Isabelle Ire la Catholique

Définition

Alexa Galue
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 31 octobre 2023
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Portrait of Isabella I of Castile (by Unknown Author, Public Domain)
Portrait d'Isabelle Ire la Catholique
Unknown Author (Public Domain)

Isabelle de Castille (1451-1504) fut reine de Castille (r. de 1474 à 1504) et d'Aragon (r. de 1479 à 1504) aux côtés de son mari Ferdinand II d'Aragon (1452-1516). Son règne connut l'unification de l'Espagne, la reconquête de Grenade, le parrainage de Christophe Colomb dans son voyage d'exploration des Caraïbes et la mise en place de l'Inquisition espagnole.

Jeunesse

Isabelle vit le jour le 22 avril 1451 dans la ville de Madrigal de las Altas Torres en Castille (l'actuelle Espagne) de Jean II de Castille (r. de 1406 à 1454) et d'Isabelle de Portugal (1447-1454). Bien qu'elle ait eu deux frères et qu'elle ait passé beaucoup de temps avec sa mère à Arévalo où elle participa à des activités plus féminines, Isabelle fut rapidement attirée et impliquée dans le monde politique castillan. Bien qu'aucune loi n'ait interdit aux femmes de monter sur le trône, Isabelle n'était que la troisième dans l'ordre de succession, car ses frères étaient plus haut placés. Cette jeune femme au caractère bien trempé et à la détermination sans faille fut amenée à la Cour de Castille alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente, afin que ses tuteurs puissent garder un œil sur elle. Isabelle parlait couramment le latin et étudia l'histoire et la théologie, ce qui lui permit d'approfondir ses convictions religieuses qui auraient une grande influence sur ses futures actions en tant que reine.

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Pour Isabelle, un mariage avec Ferdinand était la meilleure solution pour la Castille, car il permettrait d'unir deux royaumes.

Le frère d'Isabelle, Enrique IV, devint roi sous le nom d'Henri IV de Castille (r. de 1454 à 1474), mais le mécontentement à l'égard de son règne ne tarda pas à se faire entendre, car le royaume n'était pas satisfait de son inefficacité. Henri eut du mal à produire un héritier légitime, car son premier mariage ne donna pas d'enfant, et sa seule fille, Jeanne (1462-1530), était considérée illégitime. Il ne parvint pas à reconquérir Grenade qui était sous contrôle musulman depuis le milieu des années 1200, et disposait de conseillers juifs et musulmans, ce qui nuisait à l'image de la Castille en tant que royaume chrétien.

Pour apaiser les nobles, Henri nomma son frère Alphonse (1453-1468) héritier, mais Alphonse dut épouser sa fille pour qu'ils puissent tous deux régner. Lorsqu'Henri renonça finalement à cet accord et soutint la revendication de sa fille, les nobles entamèrent leur campagne pour placer Alphonse sur le trône. À la mort d'Alphonse en 1468, soupçonné d'avoir été empoisonné, les nobles s'adressèrent à Isabelle, qui était elle aussi un candidat légitime. Elle refusa de prendre la couronne et souhaita attendre le départ de son frère. Henri négocia alors avec les nobles et fit d'Isabelle son héritière.

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Mariage avec Ferdinand

L'une des conditions posées par Henri pour faire d'Isabelle son héritière était qu'elle devait obtenir le consentement d'Henri pour se marier. Isabelle rejeta tous les prétendants approuvés par Henri et épousa Ferdinand II d'Aragon (r. de 1479 à 1516). Pour Isabelle, un mariage avec Ferdinand était la meilleure solution pour la Castille car ce mariage pourrait potentiellement unir des royaumes de la même région ayant des coutumes et des lois similaires.. Isabelle envoya une lettre à Henri pour lui demander sa permission, mais il ne répondit jamais. Isabelle ne se laissa pas décourager et épousa Ferdinand en 1469 sans le consentement d'Henri.

Henri et les nobles, qui ne voulaient pas d'un homme d'Aragon à la cour de Castille, rejetèrent les prétentions d'Isabelle au trône et tentèrent de nommer la fille d'Henri, Jeanne, comme héritière. Cependant, Isabelle et les nobles de son camp considéraient sa lignée royale comme un point d'ancrage pour régner sur la Castille. Comme beaucoup pensaient que Jeanne était un enfant illégitime, sa lignée était considérée comme inférieure à celle d'Isabelle et elle n'était pas considérée comme une candidate solide. Cette division conduisit à la guerre de succession de Castille (1475-1479).

