine souveraineté qu'en 1918. Dans les années qui suivirent, Poniatowski fut salué comme un héros par les combattants de la liberté polonais. Sa dépouille fut ramenée à Cracovie, en Pologne, en 1817, et enterrée sur la colline du Wawel, aux côtés d'autres héros nationaux polonais.