Titus Quinctius Flamininus (229-174 av. J.-C.) était consul et commandant militaire de la République romaine pendant la deuxième guerre de Macédoine. Il battit Philippe V de Macédoine (r. de 221 à 179 av. J.-C.) à la bataille de Cynoscéphales en 197 av. J.-C. et négocia la paix de Flamininus qui établit le contrôle romain sur la Grèce.
Jeunesse
Né en 229 avant notre ère dans une famille aristocratique, Titus Quinctius Flamininus parlait couramment le grec et était un philhellène, c'est-à-dire un amoureux de la culture grecque. Philip Matyszak, dans son ouvrage Greece Against Rome , écrit que Flamininus était "suffisamment cultivé pour rassurer les diplomates sur le fait qu'ils n'avaient pas affaire à un barbare occidental" (82). Flamininus fit campagne sous les ordres du commandant romain Claudius Marcellus contre le général carthaginois Hannibal (247-183 av. J.-C.) dans le sud de l'Italie pendant la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.), fonda deux colonies et fut questeur à Tarentum en 205 av. Dans ses Vies, l'historien Plutarque (45/50 à 120/125 de notre ère) écrit qu'il était passé dans les rangs de la vie militaire, qu'il avait combattu Hannibal, qu'il avait été tribun sous Marcellus et qu'il s'était distingué en tant que gouverneur, devenant "non moins célèbre pour son administration de la justice que pour son habileté militaire" (415).
Le consulat
En 198 avant notre ère, Flamininus devint consul aux côtés de Sextus Aelius Catus à l'âge de 30 ans, contournant les règles traditionnelles du cursus honorum, l'échelle des fonctions gouvernementales romaines. Cette ascension rapide au poste de consul lui valut un certain nombre d'ennemis à Rome qui s'estimaient bien plus compétents et qualifiés. Soumis à une forte pression de réussite il devait absolument rapporter la nouvelle d'une campagne victorieuse en Grèce - un traité de paix ne suffirait pas. Il était conscient de la difficulté de la tâche qui l'attendait.
Avant son arrivée en Grèce, l'armée romaine n'avait pas fait grand-chose pour réprimer les assauts impitoyables de Philippe en Grèce contre Pergame et Rhodes. Lorsqu'elles demandèrent l'aide de Rome, la ville lança un ultimatum à Philippe qui n'en tint pas compte. Selon Matyszak, Philippe n'avait que peu de soucis à se faire. Antiochos s'était désintéressé de la Macédoine et, en 199 avant notre ère, Philippe comprit qu'il lui suffirait de tenir Rome à distance pour poursuivre son assaut sur la Grèce. Cependant, le roi macédonien allait trouver en Flamininus un ennemi compétent. La force motrice derrière le désir de réussite du jeune Romain était sa soif de gloire. Il voulait une guerre, et il voulait la gagner. Matyszak affirme qu'il n'était pas seulement un général et un diplomate compétent, mais aussi un excellent stratège. Plutarque écrit que "La guerre contre Philippe et les Macédoniens lui échut par le sort; et ce fut une bonne fortune pour les Romains que les affaires dont il se trouvait chargé, et les ennemis qu’il avait à combattre, n’exigeassent pas du général un continuel emploi des armes et de la force, et laissassent bien plus à gagner par la douceur et la persuasion." (413). C'était Flamininus.
Campagne de 198 avant notre ère
Cependant, avant d'engager la bataille contre Philippe, Flamininus devait réfléchir à la meilleure stratégie à adopter. La force de Philippe résidait dans son occupation de la Grèce et dans le soutien qu'il recevait de ses villes. Pour vaincre le roi, les Romains devaient simplement convaincre les cités grecques, de gré ou de force, de ne plus le soutenir. Cependant, cette stratégie s'avéra presque inutile. Conscient de la puissance des forces romaines et de l'arrivée de nouveaux renforts, Philippe était tout à fait disposé à négocier la paix. Bien que Flamininus ait été disposé à discuter, la paix n'était pas son option idéale ; il voulait la gloire de la guerre.