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En 1474, deux jours après la mort d'Henri, Isabelle se proclama reine. Alors que Jeanne et ses partisans disposaient de ressources militaires en provenance du Portugal grâce au mariage de Jeanne avec Alphonse V de Portugal (1432-1481), Isabelle et Ferdinand n'avaient guère de soutien. Isabelle finit par remporter cette guerre de succession en raison de la désintégration de l'économie et de la base militaire du Portugal et de la puissance inattendue de l'armée castillane.

Après s'être assurés le trône de Castille, Isabelle et Ferdinand décidèrent d'unir leurs domaines respectifs; en 1479, l'Aragon et la Castille furent unis et tous deux régnèrent en tant que monarques conjoints. Isabelle était perçue comme une souveraine autonome dont le pouvoir découlait de la puissance du trône de Castille. Elle régnait de plein droit sur la Castille et Ferdinand était simplement considéré comme son roi-consort. Le sceau commun de l'Aragon et de la Castille portait les flèches d'Isabelle au-dessus du joug de Ferdinand, signe de la supériorité d'Isabelle en tant que souveraine.

Isabelle s'efforça d'être une souveraine indépendante, ce qui est évident dans la façon dont son mariage et sa vie de famille furent gérés. Lorsque Isabelle et Ferdinand étaient en désaccord, elle choisit souvent de dire ce qu'elle pensait plutôt que de rester silencieuse et coopérative, comme attendu des femmes à l'époque. En 1469, Ferdinand et Isabelle signèrent une concession de mariage dans laquelle Ferdinand reconnaît que la Castille appartient à Isabelle et qu'elle a le contrôle direct et unique de son domaine. Il s'engagea également à ne jamais séparer les enfants d'Isabelle et à maintenir la résidence principale de la monarchie en Castille. Grâce à ces concessions, la Castille et l'Aragon furent unis, ce qui marqua le début de l'unification de l'Espagne.

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Inquisition espagnole et reconquête

Isabelle était une catholique pieuse qui voulait construire un royaume chrétien uni, et c'est pourquoi les non-chrétiens finirent par être chassés de Castille. Nombreux sont ceux qui attribuaient les problèmes de la région aujourd'hui connue sous le nom d'Espagne à un manque de croyances religieuses chrétiennes. Pour apaiser ces craintes, Isabelle et Ferdinand créèrent en 1478 le Tribunal du Saint-Office de l'Inquisition, mieux connu sous le nom d'Inquisition espagnole. L'Inquisition avait pour mission d'être une force de police secrète pour la Couronne, ce qui garantissait également que le pouvoir restait entre les mains de la monarchie.

Isabelle prit également l'initiative d'étendre son autorité et celle de Ferdinand sur Alcántara, Calatrava et Santiago. Ces territoires étaient des ordres militaires religieux et étaient généralement gouvernés par des nobles castillans qui s'appelaient eux-mêmes Grands Maîtres. Ces ordres étaient exploités par la noblesse castillane et les rivalités entre ceux qui voulaient devenir Grands Maîtres étaient extrêmement tendues. À l'initiative d'Isabelle, Ferdinand devint Grand Maître de Calatrava en 1487, et dans les années qui suivirent, il devint Grand Maître d'Alcántara et de Santiago, conférant ainsi à la Couronne de Castille l'autorité sur les trois ordres. Cette extension permit à la Couronne de contrôler les richesses de ces régions et de donner plus de terres à la Castille.

Isabelle poursuivit sa mission de création d'un royaume chrétien uni en achevant la Reconquista, une série de batailles visant à reprendre des territoires aux musulmans. La reconquête de Grenade en 1492 acheva ce processus. Poussée par son soutien et son allégeance à la cause chrétienne, Isabelle fit tout ce qui était en son pouvoir pour assurer la victoire de l'Espagne. Elle finança la guerre et resta aux côtés des armées pour leur apporter aide et soutien moral. Lorsque Ferdinand suggéra aux militaires de faire une pause dans la conquête de Grenade et de se concentrer davantage sur la frontière française affaiblie par les tensions entre la France et l'Aragon, Isabelle prit les choses en main et dit à Ferdinand que les armées resteraient là où elles étaient pour gagner Grenade.