Lors de la réunion, Philippe fut informé des exigences des Romains: il devait retirer ses armées de leurs garnisons en Grèce et dédommager les terres qu'ils avaient pillées. Flamininus savait que ces propositions étaient à la fois déraisonnables et inacceptables. Philippe, furieux, quitta la réunion en claquant la porte, et Flamininus savait qu'il tenait sa guerre. Bien que Philippe ait été en colère, il n'était pas irréaliste ou stupide et comprenait qu'il n'avait pas les effectifs nécessaires pour engager les Romains dans une guerre prolongée; il devait les vaincre en une seule victoire rapide.
Les deux armées s'affrontent à l'extérieur des fortifications de Philippe lors de la bataille de l'Aoos. Grâce à des informations obtenues auprès d'un habitant, les Romains parvinrent à contourner les défenses de Philippe au niveau des gorges du fleuve. Flamininus envoya une force suffisamment importante pour attaquer le flanc macédonien qui ne s'y attendait pas, et Philippe fut contraint à une retraite chaotique. Plutarque écrit: "En un instant la déroute des ennemis fut complète; mais il n’y en eut pas plus de deux mille de tués, parce que la difficulté des lieux ne permit pas de les poursuivre." (415). Les Romains pillèrent également leur camp, s'emparant de l'argent et des esclaves. Avec l'aide des Etoliens, Flamininus poussa Philippe en Thessalie où il déclara ses habitants libres, qu'ils le veuillent ou non. L'arrivée des Romains divisa la Thessalie et l'Épire, forçant cette dernière à se rendre à contrecœur.
Après des années de domination macédonienne oppressive, de nombreux Grecs accueillirent favorablement les Romains, en particulier la Ligue étolienne et la Ligue achéenne. Plutarque écrit qu' "À peine entrés dans la Thessalie, ils virent toutes les villes se donner à eux ries Grecs situés en deçà des Thermopyles brûlaient de voir arriver Titus, et de se jeter dans ses bras." (415). Matyszak affirme cependant que cet accueil joyeux des Romains n'est pas nécessairement vrai. De nombreuses villes thessaliennes, dont Atrax, ne voulaient pas de la liberté et se battirent contre la libération, non seulement en raison de leur loyauté envers Philippe, mais aussi à cause de la présence des Étoliens, très mal aimés. Quoi qu'il en soit, Flamininus comprit que la résistance en Thessalie l'empêchait d'entrer en Macédoine. À l'approche de l'hiver, il dirigea ses forces assiégées vers le golfe de Corinthe.
Négociations
Au cours de l'hiver, le commandant romain dut examiner de nombreuses questions. Son mandat de consul étant sur le point de s'achever, il se demandait s'il pouvait ou non conserver son commandement et revendiquer la gloire d'avoir mené la guerre à son terme. Flamininus tendit la main à Philippe pour négocier à nouveau la paix. Dans l'esprit du commandant, il conserverait son commandement si les termes du traité de paix étaient rejetés par le Sénat romain. Si le traité était accepté et que son commandement n'était pas renouvelé, il aurait au moins le mérite d'avoir gagné la guerre. Si un autre général le remplaçait, il perdrait son honneur. Que son commandement soit renouvelé ou non, il était déterminé à obtenir la gloire d'avoir vaincu Philippe. L'avenir du commandant était entre les mains du Sénat.
Philippe et Flamininus se rencontrèrent sur une plage près des Thermopyles (certaines sources parlent de Nicée). Ne faisant confiance ni aux Romains ni aux Étoliens, le roi de Macédoine emmena cinq galères pour tenter de les intimider. Des représentants de toute la Grèce, y compris de Pergame et de Rhodes, y assistèrent. Les conditions habituelles - retrait et réparations - furent discutées: Pergame, par exemple, voulait que le temple d'Artémis et le sanctuaire d'Aphrodite soient restaurés. Comme auparavant, Philippe s'opposa à de nombreuses propositions. Il fut finalement décidé que les termes contestables seraient soumis à l'examen du Sénat.