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Âge des grandes découvertes

En Aragon, l'exploration de la Méditerranée et l'expansion avaient déjà commencé. Pour contrer ce phénomène et rehausser le prestige de la Castille, Isabelle soutint Christophe Colomb (1451-1506). De nombreux autres souverains européens avaient rejeté Christophe Colomb, estimant son projet farfelu et ses calculs erronés. Il s'agissait d'un pari pour Isabelle qui décida seule de soutenir Christophe Colomb, tous les fonds monétaires provenant de la Castille: "J'assumerai l'entreprise pour ma propre couronne de Castille et je suis prête à mettre en gage mes bijoux pour en couvrir les dépenses, si les fonds du trésor se révèlent inadéquats". (Jenkins, 117)

Le pari s'avéra payant: lorsque Christophe Colomb rapporta la nouvelle des régions qu'il avait explorées dans les Caraïbes, seule la Castille eut le droit de commercer avec le nouveau continent, et le pape Alexandre VI (en fonction de 1492 à 1503) prit un décret par lequel Isabelle et ses héritiers, indépendamment de Ferdinand, se voyaient confier le contrôle du Nouveau Monde.

Vie ultérieure et héritage

Isabelle s'intéressa non seulement au monde religieux, mais aussi au monde académique. Contrairement à Ferdinand, Isabelle était très douée en latin, et elle était également connue pour son soutien à des érudits de renom. Bon nombre des œuvres littéraires les plus connues de la région à l'époque sont dédiées à Isabelle, comme celles d'Íñigo de Mendoza (c. 1422-1492), qui écrivit des poèmes comparant Isabelle à la Vierge Marie. Isabelle soutint le poète et ecclésiastique Ambrosio Montesino qui produisit des poèmes religieux et de la musique. Au cours de sa vie, Isabelle fut également le mécène de nombreux artistes espagnols et flamands et contribua à la création d'un style artistique hispano-flamand par l'intermédiaire de Juan De Flandes (1460-1519).

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Vers la fin de son règne, Isabelle fut en proie à des difficultés familiales. L'aînée de ses cinq enfants, Isabelle (1470-1498), mourut en couches et son petit-fils mourut un an après sa mère. Son fils unique et héritier, Jean (1478-1497), mourut d'une maladie. Sa fille Jeanne (1479-1555) fut surnommée Jeanne la Folle en raison de son comportement irritable et lunatique. Malgré les spéculations concernant la santé mentale de Jeanne, elle devint l'héritière d'Isabelle après la mort de ses frères et sœurs aînés. La fille d'Isabelle, Maria (1482-1517), deviendrait reine du Portugal, et sa dernière fille, Catherine d'Aragon (1485-1536), deviendrait reine d'Angleterre et la première épouse d'Henri VIII d'Angleterre (r. de 1509 à 1547).

Isabelle de Castille eut un immense impact sur le monde. Elle fut à l'origine de l'unification de l'Espagne et contribua financièrement à l'exploration du Nouveau Monde. À sa mort, le peuple de Castille pleura la perte d'une grande reine. Aujourd'hui encore, à la date anniversaire de son enterrement, les cloches sonnent à la mémoire d'Isabelle Ire la Catholique.

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Questions & Réponses

Pour quoi Isabelle la Catholique est-elle connue ?

Isabelle la Catholique est surtout connue pour son amour et sa passion pour son royaume et pour avoir amélioré la Castille grâce à la Reconquista et aux voyages de Christophe Colomb.

Isabelle la Catholique était-elle une bonne reine ?

Isabelle la catholique était une reine qui aimait son royaume et qui aurait fait n'importe quoi pour lui, et le peuple de Castille le savait bien. Aujourd'hui encore, à la date anniversaire de son enterrement, les cloches sonnent à la mémoire de la merveilleuse reine.

Isabelle Ire la Catholique était-elle une guerrière ?

Isabelle la Catholique n'était pas une guerrière et elle laissa son mari s'occuper des responsabilités militaires, à l'exception de la Reconquista où Isabelle s'impliqua pour assurer la reconquête de Grenade.

Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Alexa Galue
Alexa is passionately interested in history. Some of the aspects of history that most interest her include classical civilizations and languages, legal systems, and women in history.

Citer cette ressource

Style APA

Galue, A. (2023, octobre 31). Isabelle Ire la Catholique [Isabella I of Castile]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22313/isabelle-ire-la-catholique/

Style Chicago

Galue, Alexa. "Isabelle Ire la Catholique." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 31, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22313/isabelle-ire-la-catholique/.

Style MLA

Galue, Alexa. "Isabelle Ire la Catholique." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 31 oct. 2023. Web. 20 nov. 2024.

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