Flamininus et Philippe envoyèrent immédiatement des émissaires à Rome pour présenter leurs propositions. Faisant référence aux propositions de paix, Plutarque écrit : "... Titus fit partir aussi des députés, pour solliciter du Sénat la prorogation de son commandement si on persistait à faire la guerre, ou, sinon, des pleins pouvoirs pour faire la paix. Son excessive ambition lui faisait craindre de se voir dépouillé de sa gloire, si on envoyait un autre général pour continuer la guerre" (415). Bien que des points de désaccord aient été discutés, le Sénat avait déjà pris une décision. Alors qu'ils écoutaient les envoyés des différentes cités grecques, les représentants de Philippe ne furent même pas autorisés à parler. Après que Flamininus eut appris que le traité avait été rejeté, les Romains marchèrent sur la Thessalie. En ce qui concernait les nominations consulaires, la décision avait déjà été prise avant l'arrivée des envoyés macédoniens à Rome: les consuls nouvellement nommés furent tous deux envoyés en Gaule. Flamininus conserva son commandement et la guerre reprit.
Cynoscéphales
Philippe était en train de perdre, abandonné par ses villes les unes après les autres, et il subit une défaite décisive à la bataille de Cynoscéphales. Les armées étaient à peu près égales: 25 000 à 30 000 hommes, avec 2 000 cavaliers macédoniens et un contingent romain de Grecs à l'armement léger. La nuit précédant l'engagement, il plut, rendant le sol extrêmement humide. Pour ne rien arranger, le matin, les armées se réveillèrent dans un épais brouillard. Bien que les combats aient été équilibrés au début, la bataille se termina par un désastre pour la Macédoine lorsque les Romains attaquèrent leurs arrières. Pour contrer la guerre romaine, la phalange macédonienne avait besoin d'un terrain dégagé. Selon Plutarque, la phalange était comme un "animal d’une force indomptable" et ne réussissait que si elle "tirait sa force de la combinaison des parties de l’ensemble". (417). La formation en phalange ne permettait pas un assaut par l'arrière, et le terrain était trop rocailleux et accidenté pour que Philippe puisse manœuvrer.
Les forces de Philippe s'effondrèrent, la confusion s'ensuivit et la "... machine de combat macédonienne s'était dissoute en une masse d'hommes désorientés et effrayés" (Matyszak, 88). Les Macédoniens laissèrent tomber leurs piques, signe de reddition, mais les Romains ne comprirent pas ce symbolisme et décimèrent les Macédoniens là où ils se trouvaient. 8 000 d'entre eux furent massacrés et 5 000 autres furent faits prisonniers, alors que Rome n'en perdit que 700. Philippe fut alors contraint d'accepter les conditions de la paix romaine.
La paix
Le traité de Tempé, également appelé traité de Flamininus, vit Philippe non seulement perdre sa flotte, mais aussi se retirer de Grèce. Son armée n'était plus que de 5 000 hommes et il devrait demander l'autorisation de Rome avant toute action militaire. Le traité n'accordait rien aux Étoliens, qui avaient espéré au moins recevoir les garnisons de Philippe à proximité de leur territoire. Ils souhaitaient également que Philippe soit remplacé, mais cela était impossible car l'absence de Philippe aurait créé un vide qui aurait bouleversé l'équilibre des pouvoirs en Méditerranée orientale. "Un Philippe apprivoisé fut laissé dans le nord, dépouillé de ses dépendances extérieures ... et lié par une alliance avec Rome ... il accepta sa nouvelle alliance réduite avec Rome". (Everitt, 318) Le vainqueur Flamininus rentra à Rome en triomphe, chargé de charrettes remplies d'art et de trésors grecs.
Conclusion
Lors des Jeux isthmiques de Corinthe en 196 avant notre ère, Flamininus déclara que le peuple grec était libre, bien que la définition de la liberté par Rome ait pu différer de celle des Grecs. Les Grecs avaient des obligations à l'égard de Rome, lui apportant leur soutien quand et où il était demandé. En retour, Rome leur accorderait sa protection et des garnisons romaines restèrent en Grèce jusqu'en 194 avant notre ère. En 191 avant notre ère, Antiochos III (r. de 223 à 187 av. J.-C.), de l'empire séleucide, profita de l'absence de Rome pour entrer en Grèce, accompagné d'Hannibal, l'ancien général carthaginois en exil. Rome réagit en envoyant une armée sous le commandement de Lucius Cornelius Scipion qui battit Antiochos aux Thermopyles et à la bataille de Magnésie. En 183 avant notre ère, Hannibal fut capturé par Flamininus, mais avant d'être envoyé à Rome, il se suicida. Par la suite, l'histoire semble avoir oublié Flamininus.